[Interview] Nicolas Batum : « Ça fait au moins 3 ans que je sais que ça se trame ce truc-là, et qu’ils attendaient juste l’opportunité »
Alors que les Hornets surprennent puisqu’ils sont en course pour les playoffs avec un nouveau succès cette nuit face aux Kings, Nicolas Batum prend lui son mal en patience, de nouveau blessé à la main et out. Il nous a accordé du temps pour discuter de ce début de saison ou encore le NBA Paris Game qui se profile.
Est-ce que tu ressens de la frustration entre les blessures et un temps de jeu irrégulier et en baisse ?
Ce n’est pas grave c’est le jeu. Je ne suis pas frustré plus que ça parce que je sais que ça fait partie du métier. Ça va et ça vient. C’est une blessure à la main qui n’est pas évidente à gérer. J’ai eu une rechute la semaine dernière et même une deuxième. J’ai essayé de jouer sur la première et je n’aurais pas dû donc on essaye de temporiser avec la deuxième.
Comment tu travailles sur cette blessure ?
C’est soins tous les jours. Essayer de rester en conditions, de jouer et shooter. Ce n’est pas évident, mais c’est une partie du jeu, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive et ça va aller.
Est-ce qu’avec ces blessures à répétition, as-tu évoqué récemment ton rôle avec James Borrego ?
Il ne change pas. C’est le même.
Tu m’avais déjà dit que des jeunes de Charlotte t’impressionnaient et notamment Devonte Graham en début de saison. Il réalise une très belle saison. Comment expliques-tu cette progression ?
Le truc à son sujet, c’est que je pense qu’il aurait pu faire ça l’année dernière sauf qu’on avait Kemba Walker et Tony Parker. C’était moins évident pour lui de montrer ce qu’il faisait et pourtant quand il avait des moments pour jouer il montrait des bonnes choses. Et quand il était en G-League il explosait tout. Donc le talent était là et le potentiel aussi. C’est juste que maintenant il a la chance de montrer qui il est. On a une équipe qui est ouverte. Il y avait une place à prendre en tant que « go to guy » de cette équipe-là, et c’est clairement lui qui a pris les choses en main. Parce qu’il a le talent pour, il a le mental pour, il bosse pour ça et je suis vraiment content pour lui parce qu’il mérite ce tout ce qui lui arrive.
Marvin Williams évoquait la sérénité que tu apportais dans le vestiaire et que tu apportais des deux côtés du terrain. Venant de tes coéquipiers, que penses-tu de ces déclarations ?
Ça a toujours été un peu mon rôle entre guillemets pendant toute ma carrière donc ça ne change pas forcément. Là c’est peut-être plus accru comme je suis l’un des plus vieux et je dois peut-être encore plus faire ça et je dois justement moins penser à moi et plus faire en sorte que tout aille bien encore plus qu’avant. Moi ça ne me gêne pas du tout, au contraire. Ce sont des joueurs qui sont au début de leur carrière pour quelques-uns, je me permets d’aider certains à bien commencer leur carrière. Moi ça me va. J’ai l’impression que ça énerve plus les gens que je décide ça, mais moi ça me plait ! Ça me plait de faire ça, je n’ai pas de problème avec ça. C’est sûr je peux faire deux trois trucs en plus c’est sûr, mais en tout cas c’est ce qu’on m’a demandé de faire et c’est ce que je fais. Et quand j’entends que c’est mes coéquipiers qui pensent ça de moi, et ils me le disent aussi en off. C’est les avis que je préfère entendre plutôt que les autres avis.
A 31 ans, tu as déjà eu une longue carrière en NBA. Est-ce que l’idée de gagner une bague trotte dans ta tête ? Cela pourrait influencer tes choix à la prochaine free agency ?
Bien sûr. Bien sûr. Après là on est encore au mois de décembre, ça c’est des choses auxquelles tu commences à réfléchir plus en mars-avril. Là on a encore des choses à faire. On est quand même pas mal partis. Donc ça ne sert à rien de trop penser à l’avenir. Au début quand tu arrives en NBA, tu penses : « ouais qu’est-ce qu’il va se passer dans ma carrière ? » et quand tu arrives au bout de 10 ans tu te dis plutôt : « qu’est-ce qu’il va se passer cette semaine ? » (rires). Ça ne sert à rien de se prendre la tête, je ne me prends pas la tête avec ça. Ça viendra quand ça viendra. C’est un peu bateau, c’est un peu redondant parce que tu entends beaucoup de joueurs dire ça, mais c’est vrai. Tu ne te prends pas la tête avec ça pour l’instant. Il y a tellement de choses qui se passent dans une carrière NBA et même en une année. Chaque chose en son temps et on verra ce que je ferai en fin de saison.
Tu as déjà réfléchi à ta player option ?
Pas du tout. Non pas encore. Je penserai à ça quand la saison sera finie, mais pas maintenant.
Tu évoquais le bon début de saison de Charlotte. Au début de la saison, tu m’avais dit que pour aller en playoffs il fallait y aller « doucement ». Qu’est-ce que tu en penses aujourd’hui après 30 matches ?
