La touche StillBallin

Basketball Manager: Ma partie, Episode 25

StillBallin s’est collé au jeu de simulation de gestion sportive « Basketball Manager » qui offre la possibilité à son possesseur d’enfiler le costume de General Manager d’une franchise NBA. Alors qu’il teste cette réplique version balle orange de Football Manager pour la première fois, le chroniqueur a décidé de relever l’un des défis les plus relevés de l’histoire de la célèbre ligue américaine: faire gagner un titre aux Timberwolves de Minnesota.

[Lire les épisodes précédents]

Comme un symbole, Taj Gibson fait sauter son adversaire d’une feinte volée aux 80’s et remonte scorer un lay-up facile pour donner huit points d’avance aux Wolves et vraisemblablement éteindre les tous derniers espoirs des Pistons.

Andrew Wiggins a passé la soirée à se moquer de la défense bleue et rouge, finissant la partie avec (l’équivalent de) 27 points à 9/15, dont deux paniers primés. Le gracile arrière devient de plus en plus difficile à arrêter lorsqu’il fait face à son défenseur à une petite poignée de mètres du cercle et que la raquette est libérée par un joli spacing. Plus souvent aussi il reconnaît l’aide de la défense et trouve le coéquipier démarqué. Défendant les couleurs du Minnesota depuis un peu plus de dix matchs maintenant, Gibson est quant à lui entré dans mon jeu comme un poisson dans l’eau. Présent partout et nulle part à la fois, les Loups se découvrent presque une certaine solidité quand il est sur le terrain.

Depuis trois ou quatre rencontres, Shabazz Muhammad ne met plus un trois points, peut-être en retour de bâton de sa toute nouvelle dépense d’énergie en défense, mais Zach LaVine a plus ou moins pris le relais. Depuis le départ de Kevin Martin et sa sérieuse hausse de temps de jeu, le jeune arrière affiche 13,3 pts à 46% de réussite dont quasiment 40% à trois points sur plus de trois tentatives en moyenne. Il me donne encore beaucoup de raisons de lever les yeux au ciel mais le voir alterner shoot et drive après réception de passe pour un panier aérien est une douceur visuelle qui réalise l’exploit de fondre en bouche. Je ne sais pas encore à quel point il arrivera à gommer ses défauts mais plus j’y pense, plus je suis prêt à accepter sa sélection de tirs discutable, s’il parvient au moins à devenir un défenseur correct.

Mettant la rencontre derrière moi en appuyant sur le bouton « continuer », je feuillette mes news quand vient sur mon écran une question des plus pertinentes: doit-on tanker -et donc fait exprès de perdre- ou non?

Cette intervention de mon GM assistant est fort à propos. Avec un bilan de 21 victoires pour 27 défaites (je rappelle que la saison compte 58 rencontres), Minnesota est actuellement la 11ème plus mauvaise équipe de la ligue. Je suis à trois victoires de Dallas dans ma conférence mais seulement à une et, une et demie d’Orlando et Detroit, de l’autre côté du pays. Or, si je dépasse ces deux-là, je perds mon choix de draft 2016, protégé seulement jusqu’au 12ème pick et propriété des Celtics passé ce cap.

J’échoue à retrouver l’origine de la perte de ce choix de draft dans ma mémoire. Cliquant à droite et à gauche, je parviens doucement à remonter son historique. En juillet 2012, Minnesota avait transféré ce qui était alors le first round pick de la draft 2013 à Phoenix en compagnie du décevant n°4 de la draft 2010, Wesley Johnson, principalement pour créer de la place sous le salary cap. Je me demanderai toujours quelle carrière aurait été celle de Johnson s’il avait été mieux utilisé durant ses premières années dans la ligue, mais là n’est pas la question. Et qu’importe, Sota n’avait manifestement pas pu faire autrement qu’ajouter un pick pour convaincre une autre franchise de prendre le contrat du jeune ailier.

Mais c’était en réalité un choix de draft à la valeur réduite de moitié qu’ont abandonné les hommes de Minneapolis. Ils avaient en effet négocié cette possibilité appelée « protection » de conserver le bénéfice de ce pick s’il tombait dans le top 13 de la draft 2013. Dans ce cas, il était prévu de remettre son transfert dans l’Arizona à la saison suivante. Mais ce même pick éventuellement reporté était aussi protégé « top 13 ». Il pouvait ainsi basculer d’année en année jusqu’à ce que Minnesota s’extirpe enfin de la partie basse du classement (protection top 12 pour 2015 et 2016) ou jusqu’à la draft 2017, plus de cinq ans après le trade d’origine, où il avait été entendu qu’il serait converti en deux choix de draft du second tour non protégés (2016 et 2017).

