Manu Ginobili raconte ses 5 secondes de gloire (ou pas) face à Michael Jordan
Sur son site internet, Manu Ginobili a raconté son seul et unique match face à Michael Jordan, qui ne s’est pas du passé comme il l’aurait imaginé.
Il y a 14 ans, dans la même ville où j’écris ces lignes, j’ai joué mon seul match contre Michael Jordan, le héros de mon enfance. Je me souviens que c’était un 31 décembre, que je revenais d’une entorse à la cheville et que j’avais joué très peu, peut-être deux ou trois minutes, la veille au Madison Square Garden. A l’époque Pop n’était pas le Pop qu’il est aujourd’hui et il ne mettait pas du tout ses joueurs au repos. Mes chances de jouer beaucoup étaient très faibles mais pas nulles et j’aurais été heureux d’avoir 5 ou 6 bonnes minutes, durant lesquelles peut-être j’aurais défendu sur lui quelques fois ou il aurait défendu sur moi. Qui sait ? Pop le savait, bien sûr.
Dans mon esprit c’est comme ça que la soirée s’est déroulée. Le match a débuté. Il y avait de l’excitation dans l’air. Rien lors du premier quart temps mais je m’y attendais. Rien durant la majorité du second quart et je commençais à être inquiet mais alors que j’allais me diriger vers le vestiaire, Pop s’est retourné, il m’a regardé et m’a dit ‘Go ! Remplace TD!’ Je me rappelle avoir joué à peu près 7 secondes, sans avoir touché le ballon et MJ n’était même pas sur le terrain à ce moment là. Pas d’importance. C’est un match de 48 minutes. La soirée était encore longue et il restait une seconde mi-temps serrée. Ca ira.
A la mi-temps je me suis assuré d’être prêt pour le reste du match, je volais à l’échauffement, je pense que j’ai même passé un windmill. Peut-être que vers la fin du troisième quart j’allais jouer, au moins pour permettre à Bruce Bowen de respirer. Non, ça n’est pas arrivé. C’était un match très serré dans le quatrième quart, et Pop ne s’est jamais plus retourné. Fin du match. Défaite. Pas de MJ. Pas de belle histoire à raconter. Mauvaise fin d’année 2002. Vous vous dites peut-être ‘Relax man! Il y a un autre match contre eux à San Antonio. Quand tu seras finalement en bonne santé tu pourras jouer.’ Yeaahhh…Non! Les Wizards étaient venus à San Antonio deux semaines avant ça, quelques jours après que je me blesse à la cheville. Il n’y allait pas y avoir d’autre match MJ-MG.
Afin de m’assurer que ma mémoire n’exagérait pas, je suis allé sur basketball-reference pour voir ça. Je suis allé sur cette date et j’ai trouvé le boxscore. Je voulais me convaincre que ce n’était pas aussi mal que dans mon souvenir.
Attendez, attendez, j’ai joué une minute ! Mieux que je le pensais ! De plus j’ai même pris un shoot. Peut-être que c’était un bon shoot, probablement un “in and out”, puis une bonne grosse défense et voilà. Mais je voulais en savoir plus, je suis allé voir le play by play.
Mauvaise nouvelle. J’ai en fait joué 5.2 secondes et j’ai fait un airball sur un shoot à trois points très longue distance. Maintenant je m’en rappelle. MJ était sur le terrain, mais de l’autre côté, défendu par Bruce Bowen (bien sûr). Pop a vu qu’ils allaient jouer petit et ne voulait pas que Tim Duncan prenne sa troisième faute.
Je sais que cette histoire n’est pas si terrible que ça, mais en tant que rookie j’espérais que ce soit un grand match. Je n’ai eu qu’une chance de jouer face au gars qui était sur mon poster. Ce poster en taille réelle qui me regardait tous les soirs quand j’étais gamin et que j’allais au lit, et qui me poussait à devenir meilleur.
Il y a quelques jours mes deux fils jumeaux, Dante et Nico, 6 ans et demi, m’ont demandé qui était Michael Jordan. Donc je leur ai montrés qui il était et je leur ai montrés quelques highlights mémorables sur Youtube. Et je leur ai demandés ‘Est-ce que vous savez qu’une fois j’ai joué contre lui ?’ Puis je leur ai racontés cette histoire pendant que leurs yeux s’écarquillaient de plus en plus.