La touche Antoine

Drogues & NBA : 20 histoires stupéfiantes !

Michael Ray Richardson; Crédit: NBAE/Getty Images

Un tour d’horizon tragi-comique à souhait… Les drogues dures sont à l’honneur, avec quelques détours par l’alcool et la fumette. Attention : langage parfois fleuri.

D’après le chroniqueur-auteur Bill Simmons, à la fin des années 70, « personne ne se rendait compte du problème de la coke et la NBA en a souffert. Personne ne savait, jusqu’à ce que David Thompson tente de sniffer la ligne des lancers-francs ». La blague est bonne, mais pas si loin de la réalité…

Star encore plus grande que Julius Erving an ABA, « Skywalker » eu de multiples problèmes avec la coke, qui ont absolument ruiné son passage en NBA. Une rixe lui coûta même une blessure aux ligaments et sa carrière, via une chute dans les escaliers du Studio 54 – une boite de nuit new yorkaise devenue mythique dans les années 70. Son influence (sans jeu de mot), même si peu connue du grand public aujourd’hui, reste majeure. La preuve ? Michael Jordan le choisit pour faire son introduction au Hall of Fame…

En 1980, juste avant les finales NBA, le Laker Spencer Haywood tomba dans les pommes pendant les étirements, après avoir abusé de la coke… Il manqua la série face aux Sixers, que Los Angeles remporta quand même.

Dans une anecdote devenue célèbre, Haywood avait même engagé un tueur à gage pour exécuter son coach, qui l’avait remercié. On peut surtout remercier le ciel que l’intérieur se soit ravisé ensuite ! Dans son autobiographie Rise, Fall, Recovery, il lâche même : « Je quittais le Forum cette nuit-là au volant de ma Rolls avec une seule pensée en tête : Paul Westhead doit mourir ». Culte.

Le General Manager d’Atlanta dans les 80s, Stan Kasten, estimait que 75 % des joueurs s’adonnaient à différentes drogues ! Il faut dire que son ailier, Eddie Johnson, avait volé une Porsche, sauté du deuxième étage d’un appartement attaqué par des dealers, s’était fait arrêter deux fois pour possession d’arme à feu et possession de drogue… jusqu’à ce que les Hawks le placent de force en hôpital psychiatrique. Apparemment, il préférait les psychotropes.

 

20 à 30 % des joueurs sous cocaïne ?

Buck Williams, rookie de l’année en 1981-82, était surpris de constater qu’en fait, « seulement » 20 à 30 % des joueurs avaient le nez dedans, selon sa propre observation… Ça fait quand même un peu beaucoup, non ?

Oakland était alors vue comme la capitale de la cocaïne en NBA. Mike Fratello, coach d’Atlanta, avait même décidé de garder les Hawks deux jours de plus à Los Angeles, avant d’affronter les Warriors. Pourquoi ? « Je préfère qu’ils baisent jusqu’à la mort à L.A. plutôt que de passer une nuit à Oakland »…

Le Big Three de la cocaïne : les coéquipiers John Lucas II, Mitchell Wiggins et Lewis Lloyd, qui avaient quand même réussi à se hisser en finales cette année-là, testèrent tous les trois positifs l’été suivant…

Chris Washburn, projeté comme une future grande star, n’arriva même pas à tenir 3 mois en NBA. Il entra en cure de désintoxication pour des problèmes de coke le 28 janvier 1987…

Cette draft fut particulièrement toxique. Len Bias, la plus grande tragédie de toute l’histoire de la NBA, choisi en 2ème position en 1986 par les Celtics, décéda 48 heures plus tard d’une overdose à la coco… (Les répercussions sont tellement immenses qu’on y dédiera un article complet ces prochains jours).

 

Len Bias lors de la draft; Crédit: AP Photo/Isaac Brekken

1986, l’année maudite

Toujours en 1986, Michael Ray Richardson est banni de la NBA après 3 tests positifs. En 1988, il obtient une seconde chance mais est exilé à nouveau, pour deux nouveaux contrôles positifs à la « neige ». Quand on regarde ses chiffres en carrière (15 points, 7 passes, 5.5 rebonds et 2.6 interceptions) ou sa meilleure saison (20 points, 8.2 passes, 5.6 rebonds et 3 interceptions en 1984-85), quel gâchis…

Au début des années 90, Chris Herren, star d’un lycée du Massachussetts  qui réalisa son rêve de jouer pour les Celtics, vira vite au cauchemar, via différentes drogues. Il finit même par faire une overdose, dont il s’est heureusement relevé. Aujourd’hui, il œuvre dans des séminaires de prévention.

