La touche StillBallin

Basketball Manager: Ma partie, Episode 3

StillBallin s’est collé au jeu de simulation de gestion sportive « Basketball Manager » qui offre la possibilité à son possesseur d’enfiler le costume de General Manager d’une franchise NBA. Alors qu’il teste cette réplique version balle orange de Football Manager pour la première fois, le chroniqueur a décidé de relever l’un des défis les plus relevés de l’histoire de la célèbre ligue américaine: faire gagner un titre aux Timberwolves de Minnesota.

[Précédemment: les épisodes 1 et 2]

Je suis encore en train d’essayer de visualiser la configuration que je vais donner à mon équipe et les pupilles de mes yeux zigzaguent sans cesse d’un bout à l’autre de l’effectif affiché sur l’écran. Un café et un paquet de M&M’s sont venus me soutenir dans mon difficile métier.

Ce secteur intérieur trop fourni et mal fagoté est encore sans réponse de ma part, aussi je vais une fois de plus balayer la question pour plutôt couler un regard sur les autres secteurs.

La mène a une tête qui n’est pas pour me déplaire. En tout premier lieu, je n’ai aucun scrupule à faire de Ricky Rubio mon point guard définitif. Son extraordinaire passing game et sa défense sont pour moi une rampe de lancement offensive et une avant-garde défensive de premier ordre qui calent excellemment deux éléments collectifs clés d’un côté et de l’autre du terrain.

Le secret d’une bonne attaque, tout le monde le connaît mais n’est pas forcément capable de le mettre en œuvre: avoir de bonnes positions de tirs et les convertir.
Dans cette ligue, beaucoup de joueurs possèdent la maîtrise pour convertir les bonnes positions, d’autant plus que plus la position est bonne, plus la convertir en points sonnants et trébuchants est facile. Par contre, avoir de bonnes est autrement plus compliqué. S’en procurer possession après possession est parfois l’unique différence entre une bonne équipe et une équipe rangée parmi les favoris pour le titre.

Rubio est un as pour trouver ces positions et les faire apparaître à partir de rien. Sa seule présence sur le terrain (s’il n’est pas privé du ballon, évidemment) garanti à son équipe que les joueurs dans les meilleures positions recevront la balle au bon moment et qu’un paquet d’excellentes opportunités supplémentaires écloront sur le parquet tout au long du match.

Ses difficultés aux shoots et son inefficacité dans l’attaque du panier retirent de l’échiquier pas mal d’opportunités qu’on qualifierait de bonnes pour n’importe qui d’autre, et réduit également sa capacité à créer pour autrui (il ne peut pas vraiment se servir d’une saillante faculté à scorer comme d’un levier pour attirer la défense adverse sur lui ou la fixer dans une position imparfaite, et ainsi faire émerger un coéquipier ouvert) mais je pense que son magnifique playmaking même amputé de la sorte est d’un niveau suffisant pour qu’au final, il remplisse avec assez de brio son rôle de distributeur et créateur.

Pratiquement par sa seule présence sur le terrain, balle en main, le catalan m’offre un jeu collectif de base au moins fonctionnelle. Et il est possible d’étoffer assez joliment ce socle de départ en y ajoutant quelques ingrédients assez classiques tels que des shooteurs à mettre autour de lui, du mouvement et des pick-and-rolls.

Une excellente équipe peut se passer d’un tel distributeur/créateur pour autrui comme l’a montré Golden State l’an passé (je suis peut-être un peu dur avec les qualités de playmaking de Stephen Curry, cela dit) ou encore le Portland de Lillard et Aldridge. Mais cela requiert beaucoup d’efforts collectifs et un certain savoir-faire de la grande majorité des joueurs présents sur le terrain (ils doivent avoir une réelle maîtrise de la science du spacing et du jeu sans ballon, notamment). C’est aussi un canevas assez complexe à faire aboutir (Golden State et Portland ont eu besoin d’au moins une paire d’années à effectif constant et d’un personnel adéquat pas forcément facile à trouver avant d’y parvenir complètement) et finalement assez fragile (le relâchement/les absences de certains joueurs peuvent faire dérailler la délicate machine).

Certains pensent peut-être qu’un excellent playmaker comme Rubio n’apporte pas autant de résultat qu’un tel collectif. Je ne suis pas spécialement d’accord avec ce postulat mais au-delà même de ce débat, il demeure incontestablement plus facile de mettre le joueur sur un terrain que de développer ce collectif huilé sans pure point guard, et les effets sont pratiquement immédiats (je me souviens encore à quel point Chauncey Billups avait transformé le jeu des Nuggets de Carmelo Anthony pratiquement dès son arrivée en 2008).

