Joel Embiid : « Premier scrimmage, je me suis fait dunker dessus tellement fort par Tarik Black que j’ai failli tout abandonner »
Joel Embiid n’a pas toujours été le big man confiant que l’on connaît aujourd’hui. Lors de son arrivée à l’université de Kansas en 2012, il s’est même vu arrêter le basket lorsqu’un certain Tarik Black l’a affiché devant tout le monde sur un dunk :
« Quand j’avais 16 ans, Luc Mbah a Moute m’a invité au camp de basket qu’il organise chaque été au Cameroun. La seule raison pour laquelle je l’étais, c’est que je faisais 2,08m. J’étais tellement nerveux et que je ne suis même pas venu le premier jour. Le deuxième jour, je suis venu, on m’a fait entrer en jeu et j’ai dunké sur tout le monde. Je crois que j’avais tellement peur que mon adrénaline a pris le dessus ou quelque chose comme ça. Dès le premier match. J’étais quand même nul, mais ça suffisait. Ils pouvaient voir quelque chose en moi. J’ai eu un spot pour Basketball Without Borders en Afrique du Sud. Deux mois plus tard, j’étais dans un avion pour la Floride, pour entrer au lycée aux États-Unis.
Un an plus tard, je m’engageais à Kansas. Je ne savais même pas ce que c’était que la March Madness. Ni quelles étaient les bonnes équipes. La seule raison pour laquelle j’ai choisi Kansas c’est parce que Luc m’a dit : ‘c’est la meilleure, tu devrais aller à Kansas’. Donc je suis allé à Kansas.
Lors de mon tout premier scrimmage, je me suis fait dunker dessus si violemment par Tarik Black que j’ai failli tout abandonner. Tarik m’a dunké dessus tellement fort que je regardais sur internet les billets d’avion pour rentrer. C’était un senior. C’était déjà un homme bien costaud. Je n’ai rien compris. Il a pris son propre rebond et m’a dunké dessus tellement fort que tout s’est passé en slow motion. J’ai pris le ballon sur la tête. Mais ce n’était même pas le pire. Le pire c’est que l’intégralité de l’équipe féminine de basket de Kansas regardait. Toute la salle se foutait de moi. C’était fou.
Donc je suis allé dans le bureau de Bill Self en lui disant : ‘Je ne peux pas jouer avec ces gars, il faut me redshirt (ne pas le faire jouer un an pour préserver une année d’éligibilité)’. Et Bill m’a dit : ‘Quoi ? T’es sérieux ? Dans deux ans tu seras n°1 de la draft’.’ Mais on m’avait dit que tous ces coachs d’université mentaient, donc je croyais qu’il disait ça pour me faire plaisir. Dans ma tête je me disais bon, je vais juste continuer à venir et au moins j’aurai un diplôme à la fin, ma mère sera contente’.
La seule chose qui m’a poussé à continuer c’est l’éducation de mes parents. Ils nous ont toujours dit de continuer à travailler quoi qu’il arrive. J’avais un DVD que mon coach au Cameroun m’avait envoyé. Une heure d’Hakeem Olajuwon et de quelques big men légendaires. J’ai dû regarder ce DVD tous les jours pendant trois ans. J’étudiais la façon dont Hakeem se déplaçait et j’essayais de l’imiter. Je l’ai fait au lycée, et je l’ai fait à Kansas. En gros je m’imaginais être un bon joueur. Le pouvoir de l’esprit est incroyable. J’étais nul. Mais je me suis convaincu que j’étais Hakeem. Et j’ai commencé à progresser, progresser. Je suis sérieusement arriver en NBA en regardant des vidéos sur YouTube et en vivant à la salle. Quand KG gagne son titre avec les Celtics et qu’il crie ‘ANYTHING IS POSSIBLLLLLLLLLLLLLLE!!!!!!!’, ça me parle. C’est ma vie. C’est arrivé tellement vite que ça n’a pas de sens. » Joel Embiid via Players’ Tribune