[Interview] Jimmy Butler : « Jamais j’allais lâcher ce tir ! »
Encore clutch, Jimmy Butler a offert le tir de la gagne aux Sixers sur le parquet de Brooklyn. Un épisode similaire au match contre Charlotte, et qui en dit surtout long sur son intégration à Philadelphie. Basket-Infos a pu participer à l’entretien post-match.
Jimmy, peux-tu nous faire vivre un peu ce dernier tir pour la gagne ?
(Il pousse une grosse expiration de gratitude) Encore une superbe action préparée par le coach ; mes coéquipiers qui me trouvent pour non seulement me donner le ballon, mais aussi me faire confiance pour mettre ce tir ; ensuite j’ai pu me placer exactement où je voulais le prendre, puis c’est rentré !
JIMMY BUTLER ARE YOU KIDDING ME!? https://t.co/TslSdPq8UP
— Philadelphia 76ers (@sixers) November 26, 2018
C’était quasiment le même que face à Charlotte.
Oui ! J’en avais pris pas mal depuis cet endroit la nuit précédente, aussi. J’étais allé à la salle pour en prendre, en me disant que si on se retrouvait encore dans cette situation, une fin de match serrée, j’irai le prendre de là aussi. C’est mon « spot », si je prends le tir de là, je vais en mettre pas mal !
Après Charlotte, Jimmy Butler a encore frappé mais cette fois-ci du côté de Brooklyn. Clutch. #HereTheyCome https://t.co/AOBbOFlHii
— 76ers France (@FR_Sixers) November 26, 2018
Où étais-tu allé shooter hier ?
A Villanova.
Combien environ ?
Beaucoup ! Je ne tiens pas vraiment un compte du nombre total. Mais je dois faire à peu près 20 positions différentes sur le terrain, avec peut-être 50 tirs sur chaque, plus quelques lancer-francs et quelques touches en plus. Une autre journée au bureau quoi ! Je m’arrête quand je me sens en confiance. Surtout après du un-contre-un. C’est en un-contre-un que j’emmagasine la confiance.
« La cheville ? Des soins, du repos et du vin ! »
La cheville allait bien donc ?
J’ai encore un peu mal, mais ça va. On a deux jours de repos, je vais faire quelques soins et y aller mollo, et boire un peu de vin, aussi (sourire) !
Ce dernier ballon, c’était forcément pour toi ?
Ç’aurait pu venir de n’importe qui. Ils me font confiance, mais je leur fais confiance aussi. Ce sont d’autres joueurs qui nous ont fait revenir dans le match, avant ce tir (Philadelphie était mené de 13 points à moins de 5 min de la fin). Il y a eu Joël (Embiid) aussi, qui a fait cette action assez folle où il a jeté le ballon contre la planche avant de planter le dunk. Au final, mon tir n’était qu’une action parmi bien d’autres pour arriver à la victoire.
Even Jimmy Butler is laughing at Embiid's self alley-oop 😂 pic.twitter.com/HgCeYA0F7s
— ESPN (@espn) November 26, 2018
Il y a effectivement plusieurs grosses actions avant pour remonter au score…
C’est tout le monde ! « Sham » (Landry Shamet) a mis de gros tirs, Will (Chandler) a fait ce qu’il fait de mieux, JJ (Redick) a mis un tir super important aussi (un gros trois points pour finalement passer devant à 1’03 du terme). C’était vraiment un effort collectif. Joel, Ben (Simmons) et moi, on obtient beaucoup de crédit, parce qu’on est des gros noms, mais c’est un vrai effort collectif.
« Ici, tout le monde se sacrifie sur le terrain… »
Qu’avez-vous mis en place justement pour finalement contrer Brooklyn ?
On a commencé en étant beaucoup plus agressifs sur le porteur de balle (Brett Brown a expliqué qu’ils ont choisi de faire « Blitz » sur les pick-n-rolls, précisant qu’ils ne peuvent pas l’utiliser tout le temps à l’avenir, mais que ce sera fait plus régulièrement). On a mieux appliqué les systèmes aussi. Le coaching staff nous a vraiment tous mis dans de bonnes positions. Ça peut paraître simple, mais des fois ça ne tient qu’à ça. Au bout d’un moment, on a pris conscience qu’il fallait appliquer les consignes, et qu’il fallait défendre. Et c’est ce qu’on a fait.