Malgré cette nuance sur la portée du transfert de ce pick, la transaction à laquelle il prend part a l’air idiote de la part de Minny. Mais comme souvent, les premières impressions ne font pas les bonnes analyses.

Avec à l’époque les promesses des Kevin Love, Ricky Rubio, Nikola Pekovic et d’un Brandon Roy revenu d’entre les morts, les Wolves avaient l’ambition d’être compétitifs dès cette année 2012/13. En dégoupillant ce trade, la franchise pouvait ainsi signer Andrei Kirilenko, ce génial joueur-glue à l’impact défensif immense qui n’était pas encore trop vieux (31 ans) pour prêter sa magie à une équipe talentueuse mais tenaillée par ses difficultés à empêcher ses adversaires de scorer.

Kirilenko avait fait une très belle saison et fourni exactement ce pour quoi il avait été payé. Seulement, le sort d’invocation qui avait ressuscité Brandon Roy a cessé de faire effet au bout de cinq matchs piteux et Kevin Love a joué à peine plus de rencontres en raison de blessures. Ricky Rubio et Nikola Pekovic s’en étaient mieux sortis en ne manquant que l’équivalent d’un quart de la saison.

Dans ces conditions à la forte odeur d’hôpital, la franchise avait conclu l’exercice avec un bilan de 31 victoires pour 51 défaites qui l’avait épinglé à la 12ème place de la conférence Ouest. Est-ce que mettre la main sur l’araignée russe en échange de Wesley Johnson et de ce choix de draft lourdement protégé était une bonne idée? J’aurai aimé avoir la réponse sur le terrain.

Les Loups des bois ont ainsi conservé le choix de draft (n°9). Ils ont aussi retenu celui de 2014 (n°13) et deux ans et demi après l’avoir acquis sans encore jamais pouvoir s’en servir, les Suns l’ont envoyé dans le Massachussets contre Brandan Wright.

Comme en 2013 et en 2014, le choix est resté la propriété du Minnesota en 2015 (n°1) par la grâce de la faiblesse de ses résultats. Et nous voici donc aujourd’hui, en 2016, avec ce même pick appartenant à autrui mais que je pourrais faire mien si mon équipe ne gagne pas trop de matchs. J’y serai d’autant plus gagnant que si je conserve une nouvelle fois ce choix, son basculement d’une année sur l’autre prendra fin. En 2017, ce ne serait plus mon pick du premier tour qui irait chez les Celtics mais deux choix de draft, bien moins intéressants, du second tour (en 2016 et en 2017). Sans protection bien sûr. Il ne faut pas pousser.

Nous voici au seuil de la fin de cette longue histoire et nous pouvons encore compter parmi les douze plus mauvaises équipes de la ligue, ce qui nous amènerait donc à finalement avoir la chance de pouvoir se contenter de lâcher deux second round picks plutôt qu’un choix du premier tour. Dans cette hypothèse, le transfert qui a permis de faire venir Kirilenko n’aura au final coûté que Wes Johnson et deux lointains choix du second tour. D’une certaine manière, ça donne une meilleure couleur au transfert. Mais bon, il aura fallu quatre années de médiocrité pour arriver à ce dénouement « positif ». Il serait bien triste de s’en réjouir.

Quoiqu’il en soit, ma place de 11ème équipe la moins bien classée de la ligue tutoie cette limite qui me ferait perdre ce choix de draft. Il faut que je décide si je donne la consigne de poursuivre dans notre philosophie d’essayer de gagner le plus de rencontres possibles ou de lever le pied pour s’assurer de garder le pick.

Il faut reconnaître que le bénéfice d’un tel choix de draft comparé à ne rien avoir du tout n’est pas négligeable. Mais d’un autre côté, chaque bataille sur le terrain, chaque victoire ou chaque défaite survenue après un valeureux combat n’est-il pas un apport positif en matière d’expérience, de confiance et de moral pour mon équipe? Chaque partie jouée sérieusement ne se traduit-elle pas par une avancée dans le développement de notre jeu et des automatismes entre les joueurs?

Tous ces petites choses qu’il est impossible de quantifier ont-elles, ensembles, plus de valeur qu’un jeune joueur sélectionné dans la partie haute de la draft? Peut-être que cette dernière m’offrira l’ailier fort plein d’énergie capable de défendre sur n’importe qui et de crever le filet à volonté derrière la ligne primée qui me fait rêver, ou bien un merveilleux « 3 and D » susceptible de solidifier tant mes rotations que mon jeu? Peut-être aussi que ce pick me permettra de monter un transfert pour avoir un Michael Kidd-Gilchrist ou autres NBAers me faisant envie?

Et conserver ce pick cette année ne remettra pas sa perte à plus tard comme précédemment. Mathématiquement, le calcul est rapidement fait: je n’ai rien à perdre à le garder.

