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Cahier des rookies: le classement de Noël

Le petit monde des rookies est un univers à part dans une saison NBA. Toutes les deux semaines, Basket Infos vous propose d’analyser les performances, bonnes ou mauvaises, des débutants dans la grande ligue.

 

Après deux mois de saison régulière, il est temps de faire un premier bilan dans la course au titre de Rookie of the Year, avant de basculer dans l’année 2016. Bien qu’il soit trop tôt pour tirer des conclusions définitives, on peut déjà être sûr d’une chose: cette cuvée 2015 semble de très bonne qualité. Peu de flops, ce qui est rare, une belle profondeur et, surtout, au moins trois joueurs ayant montré le potentiel pour être d’éventuels franchise players: que demander de mieux? On aura l’occasion de revenir plus en détail sur chacun d’eux dans de futurs épisodes du Cahier des rookies, mais pour l’instant, place au top 10.

N.B.: Le classement ne tient compte que des joueurs ayant joué au moins la moitié des matchs de leur équipe. Pas de Bobby Portis donc, par exemple.

 

1. Karl-Anthony Towns (Minnesota, #1)

Du fait des déboires extra-sportifs de Jahlil Okafor, et de la présence de deux rookies stars dans les deux plus gros marchés de la ligue, Karl-Anthony Towns semble traverser la saison dans une certaine discrétion médiatique. Ce que réalise le first pick de la draft depuis son arrivée aux Wolves est pourtant exceptionnel: avec 16.1 pts, 9.3 rbds et 2 cts de moyenne, il est sur des bases que seuls les très grands intérieurs de l’histoire ont atteintes durant leur saison rookie. Vous voulez la liste? David Robinson, O’Neal, Duncan, Olajuwon, Ralph Sampson, Mourning, Webber, Mutombo et Ewing. Rien que ça. Plus fort encore, Towns le réalise à 20 ans seulement (comme le Shaq et Webber) et en jouant 28 minutes par match. Tous les membres de la liste jouaient, eux, 32 minutes au moins! De tous, Towns est aussi de très loin le meilleur shooteur sur la ligne (86.7%) et à 3-pts, où il tourne à un très respectable 37%. Bref, ce garçon sait tout faire. En attaque, son jeu au poste est très correct, son shoot mi-distance une arme déjà létale, et son tir extérieur de bonne qualité. Avec ses 53.4% d’adresse générale, il est largement plus efficace que Porzingis ou Okafor. En défense, il tient son adversaire direct à 8.4% de moins que sa moyenne habituelle lorsqu’il est près du cercle (un excellent chiffre) et est très efficace sur pick & roll, même s’il a tendance à vite prendre des fautes. En deux mois, Towns a déjà validé le choix des Wolves de le prendre en première position. S’il reste sur cette lancée, le titre de ROY sera pour lui.

2. Kristaps Porzingis (New York, #4)

On ne va pas revenir sur la folie qui s’est emparée de Big Apple depuis les débuts de Porzingis. Le jeune Letton s’est montré incroyablement productif, bien plus que ce que les observateurs les plus optimistes envisageaient. Avec 13.3 pts, 8.2 rbds et 2 cts de moyenne, il présente des moyennes très encourageantes pour une première saison, et permet aux Knicks d’envisager l’avenir positivement, avec ou sans Carmelo Anthony. Attaquant polyvalent, défenseur très capable (c’est là que la comparaison avec Nowitzki trouve ses limites), il a, comme Towns, tout l’arsenal de l’intérieur moderne. Attention tout de même à ne pas trop lui en demander: lui qui jouait si peu l’an dernier en Espagne se retrouve à encaisser le rythme démentiel de la NBA, et la fatigue se fait déjà ressentir. Sur ses dix derniers matchs, il ne tourne plus qu’à 10.3 pts et 6.5 rbds, avec un vilain 31.8% de réussite. La patience est de mise avec lui, mais il a déjà dépassé toutes les espérances. Il est sans conteste le rookie le plus populaire de la saison, mais Towns est sportivement plus régulier.

