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Analyse Vidéo : Gordon Hayward méritait-il un contrat maximum ?

Getty Images

Il semble que la stratégie de Gordon Hayward se soit avérée payante. Après avoir refusé une prolongation de contrat l’été dernier, l’ailier s’est servi de la concurrence d’équipes extérieures sur le marché pour faire monter les enchères et décrocher un contrat maximum. Pas moins de 63 millions de dollars sur 4 ans, contre les 49 millions sur la même durée que lui avait offert le Jazz avant le début de l’exercice 2013-2014. Alors, Gordon Hayward méritait-il un contrat maximum ?

Jetons un coup d’oeil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

Physiquement, Hayward est un athlète assez moyen pour les standards NBA. Grand pour le poste 2 (2m03), il l’est beaucoup pour le poste 3 sur lequel il va sans doute être décalé au vu de l’effectif du Jazz (Trey Burke, Dante Exum et Alec Burks tournant sur les postes 1 et 2). Son envergure de bras est assez moyenne (2m03), et il manque clairement de force comme d’explosivité.

En attaque, Hayward est d’abord et avant tout un jump-shooteur, même s’il vient de connaître une très mauvaise saison en terme de réussite dans l’exercice. Pour sa première année en tant que première option d’équipe, il a en effet connu une toute petite efficacité de 35% sur jump-shots, s’expliquant en partie par des tirs de go-to-guy qu’il était désormais forcé de prendre, mais pas que.

Hayward ne possède en effet pas une excellente mécanique de tir, que ce soit en réception de passe comme en sortie de dribble. Sa prise d’appuis est réellement médiocre par moment et résulte inévitablement en un très mauvais équilibre pendant le tir et de ce fait sur une forme de tir qui change d’une fois à l’autre. Il ne possède tout simplement pas les qualités pour exceller dans un rôle de première option d’équipe, et a notamment beaucoup de mal à créer de l’espace et de bons tirs sur isolation (même face à des intérieurs). Outre les fois où il est capable de se servir de sa taille et de son haut point de relâchement du tir pour shooter au-dessus de plus petits arrières, il est clairement limité sur tir en sortie de dribble face à des défenseurs de sa taille ou plus grands qu’il rencontre sur le poste 3.

Mais là où les choses deviennent inquiétantes c’est que Hayward a également eu beaucoup de mal sur catch & shoot l’an passé, un exercice où il était justement réputé performant. Notamment sur du spot-up (et dans de moindres mesures en sortie d’écran) il rencontrait les mêmes problèmes d’appuis/équilibre/forme du tir, chose pas forcément rassurante et qu’il devra veiller à corriger au plus rapidement. Bon shooteur à longue distance par le passé (un très solide 42% de réussite sur 4.2 3pts tentés par match en 2012-2013), sa campagne 2013-2014 fut bien moins glorieuse pour ne pas dire carrément mauvaise (30%, 3.6 tentatives/m).

Pour un joueur dont le jump-shot représente un énorme 78% de ses tirs, 35% de réussite est clairement un trop faible pourcentage. A quel point peut-on l’atténuer par le contexte du Jazz de l’an passé (pas si médiocre que ça, la base de l’effectif futur étant déjà en place), le coaching, ou ce costume de première option offensive clairement trop large pour ses frêles épaules ? Reste qu’au delà de ses capacités en création de tir, son inefficacité sur catch & shoot (indépendant du rôle de go-to-guy), sa très mauvaise sélection de tir et sa mécanique de tir bien plus indisciplinée et désordonnée qu’auparavant restent des points d’inquiétude loin d’être négligeables.

Gordon Hayward est en revanche un très bon slasher, même si évidement limité par son manque de qualités physiques et athlétiques. La première chose qui saute aux yeux cependant en le regardant attaquer le cercle est son superbe contrôle du corps, réellement très au-dessus de la moyenne. Malgré sa frêle carrure et son manque évident de muscles, il n’est jamais effrayé par les contacts au cercle et surtout parvient à conclure malgré eux avec une impressionnante régularité (34 And 1’s l’an passé), se montrant étonnamment performant pour absorber les contacts, savoir se réajuster dans les airs pour retrouver un certain équilibre et inscrire le panier.

Plus encore, Hayward est un excellent finisseur une fois au cercle (un très bon 62%). Très lucide dans sa sélection de tirs sur lay-up, il démontre également un superbe toucher de balle, une belle créativité pour utiliser le cercle ou la planche afin de créer divers angles, ainsi que la capacité à conclure régulièrement dans le trafic ou par-dessus de longs et grands intérieurs au moyen d’un floater fiable.

