Warriors : Troubles de la personnalité
99, 44 et 26.
99, soit le nombre de jours sans défaite des Warriors à l’Oracle Arena. Avant mardi, 44 victoires et 0 défaite, le record des Warriors lorsqu’ils limitent leurs adversaires à moins de 100 points marqués. Et 26, le nombre de victoires consécutives à domicile de Golden State face à des équipes de la conférence Ouest.
Si vous en doutiez, vous avez maintenant la certitude que les Grizzlies ont réalisé un exploit en battant les Warriors à l’Oracle Arena pour égaliser dans la série et reprendre l’avantage du terrain. Mais pour Memphis, cette victoire n’est pas aussi extraordinaire qu’elle n’y parait. C’est même une habitude. Derrière leurs piliers, Conley, Allen et la paire Gasol/Randolph, les Grizzlies prennent un malin plaisir à faire déjouer leurs adversaires.
Mardi soir, Golden State n’a pas dérogé à la règle. « Ils nous ont botté les fesses, » a concédé Steve Kerr après le match. « Ils ont contrôlé le match et nous devons apprendre de ce qu’il s’est passé ce soir. » Comme lors du premier tour contre les Pelicans, les Warriors sont retombés dans leurs travers. Oublié le système qui leur a permis de gagner 67 matches. Face à l’emprise des coéquipiers de Mike Conley Jr, ils ont essayé individuellement de se sortir d’une situation bien mal embarquée. Sans surprise, ils ont lamentablement échoué.
« Nous avons perdu notre sang-froid. Dès le deuxième quart-temps, nous avons arrêté de faire bouger la balle. Et contre cette équipe, vous ne pouvez pas simplement attaquer et espérer accéder au cercle. Ils sont forts à l’intérieur et possèdent des super défenseurs sur les ailes. Il faut bouger la balle, fixer, bouger la balle, poser de bons écrans et seulement à ce moment là on sera ouvert. Ce soir, nous avons trop insisté avec le dribble » explique le technicien de la Baie. Mais Cette phrase aurait pu être prononcée par Vinny Del Negro alors entraineur des Clippers en 2012 et 2013.
La comparaison est frappante. Confus, pressés et non habitués à cette intensité, les Clippers avaient vu leur parcours en playoffs s’arrêter prématurément face aux Grizzlies. Si nous n’en sommes pas encore là, les Warriors ont besoin de réagir s’ils ne veulent pas se retrouver dans la peau de leurs rivaux californiens. Citée comme argument contre un potentiel succès des Warriors en playoffs, l’inexpérience des Dubs n’avait jamais été aussi flagrante.
Quand les Spurs se retrouvent dans une telle situation, ils ne paniquent pas. Ils font confiance au système qui a façonné leur succès depuis des années. Lors des playoffs 2015, et pour la première fois de leur histoire, les Clippers ont montré cette même aptitude à conserver leur identité. Spurs, Clippers et Grizzlies participent aux playoffs depuis plusieurs saisons. Les Warriors n’ont que quatre séries de playoffs dans le ventre (2013 : Nuggets et Spurs. 2014 : Clippers). Heureusement pour eux, dans ce domaine leur entraineur a de l’expérience à revendre.
« Nous voulons jouer vite. Ils veulent jouer le plus lentement possible. » Steve Kerr le sait, en mai, gagner la bataille du tempo est essentielle. Mais celle-ci n’est peut être pas celle que l’on pense. « Il y a le rythme que vous trouvez en transition, mais il y aussi le rythme que vous mettez sur demi terrain. Vous devez absolument avoir cet équilibre offensif sur demi terrain et c’est ce qui nous a cruellement manqué. » Sans faire vivre la balle, il est difficile d’être en rythme. Sans rythme, même les tirs ouverts échouent sur le cercle. Pour une équipe comme Golden State qui mise beaucoup sur l’adresse extérieure, le mouvement est indispensable.
Plusieurs fois cette saison, les Warriors se sont retrouvés en difficulté. À chaque fois, ils ont su répondre présent. Sous le tutelage de Kerr, ils n’ont jamais perdu trois matches de cette suite.Mouvement, altruisme, adresse, comme au premier tour, c’est à l’extérieur qu’ils ont l’occasion de retrouver l’identité offensive tant nécessaire à leur succès.
Face à l’une des défenses les plus féroces de la ligue, ils n’ont plus le choix. C’est cette fois à l’attaque qu’il faut passer.