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[Interview] Frank Ntilikina : « C’était la même chose à Strasbourg »

Après trois matchs sans jouer*, Frank Ntilikina se retrouve dans une situation inconnue et rare pour un huitième choix de draft l’année précédente, qui plus est dans une équipe pas franchement taillée pour gagner – même s’il paie sûrement son 0/3 et 0/5 aux deux derniers matchs joués (ou 3/17 sur les quatre derniers). Basket-Infos est allé le voir pour recueillir ses impressions.

*(Fizdale nous a assuré qu’il ne voulait pas le mettre dans du « garbage time » jeudi, mais qu’il le voyait toujours dans sa rotation sinon)

Frank, la situation est assez unique, pour un huitième choix de la Draft en général, et pour toi qui a toujours été en avance, même si tu restes l’un des plus jeunes joueurs de la NBA (19ème selon ce critère). Le vis-tu aussi comme ça, ou te rattaches-tu à quelque chose que tu as déjà vécu ?

Quand j’étais jeune à Strasbourg, et que je ne jouais pas forcément au début, c’était la même chose. Je devais me battre pour trouver du temps de jeu. L’âge pour moi ça ne comptait pas vraiment, j’étais un joueur à part entière. C’était la même chose. Aller à l’entraînement pour avoir du temps de jeu, pour essayer d’avoir la confiance du coach et de mes coéquipiers. Et montrer à tout le monde que je méritais d’être sur le terrain. Donc voilà, ce n’était pas l’âge à ce moment- là, ça ne va pas l’être non plus maintenant. Parce que la NBA, c’est la NBA.

Tu as tout de même commencé la saison plus sûr de toi, le statut de rookie dans le rétroviseur, donc on est en droit de se dire que tu ne t’y attendais pas…

Il faut s’attendre à tout ! Il faut s’attendre à tout. Il faut être préparé à tout. Tout peut se passer en NBA, donc après c’est… Je pense surtout que la situation est un peu… super dramatisée au niveau des médias. Mais c’est ce qui arrive tous les jours dans la vie d’un sportif.

Surtout à New York.

Oui, c’est ça. C’est la vie d’un sportif ! Il y a du bon, du moins bon… Mais ce n’est pas du négatif. Parce que ce sont des expériences qui nous aident à rebondir et à devenir plus fort. Cette expérience va m’aider à être plus fort sur le terrain. Et mentalement. Ce n’est pas… Je ne vais pas dire que ce n’est pas grave. Mais voilà, ça arrive. Ça arrive ! C’est à moi de « bounce back » (rebondir, en français, il sourit et balance ensuite ses bras en signe de motivation).

« Peu importe les rumeurs »

Ton agent français, Olivier Mazet, était là cette semaine (il vient régulièrement, une fois par mois environ, d’autant qu’ils ont joué Boston où se trouve son autre joueur NBA, Guerschon Yabusele), alors que les rumeurs de trade ont emballé la machine. En avez-vous parlé ?

On en parle des fois… Mais en général on n’est pas du genre à s’attarder sur ce que l’on ne contrôle pas. La priorité pour moi, c’est de contrôler ce que je peux contrôler, c’est-à-dire ce qu’il se passe sur le terrain. Ce qu’il y a autour de moi, dans mon entourage. Et mon entourage sait très bien qu’on ne va pas s’attarder sur des choses qu’on ne contrôle pas. Les rumeurs de trade, il peut y en avoir. Des rumeurs de… de je sais pas quoi, de… (il hésite) Peu importe les rumeurs ! Il y en a beaucoup, mais moi, j’essaie de rester concentré sur le terrain.

On a vu David Fizdale allait te parler assez longuement à l’instant. Te dit-il des choses assez classiques ou plutôt personnelles ?

Personnelles par rapport à quoi ?

Ce sont des généralités du genre « Frank, il faut continuer à pousser », ou plutôt des choses spécifiques, comme le fait que tu n’as jamais vécu ça…