Cette quasi-immédiateté n’est pas un atout négligeable dans une ligue où les choses changent vite et les franchises n’ont pas forcément le temps et les opportunités de réunir toutes les conditions à la réussite d’un projet collectif si ambitieux (demandez à Portland qui n’a pu en profiter que deux ans).Au contraire, le temps gagné par la présence d’un playmaker du calibre de Rubio permet d’en investir plus dans le développement d’autres aspects du jeu.

On peut aussi penser qu’un collectif fondé sur un playmaker talentueux est moins vulnérable aux aléas qu’un collectif qui s’appuie sur l’intelligence, la science et la coordination de cinq joueurs, même s’il faut reconnaître que la fragilité physique de Rubio remet en balance ce point.

Recruter autour d’un playmaker est également plus facile car les critères de choix d’un autre membre du roster ne sont pas aussi élevés que lorsque l’on désire mettre en place ce jeu offensif sans créateur attitré. Aussi les opportunités de recrutement sont plus larges (ce qui n’est pas neutre quand on est une destination aussi peu sexy que Minnesota), le risque d’erreur de casting est moins grand et encore une fois, du temps est gagné dans la construction de l’équipe, lequel temps pourra être dépensé dans le développement -voulu toujours plus poussé- du collectif offensif et défensif.

Ce dernier élément est important. Avoir un playmaker de haut rang permet de faire l’économie de devoir sortir un immense jeu collectif pour trouver les positions ouvertes mais sa présence ne s’oppose pas non plus à l’érection d’un tel jeu. Coupler ses qualités de « faiseur de jeu » à l’excellents placements, déplacements, passing game interdépendants des autres joueur sur le terrain, est susceptible de donner une attaque absolument injouable. Je vois renvois àl’attaque des Clippers’15 de Chris Paul (meilleure attaque de la ligue avec 109,8 sur 100 possessions). Or, développer ce genre de compétence collective demande du temps et de la continuité. Ainsi, construire rapidement un roster, comme cela étant plus aisé avec un playmaker, donne d’avantage de temps pour développer cette alchimie collective de gros calibre.

Ricky Rubio est mon point guard titulaire et, sauf cataclysme, il le restera.

L’espagnol à l’allure de corbeau est déjà élu à son poste mais je vais continuer la campagne de soutien à sa candidature encore un peu. Car comme je le disais un peu avant, Rubio est également une très bonne avant-garde défensive. Sans être l’annihilateur d’adversaires que peuvent être certains arrières, il est démoniaque en défense sur l’homme et bien casse-parpaing sur les lignes de passes.

Ces commentaires feraient plaisir à entendre pour n’importe quel extérieur mais ils sont plus sérieusement sucrés dans le profil d’un meneur. Car comme je pense l’avoir largement expliqué dans les paragraphes précédents, un playmaker (lequel est dans la plupart des cas un meneur) est diablement important pour l’attaque de son équipe. Il est bien souvent le plus important, et parfois le seul, dépositaire du jeu offensif de son escouade et la première pierre de la possession qui va être jouée. La rampe de lancement, pourrait-on dire. Aussi, glisser le plus possibles de bâtons dans les roues de ce joueur cardinal, comme le fait Rubio, perturbe déjà énormément l’attaque de l’équipe adverse.

Le catalan facilite l’attaque de son équipe et parasite celle de l’opposant. En clair, il est à lui tout seul une bonne base pour bâtir un collectif en attaque et en défense.

La place de back-up se jouera vraisemblablement entre le vénérable Andre Miller et le rookie aux dents de lait élevé dans le Minnesota, Tyus Jones.

Je ne pense pas trop m’avancer en disant dès à présent que Lorenzo Brown devra, comme depuis le début de sa courte carrière et sauf surprise, se contenter d’être la rustine de secours en cas d’avalanche de blessures (chose qui n’est pas improbable au regard de la saison précédente). L’ancien junior de North Carolina State (25 ans, 1,95m) est trop limité pour réclamer une vraie place dans la rotation (ce que me confirme, avec des pincettes, les différents rapports d’évaluation de mon staff sur son état d’esprit à ce propos) sans être un incapable non plus. Ses compétences à la mène et sa bonne taille devraient lui permettre de dépanner et je pourrais peut-être même lui vendre l’idée qu’il est susceptible de monter un jour en grade s’il élève son jeu défensif.

