La touche StillBallin

Basketball Manager: Ma partie, Episode 11

StillBallin s’est collé au jeu de simulation de gestion sportive « Basketball Manager » qui offre la possibilité à son possesseur d’enfiler le costume de General Manager d’une franchise NBA. Alors qu’il teste cette réplique version balle orange de Football Manager pour la première fois, le chroniqueur a décidé de relever l’un des défis les plus relevés de l’histoire de la célèbre ligue américaine: faire gagner un titre aux Timberwolves de Minnesota.

[Lire les épisodes précédents]

Ce fichu bouton est quand même mal placé. Mal nommé aussi. Ça fait une plombe que je clique dans tous les sens et me creuse les pupilles sur chaque pixel de chaque panneau ouvert pour trouver ce que je cherche. Ils auraient pu appeler ça « style de jeu », « stratégie », « tactique » ou je ne sais quel terme un peu précis plutôt que « consignes ». Je pense à cinq ou six trucs avant « style de jeu » quand j’entends ce mot.

Et puis pourquoi avoir mis ce bouton en bas du roster? Tous les boutons et menus sont à gauche dans ce jeu mais celui-là, ils l’ont mis en bas. Allez comprendre. Pour ne rien arranger, il est aussi discret et recroquevillé que les petites lignes en bas d’un contrat d’assurance, on croirait que le soft attendait sagement d’être présenté au monde quand un petit génie de l’équipe de développement s’est rendu compte que le bouton avait été oublié et a essayé de le caser en catastrophe juste avant le levé de rideau.

Appuyer dessus m’emmène devant un texte introduisant le mécanisme permettant de déterminer les consignes d’équipe, en concert avec le staff. Le jeu m’explique ainsi que la première étape du processus me permettra de sélectionner librement mes propres instructions.

Pour la seconde, ce que j’aurai décidé sera mis en confrontation avec les instructions proposées par le staff, au travers de la voix de Flip Saunders. Une négociation s’engagera alors entre lui et moi pour déterminer ensemble le plan de jeu définitif que les Timberwolves auront l’ordre de suivre sur le terrain.

Le bras de fer aura-t-il lieu?

Je confirme vouloir commencer et vois apparaître un panneau qui me permet de fixer le statut des joueurs (duquel découlera le volume de leur temps de jeu) et de déterminer lesquels sont prioritaires sur chaque position. Quelques mouvements, grognements et soubresauts plus tard, j’arrive à la hiérarchie suivante:

Titulaires: Ricky Rubio, Andrew Wiggins, Shabazz Muhammad, Karl-Anthony Towns
Sixièmes hommes: Nemanja Bjelica, Kevin Martin
Remplaçants: Andre Miller, Gorgui Dieng, Kevin Garnett
Bouche-trous: Tyus Jones, Zach LaVine, Tyshaun Prince, Damjan Rudez, Nikola Pekovic
Réservistes: Lorenzo Brown, Adreian Payne

Vous noterez que j’ai eu la possibilité de mettre seulement quatre titulaires et pas moins de deux sixièmes hommes. Comme me l’a indiqué le commentaire d’introduction, ces statuts n’ont pas vocation à désigner les éléments qui commenceront le match mais plutôt à déterminer l’importance que l’on veut donner aux joueurs dans l’équipe et le temps de jeu qu’on compte leur voir attribuer en conséquence.

Par exemple, dans le cas présent, Bjelica sera mécaniquement dans le cinq de départ (les seuls intérieurs des deux groupes les plus importants sont Towns et lui) mais il ne sera toutefois pas considéré par le coach comme l’équivalent de Rubio et consorts, et n’aura pas forcément autant de minutes qu’eux. Le serbe, à l’instar de Kevin Martin, n’est toutefois pas un simple back-up ne servant qu’à faire souffler les joueurs majeurs. Il est une réelle arme qui rentre dans la rotation des éléments sur lesquels on compte sérieusement pour gagner un match.

