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[Reportage] « J’en ai encore mal », au cœur de la rivalité physique entre Boston et Washington

Basket-Infos s’est rendu au TD Garden pour interroger les acteurs d’une série qui a pris une tournure physique insoupçonnée – et relativement rare dans la NBA actuelle. Une rivalité en naissance ?

« Vous m’avez vu me déplacer, vous m’avez vu monter sur le podium ? Voilà, je porte encore les traces de cette époque… ». Les souvenirs de guerre de Scott Brooks joueur, qui remontent de 1988 à 1998, ne font pas dans la dentelle. « Charles Oakley avait une règle anti lay-up même au training camp ! », se rappelle celui qui est devenu entraineur depuis. Une manière de remettre les coups que s’échangent ses Wizards et les Celtics dans leur contexte historique, sans pour autant chercher à les minimiser complètement. « C’est une série physique, on se donne des coups, oui, plus que ce qu’on a l’habitude de voir aujourd’hui », acquiesce le coach de l’année 2010. Marcin Gortat en porte d’ailleurs les traces. Assis dans le vestiaire visiteurs une petite heure avant le début, il tend son bras vers un soigneur, qui vient se pencher sur son triceps, balafré d’une coupure bien profonde, longue de presque 10 centimètres. « C’est un petit cadeau qu’ils m’ont laissé la dernière fois… », nous lance-t-il. Avec un regard certes moins intimidant que « le chêne » des Knicks version 90s, mais qui ne donne pas envie de se frotter au marteau polonais sur le parquet ce mercredi soir, tant on sent qu’il veut rendre les coups.

C’est pourtant plutôt de son camp qu’ils sont venus, dès le match 3, afin de remonter les deux premiers matchs perdus. Une tactique qui a fait ses preuves à la maison, leur permettant de remporter les deux suivants. Côté Celtics, on a peu goûté cette approche. Avery Bradley avait notamment prévenu les arbitres, du haut de son mètre 88 : « si vous ne faites pas attention sur les écrans de Gortat, je vais lui défoncer sa race la prochaine fois ! ». Un exemple parmi d’autres de joueurs remarquant le changement de donne, exacerbé lorsque Kelly Oubre Jr envoya Kelly Olynyk goûter du parquet, ce qui lui valu une suspension au match 4. Mais pas suffisant pour éteindre l’incendie, les C’s étant déterminés à jouer des coudes (si possible vers les côtes adverses). « Les arbitres ne laissent pas qu’une équipe jouer physique », lançait ainsi Marcus Smart.

Le public bostonien, le grain de sel en plus

Au Game 5, remporté par les locaux, le ton fut donné d’entrée de jeu, et la rouste infligée dès les 6 premières minutes. Washington ne s’en est ainsi pas remis, n’inquiétant jamais Boston (101-123 score final). Ce n’était pourtant pas une surprise : « ils vont jouer dur ce soir, ils vont mettre des coups », prévenait John Wall quelques heures avant le coup de sifflet. « C’est une des choses qui ont fait la différence », confirmait Jae Crowder (avec une meilleure attention au pertes de balle, ajoutait son coach Brad Stevens, louant aussi l’investissement physique de son effectif). Au bonheur des fans. « Toutes les équipes qui ont bien joué ici avaient cette dimension physique, peu importe le niveau de talent, que ce soit le Big Three et Rondo ou ce roster », témoigne Daji, season ticket holder depuis 12 ans. Et si les supporters ne peuvent pas se joindre au grabuge, ils n’hésitent pas à balancer leurs insultes façon déluge, par exemple ce « F…-you Ou-bre » qui dégringola des gradins, lorsque le natif de la Nouvelle Orléans se présentait sur la ligne des lancers-francs. « Il y a un truc qui se passe contre cette équipe, on va les traiter encore plus durement », expliquait Andy, qui soutient lui aussi ses hommes en vert depuis plus de dix ans. Sachant que le public du TD Garden est déjà un des voire le plus intense et bruyant de la ligue…

« C’est vrai que l’on ne s’aime pas », nous confirmait Bradley Beal, loin d’être le joueur NBA qui verse le plus dans l’agressivité d’habitude. « C’est normal en playoffs ! On ne les aime pas, ils ne nous aime pas, ça arrive souvent ». Ian Mahinmi, qui a eu une riche expérience en la matière au sein des Spurs, Mavericks et Pacers, souhaite peut-être atténuer l’ampleur de la situation, mais reconnaît que l’ambiance favorise un contexte particulier. « C’est une salle dure à jouer, ça ne fait pas plaisir quand tu es dans l’équipe adverse de venir ici (…) il y a l’histoire du building, de la franchise – et le public est vraiment chaud ». Entre ces aspects physique, public et historique, peut-on donc parler de rivalité ? « Normalement, il faut que l’on se joue plusieurs fois, sur plusieurs années, pour que cela se mette en place. (pause) Mais il y a tous les éléments », juge le Français. Affaire à suivre, d’autant que les deux équipes devraient rester dans les hauteurs de la conférence Est ces prochaines années. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit l’histoire se former, avec une dimension que l’on annonçait parfois disparue. Même si historiquement, on est loin des heures les plus physiques du jeu.

Antoine Bancharel, à Boston

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