[Intersaison 2015] La situation salariale des Brooklyn Nets
Votre équipe est éliminée de la course au titre NBA depuis longtemps? Vous voulez vous projeter vers l’intersaison à venir? Pour bien comprendre ce que chaque franchise pourra ou ne pourra pas faire cet été, Basket Infos vous propose un point sur la situation financière de chaque équipe.
Pour être le plus clair possible dans cette jungle infernale que sont les finances NBA, nous vous présentons l’effectif de chaque franchise divisé en trois catégories :
- les salaires engagés, c’est-à-dire le total des salaires des joueurs sous contrat pour l’année prochaine, plus le montant du contrat des futurs rookies.
- les salaires potentiellement engagés, qui recouvrent tous les contrats qui ne sont pas encore garantis pour l’an prochain. Cela concerne les Player Option (PO), qui permettent à un joueur de mettre fin à son contrat un avant son terme, les Team Option (TO), qui sont l’équivalent pour les franchises, et les contrats non-garantis. Sauf précision entre parenthèses (PO ou TO), les joueurs mentionnés dans cette catégorie bénéficient de contrats non-garantis.
- les joueurs libres (free agents), qui n’ont pas de contrat pour l’an prochain. Ceux-ci peuvent être free agents restrictifs (RFA), ce qui donne la possibilité à leur franchise de s’aligner sur n’importe quelle offre de contrat qui leur est faite, ou free agents non-restrictifs (UFA), c’est-à-dire libres de signer où bon leur semble.
Rappelons quelques autres concepts, pour que vous ne soyiez pas trop perdus :
- Les franchises NBA ont le droit de recruter autant qu’elles veulent tant qu’elles ne dépassent pas le Salary Cap, une limite qui devrait être fixée cette année à 67,1 m$. Dès l’été prochain, le salary cap devrait exploser et monter jusqu’à 89 m$. Cette intersaison est donc très particulière, car elle est la dernière avec une minorité d’équipes sous le cap; en 2016, au moins trois quarts des franchises auront de quoi signer une superstar.
- Si elle est au-delà de cette limite avant la free agency, la franchise peut tout de même recruter, mais avec des limitations. Elle utilise pour cela des exceptions : la Mid Level Exception (MLE), d’un montant de 5,46 m$ ; la Bi Annual Exception (BAE), d’un montant de 2,06 m$, disponible un an sur deux ; et la Minimum Exception, qui permet de signer autant de joueurs qu’elle le souhaite au contrat minimum.
- Une autre limite existe en NBA, la Luxury Tax. Il s’agit du palier au-dessus du Salary cap, fixé à 81.6 m$. Toute équipe dont la masse salariale dépasse ce montant paye une taxe et est encore plus limitée dans son recrutement, puisqu’elle ne peut plus signer de free agents qu’avec les contrats minimums et la mini-MLE, une réduction de la Mid Level Exception à un montant de 3,38 m$.
- Grâce à des droits que l’on nomme les Bird Rights, toute franchise a le droit de resigner ses propres free agents, même en dépassant le salary cap. Mais une équipe n’a pas le droit de signer des free agents grâce à l’espace libéré par le départ de ses joueurs, puis de resigner ces derniers juste après en utilisant les Bird Rights. Le salaire des free agents continue en effet de peser dans les comptes tant qu’une équipe n’a pas renoncé à ses Bird Rights : c’est ce qu’on appelle le cap hold.
Si vous n’y comprenez rien, ou que vous avez des doutes sur telle ou telle situation, je vous conseille de vous référer au guide des finances réalisé par Basket Infos l’été dernier, cela devrait clarifier les choses.
Les chiffres et les détails des contrats proviennent de BasketballInsiders.com et de Sportac.com.
