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[Interview] Coach K : « Zion Williamson est unique ! »

De passage au Madison Square Garden pour un match spécial contre Texas Tech, le légendaire coach de Duke et Team USA a passé en revue son effectif et un futur joueur NBA adverse. Avec une attention particulière sur Zion Williamson, forcément. Une perspective précieuse sur le futur du basket US, que nous avons pu recueillir sur place.

Coach, qu’est-ce qui rend Zion unique et…

(Il coupe) Non mais tu l’as vu ??!! Tu as vu comment il… (il cherche le mot, estomaqué) explose ? (Il secoue encore la tête)

Est-ce que c’est un challenge du coup pour vous, parce qu’il est si spécial ?

Ce n’est pas un challenge, c’est une super opportunité ! Imagine que tu diriges un show sur Broadway, et tu tombes sur un chanteur-danseur qui est juste… « sainte-mère de Dieu ! ». Ça vous force à vous dire : « Je dois devenir meilleur ! Je dois trouver la clé pour lui ». C’est excitant ! Le coacher, c’est juste totalement excitant ! Et en plus de ça c’est un super gamin. Je trouve qu’il a vraiment montré son côté compétiteur, au plus haut niveau, dans plusieurs actions-clés, sur les rebonds… même quand il a pris sa cinquième…

Justement, c’est parce qu’il a encore besoin d’apprendre, ou aussi parce qu’il est tellement unique que c’est difficile à juger même pour les arbitres ?

Je pense que c’est un peu des deux. On avait trois des tous meilleurs arbitres en NCAA ce soir. Mais vous ne voyez pas un joueur comme Zion tous les jours. Il est unique. Des fois, il fait des choses qui peuvent paraître négatives, mais en fait c’est positif. Il doit encore ajuster certaines choses, apprendre, mais il a envie ! Par exemple, il fonce encore trop au panier. Quand il y a « trap », il doit trouver le joueur ouvert, ce qu’il commence à faire un peu, notamment en deuxième mi-temps ce soir. Mais il apprend ! Le truc, c’est que quand vous êtes freshman, vous ne savez pas ce que c’est d’avoir quelqu’un qui coache contre vous. Au lycée, vous allez avoir quoi, une prise à deux, « boite », ou alors on coupe les passes vers vous ? Là, il apprend ce que c’est d’avoir des défenses spécifiquement préparées contre lui. Ce que de très bonnes équipes vont essayer de faire pour bloquer ses points forts. Mais ça ne va faire que vous rendre plus fort au bout d’un moment, une fois que vous avez appris à y répondre. Et puis bon, des actions comme sa déferlante là, où il manque trois paniers, mais il remonte au rebond à chaque fois, sur trois gars, plus vieux que lui en plus (la majorité de l’effectif de Texas Tech a entre 20 et 21 ans) !!! Ça c’est big time. Il a dix-huit ans ! Vous ne comprenez pas. Ils font quoi la plupart des gamins de dix-huit ans ? Qu’est-ce que vous faisiez vous bordel à dix-huit ans ?! Vous joueriez sûrement à Fortnite si vous aviez dix-huit ans maintenant. Vous n’iriez sûrement pas chercher ces trois rebonds, contre des hommes quasiment (rires) ! C’est un talent-né. Et je suis bien heureux qu’il soit avec nous ! J’adore ces gamins. On ne les a que pour un petit moment, mais je les adore tous. Cette équipe, elle a vraiment un truc.

« Tre Jones, c’est un leader comme Chris Paul ou LeBron avec Team USA »

Tre Jones a été clé, notamment après la sortie de Zion donc…

Une des meilleures choses pour moi, en tant que coach, que ce soit quand je suis avec Team USA ou Duke, c’est d’avoir de vrais leaders, en temps réel. Qui comprennent exactement ce qu’il se passe. (Il insiste sur ce mot) Et qui sont capable d’improviser et bien lire le jeu. Des lectures de jeu que, normalement, vous ne pouvez faire qu’après avoir pris un temps mort… Quelqu’un comme Tre me donne la possibilité d’avoir ça directement sur le terrain, en temps réel. C’est un don de dieu ce gosse pour moi. Je suis tellement excité de le coacher. C’est comme quand tu es avec la sélection US et que tu as LeBron (James), Chris Paul… Ils font ces ajustements sur le moment. Il n’y a vraiment pas beaucoup de gamin qui ont ça. (Il marque une pause pour renforcer son propos) Tre a ça !

R.J. Barrett a vraiment tourné la page après sa première mi-temps manquée, pour dominer en deuxième…

J’adore RJ. RJ est big time lui aussi. Des fois, vous n’allez pas marquer. Ça arrive. Ils l’ont bien défendu sur certains tirs, mais il a aussi manqué des tirs ouverts, donc ça venait des deux. Le plus important, c’est qu’il a réussi à comprendre ce qu’on lui a dit ensuite : « tu n’as pas le droit d’essayer de rattraper tes tirs manqués ». A la mi-temps, on a bien dit : « tout le monde est à 0-0, on recommence, comme si personne n’avait pris un tir ». Il a fait les bons ajustements, et au final il a eu des actions vraiment clés, alors qu’il était dans une mauvaise passe ! C’est pour ça que je dis qu’il est big time.

Ça semble plus compliqué pour Cam Reddish, même s’il a lui aussi été clé, avec notamment 5 points dans le run 12-2 en fin de match, dont un gros trois points.

Tout le monde a une courbe d’apprentissage différente. Il n’a pas particulièrement bien shooté depuis le début de la saison, et ça l’a affecté. Et ce soir encore une fois. Donc son premier tir ne rentre pas, alors que c’était un bon tir, un tir qu’il doit prendre. Puis il est sur le banc un moment parce que Jack (White) joue bien. Puis ensuite, quand il fait cette action, au final ça veut dire plus pour moi. C’est plus important que s’il en avait mis 20 ce soir. Parce qu’il revient après tout ça, et il fait cette action, après n’avoir pas trouvé la cible avant. Pour moi ça veut dire plus. Il apprend plus comme ça. On était vraiment contents pour lui. Et tous les gars aussi. Ils sont toujours super heureux les uns pour les autres (son visage s’illumine, tout sourire). J’ai de la chance ! C’est vraiment un super, super groupe.

En face, qu’avez-vous pensez de la performance de Jarrett Culver ?

C’est un tout bon. On s’est défoncés pour essayer de le bloquer. A un moment, on est passés devant et il a mis cinq points d’affilée. C’était le genre de séquence qui aurait pu nous empêcher de gagner le match : « Est-ce qu’on peut revenir ? ». Il a juste mis son équipe sur son dos et pris le truc en main. C’est un super joueur, fluide. Ce sera intéressant de voir ce qu’il va donner avec un vrai meneur (l’Italien Davide Moretti appréciera, mais la critique est juste…) ! Il jouera en NBA. Il jouera en NBA. Et en plus ça a l’air d’être un super gamin. Ce serait un super gamin à coacher…

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

 

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