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Lakers et Celtics, les deux légendes schizophrènes

Alors que la présaison démarre, et avec elle une nouvelle année NBA, c’est peu de dire que les deux franchises historiques de la ligue, les Lakers et les Celtics, ne vont pas bien fort. Pour la première fois depuis 20 ans, la deuxième seulement depuis 1971, les playoffs se sont déroulés sans aucune des deux équipes au printemps dernier, et il est bien possible que la situation se répète cette saison. On peut évidemment se tromper, mais à la rédaction, on ne voit aucune des deux équipes se retrouver en postseason. Kobe Bryant a beau déclarer, il y a trois jours, que « ne pas jouer le titre est une perte de temps », les deux organisations légendaires sont en train d’en perdre beaucoup, de temps, par la faute d’une politique sportive approximative.

Il n’y a pas, en NBA, vingt mille façons de jouer le titre : en gros, il faut soit recruter des superstars par le biais de la free agency, ou, plus fréquemment, en forçant un trade, soit construire un effectif par la draft, comme le Thunder. Hors de ces deux solutions, peu (voire pas) de salut. Comme toute ligue fermée, la NBA fonctionne par cycles, forçant les franchises à toucher le fond avant de remonter, et assurant ainsi un renouvellement régulier des équipes jouant le titre. (Les Spurs, comme toujours, sont aussi l’exception qui confirment la règle). Lakers et Celtics, dans leur histoire récente, n’ont pas échappé à ces phases de reconstruction. Pour les Angelinos, ce fut en 2004-05, après l’échec du « Big Four » en finale contre les Pistons : départs du Shaq et de Phil Jackson, une saison sans playoffs, deux éliminations au premier tour, puis le trade de Pau Gasol et les trois finales consécutives (2008-10). Côté Boston, la période de vaches maigres s’est davantage éternisée, puisque la franchise n’a pas vraiment brillé entre le départ de Larry Bird et la création du Big Three en 2007, malgré deux bonnes saisons en 2002 et 2003. Il aura fallu le coup de maître de l’arrivée de Garnett et Allen, ajouté à la draft de Rajon Rondo, pour remettre les Celtics sur le toit de la ligue.

Le vrai problème des deux franchises, à l’heure actuelle, est qu’elles semblent ignorer, volontairement ou non, ce besoin de reconstruction. L’une comme l’autre se sont lancées dans une drôle de stratégie, qui consiste à nier être en période de transition et à faire preuve d’un optimise forcené. Ecoutons Byron Scott :

Bien sûr c’est beaucoup de travail et beaucoup de choses vont nous tomber dessus cette année et la suivante, mais c’est pour ça que je suis là. Mitch et Jim pensent aussi qu’on y arriver. Nous sommes tous sur la même longueur d’ondes pour gagner un autre titre ici et je ne pense pas que cela prendra 5 ou 6 ans comme beaucoup de gens le pensent à LA ou à travers le pays. Nous sentons que nous pouvons le faire en un laps de temps bien plus court.

Dans les faits, cela donne une intersaison tout à fait bizarre pour LA, qui est allé chercher de solides starters (Boozer, Lin), tout en resignant une bonne partie de son (mauvais) effectif de l’an dernier et en draftant un prospect censé être NBA-ready, Julius Randle. Le cas de ce dernier est symptomatique : une équipe en reconstruction lui donnerait les clés du camion et ferait de son développement une priorité. Pas les Lakers, qui recrutent Carlos Boozer et Ed Davis au même poste. Leur jeune le plus prometteur de la saison dernière, Kendall Marshall ? Prié d’aller se faire voir ailleurs et de laisser ses minutes à Lin et aux restes de Steve Nash.

Même ambiguïté à Boston, qui a choisi Marcus Smart avec son 6e choix de draft, un joueur jouant au même poste que leur franchise player. Danny Ainge continue par ailleurs à faire confiance à Jeff Green, 28 ans tout de même, et a décidé de relancer des joueurs qui, même au top, ne deviendront jamais des franchise players – sans vouloir manquer de respect à Evan Turner et Marcus Thornton.

