La pandémie a presque tué les entrainements collectifs; Bradley Beal : « Quand est-ce qu’on a le temps de s’entrainer ? »
Depuis plusieurs années, les entrainements en NBA sont délaissés pour que les joueurs soient plus en forme lors des matchs. Et honnêtement, quand on voit à quoi pouvait ressembler des séances d’entrainement dans les années 70, on peut comprendre, comme le racontent Kurt Rambis, qui a joué en NBA entre 1981 et 1994 (880 matchs, pour 5,2 points et 5,6 rebonds de moyenne) et Stan Van Gundy, qui a commencé sa carrière de coach il y a 25 ans.
« On passait plus de temps sur le terrain, il y avait plus de contact, avec plus de répétitions. Et c’était plus compétitif. Ce n’était pas que du cinq contre zéro. Il y avait plus d’exercices, et plus de compétition sur le plan physique. C’était plus souvent, plus long, plus compétitif. » Stan Van Gundy, le coach des Pelicans.
« Le concept des entrainements, c’est qu’ils étaient censés être plus durs que les matchs, pour rendre ces derniers plus faciles. Les fautes n’étaient pas souvent souvent sifflées, et il fallait apprendre à continuer à jouer malgré tout, à absorber les choses. Quand vous alliez en match après, les choses seraient plus faciles du coup. » Kurt Rambis.
Un raisonnement qui se tient, mais avec les avancées médicales et les investissements financiers plus importants, la NBA a désormais les moyens et des raisons de prendre plus soin de ses joueurs. Et elle ne s’en prive pas. Une des premières solutions pour protéger les joueurs a été de rendre ces entrainements collectifs plus légers, afin de limiter les risques de blessures. Mais cela a eu un coût : les matchs sont devenus plus individuels à cause de l’absence d’automatismes entre les joueurs. Ce qu’on peut facilement comprendre, quand on sait à quel point certaines équipes font peu d’entrainements collectifs : du côté des Lakers, on a ainsi fait cinq séances en groupe entre le début de saison et le All-Star Game.
« Je préfèrerais qu’on s’entraine plus. C’est plus difficile d’exécuter quand vous n’avez pas assez de travail pour bosser sur vos habitudes. J’ai vu ça avec l’équipe. » Frank Vogel, le coach des Lakers.
Et c’est un peu la même chose pour toutes les autres équipes.
« On utilise les matchs comme entrainement. Le plus important, c’est d’être prêt pour le début des playoffs. » James Harden.
D’ailleurs, selon Doc Rivers, l’absence d’entrainement a fait très mal aux Clippers l’année dernière.
« Ça nous a tués, on ne s’est jamais entrainé… » Doc Rivers.
Mais alors, pourquoi il n’y a pas plus de séances pour travailler ?
« Ça a beaucoup changé depuis que je suis arrivé dans la ligue (en 2010 ndlr). À l’époque, on s’entrainait presque chaque jour. Maintenant, je suis dans une équipe de vétéran, qui peut gagner le titre. On ne peut pas se permettre d’avoir des blessures. Ce n’est pas la même ligue que quand je suis arrivé. » Paul George.
Au final, même d’anciens joueurs comme Kurt Rambis admettent que la manière de faire actuelle est surement meilleure qu’à leur époque. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils n’étaient pas au courant de tout, et qu’un joueur moins préparé, mais qui tient sur ses deux jambes sera de toute façon plus utile que s’il est coincé à l’infirmerie.
Mais le truc, c’est qu’avec le coronavirus, qui a entrainé un raccourcissement de la saison et donc un alourdissement du calendrier, il y a encore moins de temps pour les entrainements. Le plupart des équipes ne s’entrainent pas après des back-to-backs, peu d’entre elles le font quand il n’y a quand jour de repos entre deux rencontres.
« Nous jouons un jour sur deux. Il faut se demander : ‘quand est-ce qu’on a le temps de s’entrainer.' » Bradley Beal.
Et comme, pour de nombreux coachs, la manière la plus simple de faire progresser une équipe passe justement par la création d’automatismes, cette situation rend leur boulot plus compliqué.
« Les répétitions de bonne qualité se transforment en habitudes, et les habitudes sont très importantes. Il faut que les vôtres soient meilleures que celles des gars contre qui vous jouez. » Stan Van Gundy.
Et il n’y a pas que le nombre d’entrainements qui a pris un coup : la qualité aussi.
« J’ai le sentiment que l’endurance émotionnelle, et la capacité à tenir mentalement de l’équipe sont différentes. » Quin Snyder, le coach du Jazz.
Il faut dire que le stress engendré par la pandémie, associé aux tests quotidiens effectués par les joueurs ne doit pas aider dans ce domaine… Mais il n’y a pas de quoi s’alarmer non plus, les entrainements collectifs ne risquent pas de complètement disparaitre pour tout le monde. Les équipes les plus jeunes vont continuer à beaucoup travailler pour progresser, et même les joueurs les plus vieux apprécient un bon match d’entrainement de temps en temps.
« Je me sentais toujours bien quand je m’entrainais parce que je sentais que je faisais travailler mon corps et mon mental, que je leur demandais d’aller à fond et que je faisais traverser beaucoup de choses à mon corps. Donc quand j’arrivais en match, c’était plus facile parce qu’on s’entrainait dur. Je pouvais voir chaque couverture défensive, donc je savais comment jouer malgré ça, comment manipuler les défenses. Il y a des pour et des contre en fait. La ligne est fine, je pense que les équipes devraient s’entrainer. Mais la ligne est fine pour savoir la quantité d’entrainement qu’il faut. » Paul George.
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