La touche StillBallin

Basketball Manager: Ma partie, Episode 13

StillBallin s’est collé au jeu de simulation de gestion sportive « Basketball Manager » qui offre la possibilité à son possesseur d’enfiler le costume de General Manager d’une franchise NBA. Alors qu’il teste cette réplique version balle orange de Football Manager pour la première fois, le chroniqueur a décidé de relever l’un des défis les plus relevés de l’histoire de la célèbre ligue américaine: faire gagner un titre aux Timberwolves de Minnesota.

[Lire les épisodes précédents]

« Kevin, nous engageons la franchise dans un projet à long terme fondé sur les jeunes talents de l’équipe. Il y a cependant une place pour toi dans ce projet. Aussi talentueux soient-ils, ces jeunes ont besoin d’avoir des joueurs comme toi à leurs côtés sur le terrain. En dehors aussi. Nous désirons faire de toi le sixième homme du groupe. Tu ne commenceras pas les rencontres mais tu devrais normalement pouvoir jouer entre 25 et 30 minutes par match. »

« Nous pourrions toutefois comprendre qu’un élément de ton calibre ait d’autres ambitions que celles de d’accompagner une équipe en devenir. Dans ce cas, et même si cela nous désolerait, nous accepterions d’essayer de te transférer dans une autre franchise ».

Sans surprise, le jeu se contente d’afficher des lignes de dialogue sur l’écran pour retranscrire l’entretien que j’ai actuellement avec Kevin Martin. Le bureau de General Manager aux tons bleus et blancs tacheté ici et là d’articles de presse dans lequel je reçois le scoreur vétéran n’existe que dans mon esprit. Le soft me livre toutefois les indications essentielles de la discussion, aussi un petit panneau s’ouvre pour me fait part de l’absence de réaction du visage de Martin suite à mon annonce. L’arrière devait se douter de ma position.

« Je suis excité de faire partie de ce nouveau projet », me dit-il. « Cette équipe comporte des jeunes talents admirables et je comprends tout-à-fait l’orientation que vous voulez prendre. Je serai pour ma part heureux d’apporter ma contribution si un véritable rôle m’est attribué. »

Très bien, Martin a l’air de d’adhérer à mon idée. Les discours de l’été -quand la saison n’a pas encore commencé et que l’optimisme n’a pas encore rencontré la réalité- ne sont pas toujours ceux de l’automne et de l’hiver mais au moins la préparation devrait se dérouler dans la sérénité et la camaraderie. Je lui dis être heureux de le savoir en phase avec le projet collectif de la franchise.

« Si cependant des franchises de haut rang venaient à s’intéresser à moi », poursuivit-il, « j’aimerais ne pas être retenu. Avoir une chance de jouer le titre reste mon objectif principal à ce stade de ma carrière ».

Je réponds comprendre sa position et lui indique que je ne manquerai pas de porter une attention particulière aux éventuels contacts en ce sens. Le seul Kevin Martin dont j’ai besoin est un Kevin Martin heureux et investi dans ce qu’on est en train de mettre en place, pas un Kevin Martin frustré et haineux de s’être vu refusé ses dernières chances de rejoindre une équipe de playoffs pour être à la place coincé dans une équipe en développement.

Je tends la main au-dessus des piles de rapport de scout qui recouvrent mon bureau pour serrer la main de l’arrière, et mets fin au fructueux entretien.

Un œil sur l’écran d’ordinateur et un autre sur les exploits de John Spartan et Simon Phoenix à la télé, j’ai reçu ainsi la totalité des joueurs de mon roster et des membres de mon staff. Comme je l’avais prévu en faisant de lui mon titulaire sur le poste 3, j’ai dit à Shabazz Muhammad que j’attendais une réelle progression en défense de sa part, à défaut de quoi son temps de jeu se verrait en subir les conséquences. Ricky Rubio, Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns se sont montrés enthousiastes quant à leur avenir dans la franchise, Gorgui Dieng m’a dit être motivé à l’idée d’évoluer également sur le poste d’ailier fort, Kevin Garnett n’a cessé de hurler dans mes oreilles que tout était possible pour cette équipe, avant de partir en me saluant d’un check compliqué que je n’ai pas vraiment réussi à suivre, et Andre Miller a grommelé sa joie d’être ici.

