Oscar Robertson : « On n’y a pensé que lorsqu’on a consulté les archives et qu’on a vu ce que j’avais fait. J’ai moi-même été surpris »
Alors que Russell Westbrook est sur le point d’égaler puis sûrement passer son record historique de triple double, Oscar Robertson, la légende des Royals et des Bucks, a accordé une interview au New York Times, afin de revenir sur certains éléments de sa carrière, comme son trade vers Milwaukee ou bien la vision de ses performances vues de l’extérieur, et les caractéristiques du jeu de la NBA actuelle. Des statistiques qui n’étaient pas reconnues à la hauteur de leur côté exceptionnel, tout simplement parce le triple-double n’existait pas, mais surtout, n’intéressait pas.
« À l’époque, on se concentrait sur le scoring et les blocks. Ces performances n’attiraient pas la lumière sur moi. On n’y a pensé que lorsqu’on a consulté les archives et qu’on a vu ce que j’avais fait. J’ai moi-même été surpris. » Oscar Robertson
Le terme de triple-double n’a été inventé qu’au début des années 1980, lorsque le Magic des Lakers de Los Angeles a lui aussi commencé à afficher régulièrement des lignes de statistiques très proches de celles d’un Oscar Robertson à son époque avec les Bucks et les Royals. Un fait dont le principal intéressé n’était « pas du tout au courant ». Robertson, premier homme à marquer l’histoire du triple double, s’en souciait-il vraiment ?
« Je n’ai jamais pensé à marquer des points. Je n’ai jamais pensé aux rebonds. Je n’ai jamais pensé aux passes décisives. Je ne pensais qu’à gagner. Et nous n’avions pas une si grande équipe de basket à Cincinnati, alors nous avions un peu de mal. Ils attendaient de moi que je sauve la franchise, je suppose. Mais vous avez besoin d’une équipe pour faire ces choses. » Oscar Robertson
La NBA de l’époque était surtout dominée par les « big men » et le jeu au poste, favorisant les joueurs de très grande taille. Une taille qui permettait donc plus facilement de gratter un grand nombre de rebonds, grâce à un avantage physique certain. Mais Robertson et ses « modestes » 1m96 ont cassé les codes, notamment grâce à la maîtrise du box-out.
« Au lycée, je jouais à des postes intérieurs et extérieurs. Quand j’ai commencé à jouer à l’université, j’ai choisi le poste 3. J’avais simplement les bases pour pouvoir jouer à l’intérieur ou à l’extérieur. Je remercie toujours mes entraîneurs du lycée de m’avoir aidé à développer ces qualités. Je savais simplement comment box-out. Pour moi, il s’agissait simplement de jouer au basket. » Oscar Robertson
Présent depuis 1960 à Cincinnati, Robertson sera tradé par sa franchise 10 ans plus tard vers les Bucks. Un échange dont Charlie Paulk et Flynn Robinson vont aussi faire partie, mais dans le sens inverse. Un transfert plus que bénéfique pour Robertson, qui sera champion NBA un an plus tard, avec le Milwaukee de Kareem Abdul-Jabbar. Un soulagement pour Robertson, qui sentait le vent tourner du côté de Cincinnati.
« C’était bien. J’ai juste ressenti le fait que la famille du basket de Cincinnati estimait que je n’avais rien fait en 10 ans, alors que tout ce que j’avais fait, c’était d’être All-Pro pendant 10 années consécutives. Mais ils voulaient échanger Oscar Robertson. Je ne voulais tout simplement pas qu’ils essaient de détruire ma crédibilité et ce que j’avais fait pour la ville de Cincinnati. Quand je suis allé à Milwaukee, j’ai évalué ma situation, et je n’oublierai jamais que j’ai dit à ma femme : « Je ne marquerais pas autant qu’à Cincinnati » Et elle a dit : « Pourquoi ? » Je lui ai dit que je devais impliquer les autres joueurs dans le jeu. Pour gagner, il faut que les autres joueurs contribuent à l’attaque. » Oscar Robertson