[Analyse] Les Spurs peuvent-ils stopper LaMarcus Aldridge ?

Ce soir, une série qui s’annonce assez incroyable débutera à 3h30. En plus d’un duel entre Damian Lillard et Tony Parker qui s’annonce passionnant, beaucoup de regards seront tournés vers LaMarcus Aldridge, franchise player des Blazers, auteur d’une saison assez incroyable, et bourreau des Rockets lors des deux premiers matchs des playoffs (48 et 43 points). Sa moyenne de 29,8 points par match à 48% au tir au premier tour, fait de lui la plus grosse menace offensive des Blazers, et donc le plus gros souci des Spurs, qui historiquement, ont toujours eu beaucoup de difficultés face à la franchise de l’Oregon. La question que l’on peut légitimement se poser est donc : « les Spurs peuvent-ils stopper LaMarcus Aldridge ? ». L’une des clés de cette série se situera dans la réponse à cette interrogation, à laquelle nous allons essayer de répondre avant que la série ne commence.

Pour commencer, observons les confrontations directes entre les deux équipes, lors de la saison régulière. Sur ces quatre rencontres, nous ne prendrons logiquement pas en compte celle du 19 février dernier lors de laquelle les Spurs s’étaient imposés 111 à 109 face à des Blazers qui évoluaient alors sans Aldridge, blessé au mollet.

Cette rencontre-là mise à part, les Blazers mènent deux victoires à une face à leurs nouveaux adversaires en playoffs. Lors de ces trois matchs, LMA a pu compiler 21,3 points à 56% au tir et 8 rebonds de moyenne. Des chiffres déjà bien plus bas que ses standards habituels (23,2 points et 11,1 rebonds cette saison). A noter cependant, pour expliquer ces statistiques, que lors de la seule défaite des Blazers face aux Spurs cette année avec Aldridge sur le terrain, ce dernier s’était blessé peu après la mi-temps et n’était pas revenu en jeu par la suite. Au final, l’ailier-fort a cumulé 14 points à 6 sur 11 au tir et 4 rebonds en seulement 21 minutes de jeu et les Spurs n’auront jamais gagné face aux Blazers cette saison, quand LaMarcus Aldridge a pu jouer à 100% de ses moyens. Lors de ces deux rencontres, l’ailier-fort a compilé 25 points à 56,4% au tir et 10 rebonds de moyenne. Impressionnant, et surtout au niveau de l’adresse au tir. La clé se situe donc sans aucun doute ici : stopper LMA en faisant chuter ses pourcentages !

Pour NBA.com, cette lourde tâche reviendra principalement à Boris Diaw et à Tim Duncan, mais quand l’on regarde les stats de LMA fournies par SportsVU, lorsqu’il a eu ces deux joueurs sur le dos, il n’y a rien de rassurant pour les Spurs : 50 points à 23 sur 38 au tir, soit 61% pour Aldridge, lors des trois rencontres étudiées.

Les deux intérieurs des Spurs n’ont donc clairement pas réussi à stopper leur adversaire direct cette saison et encore moins à faire baisser ses pourcentages. Il faudra donc explorer d’autres solutions. Et des solutions, Gregg Popovich en a plein les poches et pourquoi ne pas faire de Tiago Splitter le nouveau Aldridge Stopper ? Ce dernier semble bien chaud après avoir passé sept matchs à se coltiner l’un des dix meilleurs scoreurs de l’histoire NBA, en la personne de Dirk Nowitzki. Même si celui-ci n’est plus au top de sa forme, il crée toujours autant de problèmes à ses défenseurs directs, et Splitter s’en est sorti avec les honneurs : 19,1 points à 42,9% au tir pour l’Allemand, soit des chiffres bien en dessous de ses standards habituels, notamment au niveau de l’adresse au shoot. Tiens donc…

Bon… Il ne faut pas non plus oublier que Aldridge n’a que 28 ans, soit sept de moins que Nowitzki, et qu’il est aujourd’hui bien plus rapide pour attaquer le cercle que son homologue de Dallas, mais Splitter a confié au San Antonio Express-News qu’il se sentait prêt à se confronter à ce défi, grâce à l’aide de ses coéquipiers, et notamment Boris Diaw et Kawhi Leonard, qui grâce à son envergure et sa mobilité devrait donner un sacré coup de main en défendant lors de certains passages, sur le poste 4 adverse. C’est d’ailleurs ce trio exact qui a permis aux Spurs de limiter considérablement l’adresse de Dirk Nowitzki au premier tour.