Salaires engagés: Joe Johnson, Deron Williams, Jarrett Jack, Bojan Bogdanovic, Sergey Karasev, Mason Plumlee 29e choix de draft
Salaires potentiellement engagés : Brook Lopez, Thaddeus Young, Alan Anderson (PO), Darius Morris, Earl Clark, Markel Brown, Cory Jefferson
Joueurs libres : Mirza Teletovic, Jerome Jordan (RFA)
On a beau tourner la situation dans tous le sens, le constat reste le même: les Nets étaient dans la mouise, ils le sont toujours. Quand vous payez 46 m$ pour Johnson et Williams, c’est à peu près inévitable. Pour le plus grand bonheur de tout le monde (sauf lui), le contrat de Johnson entre dans sa dernière année, ce qui devrait laisser un peu d’air aux Nets au meilleur moment, lors de la hausse vertigineuse du cap. La mauvaise nouvelle, en revanche, c’est que Brook Lopez et Thaddeus Young, qui ont tous les deux une option pour l’an prochain, souhaiteraient devenir free agents et tester le marché. Les Nets ont dit et répété qu’ils voulaient que les deux joueurs composent leur raquette du futur, et n’ont donc pas trop le choix, s’ils veulent les conserver: il va falloir aligner la monnaie. Le cap hold des deux rend ridicule l’idée même d’avoir de l’espace sous le cap, ce qui veut dire, en gros, que Brooklyn aura fini son recrutement si Lopez et Young sont prolongés.
Le problème, pour Brooklyn, est que même en virant tous les contrats garantis et en ne prolongeant pas Teletovic, prolonger Lopez et Young est quasiment synonyme de bascule au-dessus de la luxury tax. Les deux intérieurs touchent en effet 25 m$ cumulés cette année, et on voit assez mal comment Billy King se débrouillerait pour les signer à un prix inférieur. Lopez, notamment, aura à n’en pas douter des offres d’autres équipes en manque de pivot (Boston? Milwaukee? les désespérés Lakers et Knicks?), et pourrait même pousser les Nets à lui offrir le contrat maximum… Or, même à 25 m$, au vu des 60 m$ déjà engagés, la franchise dépasserait allégrement la barre fatale des 81.6 m$. Certes, Mikhail Prokhorov a de l’argent, mais il semble franchement se lasser de payer des fortunes pour une équipe qui rame à se qualifier en playoffs.
Quelles solutions, donc, pour Brooklyn? Celle de laisser filer Lopez et/ou Young se discute. Un sign-and-trade pourrait, éventuellement, fournir à la franchise les assets dont elle manque cruellement pour le futur. Ce serait, aussi, faire une croix sur la compétitivité de l’équipe pour l’an prochain, puisque les Nets n’auront, de toutes façons, pas d’espace pour recruter (7 m$ maximum, à peine rentable par rapport aux exceptions). Un choix que ne semble pas vraiment envisager le front office.
Autre solution pour l’instant écartée: couper Deron Williams en étalant le montant de son contrat sur plusieurs années. Le meneur ne met plus un pied devant l’autre, et personne ne voudra le récupérer à ce prix. Un changement d’avis reste possible, le cas Josh Smith ayant montré que ce genre de décisions pouvait tomber à l’improviste.
A l’heure actuelle, en tout cas, le plus probable reste que Brooklyn paye au prix (trop) fort Young et Lopez, pour rester un tant soi peu compétitif, essaye de prolonger Teletovic (free agent restrictif), et se débrouille avec les contrats minimums et la mini-MLE pour recruter, ce qui, autant le dire, ne va pas les mener très loin. Billy King n’a, pour l’instant, pas vraiment montré une propension au grand chambardement, mais, en toute franchise, cela semblerait la meilleure solution pour relancer une équipe à bout de souffle.
Verdict : Les Nets devraient concentrer leurs efforts sur les prolongations de leurs deux intérieurs. Et après? Ben, rien. A moins d’un changement complet de politique, la franchise n’aura pas les moyens de se renforcer davantage. Stagnation attendue!
Quelle gestion désastreuse, mais ils ont tenté un coup et ça a été désastrophique