Dans le cas de Pekovic, annoncé comme un bouche-trou ici suite à ma réflexion précédente (cf. épisode 10), j’espère pouvoir lui donner le statut de remplaçant, voire de sixième homme, lorsque Garnett ou Towns se reposeront en étant provisoirement étiquetés « réservistes ». Ça représente une certaine gymnastique qui se révèlera rapidement assez pénible mais c’est le seul moyen que j’ai pour respecter ma hiérarchie tout en essayant de faire remonter la valeur du mangeur d’ours et de lui éviter une trop forte frustration (personne ne veut se faire dévisser la tête d’un geste de mauvais poil du monténégrin).

Passons à l’ordre de priorité par position. Ayant déjà plus ou moins ma configuration en tête, l’exercice ne me prend pas beaucoup de temps. Voici ce que ça donne.

Meneur de jeu:
1) Ricky Rubio
2) Andre Miller (je fais pour l’instant primer Miller sur Jones, en attendant le verdict du terrain)
3) Tyus Jones
4) Lorenzo Brown
5) Zach LaVine (je vous ai dit que je n’aimais pas l’idée de voir le soph à la mène?)

Arrière shooteur:
1) Andrew Wiggins
2) Kevin Martin
3) Zach LaVine
4) Shabazz Muhammad

Ailier shooteur:
1) Shabazz Muhammad
2) Andrew Wiggins
3) Tyshaun Prince
4) Zach LaVine (pas forcément le physique pour le poste mais ça se tente et puis faut bien que je lui trouve du temps de jeu…)
5) Nemanja Bjelica

Ailier fort:
1) Nemanja Bjelica
2) Gorgui Dieng
3) Shabazz Muhammad (observez comment je glisse discrètement du small ball)
4) Karl-Anthony Towns
5) Tyshaun Prince (la défense et le small ball plutôt que l’adresse extérieure de Rudez. Ça pourra changer à l’avenir. Ou pas)
6) Damjan Rudez
7) Adreian Payne (tu vois que tu ne vas pas pouvoir jouer, Adreian)

Pivot:
1) Karl-Anthony Towns
2) Kevin Garnett
3) Gorgui Dieng
4) Nikola Pekovic
5) Damjan Rudez (spacing, dude, spacing)
6) Adreian Payne (oui même le poste de pivot est fichu pour toi, mon gars)

Une note en bas de la page que je ne vois que maintenant me précise que cette configuration ainsi fixée n’est que l’expression de la ligne directrice que je veux voir appliquée. Il ne s’agit pas d’une instruction rigide, le coach est au contraire susceptible d’en déroger selon les nécessités du jeu pendant les rencontres.

Cependant, m’avertit la note, le jeu me permet de restreindre au maximum sa marge de manœuvre et de l’obliger à faire une application stricte de mes consignes. Au risque, bien évidemment, de se mettre le bonhomme à dos et de porter l’entière responsabilité des défaites si les choses tournent au vinaigre. J’espère pouvoir éviter d’en arriver là.

Vous remarquerez que cette façon de hiérarchiser les joueurs et les rotations qu’offre le jeu ouvre une certaine flexibilité et permet de mettre en place quelques subtilités. J’ai ainsi pu éviter de fixer le poste 4 dans le marbre en m’abstenant d’attribuer le statut de titulaire à Bjelica tout en faisant de lui mon power prioritaire pour le moment. J’ai également pu mettre en œuvre mon idée de donner un temps de jeu assez important à Kevin Martin, grâce à l’étiquette de 6ème homme, mais plus encore en ordonnant la rotation sur les postes 2 et 3 de sorte que Wiggins joue suffisamment à l’aile pour laisser de la place au « unorthodox shooter » à l’arrière sans pour autant se voir trop réduire son temps de jeu.

Je ne suis par contre pas sûr de savoir comment j’aurais pu faire si j’avais voulu répliquer la configuration des Spurs de Ginobili, du Thunder d’Harden et des Mavericks de Jason Terry dans les années 2000, avec un joueur calibré titulaire qui ne débutait pas les matchs afin, entre autres, de répartir les forces de l’équipes sur toute la longueur du match. Je suppose qu’on pourrait parvenir à ce résultat en donnant à ce joueur le statut de titulaire mais en ne le mettant que second dans l’ordre de priorité sur son poste. La question ne se pose pas pour cette équipe des Wolves mais elle se présentera peut-être sur ma route à l’avenir.