Un franchise player, quelques vétérans de bon niveau, une poignée de bons prospects n’ayant pas forcément une allure de future star : le profil des effectifs de Brad Stevens et Byron Scott se croise assez souvent en NBA, mais rarement dans les vestiaires de franchises aussi mythiques. Ce genre de roster, c’est celui que se construisent les « petits marchés » qui refusent de tanker, par morale ou, plus sûrement, pour ne pas décourager les fans. C’est exactement ce que voulait faire Milwaukee l’été dernier, et ce qu’ont réussi Atlanta ou Indiana dans un passé récent. Avec une bonne saison, cette tactique permet de décrocher une des deux-trois dernières places en playoffs. Sinon, elle condamne à une place en moitié de lottery à la draft. Plutôt que le tout ou rien induit par la fonctionnement de la NBA, cette stratégie est celle du ventre mou assumé, réservée à des franchises qui n’ont pas vraiment d’autre choix pour exister.

 

Pourquoi diable ces deux franchises, qui pèsent 33 titres NBA à elles deux, s’obstinent-elles dans cette voie de garage ?

La première partie de la réponse est contenue dans la question. Parce que les Celtics ont 17 titres à leur palmarès, et les Lakers 16, la médiocrité leur est interdite. Tanker ? On ne mange pas de ce pain là quand on incarne la légende de la ligue ! La fanbase des deux équipes est immense, et personne n’imagine concevable que LA ou Boston puissent s’offrir, comme Orlando, Phila ou Utah actuellement, deux ou trois saisons de reconstruction dans les bas-fonds de leur conférence. Rien que de très logique là-dedans : plus l’institution est grande, plus le degré d’exigence est haut. Le Bayern ou le Real n’ont pas le droit de manquer le titre deux saisons de suite ? Eh bien, pour les Lakers et les Celtics, c’est la même chose. ce qu’on attend d’eux, c’est ce genre de moments:

Le vrai problème des deux franchises est de chacune avoir en leur sein un joueur qui est le garant de cette exigence, et qui n’entend pas s’asseoir dessus, même pour une ou deux saisons. Kobe Bryant et Rajon Rondo représentent l’un comme l’autre – dans des proportions différentes, bien sûr – les années glorieuses de leur franchise, et ne se privent pas de faire savoir qu’ils veulent gagner, et non faire partie d’un processus de reconstruction. Cela rend la position des GM Mitch Kupchak et Danny Ainge pour le moins délicate. Il leur faut à la fois garantir à leur star l’ambition intacte de la franchise, et en même temps assurer une fondation relativement solide sur la durée. Gérer d’une main le long terme, le court de l’autre. Avoir dans son effectif Carlos Boozer ET Julius Randle, Rajon Rondo ET Marcus Smart. L’enjeu, bien sûr, est un peu différent dans les deux cas. A Los Angeles, il s’agit de ne pas gâcher la fin de carrière d’une légende ; à Boston, de ne pas perdre Rajon Rondo, free agent en juillet prochain.

Ne nous y trompons pas, il n’y avait aucune fatalité à ce queles choses se passent de cette façon, tant à Boston qu’à LA. Les deux franchises ont une grande responsabilité dans le pourrissement de la situation, du fait de certaines décisions plus que contestables. Les Lakers, après deux saisons en demi-teinte, croyaient avoir assurer leur avenir en récupérant Dwight Howard, en 2012. Dans la lignée des grands pivots angelinos, l’ancien Magic allait être l’incarnation de la franchise pour les sept ou huit années à venir. Dans l’idée, c’était magnifiquement pensé. Dans les faits, donner à Mike D’Antoni une équipe avec deux intérieurs dominants s’avérait être un suicide tactique, et ne pas gérer la relation Kobe/Howard une grave erreur. Le départ du pivot l’été dernier est le résultat direct d’une idée mal mise en pratique et mal gérée de A à Z. Et ne parlons pas des contrats gargantuesques signés à Steve Nash et Kobe Bryant, qui grèvent d’autant les possibilités de recrutement durant la free agency.

La situation de Boston est un peu différente, puisque Danny Ainge savait depuis un bon moment que son Big Three avait une espérance de vie relativement courte. Il a pu se préparer à leur départ, ce qui explique en partie que les Celtics aient un noyau de jeunes plus intéressant que celui de leurs rivaux de l’Ouest, avec Bradley, Sullinger, Olynyk et désormais Smart et Young. On ne peut cependant pas s’empêcher de penser qu’il y avait moyen de récupérer un peu plus que Kris Humphries, Keith Bogans, Gerald Wallace, MarShon Brooks et Kris Joseph dans l’échange de Garnett, Pierce et Terry. Certes, Boston a décroché trois premiers tours de draft, dont un a servi à sélectionner James Young. Mais ce sont des choix a priori assez bas, pas franchement des lottery picks. Les joueurs arrivés dans l’échange ? Il n’en reste aujourd’hui plus qu’un, Gerald Wallace, surpayé et fantomatique. Pas franchement ce qu’on appelle un triomphe, donc. Par ailleurs, Danny Ainge n’a pas fait preuve d’une grande agressivité durant la free agency, que ce soit pour récupérer Kevin Love ou par attirer un gros free agent. Espérons que le GM soit plus inspiré pour négocier le cas Rondo.