Entre 1990 et 1991, Roy Tarpley – drafté comme Washburn en 1986 (décidément, quel millésime !) – réussi l’exploit de se faire attraper pas moins de trois fois, dont deux fois au volant. On laisse à Jerry West le mot final. Quand « le logo » apprend la nouvelle d’une des mésaventures de Tarpley, sa réaction est tout simplement géniale : « Whatever happened to pussy? » (en gros : ça ne suffit plus de niquer ?).  Ah, les bonnes valeurs d’antan !

Les années 90 verront deux autres expulsions : en 1994, Richard Dumas, suivit en 1999 par Stanley Roberts.

Pendant la saison à 72-10 des Bulls, Phil Jackson fit observer à l’équipe un moment de silence après le décès de… Timothy Leary. Qui ça ?! Professeur à Harvard et considéré comme un gourou de la drogue, Leary était notamment connu pour ses expérimentations avec le LSD. Sacré Phil !

On sait que le Zen Master toucha à quelques drogues durant sa carrière de joueur aux Knicks, notamment la marijuana. Mais on notera que son propre coéquipier, Bill Bradley, n’hésita pas à le révéler, entre les deux three-peats des Bulls. Pourquoi ? Parce qu’il avait été élu sénateur du New Jersey depuis – et fut même l’opposant le plus sérieux à Al Gore lors de la primaire démocrate en 2000. Bradley ne voulait pas se retrouver à jouer les hypocrites, comme Bill Clinton (qui pour essayer de louvoyer avait déclaré avoir fumé un joint, en ajoutant qu’il n’avait « pas avalé la fumée »). Reste à savoir pourquoi l’ex-Knick avait-il besoin de dénoncer au passage son ami, devenu entraineur et figure publique ? Peut-être parce que, la marijuana étant jugée beaucoup plus durement à l’époque, il avait besoin de légitimer son acte. Le fameux « je n’étais pas tout seul », teinté de « même un futur coach victorieux était avec moi ».

 

Chris Andersen; Crédit: Dustin Cohen

Chris Andersen, une exception

Keon Clark, numéro (fatidique ?) 13 de la draft en 2001, vit sa carrière dans l’Association se terminer en 2004. Pas étonnant, quand on sait, de son propre aveu, qu’il picolait dur depuis le lycée, n’avait jamais joué un match en état de sobriété et buvait même à la mi-temps…

On ne sait toujours pas ce qu’avait consommé Chris Andersen pour être expulsé en 2006. Vu la sévérité de la punition, l’oiseau a du s’adonner à au moins l’une des suivantes: meth, cocaïne, LSD, opioïdes, héroïne, morphine, codéine et/ou PCP. En tout cas, Birdman a réussi à relancer sa carrière, aux Nuggets puis au Heat. Un des rares cas de véritable réhabilitation sportive.

La plus belle histoire ? Caron Butler. L’arrière commença à dealer à… 11 ans ! Il fut l’objet de 15 arrestations avant même de souffler ses 15 bougies. On peut dire que le basket, dans lequel il s’est vraiment plongé lors d’un séjour dans un pénitencier juvénile, l’a vraiment sauvé. Il eut une carrière remarquable avec UConn, fut deux fois All Star en NBA et passera sa 15ème saison l’an prochain avec les Kings. On préfère ce 15 là.

Pour rester sur le même chiffre, en 2008, l’ex-Bull et Laker Corie Blount est arrêté en possession de 15 kg de beuh… Ça fait quand même beaucoup de spliffs !

Et la palme tragi-comique revient à… Lamar Odom. L’ailier s’est quand même retrouvé à faire une overdose dans un bordel en octobre 2015 ! Et dire qu’on pensait qu’il ne pourrait pas tomber plus bas, après avoir fréquenté les Kardashian. Quoique, y’a débat.

Au passage, le dealer supposé de Lamar Odom affirme que la star déchue avait acheté pour 16 000 dollars de cocaïne le 10 février 2013. Il en aurait même fumé avant un match contre les Knicks…

En dehors de la NBA, Jack Riley, numéro 2 de la DEA – qui est passionné par le basket et coach une équipe de jeunes – s’inquiète énormément de l’épidémie actuelle d’héroïne parmi les jeunes athlètes, qui tombent souvent dedans après l’usage d’anti-douleurs. Il faut dire que ceux-ci sont beaucoup plus chers que la dose d’héro, qui tournerait à 5 dollars dans certaines zones des Etats-Unis…

Note : plusieurs ouvrages ont servi à ces recherches, dont The Book of Basketball, de Bill Simmons ; Dream Team, de Jack McCallum (disponible en français ce 8 juin !) et In the Year of the Bull, de Rick Telander, parmi d’autres sources.

 

Antoine Bancharel, à New York

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