A droite de l’écran, un bouton bleu fléché me propose de passer à l’étape suivante. J’appuie dessus.

Me voilà devant une architecture d’options et de curseurs qui va me permettre d’élaborer ma philosophie de jeu. L’outil est plus visuellement effrayant -un amoncellement noirâtre d’items, curseurs et menus déroulant dignes du tableau de bord d’un avion des années 80- que réellement complexe et je me retrouve assez vite à pouvoir déterminer les axes principaux de ma stratégie de jeu avec une précision finalement assez inattendue.

En attaque, j’arrive à fixer un positionnement géographique général du cinq en place sur le terrain. En l’occurrence, j’opte pour une configuration « 4-1 » (un joueur à proximité du cercle et quatre le plus loin possible dudit cercle) et cible les éléments que je veux voir enfiler le costume du « 1 », à savoir Wiggins, Towns, Muhammad et Pekovic, érigés ici en point d’ancrage notamment grâce à leur jeu poste bas (sans parler des situations de pick-and-roll avec Towns, par exemple).

Le jeu me permet également de prévoir une configuration secondaire qui sera un beau « 5-0 » (le ou les intérieurs s’écartant pour shooter ou poser des écrans). L’idéal serait d’alterner continuellement entre les deux configurations pour étirer et tordre les défenses dans tous les sens jusqu’à ce que leurs rangs se déchirent.

Je fixe ensuite le type d’actions que je veux privilégier. L’outil ne permet pas de composer un playbook complètement personnalisé dans lequel on pourrait jusqu’à décider de chaque placement et mouvement des joueurs au centimètre et à la seconde près mais il va suffisamment loin pour donner réellement l’impression de pouvoir avoir une emprise sur le jeu.

Ainsi, je parviens à faire du pick-and-roll (toutes variantes comprises) et du jeu poste bas, les axes majeurs de mon attaque, et de les structurer avec quelques règles particulières (quels sont les joueurs cibles prioritaires du jeu poste bas, qui sont les exécuteurs du pick and roll, comment se placent les joueurs non directement impliqués dans la combinaison, etc…).

Etablir une stratégie de jeu, c’est également trancher des dilemmes. Le basket propose toujours tout un tas d’options qui sont incompatibles entre elles et néanmoins toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Par exemple, dois-je donner la consigne de privilégier le rebond offensif ou le repli défensif, un joueur ne pouvant pas faire les deux en même temps?

Le jeu met à ma disposition des curseurs pour orienter mon choix vers une option ou l’autre. Je décide de glisser le bouton vers le repli défensif, mais pas jusqu’au bout pour éviter d’interdire bêtement toute tentative de rebond offensif.

J’imagine qu’en laissant le curseur pile au milieu mènerait à voir les joueurs hésiter systématiquement entre se jeter sous le panneau après le tir d’un partenaire et revenir en défense comme des dératés. Qu’importe la décision prise au final, il sera déjà trop tard et ni le rebond ni le repli n’aura pu être gagné ou réussi. La moindre seconde d’hésitation est fatale à ce niveau-là. Il faut que les joueurs agissent à la vitesse d’un réflexe, et leur donner une règle à appliquer aussi systématiquement que possible dès que la balle a quitté les doigts de son coéquipier est la meilleure façon d’y parvenir action après action.

Je sais que le rebond offensif a une jolie cote depuis quelques temps notamment en raison du travail fourni en matière de statistiques avancées, mais je ne pense pas que jouer cette option comme un forcené soit plus efficace que le repli défensif.

Le rebond offensif décuple les chances de scorer mais en obtenir un est peut-être trop difficile et donc trop rare pour impacter autant le jeu que le repli défensif qui rapporte moins à « l’action unitaire » mais qui, étant plus ou moins systématiquement réussi, rapporte à mon avis plus sur la longueur du match. Un calcul comparatif pour vérifier la véracité de cette réflexion serait le bienvenue mais c’est un chantier bien trop vaste pour moi. Mon choix se voit de toute façon renforcé par le fait que le repli défensif s’articule bien mieux avec une attaque « 4-1 » que le rebond offensif, le placement des joueurs facilitant l’un d’avantage que l’autre.