Je jette un œil aux différentes mock drafts que le soft met à ma disposition pour voir si le jeu en vaut la chandelle. La plupart font de Ben Simmons, le sublime point forward de LSU, le numéro un. L’intérieur au profil de rêve, Skal Labissiere parvient une fois à lui ravir la pole position et se tient sinon pratiquement unanimement à la seconde place. Je regarde rapidement ses statistiques avec Kentucky cette année, elles sont bien loin des chiffres anémiques que l’haïtien a affiché en réalité: 16,8 pts à 51% (dont un solide 36,3% à trois points), seulement 6,7 rebonds mais 3,1 contres et même 1,1 interception par match.

Derrière eux on assiste à une foire d’empoigne entre Jaylen Brown, Malik Newman et Damian Jones. Brandon Ingram n’a pas fait une aussi bonne saison dans le jeu et il est annoncé un peu en dessous, entre la cinquième et la huitième place, parmi les Ivan Rabb, Kris Dunn, Sviatoslav Mykhailiuk et autres Dragan Bender. Nulle trace de Marquese Chriss, de Buddy Hield ou encore Jamal Murray dans le top 10, qui n’ont pas été aussi surprenant (Chriss), fort (Hield) ou à la hauteur des attentes (Murray) que dans notre monde de chair et d’os.

Je suis un peu surpris de voir Damian Jones si haut. Le bonhomme est certes un pivot aux excellentes caractéristiques physiques et aux très bonnes mains mais il est déjà dans sa troisième année universitaire. Il a eu dans les codes électroniques de ma partie l’explosion brutale qui n’est jamais apparue dans la réalité. Elu meilleur joueur de l’année, il a aussi été le tragique perdant du Final Four, lors d’une demi-finale épique face au colossal Kansas de Mykhailiuk, Check Diallo, Perry Ellis et Wayne Selden.

Malik Newman est lui ce genre de freshman dont la grosse cote lycéenne s’est disloqué une fois plongée dans le bain corrosif du basket NCAA. Mais dans le jeu, il n’en a pas été de même et beaucoup de monde s’excite sur ce petit arrière explosif que personne n’a véritablement pu empêcher de scorer, et cela qu’importe l’endroit du terrain. Drive, three, mid-range pull-up, le gamin avait une réponse pour tout.

Et puis il y a Jaylen Brown. Je n’ai pas vraiment été séduit par le Jaylen Brown réel mais celui de Basketball Manager me fait tourner la tête. Ouvrir son profil me permet de voir sa belle ligne de chiffres -17,4 pts à 51% dont un 33% de loin qui devient prometteur quand on voit ce pourcentage se fixer à 38% en réception de passe; 6,9 rebonds, 2,1 steals et 1,2 contres- et de voir à la fois ce que mes scouts en pensent et ce qui se dit de lui dans la presse. Cette dernière a tout au long de l’année multiplié les louanges à son égard.

Ces analyses et celles de mes recruteurs peignent le portrait d’un arrière-ailier super athlétique et puissant qui se creuse un accès au cercle comme un super saiyan dans la roche, équilibre son jeu en plantant un tir à trois points de temps en temps et annihile tout espoir adverse en défense. Son énergie permanente et sa rage de vaincre en font, selon eux, le moteur d’une équipe qui luttera un jour pour le titre.

Certains articles le comparent à une version plus adroite de loin et peut-être plus fine au scoring d’Andre Iguodala. J’ai également été particulièrement hameçonné par les commentaires de certains de mes scouts affirmant qu’à terme il pourra occuper le poste 4 dans une formation de small ball.

Comme un crétin je me prends à rêver d’un cinq létal composé de Rubio, Wiggins, Muhammad, Jaylen Brown et Towns. Ou de Rubio, LaVine, Wiggins, Brown et Towns. Pourquoi choisir, je pourrais passer de l’un à l’autre tout au long du match. La simple idée que conserver mon choix de draft m’offrirait une chance, même réduite, de voir la loterie me faire glisser dans le top 3 et donc d’obtenir Brown, est à deux doigts de me faire basculer du côté obscur appelé « Tanking », ici bas.

Mais la quasi totalité des scénarii m’envoie plutôt de la dixième à la 12ème place si je conserve mon pick. Il est peu probable que Brown tombe si bas. Mais peut-être aurais-je l’heureuse surprise de pouvoir tomber sur Dragan Bender qui remplit potentiellement pratiquement l’ensemble des cases que je veux pour mon ailier fort.

