Landry Fields : « C’était un enfer pour moi »
Drafté en 39eme position en 2010, Landry Fields a réussi une belle saison rookie du côté de New York, avec 9,7 points, 6,4 rebonds et 1,9 passe décisive de moyenne. Le tout avec un beau 39% à trois points qui faisait promettre une belle carrière en NBA, que sa signature aux Raptors en 2012 devait faire décoller. Seulement à partir de là, sa carrière s’est effondrée, la faute à un problème au bras, qui lui a couté son jumpshot et donc son utilité de loin. Encore aujourd’hui, on ne sait pas trop ce qu’il s’est passé, même si des pistes font penser à un problème nerveux. Toujours pas réglé plus de quatre ans après qu’il ait pris sa retraite. Ou mis sa carrière en pause, vu que lui n’a pas encore perdu espoir et va prendre quelques tirs de temps en temps pour voir si son problème ne s’est pas réglé.
« Ça me fait toujours mal, donc je suppose que le comeback va devoir attendre mes 40 ans. » Landry Fields.
Un gâchis, d’autant plus que les équipes semblaient croire en son potentiel. Même plus que l’arrière de 31 ans lui-même, surpris quand son agent lui a indiqué que les Raptors lui proposaient 18 millions de dollars sur trois ans.
« Je me rappelle que je lui ai demandé : « Attends, tu as dit 8 ou 18 ? » C’était beaucoup plus que ce qu’on aurait pensé obtenir. 8 millions, ça aurait été cool. Mais 18, c’était le jackpot. » Landry Fields.
Derrière cette offre, il y avait aussi un move plein de vice de la part des Raptors. Les Canadiens, tout comme les Knicks, essayaient de mettre la main sur Steve Nash, qui jouait aux Suns à l’époque. Seulement il fallait pour ça mettre sur pied un sign and trade qui inclurait Fields. Et en proposant une grosse offre comme ça, les Raptors voulaient faire hésiter les Knicks, qui pouvaient s’aligner. Bon, au final cela n’a pas servi à grand-chose puisque le double MVP a choisi les Lakers. Mais peu importe pour Fields, puisque les Raptors lui avaient vendu un avenir sur le long terme.
« Je n’y ai pas vraiment prêté attention pour être honnête. Ils m’ont offert ça, donc peu importe comment ils ont réussi à faire cette place sous le cap. Mon agent était aux anges, et moi aussi d’ailleurs. Je leur suis reconnaissant d’avoir cru en moi et de m’avoir donné ce contrat. Ça montrait la vision de moi qu’ils avaient en tant que joueur, je trouvais ça incroyable. » Landry Fields.
Et il n’était pas le seul, puisque de nombreuses critiques se sont élevées contre le front office des Raptors après la signature de celui qui avait eu plus de mal lors de sa saison sophomore (8,8 points, à 25% à trois points).
« La nouvelle du contrat est arrivée, et je me rappelle que j’ai eu de la pression, je voulais m’assurer de montrer que je méritais ce contrat. Je me rappelle de Bill Simmons qui a tweeté quelque chose sur mon contrat. Je l’ai vu, et j’ai utilisé ça. Je me suis dit : « Je vais montrer à ce connard qu’il a tort. » C’était mon point de vue, parce qu’il m’était vraiment rentré dedans. Je n’allais pas être le genre de gars qui décroche un contrat et se la coule douce après. Je voulais montrer que je le méritais. » Landry Fields.
Seulement lors de son premier camp d’entrainement avec les Raptors, le joueur note que, juste avant de relâcher le ballon sur le tir, son pouce et son annulaire se rétractent involontairement, ce qui empêchait son tir d’être aussi précis. Le problème, c’est qu’il n’avait pas mal. Ce n’est donc pas une blessure habituelle. Il pensait au départ que ce n’était que passager, qu’il travaillait trop ou n’avait pas assez bu. Mais le camp s’est poursuivi, et le problème a persisté.
« J’ai commencé à m’inquiéter. Ce n’était pas normal, je ne pouvais pas tirer comme je le voulais. Ma coordination main-œil était assez bonne pour mettre des tirs malgré tout, mais ce n’était pas fluide et je ne pouvais pas faire le même geste à chaque fois. » Landry Fields.
