La touche StillBallin

Basketball Manager: Ma partie, Episode 4

StillBallin s’est collé au jeu de simulation de gestion sportive « Basketball Manager » qui offre la possibilité à son possesseur d’enfiler le costume de General Manager d’une franchise NBA. Alors qu’il teste cette réplique version balle orange de Football Manager pour la première fois, le chroniqueur a décidé de relever l’un des défis les plus relevés de l’histoire de la célèbre ligue américaine: faire gagner un titre aux Timberwolves de Minnesota.

[Précédemment: les épisodes 1, 2 et 3]

 

La question de la mène est pratiquement réglée ou du moins le sera lorsqu’Andre Miller et Tyus Jones seront sortis vainqueurs ou vaincus de leur combat contre le temps. Mon œil glisse sur les autres membres du roster et je savoure quelque peu l’idée d’avoir en ma possession des éléments comme Andrew Wiggins, Karl-Anthony Towns ou encore Shabazz Muhammad.

Je vais pouvoir piloter un morceau de leur carrière et influencer leurs caractéristiques et tendances comme s’ils étaient les personnages d’un jeu vidéo à faire évoluer jusqu’à exploser le boss final. Je pourrais presque dire que ma mission se résume à deux choses: Primo, développer ces potentiels (et d’autres) jusqu’à faire émerger dans l’équipe franchise players et lieutenants de luxe ; Secundo, trouver les pièces du puzzle autour d’eux pour former une équipe aussi alléchante sur le papier que dévastatrice sur le terrain.

Avant de replonger le nez dans mon effectif pour réfléchir aux premiers pavés à poser pour bâtir cette destinée, je décide d’aller m’occuper des messages que j’avais laissés en attente. Le petit chiffre des missives non lues affiché à gauche de mon écran m’énerve depuis tout à l’heure.

Après le premier message du propriétaire des Wolves me souhaitant la bienvenue et posant le cadre de ce qu’il attend de moi en tant que GM, le nabab du Minnesota me présente le staff avec lequel je devrai collaborer, du head coach Flip Saunders au quatrième kiné, Ted Mascico. Chacun, indique-t-il, m’attend pour que je me présente à eux et les rencontre individuellement.

Avant de me laisser aller les voir, Glen Taylor précise qu’il est dans mes pouvoirs de modifier le staff mais que cependant, un licenciement entraînant une indemnité de départ (qui correspond au salaire restant sur le contrat de l’individu limogé, indique une petite note déclenchée en passant la souris sur les mots concernés) devra passer par son aval et celui du directeur financier de la franchise.

Il me met à garde à ce sujet qu’il accorde beaucoup d’importance à l’image de l’organisation -notamment pour ce qui est de la façon de traiter ses employés- et ne saurait par conséquent admettre des actions trop brutales en la matière. En clair, je ne vais pas pouvoir m’amuser à virer tous les membres de mon staff d’un coup pour m’en dégoter un tout neuf, ou à remercier quelqu’un six mois après l’avoir engagé. J’espère que le staff est suffisamment bon pour m’éviter d’avoir à signé trop de lettres de licenciement, sinon quoi le regard désapprobateur de Tonton Glen commencera rapidement à me chatouiller la nuque.

Fort logiquement, le message suivant provient de Saunders qui me souhaite un chaleureux accueil dans le Minnesota et me fait savoir qu’il se tient à ma disposition pour que nous puissions discuter du projet sportif de l’équipe dès que je m’estimerai prêt. Il m’encourage d’ailleurs à organiser régulièrement ce genre de discussion tout au long de l’année.

J’aime bien Flip Saunders. Il est le coach le plus victorieux de l’histoire des Wolves et celui qui s’est maintenu le plus longtemps à ce poste dans l’organisation. Durant les années Garnett, il a bien souvent dû se débrouiller avec un effectif bancal et les difficultés du GM de l’époque, Kevin McHale, a réunir de façon pérenne suffisamment de bons éléments autour du Big Ticket pour devenir une place forte de l’Ouest.

McHale n’a pas fait que du mauvais boulot mais dans l’ensemble, on ne peut que avoir un goût de destin raté dans la bouche quand une équipe a pu compter dans ses rangs un joueur du calibre de Kevin Garnett pendant dix ans sans pour autant parvenir à dépasser le premier tour des playoffs plus d’une misérable fois.
Saunders avait également fait un plutôt bon travail avec les Pistons tout juste champions NBA puis finalistes mais laissés orphelins par un Larry Brown parti à New York. Quant à l’épisode Washingtonien, c’est comme pour Michael Jordan, on a le droit de ne pas le compter: il avait sous ses ordres une équipe rarement bien fichu et bien luné (dont le fameux rassemblement de fêlés du bocal de 2010: Gilbert Arenas, JaVale McGee, Andray Blatche, et Nick Young, rejoint par Jordan Crawford quand Arenas est parti).