3. Jahlil Okafor (Philadelphie, #3)

Difficile d’évaluer Okafor, gavé de ballons aux Sixers (il prend 3 shoots de plus que son dauphin dans ce classement, Emmanuel Mudiay), empêtré dans des déboires extra-sportifs et dans une association contre-nature avec Nerlens Noel. Comme avec Michael Carter-Williams il y a deux ans, on ne sait trop comment lire ses stats (17.6 pts, 7.9 rbds): sont-elles celles d’une star isolée dans une équipe catastrophique? Ou sont-elles gonflées, au contraire, par cette médiocrité ambiante? Eternel débat qu’on ne résoudra pas de si tôt, mais qui ne doit pas faire oublier qu’Okafor est sans aucun doute un très bon attaquant au poste, doté de moves qui lui ont permis, par exemple, de faire la misère à Towns durant leur premier duel. Reste à savoir (la question se posait déjà durant la draft) si Okafor est un joueur réellement valuable dans la NBA moderne: défenseur moyen, ayant beaucoup de difficulté à s’écarter (0/13 en tête de raquette!), il a besoin que le jeu s’adapte à lui, ce que les Sixers ont pour l’instant du mal à faire. A sa décharge, il joue sans meneur digne de ce nom, et dans un contexte très particulier. On ne jurerait pas, néanmoins, que Sam Hinkie soit prêt à tout pour le garder si jamais Joel Embiid revenait d’entre les morts…

4. Justise Winslow (Miami, #10)

Chez un des leaders de la conférence Est, Justise Winslow joue 27 minutes par match: la stat suffit à indiquer le crédit que Spoelstra accorde à l’ancien de Duke, dont personne ne comprend encore comment il est tombé si bas lors de la draft. Les stats offensives ne disent à peu près rien de l’impact de Winslow: comme c’était le cas à Duke, il privilégie très largement la finition près du cercle (50% de ses shoots), n’a pas de tir à mi-distance et est encore très loin d’être une menace valable derrière l’arc (25% de réussite, avec deux tentatives par match en moyenne). C’est dans l’énergie athlétique et défensive que Winslow s’impose pour l’instant, utilisé par son coach comme un ailier classique ou, très souvent, en poste 4 dans une formation small ball. Winslow fait notamment baisser de 7 pts le pourcentage de son adversaire lorsque ce dernier shoote à 3-pts, dans le style étouffant d’un Jimmy Butler ou d’un Paul George. A seulement 19 ans, il a tout le temps pour suivre la même courbe de développement que ces deux-là.

5. Nikola Jokic (Denver, #41 [draft 2014])

En voilà une bonne surprise! Comme avec Jusuf Nurkic l’an dernier, Denver semble avoir fait avec Jokic un très bon choix. Très bon sous le panier (58.9% de réussite, mieux qu’Okafor par exemple), capable de shooter occasionnellement à 3-pts, Jokic est en train de prendre une sacrée épaisseur, à l’image de son gros match contre les Spurs il y a deux jours (22 pts, 7 rbds, 5 pds). Son intelligence de jeu et sa capacité à faire jouer autour de lui sautent aux yeux, malgré son absence apparente de vivacité. La rotation des Nuggets est un brin chaotique en raison des blessures, mais il va devenir difficile de se priver de ce Jokic-là.

6. D’Angelo Russell (Lakers, #2)

On a déjà parlé du cas Russell en détail il y a quelques temps, pour constater que le problème venait sans doute plus du foutoir qu’est la rotation des Lakers que de son vrai niveau de jeu. Bien sûr, Russell, à bien des égards, a des défauts. Mais ses stats sont loin d’être affreuses (12 pts, 4.2 rbds, 3.3 pds) et son adresse (40.3%) fort honnête pour un débutant. Utilisé en sortie de banc depuis trois semaines, il y trouve l’occasion de développer une relation avec Julius Randle, les deux étant a priori destinés à être l’avenir de Lakers. Dans une équipe terriblement mauvaise, il fait le dos rond et apprend, laissant entrevoir de belles qualités. On a hâte de la voir dans un effectif qui ressemble à quelque chose.

7. Rondae Hollis-Jefferson (Brooklyn, #23)

Il y a peu de motifs de réjouissance chez les Nets, alors autant en profiter. Comme Winslow, Hollis-Jefferson s’est fait sa place sur sa dureté défensive et ses qualités de rebondeur. Capable d’alterner sur les postes 2 et 3, il n’a certes pas la plus grande concurrence du monde, mais il a tous les attributs d’un spécialiste défensif pouvant rester longtemps dans la ligue. S’il développe un shoot extérieur (20% seulement pour l’instant), il peut devenir un excellent 3&D, et l’un des steals de la draft. Dommage que sa dynamique ait été interrompue par une blessure.

8. Frank Kaminsky (Charlotte, #9)

Très peu utilisé en début de saison, Kaminsky est en train de s’imposer aux Hornets depuis la blessure d’Al Jefferson, avec notamment un très bon match (23 pts, 7 rbds) contre Boston il y a cinq jours. Sans surprise vu son profil, l’ancienne star de Wisconsin, où il jouait pivot, est majoritairement utilisé poste 4 par Steve Clifford, dans un rôle qui peut rappeler celui de Josh McRoberts il y a deux ans: relativement habile derrière l’arc (34.9%) et surtout excellent passeur, il convient à merveille au système offensif de Charlotte, qui joue beaucoup le pick & pop. Défensivement, c’est loin d’être catastrophique. Plutôt une bonne pioche, même s’il n’est pas sûr que sa marge de progression soit monstrueuse.

