Analyse : Comment les équipes limitent l’impact défensif de Kawhi Leonard de façon extrêmement simple ?

Avec un bilan de 21 victoires pour 5 défaites, on ne peut que se dire que tout va bien à San Antonio, même si l’équipe ne tourne pas encore à plein régime. Il y en a un qui marche très fort depuis le début de l’exercice, c’est Kawhi Leonard. Le double défenseur de l’année fait un gros début de saison, mais Matt Moore de CBS Sports a remarqué quelque chose de très étrange à son sujet concernant la défense.

Pour commencer, en terme de Defensive Rating, les Spurs ont, depuis quatre saisons, toujours été dans le top 5 des équipes NBA. 4e pour le moment, ils dominaient la ligue dans ce domaine la saison passée. Voici pour commencer ce Defensive Rating en fonction des joueurs quand ils sont sur le banc ou sur le parquet.

Incroyable non ? C’est quand Kawhi Leonard est sur le parquet que les Spurs encaissent le plus de points en moyenne pour 100 possessions. A noter également, que les adversaires directs de Leonard shootent 3.8% de mieux qu’à leur habitude lorsque le double meilleur défenseur de l’année conteste leurs shoots. What ? Est-ce que cela veut dire qu’il y aurait un problème avec ces stats analytiques ? Peut-être pas. Et cela ne veut pas dire que Leonard est un mauvais défenseur pour autant. En tout cas, ce phénomène ne semble pas dû aux joueurs avec lesquels il joue comme l’explique le prochain tableau (le premier des deux) : on voit bien qu’à chaque fois, les joueurs des Spurs ont un plus mauvais Defensive Rating quand Leonard est à leurs côtés que lorsqu’il ne l’est pas. Ce ne sont donc pas ses coéquipiers qui le tirent vers le bas. De plus en plus étrange…

Essayons d’expliquer ça en reprenant la victoire des Bulls face aux Spurs de vendredi dernier. Après le premier quart-temps Jimmy Butler (défendu par Leonard) en était à 0 sur 3 au tir alors que ses 4 coéquipiers cumulaient un 10 sur 17. Rien à redire du côté de l’ailier de San Antonio ! Par contre ses quatre coéquipiers pourraient être à blâmer. Intéressons-nous à ce qu’il s’est passé pendant ce match.

Première action du match :

Jimmy Butler s’écarte et semble presque se désintéresser du jeu. Les Bulls attaquent alors en 4-contre-4 et forcent alors les autres Spurs à défendre sans leur meilleur joueur dans ce secteur : deux points !

Peu de temps après, même chose :

Encore un peu plus tard, pareil :

En fin de match, malgré une mauvaise performance de Jimmy Butler (4 sur 14 au tir et 3 balles perdues), les Bulls affichaient un très bon Offensive Rating de 107 (ils tournent à 104 cette saison) lorsque Butler et Leonard étaient ensemble sur le terrain. Et pourtant, ce n’est pas Butler qui a le plus scoré ! Ainsi, les Bulls ont trouvé un moyen de neutraliser l’impact défensif de Kawhi Leonard et ils l’on fait tout le match en laissant énormément de ballons d’attaques à un Dwyane Wade qui s’est fait plaisir en 4-contre-4. Mais faut-il absolument avoir un joueur comme Wade pour employer cette stratégie face aux Spurs ? Et bien non. Retour il y a une quinzaine de jours lors d’une rencontre face au Magic. Au début du match, Leonard défendait sur Aaron Gordon (seulement 1 sur 5 dans le premier quart-temps lorsque seul Leonard a défendu sur lui).

Première action Evan Fournier se régale pendant que Gordon éloigne Leonard de l’action.

Deuxième action, c’est au tour d’Elfrid Payton.

Besoin d’un nouvel exemple ? Regardez ces deux actions face aux Wizards :

En prenant en compte le fait que la plupart du temps, Leonard est sur le terrain avec Tony Parker et Pau Gasol qui sont loin d’être les meilleurs du monde pour défendre sur pick-and-roll, vous avez l’explication. De plus, difficile de faire défendre Kawhi Leonard sur un intérieur adverse qui lui, ne l’écarterait pas de l’action. Si son envergure est impressionnante, il manque de force et de taille pour défendre sur des big men. Solution à oublier donc ! Ne pas mettre Kawhi Leonard sur le terrain parait également absurde.

Travailler la défense sur pick-and-roll sans Leonard semble donc essentiel pour coach Pop afin d’éviter ces déconvenues devenues de plus en plus fréquentes. Le choix des lineups semble également essentiel pour Gregg Popovich : par exemple Patty Mills et Dewayne Dedmon défendent très bien sur pick-and-roll et cela pourrait leur offrir certaines précieuses minutes en playoffs.

Les Clippers par exemple pourraient être un match-up difficile : Leonard n’est pas assez puissant pour défendre sur Blake Griffin et pourrait avoir des problèmes. En le plaçant sur J.J. Redick, ce dernier aurait la solution de s’écarter et dans ce cas-là Chris Paul pourrait se régaler dans sa spécialité qu’est le pick-and-roll en gavant de ballons ses deux intérieurs au jeu très vertical.

Popovich a encore quatre mois devant lui pour trouver des solutions. Et si rien n’est inquiétant pour le moment, cela pourrait vite le devenir en fin de saison. Affaire à suivre…

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