En ces temps-là, Saunders était un coach offensif, pas mauvais pour insuffler à son équipe la circulation de balle pour trouver des tirs ouverts même si ces tirs-là avaient la (désormais) fâcheuse tendance à être à mi-distance. Aujourd’hui, on reprocherait ce point au Saunders de l’époque, ainsi que la faible propension de ses équipes à prendre des tirs à trois points ou à aller chercher des lancers francs. Une volée de clics m’amènent sur le profil statistique des Wolves de l’an dernier et malheureusement, ce constat se retrouve (3e équipe qui tente le plus de tirs à mi-distance -35% des tirs des Loups- et bon dernière dans le nombre de tentatives derrière la ligne bonifiée -18% des tirs de l’équipe) sauf au niveau des lancers-francs (3e de la ligue au nombre de tentatives).

Cela sera certainement un point que j’aurais à évoquer avec lui. Je ne suis pas un féroce détracteur du tir à mi-distance mais il faut avoir de bonnes raisons pour faire primer autant ce type de tirs, comme par un exemple un pourcentage en la matière à peu de choses près aussi intéressant que celui à proximité du cercle ou que l’eFG à 3pts. Ce n’était pas le cas l’an dernier.

Certains diront qu’on prend les shoots là où on peut les trouver mais si la défense est un peu plus lâche dans cette zone à mi-distance, c’est bien parce que c’est une zone moins sensible que les autres. Et puis une bonne attaque n’est pas seulement une attaque qui donne des tirs ouverts, c’est aussi une attaque qui est capable de se créer des tirs ouverts dans les parties du terrain à fort taux de réussite, qu’importe les efforts défensifs adverses.

Enfin, les opportunités à proximité du cercle et derrière les 7,23m ne sont pas simplement les meilleures parce qu’elles ont généralement le meilleur pourcentage ajusté (eFG) mais aussi parce qu’étant les zones de tirs les plus éloignées les unes des autres, elles obligent les défenses à s’étirer et à prêter le flan à des brèches saillantes pouvant conduire à un 3pts ouvert ou un lay-up facile. Miser sur le scoring près du cercle et à 3pts, c’est se créer des leviers pour trouver un paquet de shoots aisés à convertir.

Juger le travail de Saunders sur la saison passée manque toutefois de pertinence tant l’équipe a été fauchée par les blessures et contrainte de s’appuyer sur de très jeunes joueurs (Wiggins, Muhammad, Zach LaVine, Gorgui Dieng, Anthony Bennett). Il est bien plus encourageant d’avoir vu que l’évolution de Wiggins sous ses ordres a épousé le modèle de l’échange des tirs à mi-distance contre d’avantage de jeu près du panier et de recherche de lancers-francs. Certes, le canadien a été -à tort selon moi- retenu sur les trois points et le vénérable coach a répété à la fin de la saison vouloir limiter ce genre de tirs chez son poulain mais cette concentration sur les alentours du cercle semble montrer que Flip est prêt à réduire la portion de tirs à mi-distance au profit d’autres zones plus valables.
Cela dit, je ne sais pas si Basketball Manager a fait la même analyse que moi ou même s’il a tenu compte de tous les éléments présentement avancés. Peut-être que la discussion que le coach me propose va m’en dire un peu plus sur le Flip Saunders du jeu. Voyons voir ça.

Flip se dit être ravi de me rencontrer et espère que notre collaboration sera fructueuse. L’équipe a un certain potentiel et il pense que nous devrons pouvoir être en playoffs d’ici une paire d’années ou d’eux, même dans la très relevée conférence Ouest. Il ajoute avec ce que je crois déceler être une petite aigreur, espérer me voir poursuivre avec brio le travail de GM qu’il a entamé.

C’est vrai que cette situation transposée à une réalité fictive comme semble plutôt bien le faire le soft ici, est assez inconfortable. Saunders avait initialement retrouvé ses Wolves adorés dans un rôle de General Manager avant de prendre également le poste de coach, faute de candidat valable dit-on. Donc, moi KC Asprilla, je débarque dans la franchise dont il est pas loin d’être le roi et prends son véritable poste avec seulement ma petite expérience d’éphémère (mais très bon, je souligne) joueur des Sixers comme argument.

Je deviens son boss, détiens le pouvoir de le virer et je suis celui-ci qui aura la chance de pouvoir modeler cette équipe autour des pépites que sont Wiggins et Towns. Je peux comprendre qu’il me regarde de travers. Je peux aussi comprendre qu’alors qu’il avait les pleins pouvoirs et des potentiels franchise players dans l’effectif, il pourrait craindre de revivre la frustrante ère McHale.

J’ai intérêt à la jouer fine avec lui. D’autant plus que vu son aura dans l’organisation, je risque de m’attirer les foudres de Glen Taylor, des fans et de Kevin Garnett si je le vire comme un malpropre parce qu’il ne me laisse pas faire ce que je veux.