Je sais que LaMarcus est un joueur plus jeune que Dirk, qui peut shooter, driver, jouer au poste et faire énormément de choses. Ce ne sera pas simple. Toute l’équipe est au courant de ça, et tout le monde aidera à sa façon. Nous aurons notre plan, mais je pense que nous avons besoin de toute l’équipe pour aider. Je vais défendre sur lui, Boris le fera aussi, tout comme Kawhi. Les mêmes gars qui ont défendu sur Dirk, le feront aussi sur LaMarcus pendant cette série. »

Ceci semble plutôt intéressant. Tony Parker s’occupera de Damian Lillard (voire Danny Green), pendant qu’une défense collective soudée autour de Tiago Splitter s’occupera de LaMarcus Aldridge. A noter que Tim Duncan, souvent en difficulté face à l’ailier-fort des Blazers cette saison (70% au tir pour Aldridge lorsqu’il a eu Duncan face à lui), n’est pas évoqué dans les propos du joueur des Spurs, et ce n’est peut-être pas plus mal. Le natif des îles Vierges est un Hall of Famer en puissance, mais il ne faut pas oublier qu’à 38 ans, le joueur qui fait aujourd’hui 118 kilos n’a ni l’endurance ni la vitesse qu’il avait autrefois. Autant l’économiser de ce côté-là du terrain donc, en le laissant s’occuper d’un Robin Lopez beaucoup moins dangereux offensivement, et profiter à 100% des capacités offensives du Big Fundamentals sans qu’il ait à s’épuiser en défense.

Ce qu’il ne faut pas oublier cependant, c’est que les Blazers ne présentent pas seulement deux armes offensives nommées Aldridge et Lillard, et qu’avec des joueurs comme Wesley Matthews et Nicolas Batum, ils sont de dangereux shooteurs. A noter que les deux joueurs, ainsi que Lillard, sont tous les trois dans les 35 joueurs qui ont mis le plus de paniers à 3-points par match cette saison, ce qui montre à quel point ces derniers peuvent prendre feu lorsqu’ils sont en position. Ce qu’il faut en conclure c’est qu’une défense collective sur Aldridge peut porter ses fruits certes, mais qu’une prise à deux systématique peut s’avérer très, très dangereuse au vu de la qualité de shoot des autres joueurs qui composent l’effectif de Portland. Manu Ginobili le sait :

« C’est une équipe ultra-complète. Ils ont toutes les qualités que l’on demande au basket. Ils n’ont pas battu Houston par hasard, si ? »

La tâche s’annonce donc ultra-compliquée, et pour répondre à la question de départ, les Spurs ne pourront clairement pas stopper LaMarcus Aldridge, car focaliser trop d’attention défensive sur lui pourrait se montrer trop risqué. Mais pourquoi pas le limiter, et se concentrer sur ses pourcentages ? Ce serait déjà une bonne chose. Tiago Splitter, Boris Diaw et Kawhi Leonard semblent tous trois être très complémentaires et pourront tout donner face à LMA en se relayant face à celui qui est sans contestation possible l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, ailier-fort de la ligue. Le forcer à l’éloigner du cercle, et à prendre des shoots difficiles serait déjà un premier pas important. Aldridge est impressionnant d’adresse on le répète (46% au tir cette année en saison régulière et 48% en playoffs). Faire baisser ces chiffres de deux ou trois unités devra être l’une des principales préoccupation des hommes de Coach Pop’, et même si cela ne suffira pas pour annihiler totalement l’apport de LMA, cela pourrait permettre aux Spurs d’accéder aux finales de conférence, et l’objectif se situe bien ici. Et si cela peut se faire tout en économisant Tim Duncan pour la suite, que demande le peuple… ?

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