Team USA : S’adapter pour mieux régner
Lors de chaque compétition internationale, Team USA doit s’adapter aux règles de la FIBA. Parfois en leur défaveur parfois en leur faveur, les joueurs américains font des efforts en plus par rapport aux autres pour être fin prêts et imposer leur domination sur le basket mondial. Petit tour d’horizon de ces adaptations pour la Coupe du Monde en Chine.
Temps de jeu
Alors qu’en NBA, on joue 12 minutes par quart-temps, selon les règles de la FIBA, c’est 10 minutes le quart-temps. Préparés toute la saison à jouer 48 minutes par rencontre, les joueurs américains sont habitués à beaucoup jouer et à enchaîner les matchs. Des matchs de 40 minutes ne leur font pas peur. puis au contraire de certaines stars d’autres nations qui auront un gros temps de jeu, les États-Unis ont le talent pour faire tourner, car ils sont souvent dominants sur chaque poste. Le seul point qui peut jouer eu leur défaveur, c’est que sur des quarts-temps de 10 minutes, il faut tout de suite être pied au plancher, ce qui n’est pas toujours le cas en NBA où l’on voit certains matchs démarrer sur un rythme très bas. En réalité, les joueurs américains sont formés dès le plus jeune âge pour être des « machines » et n’ont donc pas beaucoup de problèmes à s’adapter et c’est même un gros avantage pour eux.
Qu’en est-il du ballon et du panier ?
Un ballon NBA a une circonférence maximum de 76 cm alors qu’un ballon FIBA a une circonférence maximum de 78 cm. A priori cela ne change pas grand-chose, mais pour les joueurs NBA, ça a une incidence qui nécessite un petit temps d’adaptation. Les cercles étant un peu plus grands en NBA (45,72 cm pour la NBA et 45 cm pour la FIBA), il est théoriquement plus difficile pour les Américains de rentrer un ballon plus gros dans un panier plus petit. En plus de ça, ils se plaignent souvent que la balle FIBA ne tient pas en main. En effet le grip n’est pas le même et le confort balle en main change selon les préférences. Par exemple, pour Myles Turner, le ballon NBA est mieux :
« (Rire) Oui, le ballon est clairement pire qu’en NBA, mais pour une petite période ça va. Je m’entraîne avec depuis quelques jours. On a le temps jusqu’à la compétition donc ce n’est pas un problème. » Myles Turner via 1075thefan.com
Après, comme le signifie Turner, la préparation est aussi faites pour l’adaptation à ces changements importants notamment pour les tirs à trois points.
La ligne à 3-pts
Située à 7,24 mètres du panier pour la NBA et 6,75 mètres selon les règles FIBA, cette modification joue clairement en faveur des joueurs NBA qui pour certains tirent même au-delà des 7,24 mètres. Pour eux une ligne à 6,75 mètres correspond à un long tir à 2 points, ce qui leur permet d’être plus imprévisibles et de pouvoir shooter plus facilement de plus loin pour surprendre leur défenseur. Par conséquent, les défenses adverses doivent s’adapter spécifiquement aux shooteurs jouant en NBA. Sauf que cette année Team USA n’a pas tant de purs shooteurs que ça si ce n’est Khris Middleton et Joe Harris. Cela joue donc à l’avantage des autres équipes qui cette année, n’auront pas à se concentrer en priorité sur les shooteurs de loin. On peut penser au premier abord que comme la ligne à 3 points est plus proche du panier, cela avantage les joueurs NBA. D’un point de vue purement statistique, ce n’est pas forcément le cas. Si l’on compare les statistiques des joueurs américains lors des derniers J.O de Rio en 2016 avec leur saison NBA 2015-2016, seul Kevin Durant possède un meilleur pourcentage à 3 points lors des J.O (58,1% contre 38,7%). Pour les nouveaux de Team USA, comme De’Aron Fox qui était lui aussi présent lors de la prépa, c’est un coup à prendre :
« J’essaie juste de m’habituer à la balle.Tous les entraîneurs nous disent de tirer de la ligne blanche parce que nous sommes habitués à tirer de la dernière ligne que nous voyons. La ligne des matchs internationaux est un peu plus proche donc il faut juste essayer de s’habituer à tirer sur celle-là parce qu’en NBA techniquement c’est un mauvais tir et peu de joueurs prennent ce tir. Il faut juste essayer de s’habituer à cette ligne. »De’Aron Fox
Cela peut aussi modifier la façon dont les défenses appréhendent Team USA, avec le devoir de surveiller les shooteurs de près plus loin du panier, car un tir peut partir à tout moment. Cependant cette ligne à 3-pts diminue le spacing qu’apprécient tant les joueurs NBA. Qui plus est, en FIBA il est possible de défendre différemment dans la raquette, ce qui aussi le spacing.
