[Interview] Nicolas Batum: “Depuis la blessure de Matthews, nous sommes moins bien en défense”
Après la défaite des Blazers à l’Oracle Arena, Nicolas Batum a accepté de nous donner son avis sur la rencontre et sur le travail que Portland doit faire pour être prêt pour les playoffs.
À chaud, qu’est-ce qui a fait la différence dans ce match ?
Dans un match serré comme ça, c’est l’équipe qui fait le plus de stops et celle qui enchaine en attaque qui gagne le match. C’est le genre de fin de match NBA où chaque possession est hyper importante et puis… il est fort…
Quand Curry prend feu, qu’est-ce que tu peux faire défensivement ?
Il a mis des tirs difficiles certes mais il y a des opportunités qu’on aurait pu stopper. Quand tu changes sur les écrans et qu’il te sort un fadeaway dans le corner sur un mec de 2m15… C’est vrai que tu peux rien faire. Mais quand il drive, qu’il contourne le pick ad roll et qu’on est pas dans les rotations, c’est ça que tu dois contrôler. C’est sur ça qu’on doit bosser. Mais le fadeaway dans le corner… Il n’y a que lui qui peut mettre un tir comme ça.
Outre Curry, dans le dernier quart temps, ils vous ont puni sur des back doors venant du côté faible. C’est sur ça que vous devez travailler ?
Oui tout à fait. Les tirs de Curry, je ne vais pas dire que tu fais avec, mais on n’est pas les premiers et on ne sera pas les derniers… Tu fais le maximum pour le faire bosser et voilà. Mais les back doors, les rebonds défensifs, les petits détails, les paniers de Thompson… c’est ça qui nous tue.
Ca ne se voit peut être pas sur ce match, mais vous donnez quand même l’impression de pouvoir plus vous appuyer plus sur votre défense cette saison par rapport aux années précédentes ?
Clairement. Mais depuis la blessure de Wesley (Matthews), on a un gros coup de mou. Il faut vraiment ajuster ça le plus possible parce que les playoffs arrivent vite.
En parlant de playoffs, malgré la défaite, est-ce que c’est une bonne répétition générale de les jouer ici dans un match serré ?
Oui c’était un bon match. On lâche sur la fin mais on est tout le temps dedans. 3 points d’écart à la fin du premier quart temps et à la mi-temps, égalité au début du dernier quart temps. Nous nous sommes donnés coup pour coup et je ne pense pas que l’écart final reflète la vérité du match.
Ils marquent 34 points en transition/contre attaque, est-ce que c’est l’aspect de leur jeu le plus dur à défendre ?
Ils défendent bien. Ils défendent très bien. Tout le monde parle de leur attaque mais c’est la meilleure défense de la ligue au niveau des chiffres. Donc ils font des stops et ils courent vite derrière. Et quand ça part comme ça, c’est dur. Quand tu vois Steph Curry qui s’arrête à trois points en transition, tu peux rien faire. Et puis il demande tellement d’attention que par moment tu penses qu’il va tirer et c’est là ou tu te prends des back doors en contre attaque etc. Ils sont forts, ils sont très forts pour ça. Mas on a montré qu’on pouvait jouer avec eux. Par contre tu n’as pas le droit à l’erreur.
Qu’est-ce que vous apporte CJ McCollum offensivement en sortie de banc ?
Il apporte de l’énergie en attaque, c’est un scoreur. Il sait comment attaquer le cercle. Il marque 17 points ce soir, il est sur bonne série. J’espère que ça va continuer.
Les médias parlent beaucoup des progrès de Steph Curry. Penses-tu que Damian Lillard soit sur la même voie malgré le fait que ce soit moins médiatisé ?
Oui oui tout à fait. Mais c’est comme Curry il y a deux ou trois ans, il passe par la même chose. Si il veut être parmi l’élite des meneurs de la ligue, et il l’est déjà, il faut pouvoir défendre. Les meneurs en NBA, tous les soirs ils se tirent la bourre. Un soir ça va être Chris Paul contre Westbrook, le lendemain ça va être Tony (Parker) contre Kyrie Irving, deux jours après tu as Lillard contre Curry, Jeff Teague contre John Wall… Toutes les équipes ont un gros meneur de toute façon donc Lillard n’a pas le choix.
Sur un plan personnel, comment tu t’es senti ce soir ?
Bien bien. On a joué petit donc j’étais plus en mode créateur. J’essaie de faire tourner les choses, de mettre les choses en place parce qu’on a beaucoup de shooteurs. Donc le but c’était de faire tourner. Je crois que je finis à 7 passes. J’étais un peu partout en défense. J’ai essayé de mettre Aldridge et Lillard dans de bonnes conditions. C’est mon boulot. J’aurais pu prendre quelques tirs en plus mais ce soir l’équipe avait besoin de moi comme créateur.
Est-ce que c’est frustrant quand tu vois que peu de médias reconnaissent le réel impact que tu as sur cette équipe ?
Quand je parle à des gens qui connaissent le basket, qui sont dans le milieu de la NBA, je n’ai pas ce problème. Après je pourrais prendre plus de tirs, c’est sur, je le reconnais volontiers. Mais je m’entends très bien avec Lillard et Aldridge, ils savent qui je suis et quel genre de joueur je suis, mon but c’est de leur rendre la vie plus facile.
Propos recueillis par Melvin Karsenti à l’Oracle Arena