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Dossier : dans quelles conditions renvoyer un coach qui gagne ?

Dans la NBA moderne, de plus en plus d’équipes au bilan positif, décident de renvoyer leur coach, malgré un enchaînement de saisons loin d’être honteux. George KarlLionel HollinsVinny Del Negro et Mark Jackson ont ainsi en l’espace d’un an, tous fait les frais de la volonté de leurs dirigeants de passer à autre chose, malgré un bilan très correct au sein de leurs équipes respectives. Une situation plutôt étrange donc, que BasketallInsiders a décidé d’analyser et pour laquelle nous allons également prendre parti.

Premier élément de réponse qui pourrait nous venir instinctivement : les raisons financières. Quels étaient les contrats des coachs renvoyés au moment de la décision de licenciement prise par le GM ? Ce qu’il faut noter, c’est que Karl et Jackson n’avaient plus qu’une seule année de contrat à honorer, tandis que celui d’Hollins touchait à sa fin et que les Grizzlies avaient simplement décidé de ne pas le renouveler.  Rien de bien handicapant donc… Surtout que vu que les contrats des coachs sont garantis, les équipes sont obligées d’honorer les salaires restants jusqu’au terme du contrat. Les équipes sont rarement ouvertes à payer plusieurs salaires en même temps, surtout sur plusieurs années. Voilà pourquoi cela peut changer la donne quand le contrat d’un coach arrive non loin de sa date d’expiration. Si l’équipe n’a pas réellement passé un cap, ou stagne depuis une ou deux saisons, les dirigeants sont donc souvent réticents à offrir un nouveau contrat courant sur plusieurs années au même coach, et cette raison est sans aucun doute à prendre en compte pour ces derniers tacticiens renvoyés malgré une participation en playoffs et même parfois un trophée de Coach of the Year en poche.

 

© ESPN.com
 

Les dirigeants s’intéressent de plus, forcément aux capacités intrinsèques du coach. Ils ne sont pas les seuls à faire le boulot, et la qualité des joueurs doit évidemment elle aussi être prise en compte. Si les coaches gagnent mais que les dirigeants estiment qu’ils n’arrivent pas à exploiter le potentiel maximal de l’effectif, la situation devient alors instable. Ce fut le cas pour les Warriors cette année. Les recrutements d’Andre IguodalaJordan Crawford ou encore Steve Blake auraient du permettre à l’équipe de faire mieux que l’an passé (2e tour des playoffs), et même si les blessures d’Andrew Bogut, suivies par celle de Jermaine O’Neal, n’ont pas aidé Mark Jackson, la sortie en sept matchs au premier tour des playoffs cette année, fut logiquement considérée comme un échec.

Comment peut-on ainsi juger de l’importance du coach dans les résultats de son équipe ? Continuons à prendre les Warriors (exemple le plus récent), comme cobayes. Au fil des dernières saisons, les joueurs de Golden State ont progressé sans aucun doute dans le secteur défensif (3e meilleure équipe de la ligue dans le nombre de points encaissés par possession, cette saison), mais est-ce vraiment la mentalité que Jackson a inculqué à ses joueurs qui est responsable de ce fait, ou alors est-ce plutôt dû à l’arrivée d’excellents défenseurs comme Iguodala ? Difficile à dire. Surtout que de l’autre côté du terrain, l’attaque ne s’est pas réellement améliorée (12e équipe de la ligue dans le nombre de points marqués par possession), malgré l’explosion de joueurs comme Stephen Curry et Klay Thompson. L’équipe n’aurait-elle donc pas pu faire mieux ? Les systèmes offensifs sont-ils réellement adaptés aux joueurs ? Et si Mark Jackson était seulement un meneur d’hommes, tout en présentant des capacités tactiques très limitées ? Ce sont les questions qu’ont du se poser les dirigeants d’Oakland…

Ce à quoi il faut penser aussi, est que la chance est parfois un facteur permettant les bons résultats. En effet, on pourrait vite se dire que même si Hollins a emmené les Grizzlies en finales de conférence l’an passé, son équipe a affronté un Thunder sans Russell Westbrook et des Clippers avec un Blake Griffin largement diminué par une blessure à la cheville. N’auraient-ils pas perdu au premier tour dans d’autres conditions ? Impossible à savoir, mais la question mérite d’être posée. Et voilà pourquoi sûrement, les dirigeants de Memphis ont décidé de ne pas sur-estimer les résultats de leur ancien coach avant de décider de ne pas le prolonger.

De plus, il ne faut pas non plus constamment se rattacher au passé. Il est vrai qu’au vu de l’histoire de la franchise des Warriors, ce qu’a fait Mark Jackson en termes de résultats, est simplement hallucinant. Golden State a atteint un niveau que l’équipe n’avait pas connu depuis les début des années 90 et même peut-être les années 70, pour le plus grand plaisir des fans. L’histoire était la même aux Clippers avec Vinny Del Negro, renvoyé après la meilleure saison de l’histoire des Clippers. Mais plutôt que de comparer son équipe au passé, il semble plus judicieux de la comparer aux autres équipes de la NBA actuelle. C’est ce qu’ont semblé faire les dirigeants, et voilà pourquoi, malgré l’ahurissement des fans souvent convaincus par leur entraîneur, ils ont décidé de couper leur tacticien.

