Kevin Love s’ouvre à son tour : « J’ai fait une crise de panique »
Le joueur des Toronto Raptors DeMar DeRozan s’est récemment ouvert à propos de ses soucis de dépression et l’ailier fort des Cavaliers Kevin Love a lui aussi décidé de prendre la parole suite aux confidences du Raptor.
« Une des raisons pour laquelle je veux écrire ceci c’est que j’ai lu les propos de DeMar la semaine dernière. J’ai joué contre lui pendant des années, mais je n’aurais jamais pensé qu’il serait en proie à ce genre de problèmes. Cela fait vraiment réfléchir sur la manière dont nous nous baladons tous avec des soucis sans rien dire. Parce qu’en en parlant, DeMar a probablement aidé des gens, et probablement beaucoup plus que ce que nous pensons, à se sentir mieux. » Kevin Love.
Les déclarations de DeMar DeRozan ont visiblement fait écho à une expérience qu’a vécu le joueur de 29 ans.
« Le 5 novembre, juste après la mi-temps d’un match contre les Hawks, j’ai fait une crise de panique. Nous étions à domicile contre les Hawks, le 10ème match de la saison. J’étais stressé à cause de problèmes familiaux et ne dormais pas bien. Sur le parquet, je pense que les attentes qui pesaient sur nous couplées à notre mauvais départ me pesaient. C’est sorti de nulle part, je n’en avais jamais eue auparavant. Je ne savais même pas si ça existait vraiment. Mais elles sont aussi réelles qu’une entorse de la cheville ou une main cassée. Depuis ce jour, tout ce que je pensais savoir de ma santé mentale a changé. » Kevin Love.
Le joueur explique ensuite avoir su que quelque chose n’allait pas dès le début de l’échauffement. Pendant un temps mort, son cœur battait plus vite qu’à l’accoutumé et il avait du mal à retrouver sa respiration. Love n’entendait pas vraiment ce que disaient les coachs et se sentait incapable de reprendre le match. Il a couru dans les vestiaires dès la fin du temps-mort pour se calmer.
Il est ensuite allé à l’hôpital, accompagné par un membre du staff et a passé des tests qui se sont tous révélés négatifs.
« J’étais de retour pour le match suivant contre les Bucks deux jours plus tard. Nous avons gagné et j’ai marqué 32 points. Je me rappelle que j’étais soulagé d’être de retour sur un terrain et je me sentais enfin moi-même. Mais je rappelle également avoir été encore plus soulagé que personne n’ai su pourquoi j’ai quitté le match. Certains dans l’organisation le savaient, mais la plupart l’ignoraient et personne n’a rien écrit à ce sujet. »
Love a ensuite évoqué la pression sociale pesant sur les jeunes garçons.
« Je le sais car je l’ai vécu, en grandissant, on se rend très vite compte comment un garçon est supposé se comporter. On apprend ce qu’il coûte « d’être un mec ». C’est comme un playbook. « Sois fort, ne parle pas de tes sentiments, règle ça tout seul. » Donc pendant 29 ans de ma vie, j’ai suivi ce playbook. Et je ne vais probablement rien vous apprendre, mais ces valeurs sont tellement ordinaires qu’elles sont partout, et invisibles en même temps. Elles nous entourent comme de l’air ou de l’eau. Elles ressemblent beaucoup à l’anxiété ou à la dépression sur ce point. Donc pendant 29 ans, je voyais les problèmes de santé mentale comme ceux des autres. Bien sûr, je savais que certains allaient mieux en parlant, mais je ne pensais pas que c’était mon cas. À mes yeux, c’était une forme de faiblesse qui aurait pu me coûter mon succès sportif ou me faire paraître bizarre et différent. Mais ensuite est venu la crise d’angoisse. »
Love explique ensuite avoir pris rendez-vous avec un psychiatre avec l’aide des Cleveland Cavaliers, lui qui rigolait à cette idée lorsqu’il avait 21 ans et que les discussions qu’ils avaient l’aidaient beaucoup. Depuis ce jour, il le rencontre régulièrement.
« Les problèmes psychologiques ne sont pas juste un problème d’athlètes, tout le monde peut avoir à y faire face. Ce qu’on fait pour vivre ne nous définit pas. Peu importe les circonstances, on porte tous en nous des choses qui nous blessent et qui peuvent nous faire encore plus mal si on les garde enfouies en nous. Ne pas parler de ce qui se passe en nous nous empêche de savoir qui nous sommes réellement. Donc si vous lisez ceci et que vous avec des problèmes, petits ou grands, je veux vous rappeler qu’en parler ne vous rend pas bizarre ou différent. Au contraire. » Kevin Love.