La généreuse dizaine de réactions à ma disposition (dont un somptueux « garder le silence tout en gratifiant Flip Saunders d’un regard dédaigneux ») me permet d’indiquer au coach que nos ambitions à moyen terme pour cette équipe concordent et de le rassurer sur ma volonté de l’inscrire dans mon projet. Et c’est vrai que rien ne me ferait plus plaisir que de conquérir chaque marche des playoffs avec lui sur le banc. Après la décennie qu’il a traversé avec Garnett dans l’Etat du froid marquée par une étrange danse entre l’espoir et la déception, l’histoire serait belle.

Après avoir cliqué sur la réaction ciblée, un panonceau apparaît au milieu de l’écran pour me faire savoir que Saunders me paraît satisfait de ma réponse. Un commentaire d’aide que je décide d’afficher me signale qu’il s’agit de l’impression que j’ai et dont la justesse dépend des notes en perception des sentiments/humeurs d’autrui et en capacité à déceler les mensonges que j’ai obtenu en début de partie.

OK. Avec mes pauvres C+ et C- dans les deux domaines, je ne peux pas vraiment me fier avec certitude à ce que je traduis comme étant une bonne réaction de Saunders à mes propos. Ainsi, il est possible que je juge mal l’expression de son langage corporel et qu’il n’est pas aussi satisfait de mes mots que je le crois, ou bien peut-être que, pour une raison ou une autre, le bonhomme simule ce sentiment de satisfaction qui transparaît sur son visage. Bienvenue dans le monde merveilleux des humains (virtuels) et plus celui des simples chiffres.

Saunders m’explique ensuite qu’il apprécie d’être consulté sur les décisions sportives à prendre même s’il est conscient que cela ne pourra pas tout le temps être le cas et que c’est à moi que reviendra le dernier mot quoi qu’il arrive. J’hoche silencieusement la tête devant mon ordinateur. Le coach est celui qui a la difficile tâche de mettre en musique les différents instruments qu’il a devant lui, ce serait lui mettre des bâtons dans les roues de lui imposer des joueurs dont il n’apprécie pas le talent, le profil, la personnalité ou la complémentarité avec les membres de l’équipe déjà en place. Comment voulez-vous faire un bon boulot de coach quand on nous oblige à mettre sur le terrain un joueur en qui on ne croit pas? Comment voulez-vous prendre le temps et la patience de développer un jeune élément si on pense que cela ne mènera à rien?

C’est le coach qui met les mains dans le cambouis, qui traite directement avec les joueurs et qui est responsable du succès ou de l’échec de l’équipe, et à ce titre il doit être mis dans les meilleures conditions possible si on veut que la franchise aille loin. La principale de ces conditions est certainement qu’il ait à sa disposition un ensemble de joueurs en qui il voit le potentiel du succès.

Je ne doute pas que Flip et moi ne serons pas toujours d’accord et qu’à certains moments l’un d’entre nous devra baisser les armes ou accepter un compromis. Je sais bien qu’en acceptant d’incorporer le technicien dans le processus de décision je perds le pouvoir de faire absolument ce que je veux. Mais le coach est un maillon crucial d’une équipe et il peut être plus important que l’éventuel joueur dont le recrutement serait farouchement débattu.

Restera à voir si nos visions des choses sont trop différentes pour que la collaboration puisse exister. Certains points pourraient déjà poser problème comme son amour pour le tir à mi-distance et son refus du tir à trois points donc il va vraisemblablement falloir que je choisisse parmi mes batailles avec lui celles que je veux absolument gagner et celles que j’accepterai de perdre pour le bien de notre collaboration (et pour être en meilleure position dans les batailles que je veux gagner). Si nos divergences s’avèrent bien trop grandes, je devrais certainement le licencier, avec tous les risques que cela comporte. On verra bien.

Saunders me demande justement si je veux entamer la discussion sur le jeu que nous voulons voir déployer sur le terrain et sur les éventuels ajustements à faire dans l’effectif. Je lui réponds que je n’ai pas encore assez étudié l’équipe pour cela et que je le prendrai son attache aussitôt mon analyse faite. Moi-même je ne sais pas encore ce que je veux précisément faire avec ce roster, au-delà d’avoir Ricky Rubio en titulaire et Andrew Wiggins sur le terrain.

A suivre.

StillBallin (@StillBallinUnba)

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3 réflexions sur “Basketball Manager: Ma partie, Episode 4

  • OnlyMilky

    Une question me taraude : Est-ce comme championship manager de l'an 99/00 ou le truc relou de maintenant ou tu vois le match ?!
    As tu un patch ou bien est-ce une licence officielle ?

  • WarriorsBlackKid #P

    Toujours aussi captivant, on a hâte de voir la discussion !

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