Nikola Pekovic et Zach LaVine m’ont par contre confié être inquiet de ne pas avoir suffisamment de temps de jeu.

Et bien Niko, je dois bien admettre que tu ne fais a priori pas partie des plans de la franchise. Je ne te cache pas non plus que nous regardons activement les possibilités de transfert. Néanmoins, tu as beaucoup de talent, d’expérience et encore quelques belles années sous le capot si jamais les blessures te laissent tranquille. En somme, tu as les moyens pour devenir un joueur sur lequel nous comptons, que ce soit en remplaçant de Towns ou à ses côtés pendant certaines séquences dans une configuration « big ball ». La seule chose qui te sépare de cette place est ton impact défensif. Renforce cet aspect de ton jeu et nous n’aurions d’autres choix que de te réserver un bon siège dans notre projet.

Pekovic lève lentement son énorme corps de la chaise et quitte mon bureau d’un pas traînant. Enquiquiné par son tendon d’Achille geignard et désabusé par le virage que la franchise prend en le laissant sur le bas-côté, le grand ours monténégrin me fait de la peine. Ça va m’ennuyer de le voir végéter sur le banc. Un transfert sera certainement très difficile à réaliser, à moins peut-être de faire le genre de sacrifices que j’aurais du mal à digérer comme lâcher du pick, offrir un jeune prometteur ou prendre à ma charge un contrat encore plus graisseux que celui de Peko.

Il est encore tôt pour tirer ce levier mais je pourrais bien envisager de licencier le pivot en utilisant la « stretch provision ». Je n’aurai plus m’inquiéter de son cas et son imposant salaire de 12 millions par an jusqu’à l’été 2018 serait ramené à quelque chose comme 4,74 millions par an mais jusqu’à l’été 2021. C’est comme si je troquais son contrat de 12 m/an de 3 ans contre un autre de 5 m/an sur 6 ans avec la particularité que le bonhomme ne serait plus dans mon effectif pour trainer sa peine et peut-être laisser poindre un malaise ou des tensions dans le vestiaire. Comme si j’échangeais une épine dans le pied à supporter pendant trois semaines contre une simple irritation de six semaines. Aujourd’hui, avec un salary cap aussi élevé que les plus audacieux flat-tops (70 millions cette saison, vraisemblablement autour de 90 l’année prochaine), ces cinq petits millions par an seraient une goutte d’huile dans un verre d’eau. Rien d’exceptionnellement gênant donc.

Cependant, 6 ans c’est long et qui sait ce que l’avenir me réserve? Si tout ce passe bien j’aurais filé un contrat max à Wiggins et Towns, Muhammad et LaVine auront peut-être aussi une part du gâteau dans lequel Rubio a déjà calé ses canines et bien d’autres bouches demanderont également à être nourries. Dans ce futur, beaucoup d’argents sera donc sorti des caisses et ces quelques roupies alloués à Pekovic pourraient peut-être constituer un grain de sable bien incommodant dans la machine. Cela au plus mauvais moment, lorsque -toujours si tout se passe bien- cette équipe sera au beau milieu de son ascension vers le titre et qu’il me sera peut-être nécessaire de trouver des moyens de renforcer le roster pour placer les derniers coups de rein susceptibles de me faire passer la ligne d’arrivée en premier.

Financièrement, l’actuel contrat à 12 pommes de Peko est encombrant mais il n’est pas très problématique. Il ne me sert à rien de créer énormément de place sous le salary cap maintenant pour aller chercher un gros poisson car, premièrement, la hausse prochaine du salary cap me créera automatiquement un espace raisonnable (environ 15 ou 20 millions) et deuxièmement, je n’ai pas besoin de d’avantage de cap space immédiat pour faire une razzia sur le marché des agents libres. Jouant le long terme, récupérer au prix fort des joueurs confirmés maintenant ne me servirait à rien et pire encore, ces derniers pourraient gêner le développement des jeunes et causer des problèmes de trésorerie au moment de les prolonger.