Les 3 secondes en défense
En NBA, que ce soit en attaque ou en défense, un joueur n’a pas le droit de rester plus de 3 secondes dans la peinture sans adversaire direct à proximité sous peine d’être sanctionné. Les règles FIBA, elles, stipulent qu’un défenseur a le droit de rester le temps qu’il le souhaite dans la raquette sans être réprimandé. Cette règle pousse toutes les équipes à jouer plus large pour faire sortir ce défeneur et avoir justement plus d’espace à l’intérieur. En défense, cette règle peut changer la tactique, car celle-ci couplée avec la règle du nettoyage de cercle ci-dessous pourrait permettre aux coachs de laisser un joueur dans la raquette pour à la fois dissuader, contrer, mais aussi être plus proche pour nettoyer le cercle face à une équipe qui joue beaucoup en pénétration et sur son jeu intérieur (et ne possède pas d’intérieur capable de s’écarter). Cette réglementation permet aussi de mettre en place des défenses de zone. Pour Team USA, Gregg Popovich va devoir faire des mises au point tactique en défense et en attaque, mais encore une fois on lui fait confiance à ce niveau surtout qu’avec Myles Turner et Brook Lopez, deux protecteurs de cercle, la maison est bien gardée.
Le nettoyage du cercle
Selon le règlement NBA, un joueur n’a pas le droit de toucher le ballon lorsque celui-ci se situe dans le cylindre imaginaire au-dessus du cercle. Au contraire, dans le règlement FIBA, on a le droit, ce qui donne lieu soit à des claquettes en attaque ou un nettoyage de cercle en défense sans pour autant avoir le droit d’attraper la balle. Cette règle peut jouer en la faveur des joueurs américains souvent très athlétiques. Myles Turner, y trouve un avantage :
« Être capable de jouer au-dessus du cercle pour les contres et les rebonds, c’est un avantage pour les grands. » Myles Turner via 1075thefan.com
Cette règle nécessite donc une légère adaptation puisque dans le feu de l’action, les Américains oublient quelques fois cette règle sur laquelle Gregg Popovich peut très bien insister auprès de ses intérieurs pour qu’ils l’utilisent au mieux.
Le nombre de fautes
En NBA, un joueur est exclu lorsqu’il a commis 6 fautes personnelles, en FIBA, ce nombre est de 5 mais est à relativiser compte tenu du temps de jeu. Une cartouche de moins pour les joueurs américains qui ont l’habitude d’un jeu physique où certaines fautes ne sont pas sifflées NBA alors qu’elles peuvent l’être en FIBA avec des arbitres plus tatillons. Lors des JO de Rio Team USA n’était que la 9ème équipe sur 12 au nombre de fautes personnelles commises par match (21,3 contre 26,4 pour la Chine, première dans ce classement). Cela montre une fois de plus la capacité d’adaptation de l’équipe américaine aux règles FIBA.
