Stephen Curry raconté par 3 de ses mentors pré-NBA dont Bob McKillop, sans qui sa carrière aurait pu passer à la trappe
Shonn Brown, son coach de lycée (Charlotte Christian School), Chad Fair, son professeur de théâtre (année senior) et Bob McKillop, son coach à Davidson, tous ont participé à leur manière au développement de ce qu’est aujourd’hui Stephen Curry sur et en dehors du terrain. Brown lui a apporté la vision, Fair l’esprit et McKillop la responsabilisation.
« Ils m’ont tous façonné. J’ai pris des morceaux de leurs caractéristiques respectives et je les ai ajoutés aux miennes. Avec toutes les attentes et le ‘drama’ qu’impliquent la NBA, vous pouvez parfois vous perdre. C’est une sorte de bulle. Ils me donnent une perspective nouvelle. Ils sont comme des capsules temporelles, vous pouvez les ouvrir et puiser dedans. Je ne sais pas vraiment ce que ça me fait mais je sais que c’est important. Je sais que j’ai besoin de garder ça en moi » Stephen Curry
La vision
Aux États-Unis, les équipes sportives principales au sein des lycées sont appelées « varsity » et regroupent habituellement des juniors (équivalent de la 1ère) et des seniors (équivalent de la terminale). Les sophomores (équivalent de la 2nde) et les freshmen (équivalent de la 3ème) jouent eux en « junior varsity ». Sauf si parmi ces derniers, certains ont le niveau et sont recrutés pour rejoindre l’équipe « varsity ». Cela aurait pu être le cas de Stephen Curry, maigrichon mais déjà talentueux, si son coach de l’époque, Shonn Brown, n’y avait pas mis son veto.
« On voulait qu’il mène l’équipe JV (junior varsity) pour que l’année suivante, il soit prêt. Pour rendre la transition pour facile, afin qu’il développe sa confiance pour mener le groupe. S’il avait été dans l’équipe varsity dès sa première année, il aurait eu des minutes ici et là. Mais est-ce que cela l’aurait aidé ? On voulait qu’il joue un rôle majeur. On a beaucoup parlé de l’héritage qu’il laisserait à Charlotte Christian. De ce que c’était que d’être un homme. On a appelé ça le salut et le sacrifice. Maintenant regardez les sacrifices qu’il fait avec les Warriors et comment il gère sa vie à la maison. » Brown
« Il m’a vu quand j’avais 14, 16, 18 ans, et ce sont des années intéressantes. Il m’a donné une vision de ce que je pouvais faire dans la vie, et pas seulement dans le basket » Stephen Curry
L’esprit
La première rencontre de Chad Fair avec Stephen Curry aurait vite pu tourner au vinaigre. Venant tout juste de déménager à Charlotte en provenance de Floride, le professeur de théâtre n’est pas familier avec la carrière de basketteur de Dell Curry, et encore moins avec son fils. Lors du premier jour de classe pendant l’appel, il prononce mal le prénom de l’actuel double MVP en titre : Steven au lieu de Stephen. La classe rit mais ne prend pas Fair à partie. L’homme est impressionné par l’humilité de celui qui pourrait se la jouer star du campus.
« Les profs essaient toujours de jauger une classe. Ils essaient de voir quels élèves vont toujours être de leur côté, lesquels ne le seront jamais et lesquels sont au milieu. Stephen a toujours été de mon côté. Il ne s’est jamais comporté comme le ‘big man du campus’ » Chad Fair
Peu après la remise des diplômes, Curry demandera d’ailleurs son ex-prof (de 8 ans son aîné) en ami sur Facebook.
« Impossible de passer une mauvaise journée avec lui. Il trouve du positif dans tout » Stephen Curry
Et lorsque après sa draft, il a participé à un événement appelé ‘Derrière chaque personne connue se cache un fabuleux prof’, c’est Fair qu’il a choisi. En février dernier, Fair et sa famille ont fait 4h de route pour assister à un match de Golden State à Atlanta. Après le match, Curry a passé 20 bonnes minutes à discuter (et surtout rire) avec eux dans le tunnel de la Philips Arena. Comme il l’aurait fait avec sa propre famille.
« Il n’a aucune raison de rester en contact avec moi. Je suis toujours choqué quand il répond à mes sms. Je n’oublierai jamais le jour où il m’a demandé ‘Je peux vous appeler Chad ?’ Je vois sa vie du point de vue d’un gars normal. Pour moi il n’est pas SC30. » Fair
La responsabilisation
« Il faut se rappeler qu’il vit sa vie et qu’il joue au basket avec joie. Lors des dernières Finales, quand il balance son protège-dent, ce n’était pas de la joie. Et on en a parlé. C’était les démons. Plus vous montez haut, plus il y a de démons pour perturber votre parcours » McKillop
« Une fois que vous lui avez parlé, vous avez l’impression que vous pouvez être capable de tout » Stephen Curry
À l’été 2005, Curry, alors bientôt senior au lycée, participe à un tournoi AAU à Las Vegas. Le match auquel il participe regroupe des recrues de second rang et ne se déroule pas dans la salle principale. McKillop, qui s’intéresse de près à lui (le campus de Davidson n’étant situé qu’à 20 miles de Charlotte), est présent.
« Tous les gros joueurs étaient sur le terrain principal. Le match de Steph c’était comme le match JV, je regarde et il en est à 9 ballons perdus. Neuf ! Mais ce que j’ai remarqué c’est qu’il n’a jamais arrêté de défendre, il ne s’est jamais plaint à ses coéquipiers ou aux arbitres. Il courait vers le banc en regardant le coach (Dell Curry) dans les yeux, et il revenait pour l’action suivante. Il vivait dans le présent. Il n’a jamais laissé une erreur influencer ce qu’il allait faire ensuite. Il a une capacité incroyable à faire ça » McKillop
Un an et demi plus tard, Curry joue son premier match d’université contre Eastern Michigan. À la mi-temps, il compte 8 ballons perdus et son équipe est menée de 16 points. McKillop songe à le bencher avant de repenser à ce qu’il avait vu à Las Vegas.
« On a parlé de sortir Stephen à la mi-temps avec les coachs. Il nous tuait. Mais je me suis souvenu de ce tournoi de Las Vegas et de sa capacité à vivre dans l’instant. On l’a laissé » McKillop
Curry signe 13 points en seconde mi-temps et Davidson finit par s’imposer.
« On a gagné parce qu’il est resté dans le lineup. Ça lui a donné confiance. C’était un moment clé pour lui » McKillop
Le jour suivant, il plantera 32 points contre Michigan et la machine était lancée.
« Je me moque toujours gentiment de lui à propos de ce premier match, de son double-double, avec 15 points et 13 turnovers » McKillop
via Mercury News