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Brook Lopez, le sniper XXL de Milwaukee

Quinze. Il s’agit du nombre de joueurs qui ont davantage tiré que Brook Lopez derrière la ligne des trois-points cette saison. En-dessous, des hommes pourtant réputés pour leur shoot : CJ McCollum, Joe Ingles, Trae Young ou encore Devin Booker. Anormal ? Peut-être. Redoutable ? Assurément. Lorsqu’il quitte les Los Angeles Lakers et signe à Milwaukee en juillet dernier, les Bucks savent qu’ils récupèrent avant tout un artilleur, qui renverse aujourd’hui la NBA de par son volume de tir et une efficacité inhabituelle pour un pivot. Ce talent, Lopez l’a longtemps caché. Drafté en 2008 par les New Jersey (devenu Brooklyn) Nets, l’ancien pivot de Stamford ne se lance dans le tir à trois-points qu’au cours de la saison 2016-2017. Une révélation.

Dès lors, inutile de se voiler la face. Le frère jumeau de Robin Lopez ne possède pas un don pour capter des rebonds et bien que son jeu au poste soit largement correct, s’éloigner du cercle maximise son potentiel offensif. Ainsi, Brook s’est mis à prendre 33% de ses tirs derrière l’arc lors de cette saison 2016-2017. Depuis octobre dernier, les tirs du parking représentent même 67% de sa sélection. Surtout, c’est son pourcentage effectif au tir (NB : il s’agit de l’adresse globale en prenant en compte le fait qu’un trois-points rapporte 1,5 fois plus de points qu’un panier classique) qui grimpe, passant de 51 à 53%, et atteignant 59% en 2018-2019 (le 13eme meilleur pourcentage de la Ligue). En d’autres termes, Brook Lopez est d’une efficacité édifiante en attaque, sans compter à quel point sa fiabilité bouscule les défenses adverses.

Un pivot qui écarte à ce point le jeu, c’est peut-être ce dont avait besoin Giannis Antetokounmpo afin de prétendre au titre de MVP. En effet, le Grec n’a jamais commis autant de dégâts sur un parquet. A ce stade de la saison, les meilleurs intérieurs tournent à 300 paniers réussis à moins d’1m50 du cercle. Antetokounmpo, lui, en est à… 439. Il devrait même battre le record de Shaquille O’Neal établi en 1999-2000, qui était de 617. Si l’ailier des Bucks réalise un tel carnage, c’est parce que Brook Lopez attire généralement le protecteur d’arceau adverse à l’extérieur en se positionnant derrière la ligne des trois-points. Et si le pivot en question vient en aide sur Giannis, ce dernier n’a plus qu’à ressortir le ballon vers son grand coéquipier. D’autant plus qu’il est difficile de contester et impossible de contrer le tir de Brook Lopez (2m13), tant le ballon monte haut. Alors quand il vous cale des step-back…

Son volume de tir à trois-points choque les fans, mais parfois aussi son propre coach, Mike Budenholzer :

« Mais je pense que c’est devenu une composante de notre jeu, nuançait l’entraîneur début janvier. Il crée tellement d’espace pour les autres. Nous avons une immense confiance en lui et voulons qu’il continue à tirer et à jouer de cette façon. »

Logiquement, l’offensive rating (NB : le nombre de points marqués pour cent possessions) des Bucks dépend de Brook Lopez : 118 avec lui et 105,8 en son absence. Giannis Antetokounmpo valide :

«Son shoot fait toute la différence, ça nous libère pour attaquer le cercle.»

Cependant, un match (et surtout un titre) se gagne également en défense. C’est possiblement ici que le bât blesse concernant Brook Lopez. S’il se révèle comme étant un bon protecteur de cercle afin de repousser les tentatives des arrières, il souffre d’une faible mobilité sur pick & roll. Lopez recule systématiquement dans le but de défendre l’arceau et offre la possibilité au poseur d’écran de shooter. C’est là toute l’ironie de ces Milwaukee Bucks : leur point faible s’avère être un pivot adverse en mesure de shooter de loin. Al Horford, Serge Ibaka ou encore Myles Turner ont constamment puni le choix tactique des Daims. Turner s’est même offert son record de 3pts inscrits dans une rencontre (4) face à Milwaukee. Alors que les playoffs approchent et que le tempo des rencontres a tendance à ralentir, favorisant le jeu sur demi-terrain, Mike Budenholzer doit se casser la tête afin de résoudre ce défaut défensif.

Après une sombre année chez des Lakers qui n’ont jamais cherché à optimiser ses capacités, Brook Lopez renaît du côté des Bucks. Agent libre à la fin de la saison, il y a fort à parier que la franchise du Wisconsin fera des efforts pour conserver l’arme fatale de l’attaque. Difficile d’évaluer le plafond de son insolente adresse et le potentiel de l’équipe. Mais avec un sniper grand format comme celui-là, Milwaukee peut prétendre au trône de la conférence Est. Avec un peu de chance, Giannis lui laissera un bout de sa couronne.

Par Sébastien Ferreira

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