(Il coupe) J’ai déjà vécu ça en fait ! C’est ça qui est mal compris. Cette situation, c’est la même que quand on est jeune et que l’on essaie de se battre pour un spot. Nous, jeunes qui se battent pour un spot, on ne pense pas « ah on est plus jeunes que les autres donc c’est normal ». Il n’y a rien de normal ! Quand on est compétiteur, on veut rentrer sur le terrain. Quand on est compétiteur, on veut montrer à l’entraînement que l’on a notre place sur le terrain et ici c’est la même chose. Il ne m’a pas fait jouer les derniers matchs, il voulait tester des choses, ou il voulait me mettre sur le banc, peu importe la raison. Moi, mon objectif c’est de contrôler ce que je peux contrôler. C’est d’aller sur le terrain à l’entraînement et prouver à tout le monde –dont à moi même– que je mérite du temps de jeu. Et voilà, rebondir ! Ce n’est pas comme si je n’avais jamais vécu ça. Le but est le même. Aujourd’hui, il faut oublier un peu ce qu’il s’est passé dans le passé, les derniers matchs. Aujourd’hui je vais me construire par rapport à ce qu’il va se passer dans le futur. Le prochain match. Et s’il ne me fait pas jouer pour le prochain match, ça va être la même chose. Entraînement. Prochain match. Entraînement. Prochain match. C’est ce qu’on peut contrôler.

« C’est un challenge qui va me rendre meilleur »

On a parlé avec Courtney Lee, un vétéran qu’on a plusieurs fois vu te parler spécifiquement, dès le début, qui est à côté de toi dans le vestiaire même. T’a-t-il dit des choses là-dessus ?

Ça s’est passé dans la carrière de pas mal de joueurs dans notre équipe. Comme tu le sais, il y a pas mal de joueurs dans notre équipe qui…

Ce sont les jeunes là pour le coup…

C’est ça, les jeunes qui se sont fait carrément exclure d’une équipe et qui ont eu la chance de rebondir ici, avec tout à prouver (Trey Burke et Emmanuel Mudiay, sur son poste de meneur en fait, recrutés par Scott Perry, qui n’était pas avec les Knicks quand Frank a été drafté). Ça arrive tout le temps en NBA. Il y a très peu de joueurs, juste les superstars, qui gardent leur temps de jeu, leur contrat. Mais autour de ça, des joueurs qui se font trader, des joueurs qui changent d’équipe, des joueurs qui se font couper, des joueurs qui n’ont pas trop de temps de jeu… ça varie ! Ce n’est pas qu’il ne faut pas s’affoler, mais il faut prendre ça du bon côté des choses. C’est un challenge qui va me rendre meilleur quoi. Courtney, c’est une personne avec qui je parle beaucoup oui. C’est bon d’avoir un vétéran qui a eu une carrière, solide, beaucoup d’années, qui a vécu pas mal de choses dans sa carrière. Qui est là pour parler quelques fois quoi !

Son moment le plus dur ça doit être le match 2 des finales 2009, où il manque le alley-oop qui peut les faire gagner et changer la donne… Vous parlez de moments comme ça ?

On n’a pas échangé par rapport à ça. Mais là il a raté un lay-up il n’y a pas longtemps (lundi contre Washington, lors de son retour), donc il y en a qui en ont parlé vite-fait, mais sinon non.

Si on revient sur les jeunes, vous avez eu une attitude où ça n’a pas été une compétition agressive, vous êtes assez soudés et vous vous encouragez…

On ne se l’est pas dit mais je pense que c’est venu naturellement, avec les personnes que l’on est. Après, on des compétiteurs, donc on va toujours avoir ce sens sur le terrain où on va aller à fond, les uns contre les autres. Mais sinon, en dehors on s’entend tous bien, on est un bon groupe… Mais sur le terrain on se bat. On se bat tous les jours pour montrer qu’on est le meilleur, mais c’est de la bonne compétition justement. On va se pousser les uns les autres et à l’entraînement, imaginons qu’il y ait un joueur qui soit moins bons dans les efforts, on va le pousser, on va se rendre meilleurs. Chaque jour. C’est la bonne mentalité pour rendre toute l’équipe meilleure.

Est-ce que du coup ils viennent te voir et te disent : « tu vois, moi aussi j’ai eu ce genre de passage, tu vas te relancer », ce genre de choses ?

J’en parle avec Damyean Dotson, qui a vécu la même chose et qui était prêt quand il est reparti sur le terrain. J’aurai ma chance je pense. Et si je continue de travailler comme ça… Après, je ne peux pas contrôler. Mais je pourrai contrôler au moment où je reviendrai, ce que j’apporterai sur le terrain, l’énergie, la défense… et voilà.

Il y a le match face aux Nets samedi, puis ce sera la « French Night » dimanche contre les Hornets. Même si c’est plus autour, pour les fans, sur le terrain il y aura Tony Parker et Nicolas Batum en face. Est-ce que c’est un élément de contexte que tu as en tête ?

Bah… J’y pense un peu, mais dans le sens où ça serait bien de jouer contre eux, or en fait je me dis juste que j’aimerai bien jouer à tous les matchs en fait, donc bon… Mais ça va être une nuit sympathique !

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à Tarrytown (centre d’entraînement)

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