Payer cher Pekovic dès maintenant, alors que Wiggins & Co sont encore dans leur minuscule contrat rookie et que la franchise n’a aucune urgence à faire de gros résultats tout de suite est donc peut-être moins risqué que de le payer moitié moins cher mais pendant deux fois plus longtemps.

Sauf que dans la première hypothèse, Pekovic reste dans l’effectif. Cela peut devenir un souci. Un joueur trop doué pour s’enraciner ainsi sur un banc de touche peut en effet, volontairement ou involontairement, miner l’atmosphère du vestiaire, que ce soit en se plaignant continuellement, en laissant apparaître son amertume ou sa déprime, ou encore de bien d’autres manières. Et il est forcément un peu plus difficile de créer une atmosphère positive, propice au travail et conquérante avec une âme en peine dans le groupe. Des tensions peuvent aussi surgir quand un joueur fait la tronche, pense à sa situation avant celle de l’équipe et ne se donne pas en fond à l’entrainement. Plus encore quand celui-ci touche une gros salaire.

Rien ne m’empêchera alors de négocier un buy-out avec lui cela dit. Licencier Pekovic en lui filant d’un coup toute la maille que la franchise lui doit de toute façon en vertu de son contrat censé arrivé à terme en 2018, ne ferait pas perdre plus d’argent ou plus de place sous la salary cap aux Wolves que le conserver dans l’effectif, et coach Saunders n’aurait pas à lui trouver des minutes qui pourraient être mieux investis, ni à devoir gérer l’influence de ses états d’âme sur le reste de l’équipe. Sauf que sortir autant de pognon d’un coup ($ 35 millions) risquerait de mettre en danger l’équilibre économique de l’organisation. Minnesota n’est pas un gros marché. D’ailleurs, quand bien même l’Etat du froid en serait un qu’il faudrait y réfléchir à quatre ou cinq fois avant de signer un tel chèque.

Si à force de regarder les matchs depuis le banc le pivot commence lui-même à vouloir un départ, je pourrais peut-être essayer de le filouter en lui indiquant que nous accepterions de le libérer par un buy-out, à condition toutefois qu’il accepte une indemnité substantiellement inférieure aux 35 millions auxquels il aurait droit. Il y a cependant peu de chance qu’il accepte de faire une croix sur assez d’argent pour que le proprio accepte une dépense qui restera malgré tout très importante. Peko, je suis désolé je crois qu’on est dans une impasse.

Quant à toi, Zach, l’équation est simple. Montre-nous suffisamment de progrès, en défense et dans les prises de décisions notamment, pour qu’on trouve peu pertinent de donner des minutes à un scoreur de 32 ans inefficace de l’autre côté du terrain et non à toi.

« – Mais, boss, je suis déjà meilleur que Kevin Martin, tu sais ».

Oh seigneur, voilà qu’il se prend pour meilleur qu’il n’est. Ce n’est pas si étonnant à son âge et avec la petite hype créé par ses dunks et les quelques jolies ardoises au scoring qu’il a laissée l’an dernier, mais le voir ne pas se rendre compte de son niveau de jeu réel me laisse dubitatif quant à son développement à venir. A-t-il conscience que son jeu présente encore un bon paquet de défauts? Si ce n’est pas le cas, va-t-il déployer la volonté et l’application nécessaire pour progresser ou prendre les exercices par-dessus la jambe parce qu’il considère qu’il n’a pas vraiment besoin de faire tant d’efforts?