On n’aura jamais assez apprécié Miller quand il était dans ses meilleures années et je suis assez content de l’avoir dans mon roster. A 39 ans, on peut malgré tout se demander quand est-ce que sa roublardise et sa technique ne suffiront plus à compenser son déclin physique à ce niveau de la compétition. Si cette heure n’est pas encore venue, avoir de temps en temps sur le terrain un meneur d’une telle maîtrise et d’une telle expérience dans une équipe misant sur de très jeunes éléments et jouant la gagne, peut engendrer des effets très positifs du point de vue du développement de ces talents bourgeonnants et donc, de la quête des playoffs.

Cependant, seul le terrain me dira si l’ancien Sixer a encore les ressources pour tenir ce rôle de back-up de Rubio. J’espère qu’il les a.

Faire de Tyus Jones (19 ans, 1,88m) le fils spirituel d’Andre Miller serait un bien doux accomplissement dans ma carrière de manager. Comme le vieux meneur au menton grognon, l’ancien freshman de Duke a dû se faire un nom sur sa technique et son intelligence plutôt que son physique. A vrai dire, les aptitudes physiques de Jones sont encore moins ragoutantes que celles de Miller à sa sortie de fac qui pouvait au moins se targuer d’être un peu costaud. Mais le jeunot peut par contre faire valoir une bien meilleure faculté à dégainer à longue distance.

Le petit général va traîner son gabarit de freluquet comme un boulet autour de la cheville toute sa carrière (ce qui n’est finalement pas si dérangeant vu qu’il n’est de toute façon pas aussi rapide qu’on le souhaiterait) mais son intelligence de jeu et son niveau technique à un âge si précoce peuvent laisser penser qu’il existe une chance de le voir un jour se hisser à la hauteur d’un meneur titulaire.

Pour l’heure, le jeu NBA risque toutefois d’être un peu difficile à encaisser et je l’imagine bien passer la première moitié de la saison à découvrir la vie dans la grande ligue et à s’entraîner avec Miller, Rubio, Garnett et compagnie avant de se mettre à l’épreuve en D-League. Quelques années auparavant, Jordan Farmar avait, me semble-t-il, pu à la fois jouer les matchs de la ligue mineure et être présent le banc des Lakers pour les rencontres de saison régulière, ainsi que durant les sessions d’entraînements de Kobe, Pau et Lamar. Je me demande si le jeu me permettrait de répliquer cette articulation attrayante.

Je me rends cependant compte que si Miller se révèle être complètement cramé, je devrais certainement lancer Jones dans le grand bain un peu plus brutalement que prévu. J’ai un petit peu peur de lui brûler les ailes en agissant de la sorte. D’un autre côté, s’il survit après avoir été balancé précocement dans la flotte bouillonnante, j’aurais de bonnes raisons de penser qu’il a l’étoffe d’un vrai joueur NBA et qu’investir efforts et minutes sur lui ne serait pas jeter des ressources par la fenêtre.

Comme si mes pensées tumultueuses résonnaient à travers les murs de mon bureau de General Manager, les évaluations de mon staff tentent de répondre à mes interrogations : selon la majorité d’entre eux, Jones a montré à Duke et même avant, une dureté mentale, un esprit de compétiteur et une confiance en lui qui prêteraient à penser qu’il a le caractère pour ne pas se faire bouffer par la NBA. Ce bon vieux Garland notamment, argumente cette position avec un soin du détail que je ne lui connaissais pas. D’autres assistants sont malgré tout bien plus réservés et recommandent fortement un passage en D-League pour le rookie. Bref, vous m’aidez pas, les gars.

Il est vrai que Jones a raflé toutes les médailles d’or des compétitions internationales des catégories de jeunes (avec la team USA la chose est certes plus facile mais ne lui retirons pas non plus le bénéfice d’y avoir eu un rôle important), qu’il s’est bâti une réputation de clutch player et qu’il est l’auteur du rush qui a permis à Duke de remporter la finale du tournoi NCAA. Il en a logiquement été élu meilleur joueur.

Prendre le pari de lui filer immédiatement un rôle dans la rotation pourrait par ailleurs me faire gagner du temps dans un sens ou dans l’autre. S’il passe l’épreuve du feu, il aura montré que la franchise a eu le nez creux en misant sur lui et plus tôt son développement au haut niveau et le développement d’une alchimie avec mes éléments d’avenir, Wiggins et Towns notamment, pourront être mis en œuvre.