Son manque d’explosivité et de verticalité lui font évidement défaut, étant forcé de jouer sous le cercle ou ne possédant pas de premier pas suffisamment bon pour faire la différence. Mais il possède un excellent dribble pour un joueur de sa taille, et se montre performant pour éliminer son défenseur sur crossover avant de se rendre au cercle, ou tout simplement utiliser l’écran d’un P&R pour de la même manière créer le peu de séparation nécessaire et pénétrer. L’inciter à insister sur l’aspect slashing de son jeu pourrait se répercuter de manière néfaste sur son efficacité dans l’exercice (sa lucidité pour prendre les occasions quand elles se présentent compense ses limitations) mais c’est peut être un petit sacrifice à faire pour essayer de rééquilibrer un peu plus son jeu qui penche actuellement bien trop sur le jump-shot.

Hayward est enfin un superbe playmaker pour son poste (sans doute la caractéristique de son jeu qui lui a valu un joli contrat bien chiffré). Dotés d’excellents instincts de passeur (5.1 ast/m), Hayward est un joueur très intelligent, au grand QI basket qui se montre altruiste et on ne peut plus capable (et enclin) à réaliser l’extra pass ou la passe juste au bon moment. Il voit très bien le jeu du fait de sa taille et lit bien les défenses adverses, se montrant tout aussi performant sur Pick&Roll qu’en pénétration pour attaquer l’arceau puis trouver un coéquipier démarqué.

Plus encore, Hayward a parfaitement su translater sa prise de décision en tant que passeur depuis son rôle de lieutenant à celui de go-to-guy de l’an passé (peut être le seul domaine où il a bien réussi la transition). Lucide, il force rarement de mauvaises passe (2.8 tov/m, très satisfaisant pour un joueur avec autant de responsabilités en création) et affiche un solide 1.8 ast/tov ratio.

Défensivement en revanche, Gordon Hayward est loin d’être satisfaisant ni même performant. En premier lieu ce sont ses limitations physiques/athlétiques qui le pénalisent et qu’il ne peut pas compenser comme il le fait en attaque. Sa vitesse latérale et moyenne et il manque clairement de puissance, lui valant d’autoriser très (trop) fréquemment des pénétrations en ne pouvant rester en face de son vis-à-vis ou tout simplement en ne pouvant tenir son territoire et en se faisant dégager du chemin d’un coup épaule bien appuyé. Un manque de puissance qui se fait également ressentir lorsqu’il défend sur l’aile, où l’attaquant adverse tente régulièrement (et à raison) de le jouer au poste. Plus encore, sa courte envergure de bras (2m03) l’empêche de pouvoir contester les tirs efficacement (même s’il se montre enclin à le faire) et les adversaires peuvent de ce fait se contenter de shooter par dessus lui.

Loin du ballon, Hayward démontre une solide anticipation sur lignes de passe pour intercepter les ballons (1.4/m), mais demeure pour le reste un défenseur indiscipliné et peu attentif, qui aide à mauvais escient ou ne maintient pas le contact visuel avec la balle et son attaquant à tout instant.

L’un dans l’autre, difficile de justifier sur un plan purement théorique le contrat maximum que le Jazz lui a offert. Un tel contrat est par définition réservé à des joueurs calibré go-to-guy, ce que n’est clairement pas Gordon Hayward. Scoreur assez inefficace, grandement limité dans la création de son propre tir, il ne possède tout simplement pas les qualités requises pour le job. Ni même n’est excepitonnel (ou ne serait ce que décent) défensivement pour rattraper l’affaire et justifier les quelques liasses de billets verts supplémentaires. Au contraire, son excellente capacité de playmaker combiné à son intelligence en pénétration et (habituellement) sa réussite sur catch & shoot représentent un cocktail de qualités de toute évidence plus approprié à un costume de lieutenant.

C’est d’ailleurs sans doute ce que souhaite en faire Utah à l’avenir, même s’ils n’ont pas été capables d’aller chercher une première option offensive digne de ce nom durant l’intersaison (le Jazz espère voir Exum devenir ce joueur là mais il est encore bien trop tôt pour juger). Ce contrat maximum (16M/an sur 4 ans) sur lequel s’est aligné Utah est plus contextuel qu’autre chose.

Certes, Gordon Hayward ne vaut pas un contrat maximum sur le papier. Mais pour ne pas jeter à la poubelle une grande partie de leur travail de reconstruction en le laissant filer à Charlotte (qui avait offert ce contrat maximum à l’origine) les dirigeants du Jazz ont préféré le conserver même si cela passe par le surpayer, Une décision finalement assez légitime, mais qui pourrait peut être les bloquer au niveau du salary cap d’ici quelques années quand on sait qu’il reste encore des Trey Burke, Alec Burks, Dante Exum, peut être Enes Kanter et autres à prolonger très prochainement, et que l’effectif manque encore d’un joueur taillé franchise player (et donc du contrat qui va avec) pour mener toute cette jeune escouade.

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