Chris King, l’homme qui a « découvert » Tim Duncan
C’est lors d’un « charity tour » dans les Îles Vierges américaines (organisé par son agent Bob Kingsley pour récolter des fonds et financer une prévention après une vague de violence) à l’été 1992 et après sa première saison NBA avec les Seattle SuperSonics que Chris King a découvert Tim Duncan.
Dans la petite équipe composée pour l’occasion, la principale attraction se nomme Alonzo Mourning, 2ème choix de la draft cette année là. De passage sur son ancien campus de Wake Forest (1988-92), King parle du futur Hall of Famer à son ancien coach, Dave Odom.
Odom : Tu n’aurais pas repérer un gamin là-bas par hasard ? (sur le ton de la plaisanterie)
King: En fait si, il y a ce gamin là-bas. Il s’appelle Tim Duncan.
Ce gamin qui prendra 24 ans après sa retraite après 19 ans de carrière, 5 titres NBA, 2 titres de MVP et pas une seule année sans playoffs. À l’arrivée des NBAers aux Îles Vierges, un jeune pivot de 16 ans et 2,06m au toucher remarquable et ancien champion de natation (il a perdu son intérêt pour cette discipline après la mort de sa mère d’un cancer du sein lorsqu’il avait 14 ans) fait parler.
« Arrive ce gamin long, grand et maigre. Il avait l’air si jeune. » King
Dans une salle bondée, Duncan se retrouve face à Mourning. Et il va le dominer, selon King.
« On pouvait voir qu’il était assez brut, mais il avait ce toucher. Quand je l’ai vu faire ça au poste bas, c’était « wow’. Jump hook. Fade. Je n’oublierai jamais cette action, Alonzo a essayé de monter. Tim a contré son tir et il a couru comme une gazelle. Quelqu’un lui a envoyé le ballon et il a dunké sur Alonzo. Il joue contre Alonzo Mourning, il a 16 ans. Il domine ce gars. Il court. Il a d’excellentes mains. Je me suis dit mon dieu, ce gamin peut jouer ! » King
Aucune grande université n’ayant flairé le phénomène, une véritable aubaine se présente pour Wake Forest.
« À la fin du voyage je lui ai dit : ‘Je suis allé à Wake, man. Ca pourrait être un endroit pour toi. Il était tellement timide et silencieux. Il a un peu souri. » King
Une fois Odom prévenu, ce dernier demande quelques informations supplémentaires à King.
Odom : Où vit-il ?
King : Je ne sais pas
Odom : Quelle école ?
King : Je ne sais pas
Odom : Comment le contacter ?
King : Je ne sais pas
Plus tard cet après-midi là, Odom convoque son staff. Son assistant Larry Davis a coaché à Oak Hill Academy, où il avait déjà fait revenir des joueurs internationaux.
« Je ne pensais pas que cela allait nous mener quelque part. » Odom
Ce sera finalement un vieil ami à lui ancien coach à Delaware qui lui posera des informations sur son bureau plus tard dans la journée. Un voyage à St. Croix pour y rencontrer Duncan est organisé. Seulement l’université s’était déjà engagé auprès de 2 autres big men internationaux : Makhtar N’Diaye de France et Ricky Peral d’Espagne. Odom est à l’époque certain que les 2 sont meilleurs que Duncan.
Odom arrive un dimanche après-midi et assiste à des pick-up games extérieurs qui rassemblent environ 800 spectateurs. Mais Duncan ne joue pas.
« Tim, tu ne vas pas jouer ? J’ai fait tout ce chemin, tu ne vas pas jouer ? » Odom
Duncan lui explique qu’il jouerait après le premier match. Car s’il décidait de jouer le premier match, les joueurs plus âgés le mettraient dans la pire équipe et que s’il perdait, il devrait attendre toute la journée pour rejouer. En se montrant patient, il pouvait jouer avec ses coéquipiers.
« Il avait cette conscience qu’on n’avait quasiment jamais vu pour un gamin de son âge. C’est le meilleur compliment que je puisse lui faire. Les autres gamins, ils ne prennent pas cette décision. Il anticipe toujours ce qui va arriver. » Odom
Entre les matchs, Duncan vient demander à Odom ce qu’il pense de lui.
« Je pense que tu es bon. La seule chose que je n’ai pas vue c’est ton jump hook. »
Sur le match suivant, Duncan en plante 2 ou 3. Pas totalement ébloui mais clairement impressionné Odom, lui offre une bourse d’études, que Duncan accepte. 4 ans et une dernière saison à 20.8 points, 14.7 rebonds, 3.2 passes et 3.3 contres par match, Duncan est sélectionné en 1ère position de la draft 1997, par les Spurs.
« Je ne l’aurais jamais deviné. Il était si bien élevé, jamais émotif. Je me souviens avoir pensé : ‘Je ne sais pas si ce gamin a le cran nécessaire pour aller en NBA’. Je pensais qu’avec le bon coach, le bon programme, il pouvait être un bon joueur d’université.
C’est comme dans un livre. Voir la façon avec laquelle il a fait la transition pour ensuite devenir l’un des meilleurs basketteurs de l’histoire et un Hall of Famer, c’est choquant pour moi. Ce gamin a vraiment travaillé et fait ce qu’il était censé faire en restant discret et humble. C’est vraiment comme dans un rêve, comme dans Cendrillon. » King
Restés en contact pendant des années, King et Duncan ont aujourd’hui chacun tracé leur propre route. Duncan a sa vie à San Antonio, King, qui a bourlingué aux 4 coins du globe au cours de sa carrière professionnelle (conclue en 2008) a un fils qui jouera à Wisconsin la saison prochaine.
via WashingtonPost