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Rudy Gobert : « Ils ont vraiment cru que j’avais apporté le coronavirus aux États-Unis »

Demain la saison NBA va reprendre et tout un symbole c’est le Jazz d’Utah de Rudy Gobert qui va la lancer. Le 11 mars dernier c’est le test positif au COVID-19 du Français qui a poussé la NBA à suspendre la saison à peine deux heures après. A cette époque on commençait à peine à s’inquiéter de l’arrivée du virus aux États-Unis et le Français a été la cible de violentes critiques pour son attitude quelques jours avant, lorsqu’il avait volontairement touché les micros des journalistes, prenant ce virus bien trop à la légère et se moquant du nouveau protocole de la ligue.

« Les médias ont décrit ça comme si j’avais causé la suspension de la saison NBA. Au lieu de dire que c’est une pandémie et que Rudy Gobert a été testé positif. Pour beaucoup de personnes, qui ne réfléchissent pas plus loin que ce qu’on leur met devant les yeux, ils ont vraiment cru que j’avais apporté le coronavirus aux États-Unis. » Gobert

Il y a eu l’amalgame aussi sur le patient zéro. Rien n’indique que le pivot du Jazz a été le patient zéro en NBA, rien n’indique non plus qu’il a transmis le COVID-19 à Donovan Mitchell, et pas le contraire, ni que ce n’est pas un joueur rencontré quelques jours avant qui lui a transmis. A ce jour Rudy ne s’est pas trop comment il a contracté le virus, mais il pense que c’était sans doute, par déduction, lors du voyage à l’Est à Boston, Brooklyn et Detroit, où des joueurs ont également été testés positifs.

Le Jazz d’Utah a justement discuté avec l’arrière All-Star de la possibilité que Rudy n’était pas celui qui lui a transmis le virus. Très frustré, Mitchell pas hésité à le faire savoir lors de l’émission Good Morning America.

« Quand tout est arrivé, il était frustré. J’étais frustré. Je voulais vraiment m’assurer qu’il allait bien. Il ne s’agissait pas vraiment d’entrer dans un conflit ou de se disputer. Du temps a passé et j’ai pu l’appeler et lui dire ce que j’avais dans la tête et il a fait de même. Je pense que c’est ce que les hommes devraient faire. Il ne faut pas étaler ça dans les médias. Les gens voyaient ça comme quelque chose qui pouvait détruire le groupe. Je vois ça comme quelque chose qui pouvait rendre le groupe encore plus fort. Si tu peux surmonter ça, nous n’avons pas à nous inquiéter d’une défaite ou d’un mauvais quart-temps. Cela remet les choses en perspective. » Gobert

Ces semaines on été difficiles pour Rudy Gobert, cible de nombreuses attaques, même si beaucoup ont également fait remarquer que sans lui la prise de conscience de la pandémie serait arrivée bien plus tard, et qu’au final c’était sans doute un mal pour un bien.

« C’était dur pour moi de voir autant de personnes remettre en question ce que je suis en se basant sur une vidéo. J’en ai tiré des leçons. Je sais qui je suis. Les gens autour de moi savent qui je suis. Tout le monde a une perception ou une opinion différente de toi. Si je commence à dépenser mon énergie là-dedans, je vais vivre une vie douloureuse. Le plus difficile c’est que j’étais loin de ma mère. Je ne voulais pas qu’elle vienne parce que je ne savais pas si j’étais encore contagieux ou non. Je n’ai toujours pas revu ma mère depuis que tout ça est arrivé. C’est quelque chose dont je n’aime pas trop parler, mais elle m’a énormément soutenu depuis que je suis petit. Je sais à quel point elle était inquiète et savoir qu’elle ne pouvait pas être avec moi, c’était assez difficile mentalement. » Gobert

Heureusement le Français a eu des symptômes limités et par-dessus les moments difficiles psychologiquement ne s’est pas ajouté des jours difficiles avec la maladie. Si sa mère était absente, il a eu le soutien de son chef et de son assistant personnel, et ses amis, notamment Evan Fournier, l’ont soutenu à distance. S’il avoue « qu’il est difficile pour lui de paraître vulnérable » quand il évoque les moments qu’il a traversé, il confie : « j’ai vécu des choses que les gens ne savent pas. » Au point qu’il n’était pas chaud pour jouer dans la bulle quand l’idée a émergé.

« Je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour jouer au basket. Je ne pensais pas que c’était possible à ce stade. Puis au fur et à mesure nous avons eu des réunions et nous en avons appris un peu plus sur le virus et j’ai commencé à me sentir mieux mentalement et physiquement. » Gobert

Il aimerait qu’on puisse tirer une leçon de tout ça :

« Nous avons tous tendance à juger les gens sans les connaître. Vous nous voyez jouer au basket tous les jours, mais vous ne savez pas qui nous sommes, ce que nous avons traversé, ce que nous vivons. Il faut connaître les gens. Il faut aller plus en profondeur. Sur les réseaux sociaux, tu peux diffuser beaucoup de messages positifs, mais aussi beaucoup de haine et de jugement. Tu as le choix. »

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