Le même dilemme inversé se pose avec le choix entre le rebond défensif et la fuite en avant pour jouer les contre-attaques. Un petit menu me permet de décider que les trois joueurs les plus proches du panier se concentreront sur le rebond tandis que les deux autres se jetteront en contre-attaque. Mon choix fait, le curseur se positionne automatiquement à proximité du centre mais penchant légèrement vers le rebond défensif. A faire des compromis je risque peut-être d’être moyen dans les deux domaines plutôt que létal dans l’un des ces deux domaines d’importance majeure mais je ne connais pas encore assez bien mon équipe pour trancher la question. Towns est-il à lui seul un suffisamment bon rebondeur ?

De la même manière, je choisi un tempo rapide mais pas trop ; une défense individuelle plutôt que de zone mais s’appuyant énormément sur les rotations et un important système d’aides défensives (mes joueurs, de Rubio à Towns en passant par Muhammad et compagnie, ont le potentiel physique pour défendre sur plusieurs postes) ; décide de défendre le pick-and-roll adverse avec mon pivot qui reste un peu en retrait pour protéger l’accès au cercle, etc, etc…

J’essaie de faire attention à ce que ces choix soient conformes avec le profil de mes joueurs et cohérents les uns avec les autres (l’application de certaines consignes pourraient avoir un effet négatif sur le succès d’une autre) mais je ne suis pas sûr de penser à tout. On verra bien.

Au-delà de permettre de distribuer certains rôles précis comme faire de Ricky Rubio le porteur de balle prioritaire ou encore charger Wiggins de défendre sur le meilleur scoreur extérieur adverse, l’étape suivante appelée « consignes individuelles » offre l’exquise possibilité de cadrer les tendances de jeu des joueurs. Ou du moins de tenter de le faire. Les habitudes ou les préférences des joueurs ont souvent la dent dure.

J’évite de les noyer de recommandations, donner trop de consignes d’un coup conduit souvent à n’en voir appliquer aucune ou à créer des joueurs mécaniques et peu efficaces. Par ailleurs, si le style de jeu de mes poulains ne me convient pas, je ferai mieux de les transférer plutôt que d’essayer de les tordre en un basketteur qu’ils ne sont pas.

Je me contente donc de cadrer quelques principes tel que notamment la prévalence du jeu poste bas et du catch-and-shoot à 3pts pour Wiggins et Muhammad. J’arrose d’ailleurs généreusement cette idée du catch’n’shoot à longue distance plutôt que le un-contre-un sur le roster, en pensant particulièrement à Kevin Martin, Nemanja Bjelica, Zach LaVine et Damjan Rudez. De leur côté, Gorgui Dieng et Tyshaun Prince sont invités à se concentrer sur la défense et les petites tâches obscurs mais néanmoins indispensables qui sont l’apanage des plus nobles role players.

Le bouton « étape suivante » a été remplacé par un bouton « valider ». J’appuie dessus et me retrouve devant un récapitulatif de l’ensemble des principes que j’ai fixé, chaque étape étant reprise les une en dessous des autres dans un panneau unifié. Je valide à nouveau.

Le panneau unifié de ma stratégie s’affiche une nouvelle fois sur l’écran mais il est repoussé complètement sur la gauche pour laisser place à ses côtés à deux autres panneaux similaires : tout à droite se trouve celui propre au staff technique représenté par Saunders et au centre, le panneau par lequel nous fixerons les principes que nous aurons convenu ensemble. C’est l’heure des discussions entre le staff et moi pour décider de ce que nous allons appliquer. Let’s do this.

A suivre.

StillBallin (@StillBallinUnba)

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3 réflexions sur “Basketball Manager: Ma partie, Episode 11

  • WarriorsBlackKid #P

    Je pensais que ça jouerais up tempo mais tu modéres finalement ^^

  • StillBallinBB

    Très bonne question, je rebondirai dessus ultérieurement si tu me le permets.

  • WarriorsBlackKid #P

    Pas de souci.

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