S’il se fracasse le crane sur la trop haute marche, il n’y aura pas lieu de perdre du temps et de l’énergie à le développer sans certitude d’avoir les résultats escomptés. Ses ailes ainsi brûlées, je pourrais m’en débarrasser comme je le ferai d’un jouet cassé (j’ai la lourde responsabilité d’essayer de faire gagner Minnesota, je ne peux pas me permettre de faire de bons sentiments. Et puis ça va ce n’est qu’un jeu, ce Tyus Jones-là n’est pas fait de chair et d’os, vous savez).

On pourra par contre me rétorquer que le petit meneur n’a peut-être pas les épaules pour être plongé tout entier dans le bain de la NBA dès aujourd’hui, mais qu’un peu de patience et un passage en ligue mineure pourrait aboutir à ce bon joueur que j’entrevois dans l’un de ses avenirs potentiels. Et qu’il serait donc dommage de le flinguer simplement à cause d’un manque de patience.

J’ai donc le choix entre prendre le risque de le cramer mais de gagner énormément de temps et de certitudes si ça marche, ou de le laisser glisser dans le chaudron petit à petit sans assurance toutefois que le temps important et les efforts de développement investis aboutissent à un résultat satisfaisant.

Evidemment, il est difficile de savoir quelle est la bonne chose à faire. Devoir choisir un chemin parmi des dizaines sans savoir si c’est celui qui mène à la destination voulue, voilà le cœur du boulot de GM.

On va éviter de prendre des décisions hâtives quand rien ne presse et que les incertitudes sont si grandes. La première chose à faire est de voir en conditions réelles ce que vaut encore Andre Miller. Pendant ce temps d’évaluation, j’ai plus à gagner qu’à perdre à dire à Jones qu’il ne tient qu’à lui de montrer à l’entrainement qu’il est actuellement meilleur que l’Ancien. Si c’est le cas, j’aurai déjà moins d’inquiétudes à le lancer sur le parquet de l’Association. Après tout, Miller rendait de fiers services pas plus tard que l’année dernière. Le vieux doit encore être un étalon de mesure des plus valables.

Le matériel dont je dispose pour ce spot de point guard remplaçant présente un très beau potentiel mais qui ne va pas sans incertitudes. Un leader de la trempe d’Andre Miller en fin de carrière est parfait pour soutenir la troupe plein de jeunesse et insuffler sur le terrain une bonne dose de maîtrise et d’expérience, mais il arrive peut-être un peu trop tard pour pouvoir encore tenir sa place sans être un poids mort. Tyus Jones est un très jeune joueur plein de talent dont l’audace et la fougue actuelle pourraient se révéler précieuses en seconde lame. Il pourra également s’avérer être à l’avenir une pièce décisif de l’équipe quand celle-ci sera parvenu à maturité. Cependant, il est peut-être encore trop tôt pour en faire un back-up viable.

En résumé, j’ai deux potentiels superbes back-ups couvrant deux types de profils aussi différents qu’intéressants mais il se peut qu’aucun des deux ne soient en mesure d’enfiler ce costume cette année. Il se peut aussi qu’ils méritent tous les deux les minutes derrière Tricky Rubio et me forcent à faire un choix entre favoriser Jones afin qu’il poursuive son développement ou donner la primeur à Miller pour qu’il imprègne de son savoir-faire les plus gros jeunes talents que sont Wiggins, Towns et Muhammad.

Je vais commencer par laisser le parquet m’éclairer la situation pendant les premières semaines, voire les premiers mois. Ses réponses ne sont pas toujours précises ou évidentes mais je peux me permettre de sacrifier un peu de temps dans cette analyse. Je vise les playoffs mais avant tout, je vise à développer mon équipe et à faire émerger les ingrédients d’un futur succès plus haut placé.

Si un des deux se révèle opérationnel et pas l’autre, la question sera vraisemblablement réglée. Dans tous les autres cas, j’aurai des décisions à prendre.

Je vais voir ce que l’avenir me réserve mais je mettrai bien une petite pièce sur Dédé. J’ai appris à ne jamais parier contre les vieux roublards de son genre.

A suivre.

StillBallin (@StillBallinUnba)

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Une réflexion sur “Basketball Manager: Ma partie, Episode 3

  • WarriorsBlackKid #P

    Toujours au top !

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