9. Emmanuel Mudiay (Denver, #7)

Difficile de classer Mudiay, éloigné des terrains depuis quelques temps en raison d’une blessure. Terriblement maladroit (31.1%), très dispendieux en ballons (4 perdus par match), le jeu du meneur des Nuggets est pollué par de multiples défauts, même s’ils n’ont rien d’extraordinaire pour un rookie. Pourtant, on a vu dans toutes ces approximations d’énormes qualités de passeur, ainsi qu’un potentiel athlétique de folie. Quasiment propulsé franchise player de l’équipe, il a montré un caractère certain. Le top 10 est peut-être généreux vu ses stats, mais le potentiel est là.

10. Stanley Johnson (Detroit, #8)

On attendait peut-être un peu plus de Johnson, excellent en pré-saison, mais sa saison n’a rien de honteuse pour l’instant. Comme tout le banc des Pistons, il souffre offensivement, avec 38% d’adresse générale. On retrouve dans son jeu les faiblesses qui étaient les siennes à la fac: un manque de puissance pour finir ses actions près du cercle, où il ne tourne qu’à 47% de réussite, une sélection de shoots un peu aléatoire, une certaine irrégularité. Dans le même temps, il est précieux défensivement et s’avère être un très bon shooteur dans les corners, où il signe un magnifique 51% d’adresse. Obligé de jouer très souvent poste 2, en raison de la blessure de Jodie Meeks, il a sûrement plus d’avenir au poste 3.

 

Quelques remarques sur le petit monde des rookies

  • Bobby Portis n’est pas forcément une future star, mais quelle énergie! On souhaite bien du plaisir à Fred Hoiberg pour gérer le casse-tête qu’est sa rotation intérieure. A moins qu’il ne soit convaincu que Mirotic soit un poste 3, ce dont on peut douter.
  • En-dehors de Towns, les destins des rookies des Wolves se croisent: Bjeliça, en plein doute, ne joue plus, Tyus Jones se fait peu à peu sa place dans la rotation. Aux dépens de Kevin Martin, d’ailleurs.
  • Premier match en NBA pour le rookie non drafté des Wizards Jarrell Eddie, contre Brooklyn il y a deux jours, et un 4/5 à 3-pts en 14 minutes. Propre.
  • On ne comprend pas grand-chose à la gestion de leurs meneurs par les Sixers, mais une chose est sûre, ça ne sent pas très bon pour l’une des bonnes surprises de la saison, TJ McConnell: avec le retour de Kendall Marshall et le trade d’Ish Smith (en passant, si la patte Colangelo consiste à sacrifier deux choix de draft pour récupérer un joueur laissé libre par la franchise en juillet, on préfère encore la méthode Hinkie), il est bien possible que McConnell se retrouve en fin fond de rotation.
  • Très bon match de Devin Booker contre les Sixers il y a deux jours, avec 19 pts au compteur. La blessure d’Eric Bledsoe devrait lui permettre de se mettre en valeur dans les semaines qui viennent. L’une des rares bonnes nouvelles de la saison des Suns, franchement pourrie pour le moment.
  • L’intérim de Trey Lyles dans la raquette du Jazz n’est pas un succès impérissable, avec un shoot qui part dans tous les sens, mais rarement dans le panier. Par contre, le garçon a une vraie intelligence de jeu que Quin Snyder ne peut qu’apprécier. Pour lui aussi, la patience est nécessaire, mais le talent est là.

 

 

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3 réflexions sur “Cahier des rookies: le classement de Noël

  • NatStyke

    Le RoY doit être Towns, c'est un futur grand et il fera de grande choses avec les Timberwolves.

  • Rapha

    Je le pense aussi. Je n'ai pas souvenir d'avoir été autant impressionné par un intérieur rookie depuis Blake Griffin.

  • Droopy_yessah

    Vraiment intéressante cette classe 2015. Et comme il est dit dans l'article, pas de bide en puissance dans le top 10 et ça c'est bon signe que les franchises accordent de l'importance et des responsabilités à ces jeunes. Remarque, il n'y a pas non plus de bonnes surprises du 2nd tour.

    Même si j'aime beaucoup Winslow, notamment en défense, je comprends en partie pourquoi il a chuté autant lors de la draft. Les joueurs devant lui (Mudiay, Johnson, Kaminsky) offraient des garanties offensives plus intéressantes que Justise surtout pour des équipes en mal de scoreurs.

    Winslow est moins constant à trois points et pas encore fiable sur catch'n'shoot et encore pire sur ses tirs en sortie de dribbles.

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