LeBron James : Le coup de maître
Alors que les confettis tombent lentement mais abondamment sur le parquet des Cavaliers et que les joueurs savourent, pour la majorité, leur premier titre de champion de la conférence Est, LeBron James s’est volontairement mis en retrait pour apprécier le tableau, son tableau.
Après avoir appris comment gagner à Miami aux côtés de superstars, vétérans et sous la bienveillance de Pat Riley, LeBron pouvait revenir à la maison pour partager son expérience avec la franchise de son coeur et offrir un titre à la ville de Cleveland. Plus mature et conscient de la difficulté du projet auquel il s’attaque, le King n’avait rien promis au peuple. Atteindre quatre finales consécutives aux côtés de Dwyane Wade et Chris Bosh est une chose. Vouloir accomplir les mêmes sommets avec une meute de jeunes loups inexpérimentés est une toute autre histoire.
Processus et patience.
Le processus fut long et par moment laborieux. Orphelins de leur enfant prodige pendant quatre saisons, les Cavs ont durant cette période gagné 97 matches sans jamais atteindre les playoffs. Il fallait donc tout reprendre depuis le début. Avant de penser basket, c’est la culture de toute la franchise qu’il fallait changer. Pour aider LeBron, les dirigeants ont accepté de faire venir deux vétérans et fidèles du roi en James Jones et Mike Miller. Deux joueurs avec un faible impact sur le terrain mais à l’apport inestimable pour aider les jeunes joueurs à devenir de vrais professionnels.
La patience semble avoir été la qualité première de James cette saison. L’apprentissage du succès est long et frustrant. « Si vous ne connaissez pas quelqu’un, il est difficile de lui faire confiance. Plus vous passez du temps avec cette personne, plus vous développez cette confiance. Ca marche de la même façon quand vous construisez une équipe, » décrit le numéro 23 des Cavs.
Les additions de J.R. Smith et Iman Shumpert sont l’exemple même de l’impact que James a sur ses coéquipiers. Chassés de New York où ils s’étaient construits une réputation peu reluisante. Les deux anciens Knicks ont tout de suite répondu aux attentes du King. « Nous sommes arrivés ici en nous disant que nous avons l’opportunité de jouer avec l’un des meilleurs joueurs de l’histoire. Ça motive pour travailler encore plus dur, » explique Shumpert. J.R. poursuit la pensée de son coéquipier: « Quand vous le voyez arriver premier à l’entrainement et partir le dernier, vous vous devez de faire comme lui. Si le meilleur joueur du monde fait ça, vous devez en faire deux ou trois fois plus pour être à la hauteur. »
La transition a été difficile pour Kyrie Irving. Le premier lieutenant a dû perdre certaines habitudes pour répondre aux attentes de James. « Je suis dur avec lui car je veux le mettre sur le droit chemin. Je lui demande beaucoup parce qu’il a un potentiel énorme. Et jusqu’à présent il a plutôt bien répondu, » déclare LeBron en souriant. Tout n’a pas été rose entre les deux joueurs mais James a su écouter et s’adapter aux demandes de son Robin. La complicité et la confiance dont ils jouissent aujourd’hui sont le fruit des obstacles qu’ils ont dû surmonter mais aussi des batailles qu’ils ont partagées. Kyrie a obtenu ses galons et a fait ses preuves toute la saison suppléant à merveille son général comme lors de cette victoire à San Antonio (57 points).
Toutes ses leçons et expériences partagées par LeBron James ont pris vie lors du deuxième tour des playoffs contre Chicago. Face à une équipe rugueuse et plus expérimentée, les Cavaliers ont su rebondir après leur défaite inaugurale. Et si tout n’a pas été beau, James était fier de la manière avec laquelle sa jeune garde a combattu. « Nous n’avons pas de marge de manoeuvre mais nous jetons toutes nos forces dans la bataille, » résumait Shumpert.
C’est dans cette série que les Cavs sont passés au niveau supérieur. Lorsqu’au match 4 LeBron n’était pas efficace au tir, ses coéquipiers ont fait toutes les petites choses pour maintenir l’équipe dans le sillage des Bulls. Et comme pour les remercier, comme un symbole, c’est bien lui qui a offert la victoire aux siens sur un buzzer beater mémorable. Enfin dans le match 6, avec un James à 10 sur 30 aux tirs et un Kyrie limité à douze minutes de temps de jeu à cause de son genou, ce sont Matthew Dellavedova et Tristan Thompson, tous deux participant pour la première fois de leur carrière aux playoffs, qui ont pris les choses en mains pour lancer la destruction finale de Chicago.
Si LeBron James fait tout pour son équipe comme en atteste son presque triple double de moyenne lors des sept dernières rencontres, les dirigeants et le coaching staff ont fait un travail remarquable pour l’entourer de joueurs qui, plus que tout, avaient les bonnes mentalité et aptitudes pour pouvoir faire de ce projet une réussite. LeBron a fait confiance à l’organisation de cette équipe et celle-ci est LA raison pour laquelle il se donne sans compter tous les soirs :
« Tout ce que je fais, je le fais pour mes coéquipiers et pour cette ville. Je veux qu’ils puissent vivre le genre de moments que j’ai déjà vécu et c’est pour ça que je suis revenu. Pouvoir leur offrir ces émotions à travers le basket, c’est ce qui m’importe plus que tout le reste. »
Fier et ému du chemin parcouru, LeBron James peut savourer, en retrait, la joie de ses coéquipiers. Alors que les confettis tombent lentement mais abondamment sur le parquet des Cavaliers, l’aventure est loin d’être terminée. Au contraire, elle vient juste de commencer. Peu importe l’issue des finales NBA, il sait que la graine a été plantée.