« Le coach croit en moi et en ce que je fais » : Avec Quin Snyder, Jordan Clarkson se révèle
Arrivé au Jazz fin 2019, Jordan Clarkson semble revivre cette saison dans l’Utah. Grandissime favori au titre de 6ème homme de l’année, le natif de Tampa a peu être enfin trouvé la recette, celle de la stabilité…
Drafté en 2014 par les Wizards, puis envoyé aux Lakers contre du cash, Clarkson a surtout côtoyé la défaite à l’aube de sa carrière. Mélangé à Kobe Bryant et un effectif étrangement construit, il n’a jamais trouvé sa place en Californie. Le tout au sein d’une équipe pas forcément pleinement adaptée au développement de ses jeunes joueurs.
« Avec les Lakers, nous n’étions pas vraiment compétitifs, on ne visait rien au championnat, c’était aussi une expérience d’apprentissage. »
Tradé par la suite dans l’Ohio en février 2018, Clarkson va participer aux finales NBA de la même année avec le Cleveland de LeBron James, malgré un temps de jeu très faible. Il a beaucoup joué au début après avoir été échangé aux Cavaliers, mais au moment où cette équipe a atteint les Finales, il était à la limite de la rotation régulière, si ce n’est carrément hors de la rotation.
« Jouer à Cleveland pendant les playoffs, c’était une expérience d’apprentissage énorme pour moi », a déclaré Clarkson. « C’était la toute première fois que j’y participais. Ce qui m’a frappé, c’est à quel point tout est détaillé. Tout avait de l’importance, et cela a été très important pour ma croissance en tant que joueur et en tant que personne.
Même s’il va progresser personnellement, Clarkson va peu à peu faire naufrage dans une équipe des Cavs orpheline de son roi, LE roi aux yeux de certains, parti au Lakers. De son côté, il va continuer à travailler, notamment son shoot, qui en avait bien besoin. Les premières années de sa jeune carrière ont été marquées par de longs tirs à 2 points absolument catastrophiques, un shoot global très peu fiable, ainsi qu’ un manque notable de défense. Cela se voit notamment cette saison avec le Jazz. En 2020-2021, il s’est concentré le tir longue distance (58,2% de ses tirs) plutôt que les tirs à 2 points (41,8%), prenant 8,8 shoots longue distance cette saison. Volume impossible a concevoir sans une confiance accrue en son shoot extérieur. Une confiance survenue après un long travail de sape :
« Cela m’a frappé à Cleveland, de ne pas être capable de produire en playoffs », a déclaré Clarkson. « C’est pourquoi je me suis posé avec les entraîneurs. Nous avons analysé les films, tout. Nous avons commencé à analyser mes tirs. J’ai essayé de m’améliorer dans tous les domaines. Quand je suis arrivé dans l’Utah, le coach Snyder m’a dit la même chose. Il voulait que je prenne ces tirs. Cela signifiait beaucoup pour moi, que le coach croit en moi et en ce que je fais ».
Voyant ces progrès, Utah et Quin Snyder ont décidé de se pencher sur le cas Clarkson. Le Jazz a donc échangé Dante Exum et un second tour de draft avec Cleveland (ce qui paraît être une bonne affaire, quand on regarde la transaction avec nos yeux d’aujourd’hui) afin d’acquérir les services du très probable futur « Sixth men of the year », plaçant de grands espoirs en lui, afin de sauver une second unit en perdition dans l’Utah. Après ce trade, le Jazz est peu à peu devenu l’une des attaques les plus prolifiques de la ligue, notamment grâce à l’ajout de Clarkson, combiné aux présences de Donovan Mitchell, Mike Conley, Joe Ingles ou encore Bojan Bogdanovic. Une équipe élite offensivement (Troisième Offensive Rating cette saison), mais aussi défensivement redoutable (Troisième Defensive Rating également), à l’adresse purement démentielle à 3 points, malgré un volume de shoot plutôt considérable. Une recette qui permet aujourd’hui de se battre pour le spot de leader de la Conférence Ouest, avec les Suns de Phoenix. Quinn Snyder, lui candidat au titre de coach de l’année, a pleinement accepté le style de jeu de Clarkson, dynamiteur hors pair en sortie de banc. Le crédit est aussi à mettre au coach du Jazz. La qualité principale de Clarkson est de dynamiter les second unit adverses ? Laissons le dynamiter les second unit adverses, si c’est dans quoi il est le meilleur. Il se contente de jouer au basket, son basket. Et cette confiance dans le jeu est quelque chose dont le Jazz aura grandement besoin dans la course à la première place, et à tous les niveaux en playoffs, surtout face aux gros calibres que sons les équipes de Los Angeles ou encore Denver.