« – Non, Zach, aujourd’hui, tu n’es pas au-dessus de Kevin. Tu as encore beaucoup de choses à apprendre.
– Je jouais presque 25 minutes par match l’an dernier alors que je n’étais qu’un rookie et j’ai été titulaire la moitié du temps. Comment puis-je être désormais au troisième rang des rotations ?
– Tu as réalisé une saison rookie intéressante mais c’est en grande partie en raison des blessures que tu as joué autant. Par ailleurs, ce temps de jeu a aussi exposé les failles de ton jeu à ce niveau (traduction: reviens quand tu auras appris à analyser correctement tes forces et faiblesses, Beach boy).
– Je ne suis pas d’accord, je mérite une meilleure place dans la hiérarchie de l’équipe.
– Cela ne tient qu’à toi (petit crétin). Durant la préparation et même tout au long de l’année, tu auras l’occasion de montrer au staff technique et à moi-même que tu mérites effectivement une meilleure place. Nous comptons beaucoup sur toi et savons que tu peux être un excellent joueur dans cette ligue (heureusement parce que sinon je n’aurais pas pris autant de gants avec toi dans cette discussion de merde). Simplement, tu n’es encore qu’au début du chemin qui te mènera à cet objectif.
– Très bien, je vais faire ce que vous avez dit, boss. Essayer de progresser, tout ça… Mais je vous dis dès maintenant que je n’aurai pas peur de demander un transfert à l’avenir.
– (Et ma main dans la gueule, tu la veux?) Si l’équipe est meilleure avec toi sur le terrain plutôt qu’avec les autres joueurs qui sont devant toi dans la rotation, tu auras d’avantage de temps de jeu qu’eux. Tout ne tient qu’à toi.
– Y a-t-il autre chose dont vous vouliez me parler, boss?
– Non, tu peux disposer, Zach. A bientôt.
– Ciao, boss. »

Punaise, il m’a énervé ce gosse. Faites revenir Adreian Payne dans mon bureau, faut que je gueule sur quelqu’un. Il n’est pas dans mes plans de me séparer de LaVine mais son attitude pourrait causer quelques troubles dans le vestiaire et dans la dynamique et la culture collective que je voudrais créer. Si c’est le cas, je pourrais être amené à l’envoyer voir d’autres paysages. Il doit certainement déjà avoir une valeur assez intéressante grâce à son jeune âge et le bien beau potentiel que lui confère son shoot et ses qualités athlétiques. Je ne sortirai donc pas forcément perdant d’une telle opération. Mais force m’est de reconnaître que je n’ai pas envie d’en arriver là. C’est qu’il a du talent et des atouts sympa ce petit vaurien. Je vais devoir garder un œil sur lui.

Je pose mes baskets blanches sur le bureau imaginaire et m’enfonce dans mon siège. Lors de mon entretien avec Flip Saunders survenu un peu plus tôt, j’ai convenu avec lui d’axer la préparation d’avant-saison sur la défense, ce secteur du jeu indispensable et ingrat qui ne fonctionne que lorsque les joueurs sont totalement investis et le sont au service de l’équipe. Il n’y a rien de mieux pour révéler les éléments entièrement dévoués au projet collectif de porter l’équipe le plus loin possible, de ceux qui n’ont pas le cœur à y suer sang et eau.

Le jeu m’a également offert la merveilleuse possibilité d’organiser avant le training camp le « séjour de cohésion de groupe » de mon choix. Entre une virée dans les paysages enneigées d’Aspen, des vacances à Hawaï ou encore une retraite dans les plaines vertes du Montana, j’ai choisi celui qui consistait en une véritable épreuve: une paire de semaines dans un camp d’entrainement militaire au sein de la prestigieuse académie de West Point.

Existe-t-il quelque chose de mieux pour souder des personnes entre elles et dévoiler de quel bois elles sont faites, que de les balancer ensemble dans un traquenard infini de souffrances et d’efforts physiques abrutissants? On verra bien comment un LaVine traversera ces jours de galère. On verra bien quelle équipe ressort de cette épreuve.

A suivre.

StillBallin (@StillBallinUnba)

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Une réflexion sur “Basketball Manager: Ma partie, Episode 13

  • WarriorsBlackKid #P

    Belle surprise, moi qui pensais que la série était terminée et la discussion avec LaVine est énorme haha

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