Tes coéquipiers comme ton coach semblent vouloir te pousser à prendre de plus en plus de responsabilités…
Oui. Je crois que tout le monde m’y pousse en fait, pour être honnête. Ils me disent de me lâcher un peu plus, d’être plus moi-même, d’être un scoreur. J’essaie d’abord de m’adapter à cette attaque, à leur style, à leurs systèmes. Puis quand c’est le moment, prendre un tir, où créer mon shoot, ou même jouer en isolation, si c’est ce qu’il faut faire… Mais en même temps, je suis nouveau ici, donc j’essaie d’abord de m’adapter.
Eux aussi non ? Ils te laissent vraiment le champ libre sur ce tir en tout cas, non ?
En fait, c’est marrant, parce que quand j’ai commencé à me diriger de ce côté-là du terrain, ils savaient tous ce qui allait se passer (grand sourire) ! Donc il faut vraiment regarder toute l’interaction qui se passe avec les gars sur le terrain. On en avait même parlé avant, en fait : « C’est ce tir-là ! C’est ce tir-là qu’il va falloir sortit quand c’est chaud » ! J’espère qu’on ne devra pas l’utiliser trop souvent, mais en fin de match, comme ça, c’était super confortable, parce que tout le monde savait ce qui allait arriver.
« En NBA, une bonne attaque l’emporte sur une bonne défense »
Qu’importe la défense, si tu es bien sur cette position, ça rentre ?
(Il hoche de la tête de manière répétitive) C’est vraiment ça. En NBA, une bonne attaque va toujours l’emporter sur une bonne défense. C’est vrai pour la plupart des gars dans cette ligue. S’ils trouvent leur marque sur le terrain, c’est plié, ils vont la rentrer la plupart du temps. Si tu as juste ce qu’il faut pour apercevoir le panier, je dirais que ça rentre. Le plus souvent. Je ne connais pas les stats et tout ça, mais je dirais que ça rentre.
Tu te sacrifies aussi beaucoup sur le terrain, on l’a encore vu ce soir (il s’est jeté au sol pour obtenir un entre-deux dans le money-time).
J’ai toujours joué comme ça ! Toujours. Surtout en fin de match, quand les dès sont jetés. C’est là qu’on se sacrifie, physiquement, qu’on prend les risques. Et ici, dans ce vestiaire, tout le monde le fait (on peut y lire peut-être une pique adressée à ses anciens coéquipiers Andrew Wiggins et Karl Anthony-Towns…) ! Je ne suis plus sûr, mais je crois que c’est Ben aussi qui s’était jeté au sol pour récupérer un ballon qui allait sortir du terrain. Les gars le font constamment ici, et moi aussi.
« Je peux m’imaginer rester à Philly »
Après quelques mois difficiles, tu te sens bien dans cette équipe désormais ?
Je ne pense pas avoir eu une année difficile (grand sourire) !
Mais tu te sens comme à la maison ?
On verra quand il sera temps de vraiment évaluer ça, mais je me plais ici. Ça je peux vous le dire ! Mais je ne peux pas prédire l’avenir non plus. En tout cas, c’est un sacré vestiaire, un sacré staff et je peux m’imaginer rester ici à l’avenir, oui.
Juste pour finir, tu avais repéré un coéquipier démarqué, au cas où ça ne le ferait pas ?
(Enorme sourire, au bord d’exploser de rire) Noooon ! J’allais jamais la lâcher ! (Il hoche de la tête en signe d’affirmation) Cette balle allait partir en l’air mon gars ! Et coach a eu de la chance que les arbitres l’entendent quand il a demandé le temps-mort, sur l’action précédente, parce que celle-là aussi elle allait partir !!! (Il explose de rire puis, quelques secondes après, alors que les micros soient coupés, lâche : « I’m always gonna shoot that motherfucker ! »).
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à Brooklyn