Tyreke Evans n’a jamais baissé de niveau, bordel
Je me présente je m’appelle Henri, connard. Ceux qui auront balayé l’insulte d’un revers de main sans se vexer comme une bourgeoise effarouchée peuvent m’appeler EvilStill. Je suis la partie vicelarde et insolente de cette branleuse de StillBallin qui fait le clown tous les weekends devant un micro mais qui n’a soi-disant pas le temps de prendre la plume pour mettre les choses au clair. Normalement je me pointe uniquement quand l’alcool a pris d’assaut ses veines mais comme ce con ne boit pas, j’ai tout le temps le clapet fermé. Et ça commence à me porter sévère.
Il y a un truc qui m’en met gros sur le râble depuis un moment et je vais pas attendre éternellement que l’autre se réveille. J’ai fini de jouer au petit boy-scout bien élevé, je vais dire tout haut ce que je pense tout haut depuis Mathusalem sans que ça ait pu sortir de la caboche de mon crétin d’hôte jusque là: Tyreke Evans n’a jamais baissé de niveau, bordel.
Vous tous, vous sortez vos plus belles larmes de nostalgie dès que l’arrière sort trois grosses lignes de stats d’affilée comme s’il s’agissait d’une furtive réminiscence du fabuleux rookie qu’il a été et dont on avait perdu la trace ; vous déplorez la fonte de ses performances depuis son entrée dans la ligue avec un air empreint d’une tristesse que vous croyez bien placée et vous brandissez du « Vintage Tyreke » quand le bonhomme d’à peine 24 balais met vingt pions. Sortez les yeux de l’endroit où vous les avez coincés avant d’ouvrir vos claque-merdes, j’ai jamais eu autant envie de décapsuler des têtes.
Ouais, la première saison du bonhomme est celle qui brille le plus au premier regard, le regard du con : 20,1 points à 45,8%, 5,8 passes et 5,3 rebonds par match à la surprise générale et couronnés avec des lauriers tressés à coups de paillettes dans les pupilles façon manga et de comparaisons avec LeBron James rookie. Sacramento avait fourré tout le monde en draftant ce joueur ni meneur ni shooting guard un peu plus haut qu’attendu. Conneries.
L’autre baltringue de StillBallin que je suis en temps normal avait expliqué à quel point le coach de l’époque avait su mettre son poulain dans les meilleures conditions possibles. Pour la faire simple, il lui avait laissé la gonfle pour la majorité du temps avec pour seule consigne de faire ce qu’il sait faire mieux que tout le monde, driver. Tout en le flanquant d’une volée de shooteurs (Beno Udrih, Omri Casspi, Francisco Garcia, Spencer Hawes, Andres Nocioni, Donte Greene) pour écarter le jeu et lui créer des espaces. C’était pas le rookie mais Beno Udrih qui s’occupait de la gestion du jeu, à l’arrière du magasin façon meneur qui n’est pas trop dépaysé, ni mauvais quand il n’a pas le cuir à grosses doses sous les doigts.
Pas vraiment porteur de victoires (25 cette année-là), ce système a foutu le gros projecteur de ce pue-le-fric de Batman sur le trop tendre Evans. Mais il n’y a que la saison suivante qu’on peut décrire avec des éructations dégueulasses sentant la bière et les cacahuètes. L’année qui était censée être celle de la confirmation ou plus exactement, l’année où il aurait dû prouver qu’il était un putain de leader capable de transformer la crasse la plus noire en biftons à soulever les jupes des filles. Et vous savez quoi bande de bananes, il n’a pas réussi. Même temps de jeu mais une sale baisse de ses stats et de ses pourcentages. Et une victoire de moins que la saison précédente.
Estampillé franchise player d’une organisation chialant encore après la fin de la période Weber, Divac et compagnie -seul moment valable de son histoire moderne-, Evans n’était en fait pas taillé pour ça. Merde, les Kings avaient quand même remarqué qu’il était un joueur unidimensionnel d’à peine 21 ans? Sa carrure, sa face toujours impassible et son bouc proprement taillé donnaient peut-être l’impression qu’il était déjà un vieux de la vieille mais sa juvénilité sautait au visage à chacun de ses sourires d’adolescent attardé, bordel.
Tout avait changé aussi. Une blessure accrochée à sa cheville pendant une bonne partie de l’exercice comme un croc de boucher coincé sous la peau, une balade brinquebalante entre les trois positions extérieures et de nouveaux jeunes loups aux dents méchamment longues nommés DeMarcus Cousins et Marcus Thornton, ne faisant pas la queue derrière lui pour se servir à becter. Les conditions de jeu qui l’avaient tant mis en valeur s’étaient fait la malle.
A partir de là, le mythe a pris le pas sur la réalité et tout le monde s’est fait berner comme un candide à qui on promet qu’il n’aura qu’à tendre le bras assez haut pour atteindre la lune. N’importe quel blaireau bavant de naïveté qui charge la page des stats d’Evans sur le net voit ses moyennes au scoring baisser d’un point chaque saison, comme pour bien faire comprendre que son niveau chute avec la même régularité qu’une saleté de robinet qui fuit. Là il se dit la bouche en cœur qu’Evans décline au fur et à mesure que le temps passe comme un vieux joueur passé 34 ans. Ben ouais, les chiffres ne mentent pas, hein?
Gencives pétées par un coup de genou, tronche écrasée contre un mur en crépi et vol plané à travers la pièce. Juste histoire de retrouver suffisamment de calme pour poursuivre mon explication de texte.