Les fautes techniques
La principale différence qui peut avoir un impact, c’est que selon la FIBA, une faute technique sifflé à un joueur compte aussi comme une faute personnelle et une faute d’équipe alors qu’en NBA on différencie les fautes techniques des fautes personnelles. Ce n’est pas un détail, et on comprend vite que ce changement peut avoir un réel impact dans les matchs tendus et à enjeux. Dans les deux règlements, il est aussi indiqué qu’à chaque faute technique, l’équipe adverse doit tirer un lancer-franc. La différence réside dans le fait qu’en NBA, la remise en jeu se situe à l’endroit où le jeu a été interrompu et la possession revient à l’équipe qui avait le ballon alors que selon les règles FIBA, la remise en jeu est obligatoirement donnée à l’équipe qui vient de tirer le lancer-franc. Il faudra également faire attention aux sauts d’humeur de Popovich, histoire qu’il ne soit pas expulsé après quelques secondes de match…
Le nombre de temps morts
Avec les règles FIBA, un coach peut prendre en tout 5 temps-morts, 2 en première mi-temps et 3 en deuxième. Cependant, il n’a le droit d’en prendre que deux maximum dans les deux dernières minutes d’un match. Il a également le droit à 1 temps-mort par prolongation. Chaque temps-mort dure 60 secondes et ne peut être accordé uniquement lorsque le ballon est mort (il n’appartient à personne). En NBA c’est différent, un temps-mort peut être pris dès lors que l’équipe possède le ballon. Il y en a en tout 7 pour un match sans restriction par mi-temps. Néanmoins, un coach n’a le droit de prendre que 4 temps-morts maximum dans le 4ème quart-temps et seulement 2 dans les 3 dernières minutes du match. Le coach a aussi droit à 1 temps-mort court (20 secondes) en plus par mi-temps et un temps-mort normal par prolongation. Les temps morts classiques en NBA durent en moyenne 75 secondes, mais les arbitres restent très laxistes puisqu’ils sont obligés de se plier aux pubs des diffuseurs et autres aspects commerciaux imposés par la ligue ou les sponsors. Concrètement, cette règle change l’approche du coaching pour les Américains. Il faut bien utiliser ces temps-morts et être efficace dans les consignes données. Ensuite, si un coach veut enrayer la dynamique de l’équipe adverse, il a plutôt intérêt à utiliser un de ses temps-morts au bon moment. Ce qui change également pour les joueurs NBA, c’est la suppression de la possibilité de prendre un temps-mort en attaque lorsqu’une action est en cours, mais qu’elle est mal embarquée. Finalement cette règle pousse les Américains à être plus tactique et à mieux respecter les consignes données par le coach avant la rencontre et réduit en principe leurs adaptations possibles en cours de jeu. Pourtant, à chaque à grande compétition internationale, Team USA ne semble pas très déstabilisée par ça.
L’alternance des possessions sur les entre-deux
En effet en NBA, à chaque fois qu’un arbitre siffle un entre-deux, les deux joueurs concernés se retrouvent soit au centre du parquet soit autour de la ligne de lancer-franc de l’un ou l’autre camp pour se disputer le ballon suivant où l’entre-deux a été sifflé. Selon la FIBA, l’entre deux entraîne une possession alternée. Ça signifie qu’on donne la balle à une des deux équipes et puis sur le prochain entre-deux, la possession est donnée à l’autre équipe. Bon ok, on vous l’accorde celle-ci n’est pas importante, mais pour ceux qui sont un peu trop habitués à la NBA on pourra dire qu’on vous avait prévenu.
En définitive, tous ces changements nécessitent pleins de petites adaptations surtout pour les nouveaux comme Myles Turner, présent pour la préparation :
« Je connais les règles en elles-mêmes. Mais c’est différent sur le terrain, il est plus petit, il n’y a pas de 3 secondes (en défense), tu dois jouer le ballon au-dessus du cercle. C’est des choses auxquelles il faut s’habituer. » Myles Turner via 1075thefan.com
Récemment, Donovan Mitchell a déclaré sur le site usab.com que ça restait du basket et que rien n’était insurmontable :
« Au bout du compte, c’est du basket-ball. C’est un peu différent, mais in fine, les stratagèmes sont les mêmes. Lebut est le même. Pour nous, il s’agit juste de trouver les améliorations nécessaires, et c’est ce que nous essayons de faire. » Donovan Mitchell
De plus, ils ont toute une préparation pour s’adapter avant les grandes compétitions, ce qui leur laisse le temps de bien appréhender ces changements. Gregg Popovich lui-même laissait penser sur usab.com pendant leur préparation à Las Vegas qu’avec du travail tout allait rentrer dans l’ordre même tactiquement en observant les autres équipes :
« Nous effectuons des exercices et nous y travaillons. Comme pour les exercices que nous avons effectués aujourd’hui, nous avons dû mettre tout le monde sur la voie parce que nous n’y sommes pas habitués. Il n’y a pas la règle des trois secondes sur les phases défensives, alors il faut la travailler. » Gregg Popovich
Cela ne les a pas empêchés de régner sans partage sur le basket mondial depuis 2006 jusqu’à leur défaite face à l’Australie le 24 août dernier. Il reste tout de même les favoris de ce mondial chinois et même s’ils semblent plus que jamais fragilisés, on ne se fait pas trop de soucis pour eux.