Il y a aussi ce Malik Pope que je ne connais pas et qui m’intrigue avec son profil de combo forward, sa longueur et sa polyvalence des deux côtés du terrain. Je vais voir ce qu’il vaut en vrai et me fends d’une grimace de recul en voyant ses statistiques: à peine 21,7 minutes de temps de jeu par match à San Diego State, pas spécialement une fac réputée pour être embouteillée de gros joueurs ; 7,1 pts à 39,5% et 5,1 rebonds. Rapporté à 40 minutes, on appréciera son nombre de rebonds et de contres, voire même sa relative capacité à dégainer de loin (36,2% sur pas mal de tentatives) mais fichtre, ça reste peu engageant pour un sophomore.

Je me verrai bien sinon appeler Cheick Diallo. Il ne peut pas vraiment jouer autre chose que pivot à mon avis mais avoir un tel phénomène physique à vocation défensive aussi énergique qu’un arc électrique sur le banc fera forcément énormément de bien à mon équipe. Et puis la polyvalence de Towns me permet d’imaginer sans problème ces deux-là passer du temps ensemble sur le terrain. Taurean Prince ou encore Caris LeVert peuvent également me faire lever un sourcil intéressé.

Mais ajouter une grosse dose de jeunesse ne va pas forcément aider le développement de mes louveteaux. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer qu’avoir une foule de joueurs en apprentissage ralentit le développement de chacun. Les coachs doivent dépenser beaucoup temps à dispenser leur leçon à chacun de ces jeunes certainement au détriment d’un tas d’autres trucs et je suppose qu’il est difficile pour un Wiggins (ou autre) encore en apprentissage d’intégrer des fondamentaux si autour d’eux la plupart des joueurs sont également inexpérimentés et appliquent ces fondamentaux de travers. Je parie qu’il est toujours plus facile d’intégrer ces millions de petites règles quand tout le monde autour les met déjà en œuvre.

Et puis quel message je donnerais en appelant au tanking alors que j’ai passé toute l’année à dire que les pièces majeures de mon effectif étaient en place et que maintenant il s’agissait de gagner le plus de matchs possibles? Je compte aussi sur Taj Gibson que j’ai tout récemment fait venir, pour être un leader moral de la formation, sur et en dehors du terrain. J’espère pouvoir compter sur lui pendant bien plus longtemps que l’année et les quelques mois qui restent sur son contrat.

Comment l’intérieur prendrait-il cette consigne de relâcher la pédale alors qu’il n’est là -avec un investissement parfait- que depuis quelques semaines? Comment le prendrait-il alors qu’à son arrivée j’ai justement clamer à la presse qu’on le faisait venir pour nous faire gagner, pour montrer que nous n’étions plus une équipe encore à l’état de larve qui en est encore à se nourrir de talent avant de pouvoir chasser les victoires? Casser la motivation de l’ancien chicagoan est la dernière chose que je veux, d’autant plus que cela pourrait avoir des répercussions sur l’attitude de tout le monde.

De manière générale, sur le terrain, ne risquerais-je pas de briser une dynamique de progression plutôt positive pour le moment et d’infléchir incidemment le moral et l’état d’esprit des joueurs? Ne serait-ce pas leur montrer la confiance que j’ai en eux que de ne pas chercher spécialement à ajouter plus de talent avec ce potentiel sympathique choix de draft? J’ai dans l’idée qu’une culture du professionnalisme et de la victoire est longue à bâtir mais extrêmement facile à défaire.

Mon choix est fait. Je réponds à Gillepsie que nous resterons indifférents à cette histoire de pick protégé et chercherons toujours à essayer d’emmagasiner le plus de victoires possibles, un point c’est tout.

Deux paisibles semaines se sont ainsi passées, pendant lesquelles nous avons notamment remporté une brillante victoire sur les terres des Clippers. Une ou deux fois, un journaliste m’a demandé si nous prévoyions de tanker pour retenir notre pick et j’ai à chaque fois répondu par la négative, m’attirant la fierté de certains fans et la désapprobation des autres.

J’ai accueilli la première avec un sourire, la dernière en haussant les épaules. Qu’importe les bruits brûlants et les moqueries cinglantes, ma décision était prise. Je ne comptais pas en changer.

Et puis Rubio s’est blessé pour un mois. Indisponible jusqu’à la fin de la saison régulière. Life is a… Ben non en fait je sais pas ce qu’elle est, la vie, sur ce coup.

A suivre.

StillBallin (@StillBallinUnba)

Envie de vivre la NBA au plus près, partez vivre une expérience inoubliable avec notre agence de voyages Trip Double. C'est par ici !

2 réflexions sur “Basketball Manager: Ma partie, Episode 25

  • WarriorsBlackKid #P

    Dur comme choix, honnêtement j'aurais tanker mais Gibson l'empêche un peu

  • StillBallinBB

    Avec une autre équipe (avec pas autant de jeunesse ni autant de très jeunes stars), j'aurai aussi penché vers le tanking. En hésitant, malgré tout.

Laisser un commentaire