La production d’Evans ne baisse pas, c’est son temps de jeu. Pendant ses trois dernières saisons californiennes, l’arrière scorait en moyenne successivement 17,8, 16,5 et 15,2 points. Mais rapporté sur 36 minutes (temps de jeu étalon d’un titulaire), il maintenait une moyenne de 17 points. Actuellement, à New Orleans, s’il n’affiche que 14 pions par match, il en plante 18 sur 36 minutes. Tyreke Evans baisse pas, il est même putain de régulier. Je vais aller plus loin alors garez vos chastes oreilles. Evans n’a jamais été aussi bon que pendant sa dernière saison avec les Kings, la saison considérée comme sa plus mauvaise avant son débarquement en Louisiane.
J’ai reconnu un peu avant que les pourcentages qu’il nous faisait voir durant son exercice sophomore n’étaient pas recommandables aux petites bouilles rivées sur un dessin animé, un bol de céréales à la main. Mais après ça, ce con avait relevé la barre (45% de réussite aux tirs l’année suivante, comme pendant sa rookie season bêtement regrettée par les idiots) avant de faire une poussée d’efficacité qui me ferait presque ajouter du fric de ma poche à sa paye, pour sa dernière année à Sacto: 47,8% de réussite ; 55,8% au True Shooting chépaquoi. Tout ça avec un temps de jeu comprimé (31 min/match) et une productivité identique (les 17 points sur 36 minutes dont j’ai déjà causé). Attendez, je reformule, tout ça. Avec des conditions à dégueuler sur un trottoir. Plus clairement, dans une équipe mal construite au possible pratiquement uniquement composée de scoreurs peu cervelés, aucune complémentarité, aucun pass-first player, aucun collectif, aucune défense, une atmosphère pas réglo. Bagdad sous les bombes. Les Kings de Sacramento, en fait. Ceux qui me suivent pas sur ce coup-là peuvent mater l’analyse vidéo/texte de Guillaume sur le bonhomme, j’ai plus confiance en lui qu’en ma propre mère. Mais ma mère y pige que dalle en basket cela dit.
Les baisses successives de minutes du n°4 de la draft 2009 sur ses deux dernières saisons en Californie sont également à relativiser. Pour la première des deux, il avait le second temps de jeu du roster à un poil près du premier (34,3 contre 34,9 pour Marcus Thornton) et personne ne jouait plus longtemps que lui pendant la saison suivante avec 31 petites minutes. En clair, ces baisses de temps de jeu étaient liées à la philosophie de l’équipe en matière de rotations et plus vraisemblablement à mon sens à la configuration mal fichue de l’effectif (aucune complémentarité, des joueurs qui se marchaient sur les panards). En aucun cas, elles sont liées à Evans qui au contraire apparait à chaque fois comme un des joueurs les plus utilisés. L’ancien élève de John Calipari à Memphis University n’est peut-être pas un leader, mais parler d’un joueur en perte de vitesse continue depuis ses débuts pro est aussi débile qu’expliquer que la terre est plate parce que « ben, ça se voit ».
Torchons sa saison à New Orleans, qu’on en finisse avec ces conneries. La franchise au surnom le plus crevé depuis celui de la Silicon Valley a tenté un truc risqué avec la triplette de Belleville Evans-Gordon-Holiday, et pour l’instant la sauce prend pas. Evans joue encore moins (27,8 minutes), affiche sa plus faible moyenne de points en carrière (14,2) et son équipe ne gagne pas. Sur 36 minutes, il relève un peu les 17 pts/match auxquels il nous avait habitué (18,3) mais son pourcentage de réussite est pas terrible (43,3%, 50,2 % au True shooting chose). Et si en lisant ces chiffres à deux balles il vous prend l’envie de jeter un œil à mon titre et de me balancer votre majeur à la face, vous pouvez déjà commencer à ravaler vos glaires grumeleux de pleureuse.
Parce que lorsque l’arrière est placé dans les conditions qui lui conviennent, c’est une fichue machine: 19,9 pts à un massif 49.6% de réussite en plus des costauds 6,1 asts et 5,2 rebs sur les 17 matchs qu’il a joué en tant que titulaire (36 minutes en moyenne). 19.6 pts à 49,3% 6,8 asts et 5,8 rebs quand il joue 30 minutes ou plus (27 matchs). Les conditions optimales susmentionnées, on les connait depuis longtemps. Du temps de jeu, suffisamment de ballons dans les mains et des shooteurs sans état d’âmes autour de lui. Même si l’un d’eux doit être Luke Babbitt, on s’en fout. Evans est un enfoiré difficile à bien utiliser mais quand on y arrive le résultat en met pas mal dans la vue.
Par contre, commencez pas à vous tenir le pantalon en réprimant les gémissements d’excitation qui naissent dans votre gorge, ces chiffres ne montrent pas non plus le véritable niveau d’Evans, ils sont un peu surélevés à mon avis. Sauf si New Orleans et lui me prouvent le contraire, après quoi je serai bien obligé de m’incliner.
… « Vintage Tyreke Evans », t’en ferais bouffer moi des expressions comme ça.
EvilStill (@StillBallinUnba aka le twitter de l’autre pédale)
Faut arrêter la drogue avant d'écrire des articles c'est illisible et vive la vulgarité :D
Article excellent, je suis fan !
Ni drôle, encore moins agréable à lire. Je commençais déjà à me demander pourquoi je continue à suivre ce site, vous m'avez définitivement convaincu d'arrêter.
Idem, sa change, s'est drôle et au final le contenu y est !
merci
lol t'occupes pas, chapeau l'article belle analyse qui me fait changer d'opinion et réviser mes positions !!!