[Interview] Frank Ntilikina : « Les gens regardent beaucoup les stats, les gars qui marquent des paniers »
Après deux saisons galères, Frank Ntilikina réalise un bon début d’exercice 2019-20, profitant des blessures pour avoir du temps de jeu et marquer des points en tant que meneur titulaire. Après un 6ème de la saison, on a de nouveau discuté avec lui pour faire un petit point.
Frank, après 14 matches, comment te sens-tu dans ce début de saison, où tu as beaucoup plus de temps de jeu que la saison passée ?
Ça va je me sens bien. Comme je le dis, je ne joue pas mal donc je ne me plains pas trop. On bosse bien et dur, on progresse avec l’équipe. On commence à trouver des bons automatismes. C’est bon pour le futur.
Es-tu satisfait de ton niveau de jeu actuel ?
Satisfait, c’est sûr on peut toujours faire mieux. Après je sais que par rapport à d’où je viens, par rapport à la fin de la saison dernière pleine de blessures, ça fait du bien de retrouver le terrain et aussi d’apporter à mon équipe. Même si les stats ne sont pas exceptionnelles, je sais que j’apporte beaucoup cette année et il faut continuer comme ça.
Es-tu aujourd’hui plus conscient du rôle que tu vas jouer au sein de cette équipe des New York Knicks ?
Bien sûr. C’est apporter le plus, le plus possible à l’équipe. Apporter de l’énergie, bien sûr je sais que je peux apporter du côté défensif. Après offensivement c’est « run the show », mettre en place mes coéquipiers, faire en sorte que l’équipe aille bien. C’est aussi pour moi, progresser dans cet esprit-là. Avec ce qui se passe dans ce début de saison, il y a des bons signes, donc il faut continuer comme ça.
La majorité des médias ont souligné ton apport défensif, mais penses-tu que l’on sous-estime ton apport offensif au sein de cette équipe des Knicks ?
Toi qu’est-ce que tu en penses ? (réponse de ma part : « je pense qu’on le sous-estime »).
Je pense que j’apporte beaucoup des deux côtés du terrain c’est sûr. Ce n’est pas forcément ce que les gens regardent. Les gens regardent beaucoup les statistiques, les gars qui marquent des paniers. Mais il y a un seul ballon et il faut jouer intelligemment par rapport à l’équipe et aux gars qu’on a. Il y a un chef d’orchestre, et pour l’instant le meneur de jeu c’est moi, et il faut que je fasse en sorte que l’équipe marche bien et j’ai l’impression que je fais bien mon boulot par rapport à ça.
Lors de l’émission d’avant-match de TNT contre les Dallas Mavericks, Kenny Smith a déclaré que les Knicks avaient déjà abandonné leur saison et qu’ils ne jouaient avec aucune intensité dans la défaite. Que penses-tu de ces propos ?
Beaucoup de journalistes ont des propos qui ne sont pas sur la même longueur d’onde que ceux nous avons. Tout compétiteur dans le basket mais plus largement dans le sport n’abandonne pas une saison après 14 matches. 14 matches sur 82 c’est le début de saison, donc ce serait fou de dire qu’on a abandonné cette saison. Après s’il voit des choses qu’on a à améliorer, on peut l’entendre, mais nous on n’abandonne pas notre saison, on veut jouer chaque match pour le gagner et pour progresser en tant qu’équipe.
Ton équipe a affiché un soutien total à votre coach lorsqu’il était annoncé sur la sellette. Est-ce qu’aujourd’hui vous réaffirmez ce soutien ?
Bien sûr bien sûr. Je pense que le coach fait un très bon travail et qu’il est dans une position très difficile. Il s’en sort très bien malgré tout. Les résultats après, c’est nous les joueurs qui sommes sur le terrain. Il fait le mieux possible et je trouve qu’il fait un très bon travail par rapport à la pression des médias. C’est un très bon coach, qui donne tout à ses joueurs et qui soutient ses joueurs. Et comme on le dit souvent dans le vestiaire, on est tous soudés et c’est ça aussi qui va nous permettre d’avancer.
« Je me rappelle de chaque match que j’ai joué contre lui »
Tu as fait une très belle coupe du monde qui a été remarquée et applaudie en France mais également internationalement. Est-ce que tu penses pouvoir t’imposer comme le meneur titulaire indiscutable de l’équipe de France en vue des Jeux Olympiques 2020 ?
Ce n’est pas de mon ressort, c’est du ressort du sélectionneur. Après je suis concentré sur la saison que je fais pour l’instant. Ça serait un petit peu trop tôt de penser à cela. Après bien sûr j’y pense dans ma tête. Directement après la qualification pour les JO on était déjà à fond sur ce qui arrivera dans le futur. Après tout le monde sait l’amour que j’ai pour le maillot de l’équipe de France. Si on m’appelle, je serai là. Je vais travailler dur cette saison pour, dans le futur, apporter beaucoup plus à cette équipe de France.
L’actualité du basket français c’est bien évidemment le retrait du maillot de Tony Parker le 11 novembre dernier. Est-ce que l’un de tes plus grands regrets serait de n’avoir jamais pu jouer avec lui que ce soit en équipe de France ou avec une franchise NBA ?
C’est un regret bien sûr, mais après j’ai joué contre lui et c’est encore plus beau. En tant que compétiteur, en tant que gamin, on rêve de pouvoir jouer contre ses idoles. Je me rappelle de chaque match que j’ai joué contre lui. C’était des moments inoubliables. Tony Parker c’est lui qui a marqué le basket français mais aussi le basket ici aux Etats-Unis. Son maillot a été retiré il fait partie des légendes du basket dans le monde entier. Bien sûr j’aurais pu apprendre beaucoup de lui en jouant avec lui. Mais même quand on se voit, il me donne des conseils, et ça j’en suis vraiment reconnaissant. En tout cas avoir joué contre lui ça a été formidable et d’avoir pu être témoin de son héritage c’est quelque chose de fort.
Propos recueillis par Jean Bideau à Phily