Pareil, pareil. Parce qu’on est une équipe encore jeune, on peut connaitre des hauts, des bas. On peut avoir des bonnes périodes, des mauvais périodes, donc tu vois c’est pareil. Il faut rester concentré parce qu’on est à peine à un petit peu plus du tiers de la saison. Il reste encore une cinquantaine de matches. C’est long cinquante matches ! Il peut tout se passer en 50 matches. Ce n’est pas parce que tu as deux trois matches d’avance sur une équipe ou cinq matches sur une autre… Sur 50 matches il peut se passer énormément de choses, bonnes comme mauvaises. Il ne faut pas se projeter, surtout pour une équipe jeune comme ça et faire attention, prendre les matches les uns après les autres, chaque semaine après chaque semaine et puis voilà.
En ce qui concerne ta relation avec les jeunes Français, Jaylen Hoard a évoqué l’importance que tu jouais auprès de lui. Au-delà de Hoard, est-ce que ce rôle de grand-frère s’intensifie après que la saison soit lancée ?
C’est là où il faut être présent. Tu passes à un moment où, quasiment depuis que tu es tout jeune, tu joues, t’es fort, tout se passe bien et là tu débarques dans un univers où tout change et on a peut-être plus la même communication avec toi, parce qu’on a peut-être plus le même cadrage avec toi et c’est différent. Et c’est là où moi j’ai joué directement à Portland j’ai eu cette chance-là, mais quand tu as des mauvaises périodes, c’est bien, tu as les vétérans. On est là, pour se serrer les coudes entre nous. Et c’est vrai que Jaylen je le connais grâce à ses parents, je les connais très bien. Je l’ai connu il était encore en minime à Montpellier. Je suis vraiment content pour lui de ce qui se passe maintenant. Surtout l’équipe dans laquelle il joue parce qu’au moins je sais qu’il a atterri dans une bonne franchise et c’est une bonne chose pour lui. C’est un gamin très talentueux. Il ne faut pas brûler les étapes et il faut qu’il apprenne à ce moment-là, pourquoi il ne joue pas, qu’est-ce qu’il doit faire pour avoir du temps de jeu. Voilà, le coach qu’il a, le coaching staff qu’il a est ouvert à faire jouer des joueurs qui bossent et qui répondent à ses attentes, surtout avec Terry Stotts. Donc il faut qu’il fasse ce qu’il a à faire, qu’il reste concentré et qu’il n’arrête jamais. Ce n’est pas parce que tu fais ton début de carrière en G-League que ça s’arrête, on voit beaucoup d’exemples. Regarde Rudy Gobert. Rudy je pense que c’est l’exemple parfait de la parfaite réussite en passant par-là, en galérant un petit peu en début de carrière notamment pendant son année rookie. Et c’est pareil pour Sekou. C’est des joueurs encore très jeunes et qui ont le temps de faire ce qu’ils ont à faire.
Est-ce que c’est une chose que tu aurais aimé avoir des vétérans plus expérimentés que ceux que tu as pu connaitre ?
J’ai eu Boris, Mike, Tony, Rony, Ian. J’ai eu mes 5 grand-frères (rires). C’est eux qui m’ont contacté dès le début. Ils étaient tous vraiment là pour moi dès le début, donc j’ai eu cette chance -là. Donc je sais qu’avec Evan, Rudy, on est les trois anciens, on essaye de faire la même chose.
Le Paris Game prend place dans quasiment un mois…
Ça va être un moment particulier, c’est vrai qu’il y a pas mal de joueurs qui posent la question de quoi faire là-bas. Pour l’instant je suis un peu le guide, je suis en train de montrer, de donner des conseils aux gens, qui me demandent où manger, quoi faire. On n’a que trois jours, pas trois semaines (rires) et puis on est là pour jouer. Ça va être intéressant de faire découvrir Paris et la France à certains gars qui n’ont jamais mis le pied en Europe et surtout en France. Je sais que je dois organiser un dîner, donc je suis en train de chercher le bon coin, le bon plan pour faire quelque chose de bien. Pas évident quand tu dois faire un truc pour entre 30 et 40 personnes. Ça va être intéressant, mais c’est un match où moi j’étais au courant bien avant que ça arrive.
J’en ai parlé avec Evan justement vendredi dernier…
J’ai vu, j’ai vu. Il m’a dit « comment tu as fait ? » Je lui ai dit j’ai un président qui est très influent (rires). Ça a été décidé bien avant que Tony arrive. Je savais un an et demi avant. Je l’ai su au moins en 2017.
C’est donc Michael Jordan qui a fait le pressing pour les Hornets soient au Paris Game ?
Je l’ai su en fin 2017, donc oui.
Et tu savais que tout ça se tramait ?
Depuis 2016 je le savais. Ça fait au moins 3 ans que je sais que ça se trame ce truc-là, et qu’ils attendaient juste l’opportunité. Et qu’on était l’équipe à le faire. C’était 2 ans avant que Tony arrive chez nous. Moi il (Michael Jordan) m’a fait comprendre que c’était scellé en novembre 2017. Ça fait un moment que j’étais au courant.
Propos recueillis par Jean Bideau à Charlotte