 

© NBA.com

 

L’un des autres points à prendre en compte également est la liste des candidats disponibles pour prendre la suite. Pensez-vous réellement que les Warriors auraient révoqué Jackson s’ils n’avaient aucune chance d’engager des coachs comme Stan Van Gundy ou Lionel Hollins ? Sûrement pas. Ces deux tacticiens ont une expérience très respectable derrière eux, et le choix de renvoyer Jackson malgré des résultats positifs n’était sûrement pas indépendant de ça. Il en est de même pour les Clippers qui ont ensuite récupéré Doc Rivers ou encore pour les Nuggets qui depuis longtemps étaient intéressés par Brian Shaw.

Dans l’affaire Mark Jackson, il faut aussi étudier les relations compliquées que celui-ci avait avec ses dirigeants. Ce facteur est lui aussi forcément à prendre en compte dans ce genre de décisions. Pour le cas des Warriors, cela semble même être la clé. A moindre mesure, cela était également le cas pour Lionel Hollins et les Grizzlies. Même si ces relations n’ont aucun impact direct sur les performances sur le terrain, il est néanmoins important pour le GM et le propriétaire, de pouvoir prendre des décisions en toute quiétude quant à l’effectif, sans avoir constamment à justifier ses choix et à subir les critiques du coach. Il est donc logique de rechercher un climat de travail sain et constructif afin de pouvoir discuter des choix main dans la main plutôt que de manière opposée. L’expérience nous montre que ce facteur est essentiel dans la décision de changer d’entraîneur ou non.

Le facteur qu’il ne faut pas oublier dans ce genre de situations est l’attachement que les joueurs avaient pour leur coach et la réaction qu’ils pourraient avoir en cas de licenciement. La relation tendue entre Chris Paul et Vinny Del Negro a évidemment précipité ce dernier vers la sortie, et cette décision semblait importante dans l’idée d’attirer de futurs free agents qui prendront évidemment en compte le nom du coach avant de s’engager dans une nouvelle franchise. La situation aux Warriors était elle plutôt à l’inverse, et le fait que Stephen Curry ait plusieurs fois abordé sa confiance sans faille en Mark Jackson, a sûrement compliqué les choses pour Joe Lacob. Cela dit, Steph Curry n’est pas encore Chris Paul, et lui laisser le tout pouvoir sur les décisions de son équipe à seulement 26 ans, semble encore prématuré. Une part d’ego non négligeable a donc dû entrer en jeu dans le limogeage du désormais ex-coach des Warriors.

Les projets de la franchise à long terme semblent eux aussi primordiaux dans le choix de prolonger ou non un coach qui gagne. Stan Van Gundy a incontestablement réalisé un excellent job à Orlando. Sauf qu’au vu de sa relation problématique avec Dwight Howard, du transfert prévu de ce dernier, et de la volonté de reconstruction, le moustachu n’apparaissait plus comme l’homme de la situation.  Et d’ailleurs, Van Gundy aurait-il trouvé un intérêt à driver une équipe jeune et inexpérimentée ? Pas certain… Le divorce s’annonçait donc inévitable, et SVG a même été révoqué avant le départ d’Howard afin d’assurer la sérénité du groupe sur la fin de saison.

 

© SmittDogg.com

 

Au final, il est réellement difficile de prendre ce genre de décisions. Enormément de facteurs entrent en jeu, et analyser seulement les résultats concrets de la franchise semble être insuffisant. On imagine également le casse-tête que cela doit représenter pour les dirigeants qui doivent alors jongler entre plusieurs données aussi variées que nombreuses pour lesquelles ils est très compliqué d’avoir une position certaine. En effet, cela s’apparente un peu au débat de l’œuf et de la poule : cette équipe est-elle bonne grâce au coach ou bien le coach semble bon car il a d’excellents joueurs ? Peu de critères concrets existent pour répondre objectivement à cette question.

Erik Spoelstra n’aurait sûrement jamais gagné de titre sans LeBron James, tout comme Rick Carlisle semblait essentiel dans le championnat remporté par les Mavs en 2011. Sans Phil Jackson qui sait si Michael Jordan et Kobe Bryant auraient connu les joies d’un titre, tandis que Rick Adelman, l’un des coachs les plus reconnus de l’histoire NBA, n’aura jamais atteint ce sésame avec des joueurs comme Clyde DrexlerChris Webber ou encore Yao Ming. Même chose du côté des Spurs. Pensez-vous que le big three texan aurait atteint sa renommée actuelle sans Gregg Popovich ? Ou bien peut-être l’inverse ? Popovich aurait-il atteint sa renommée actuelle sans des joueurs comme David RobinsonTim DuncanTony Parker et Manu Ginobil ? Personne ne sait tout ça, et les dirigeants doivent pourtant faire des choix, souvent subjectifs, mais justifiables.

Pour conclure, avec le recul et après un peu d’analyse, renvoyer un coach qui gagne ne paraît donc pas si scandaleux que ça, au vu de tous les critères et les facteurs qui peuvent entrer en jeu, même si cela peut dans un premier temps paraître surprenant. Cela dit, il n’y a pas de doute, cela s’apparente souvent à un pari, mais on le sait, en NBA comme partout ailleurs, qui ne tente rien n’a rien !

 

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3 réflexions sur “Dossier : dans quelles conditions renvoyer un coach qui gagne ?

  • Shaka is overrated

    ça fait plaisir un peu de dossier ,car il y en a peu ces derniers temps

  • Basket Infos

    :D , Malheureusement on n'a pas assez de temps pour en faire plus ces derniers temps.

  • Shaka is overrated

    C'est dommage mais compréhensible ^^

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