Magic Johnson et le basket scandinave : une histoire improbable
En 1999, alors qu’il a 40 ans et une carrière NBA derrière lui, Magic Johnson devient copropriétaire, sponsorise et joue pour le club suédois nommé Borås Basket. Il l’avait alors renommé : Magic M7 Borås. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas pourquoi il a choisi ce club d’une petite ville au sud-ouest de la Suède. Il s’est peut-être remémoré ses bons souvenirs à l’Everett High School dont les sportifs sont communément appelés : Vikings.
En 1991, le quintuple champion NBA fait une annonce fracassante qui changera le cours de sa vie : il est porteur du VIH. Il décide la même année de quitter la grande ligue, mais il n’abandonne pas complètement les terrains. En 1992 il remporte le titre olympique à Barcelone avec la Dream Team. Il fait par la suite un bref retour en NBA lors de la saison 1995-1996 avant d’arrêter définitivement sa carrière de joueur NBA. Après avoir entamé une carrière de business man, Magic revient vite à la balle orange. En 1999, il jette son dévolu sur Borås, une ville connue pour son pôle de recherche et son parc industriel. Le Général Manager Steve Haney disait à l’époque que Magic Johnson avait choisi la Suède en partie, car il avait apprécié le pays lors de la tournée qu’il avait faite en 1996 avec d’autres joueurs NBA. Magic lui veut développer le basket suédois dans ce pays qui préfère le football et les sports d’hiver :
« Je me suis dit qu’il serait affectivement marrant de venir jouer en Suède pour apporter plus d’exposition au basket suédois, mais aussi d’exposer ce sport aux enfants, car nous savons que le ski, le hockey et le football sont très populaires et on veut que le basket devienne également populaire ici. » Déclarait-il à la télévision suédoise.
Lors de cette même interview, il évoque également l’intérêt croissant que la NBA a pour le basket européen :
« Quand tu regardes autour, en Italie, en Grèce, en Espagne, tu as vraiment des puissants bastions dans le basket européen. La NBA s’y intéresse et nous avons de plus en plus de joueurs formés en Europe qui jouent en NBA. Peut-être qu’un jour la NBA fondera une ligue en Europe. »
Le nouveau copropriétaire fait ses débuts en tant que joueur le 26 octobre 1999 contre Uppsala. Un jour avant le match, le coach du Magic M7 Borås Charles Barton est hésitant sur l’état de forme de sa nouvelle star :
« Il est difficile de dire combien de minutes Earvin peut jouer. »
« Il ne serait pas venu sans s’être préparé. »
Résultat : triple double pour le bon vieux Magic. Avec ses 11 points, 14 rebonds et 14 passes, il mène Borås vers une large victoire 84-60 dans une salle de 3300 places pleine à craquer.
Il faut attendre plusieurs semaines avant de revoir le triple MVP NBA sur un parquet suédois. A l’origine, il devait jouer un seul et unique match, mais face à l’engouement qu’il suscite, il remet finalement le couvert. Le 14 janvier 2000, le M7 Borås affronte les Dragons de Sundsvall. L’enthousiasme général est tel que le match est déplacé à Göteborg, deuxième ville du pays. L’ancien joueur de Michigan State est cette fois-ci bien préparé et ne loupera que 79 secondes de la rencontre. Avec ses 17 points, il emmène son équipe vers une nouvelle victoire 94-64. Il score 30 points le match suivant puis 34 points contre les Dolphins de Norrkpoping et 17 points, 11 rebonds et 7 passes décisives contre Molndals-Kvarnsby. Le 24 janvier, il joue son dernier match à Stockholm contre Alvik. Avec ses 15 points, 7 rebonds et 13 passes, il emmène une nouvelle fois ses coéquipiers vers la victoire sur le score de 102 à 96 devant 12 000 personnes. Suite à un changement de coach, il s’arrête de jouer et peu à peu son aventure suédoise bat de l’aile et son projet échoue.
Il décide donc de partir, mais reste en Scandinavie puisqu’il rejoint le Danemark et Copenhague. Il rebaptise l’équipe Magic Great Danes et y joue seulement deux matchs dont une défaite 97-68 face au Zalgiris Kaunas dans le cadre de la Northern European Basketball League (NEBL), compétition aujourd’hui disparue. Lors de ces deux rencontres, il tourne à 8,5 points, 11,5 rebonds et 12,5 passes décisives. Là encore, c’est un échec.
La légende des Lakers jouera encore quelques matchs à droite à gauche avant de raccrocher totalement. Son aventure nordique prendra donc fin prématurément en 2001 sans réel succès. Cela n’entachera en rien sa légende, Magic reste magique même dans ses choix et péripéties aussi improbables soient-elles.
Via Solobasket.com, The Independent et Associated Press