L’arrière a donc fini par alerter le staff, pour leur expliquer un problème pas évident à décrire. Fields a fini par aller voir un spécialiste, qui lui a expliqué qu’un de ses nerfs était coincé dans son coude quand il se pliait, ce qui l’empêchait de donner les bonnes informations. La solution ? Une opération pour changer de place le nerf, et empêcher le pincement.
« Je me suis dit : « OK, c’est logique. » Avec le recul, j’aurais peut-être fait les choses différemment, mais c’était la théorie et j’étais convaincu. J’étais désespéré, je voulais avoir l’esprit en paix et passer à autre chose. Parce que comme j’ai dit, je devais montrer que je méritais mon contrat. » Landry Fields.
Direction le billard pour le natif de Long Beach, qui a ensuite dû se plier à six semaines de rééducation. Mais au moment de shooter à nouveau, le spasme était toujours là. Fields a continué à jouer malgré le problème, mais, incapable de rentrer un tir de loin (2/14 en 51 matchs…) son utilisé laissait à désirer. Le joueur a donc décidé d’aller chercher un deuxième avis après que la saison 2013/2014 ait commencé sur les mêmes bases. On lui a alors dit que le problème venait de son poignet, et non de son coude. Nouvelle opération, trois semaines supplémentaires de rééducation, mais pas d’améliorations. Pire, il avait maintenant du mal à dribbler et à attraper une passe
« À ce moment-là, j’ai vraiment eu un problème dans ma tête. C’était dévastateur pour moi, parce que ça empirait alors que j’avais été opéré et que j’avais fait ma rééducation. » Landry Fields.
Il a fait de son mieux pour terminer la saison, en se transformant en défenseur féroce, capable de couper vers le panier pour marquer des paniers faciles. Mais une chute en playoffs lui a fait mal au dos.
« C’était assez commun. Je jouais, et quelque chose est arrivé. Je ne pense pas que j’aurais pu me rappeler de cette blessure si personne ne me l’avait rappelée. » Landry Fields.
Droitier, Fields a tout tenté, même de tirer de sa mauvaise main. Mais ses doigts de sa main droite se pliaient malgré tout, ce qui déviait la balle de sa trajectoire.
« Ma main droite continuait à marcher assez bien parfois. Je suis arrivé à un point où je pensais que c’était bien, parfois c’était même génial, mais il y a des moments ou ça ne voulait pas partir et je n’arrivais à rien. » Landry Fields.
Au bout de ses trois ans de contrat, les Raptors ne l’ont pas prolongé. Pas étonnant, vu qu’il n’a participé qu’à 107 matchs avec la franchise canadienne, pour 3,3 points de moyenne et 3/21 de loin.
« C’était un enfer pour moi. Être blessé, c’est quelque chose. Mais ne pas savoir ce qu’il faut faire, que les docteurs ne puissent pas dire ce qu’il se passe… Il y a en plus les attentes des fans et du front office… Parfois, vous pouvez même voir de la frustration. À ce moment-là, les fans avaient trop d’impact sur ma santé mentale. Ils disaient : « C’est de l’argent gâché. » Beaucoup de personnes étaient d’accord avec ça, et d’autres disaient : « Je te l’avais dit. » » Landry Fields.
Incapable de retourner sur les terrains, Fields s’est fait une place dans les bureaux en devenant General Manager de l’équipe de G-League des Spurs.
« Je n’étais pas prêt pour que ma carrière se termine. Je pensais que j’allais passer dix ans en NBA, que j’avais le potentiel et le jeu pour ça. Je ne l’ai pas réalisé à l’époque, mais c’était le moment pour moi de grandir en tant que personne. Ça m’a permis de voir la vie d’une perspective différente. Je suis devenu très intéressé par le potentiel humain, par le fait d’aider les gens à développer leur vision des choses et à la réaliser. C’est un peu ce que je fais aujourd’hui. Il y a toujours quelque chose chez moi qui ai dû mal à laisser partir le basket. Quand quelque chose fait partie de vous pendant si longtemps, on ne peut pas se dire : « OK, je vais juste passer à autre chose. Ça ne marche pas comme ça. L’amour du jeu qu’on a cultivé ne s’en va pas comme ça. Mais je ne pourrais pas être plus heureux de ce que j’ai vécu. Je suis bien mieux comme ça. » Landry Fields.
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