« Jordan s’est vraiment intégré à notre groupe sur le terrain et en dehors. C’est quelqu’un qui a parfaitement adhéré au jeu que nous produisons, et ce dès le premier jour où il est arrivé. » Snyder
Avec le Jazz, Clarkson s’est parfaitement acclimaté, dans un rôle qui lui convient parfaitement. Cela lui a permis d’obtenir son premier contrat à long terme, un contrat de quatre ans, qui devrait le garder dans l’Utah un bon bout de temps. Cela a permis à surtout Clarkson de réaliser la meilleure saison en carrière, après des années de balbutiements. Pour atteindre cet objectif de « Sixth Man of the Year », le meneur du Jazz s’inspire de joueurs qui ont excellé dans ce même rôle tels que Manu Ginobili, Lou Williams, ou encore Jamal Crawford. Il se classe troisième dans les meilleurs scoreurs en sortie de banc de l’histoire du Jazz, derrière Thurl Bailey, qui a lui culminé à 19.6 et 19.3 points par match, consécutivement en 1987-1988 et 1988-1989.
« La franchise m’a laissé être moi-même, cela a beaucoup compté pour moi. Donc, gagner le titre de Sixième homme de l’année signifierait beaucoup. Je n’en ai pas besoin pour valider ce que je fais. Mes coéquipiers, le staff et la franchise me l’ont donné. Je peux donc laisser mon travail parler pour moi. Cela signifie simplement que l’on apprécie mon rôle et ce que j’ai accompli. Cela montre qu’il y a eu une longue période de croissance et que j’ai trouvé des solutions. Cela montre que j’ai été accepté dans la ligue. J’ai subi beaucoup de critiques depuis mes débuts. Donc, je dois juste prendre les critiques constructives pour ce qu’elles sont et continuer à essayer de m’améliorer. »
Cette saison principalement, son impact sur le parquet va au-delà de ses 17 points par match, son record en carrière. Ajoutez à cela 3.3 rebonds par matchs (record en carrière) et 2.4 passes décisives, le tout en 26 minutes de jeu. S’ajoute à cela une réussite presque étonnante de 91,7% sur la ligne des lancers francs. D’un autre côté, il shoote à 42% de réussite cette saison, le pire pourcentage de sa carrière. C’est encore pire à 3 points, avec seulement 34% de ses tirs qui finissent dans le panier. Il prend en moyenne 15.3 tirs par match, dont 8.8 derrière la ligne. Il a explosé son record en carrière dans ce domaine, son précédent meilleur total était de 6, en 2019-2020. Avec son côté dynamique, sa facilité à aller attaquer les défenses adverses, il rend presque à lui seul le banc du Jazz explosif. Il est l’un des meilleurs joueurs de la ligue quand il s’agit de un-contre-un balle en main. Cet aspect du jeu, son drive, est aussi priorisé : il va beaucoup plus vers le cercle que lors des saisons précédentes, alors qu’il aurait privilégié le tir mi-distance il y a quelques temps. Sa présence tous les soirs enlève de la pression sur Donovan Mitchell et Mike Conley, moins obligés de porter la balle en début de possession. Clarkson balle en main, attire la défense et permet à Mitchell, Conley, Bojan Bogdanovic ou Joe Ingles de se retrouver totalement ouverts derrière la ligne. Malheureusement, ses drive balle en main sont souvent destinés à la création pour lui, et uniquement pour lui même. Cette création de spacing par Clarkson pourrait cependant permettre aux joueurs précédemment cités d’être plus servis en lâchant un petit peu plus la balle, afin d’artiller de loin, surtout quand on connait leur adresse à en perdre la tête. Un nouvel axe de progression dans le futur pour l’arrière ?
Jordan Clarkson a peut-être besoin du Jazz pour performer, mais le Jazz a besoin de son sixième homme pour performer à ce niveau aussi.
« L’émergence de Jordan a été une confluence de choses », a déclaré Dennis Lindsey, directeur général de l’Utah Jazz. « C’est l’acceptation par Quin de son style de jeu. C’était notre besoin criant d’énergie offensive et de punch. C’est une chose d’aller chercher des chiffres. Mais ici, il est capable d’avoir un rôle majeur au sein d’un prétendant. Jordan a vu plusieurs situations différentes. Il a reconnu à quel point il s’agit d’une situation de basket pure. Et il a apporté à notre culture, et il a donné un coup de pouce à la personnalité de notre équipe ».
Via The Athletic