 

Quoi qu’il en soit, Lakers comme Celtics ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils se retrouvent dans cette position schizophrénique, un oeil sur les résultats immédiats, un autre sur un futur pour le moins flou. Le risque est grand, pour l’un comme pour l’autre, de faire durer cet entre-deux sur deux ou trois saisons, au point de se retrouver bloqué au milieu du gué, pas assez bons pour jouer le titre, mais pas assez mauvais pour drafter haut, ce qui est, on le sait, la pire des positions en NBA. On a bien compris que l’objectif, pour les Lakers, était les futures free agencys, mais l’entreprise est par définition, tout sauf sûre. D’abord parce que la cible principale, Kevin Love, n’est plus dans l’équation. Ensuite parce que LA aura à faire à un concurrent avec les mêmes ambitions de l’autre côté du pays, les Knicks, qui ont l’avantage d’avoir un projet clair depuis l’arrivée de Phil Jackson. Dallas, depuis 2011, s’amuse au même jeu, et le résultat n’a pas été une splendeur, jusqu’à cet été en tout cas. A Boston aussi, le marasme risque de se prolonger si les Celtics continuent à drafter en milieu de premier tour, à moins d’un gros coup de chance. Danny Ainge doit rapidement prendre une décision au sujet de Rajon Rondo, qu’il serait trop bête de perdre sans contrepartie l’été prochain. Et ce n’est pas avec Evan Turner et les premiers tours 2016 et 2018 des Nets qu’il pourra le convaincre que l’avenir des Celtics est brillant – ni avec les jeunes actuels, malgré toutes leurs qualités.

Le danger est réel, pour les deux franchises mythiques de la ligue. Ni l’argent, ni l’histoire, ni le prestige ne suffisent à jouer le titre, ni ne remplacent un projet réfléchi et construit sur le long terme. Le projet des Celtics et des Lakers, pour l’instant, se dilue dans des injonctions contradictoires, que ne saurait dissimuler longtemps une communication pleine d’optimisme. Dans une NBA à 30 franchises, chaque année perdue représente un retard de développement énorme. On attend de voir mais en attendant, comme dirait Kobe, on perd du temps.

 

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3 réflexions sur “Lakers et Celtics, les deux légendes schizophrènes

  • OnlyMilky

    Boston a fait un one shot quand allen et kg sont venu faire un big three avec pierce pour glaner un titre,c'est tout.
    Ils ont toujours galéré depuis la fin des 80's. Et ce en toute période. Je suis la nba depuis 92 j'ai jamais vu Boston avec une roster digne de jouer le titre sauf quand y a eu KG et allen.

    Tandis que les lakers n'ont jamais connu de gros creux, même au milieu des années 90, avec l'équipe des van exel eddie jones campbell divac ils étaient pas minables !

    Les joueurs se battent pas pour aller jouer aux celtics, alors que pour les lakers la donne est différente. C'est l'équipe la plus mythique de la nba, los angeles ca fait rêver, le seul hic actuellement c'est Kobe.

    Les Lakers auront le prochain meilleur joueur de la nba ou un des meilleurs qui remettra los angeles en course, ca interviendra bientôt d'ici 1 an ou deux. Genre un KD qui viendrait aux Lakers !

    Par contre pour Boston ouai faut s'inquiéter, ils reviendront que quand ils auront des pick de draft !

  • NioRequiem

    Boston est l'équipe qui a le plus de TDD sur les 5 années à venir, elle a tradé les deux dinosaures qui représentaient l'âme de l'équipe et le souvenir du titre et a fini avec le 5ème pire bilan l'an dernier. Si ce n'est pas une reconstruction qu'on m'explique ce que c'est …

  • NioRequiem

    Ca tombe bien c'est l'équipe qui en a le plus (des Tdd) pour le futur !

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