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Y a-t-il vraiment eu plus de blessures en NBA lors de cette saison COVID ?

Une saison « épuisante pour tout le monde, pour chaque équipe, chaque joueur ». Voilà comment Steve Kerr résume la saison régulière 2020-2021. Une saison rythmée par les matchs à huis-clos, reportés, les tests covid, les back-2-backs et les salles vides.

Alors que la NBA était préoccupée avec la gestion de la pandémie et la continuation de sa saison, un autre problème a fait son apparition cette année : les blessures. Selon Kevin Pelton d’ESPN, le nombre moyen de joueurs mis à l’écart par match cette saison pour cause de blessure, de maladie (hors COVID-19) ou de repos était de 5,1, soit le chiffre le plus élevé depuis que ce phénomène est suivi, en 2009-2010. Ce chiffre n’inclut pas les matchs manqués par les joueurs dans le cadre des protocoles de santé et de sécurité. Ce chiffre est 5% plus important que celui relevé la saison dernière.

Comme le montrent les cas de James Harden, Kevin Durant, LeBron James ou encore Anthony Davis, cette tendance est encore plus importante quand l’on regarde les All-Star. Cette saison, cette catégorie de joueur a manqué 19% des 72 matchs, soit 1944 matchs au total. En moyenne, un All-Star a manqué 13.7 rencontres en 2020-2021, du jamais vu auparavant.

La crainte d’une augmentation de ces blessures s’est accentuée lorsque le calendrier s’est condensé en fin de saison. Le rythme de la saison régulière est déjà très soutenu en temps normal, c’est encore plus le cas cette saison. Le nombre de matchs moyen qu’une équipe dispute par semaine a lui aussi augmenté : 3,6 cette saison contre 3,42 l’an passé, c’est donc plus d’un match tous les deux jours en moyenne. Adam Silver et ses associés ont notamment mis en place des baseball series (back-2-back contre un même adversaire et dans la même salle) dans le but de limiter les déplacements et donc augmenter le temps de repos entre les matchs. Les two-way contracts ont pu être présents quasiment toutes la saison, et les coachs ont donc eu 17 joueurs à disposition. Mais malgré quelques petits ajustements, cette condensation du calendrier a bousculé l’agenda des joueurs : il y a moins d’entraînements et de shootarounds, moins de sommeil, plus de stress lié aux nombreux tests PCR. L’intersaison entre les exercices 2019-2020 et 2020-2021 a aussi été exceptionnellement courte (71 jours pour les finalistes, Lakers et Heat). Certaines équipes ont de plus dû rattraper des matchs qu’elles avaient manqué pour cause de cas de COVID-19 (ce qui a provoqué des arrêts prolongés suivis de grosses séries de matchs).

« Lorsque vous ne pouvez pas vous entraîner, vous obtenez des blessures des tissus mous », a déclaré un responsable de la formation athlétique d’une franchise de la Conférence Ouest. « C’est un fait connu ».

Ces blessures de « tissus mous » (ligaments, tendons), ce sont des blessures telles que les claquages, élongations, notamment aux ischio-jambiers. Ce genre de problème a affecté James Harden tout au long de la saison, encore lors du Game 1 face aux Bucks en début de semaine. Le nombre de blessures de ce type a explosé : pour Jeff Stotts, qui gère une base de données de suivi des blessures en NBA, 2909 matchs ont été manqués cette année pendant la saison régulière. Pourquoi affirmons nous que ce chiffre a explosé, car c’est le deuxième taux le plus élevé relevé par Stotts, excepté 2017-2018. Mais lors de cette saison la, les joueurs avaient disputés 82 matchs, et non 72.

 » [Nous] avons encore eu une très courte période de repos et nous venons de disputer un très grand nombre de matchs. Je pense que ce sera mieux l’année prochaine avec un calendrier plus normal, mais nous ne pouvons pas être sûrs de la quantité de charge que ces joueurs porteront au début du camp la saison prochaine. »

« C’est brutal dans l’ensemble », a ajouté un GM de franchise.

« Sans hésiter, c’est le pire calendrier que j’ai vu en 25 ans. C’est juste de la folie. » Un assistant coach NBA

Cette saison n’a pas manqué d’éveiller les avertissements de joueurs et entraîneurs, qui semblent épuisés, à bout physiquement :

“Du moment où nous sommes entrés dans la bulle à maintenant, ça a été épuisant. Mentalement, physiquement, spirituellement, émotionnellement. Tout le monde a dû y faire face, mais juste après la finale dans la bulle, nous avons dû retourner rapidement aux affaires. Ça a été très épuisant. Nous avons tout donné, mais c’est que le meilleur gagne et les Suns ont été le meilleurs tout au long de cette année et lors de cette série.” LeBron James

Le Heat et les Lakers ont effectivement eu l’intersaison la plus courte de l’histoire du sport professionnel nord américain, NBA, NFL, NHL ou MLB confondus. Cela s’est ressenti vis à vis de leurs stars, Anthony Davis et LeBron James, qui ont tous les deux beaucoup soufferts de blessures cette saison, que cela soit à la cheville pour James, ou bien au mollet, au tendon d’Achille ou à l’aine pour Davis. De ce fait, ils ont seulement joué 27 matchs ensemble. Un autre exemple en la personne de Jamal Murray, out pour de longs mois à cause d’une rupture des ligaments croisés.

Mais quid du Heat alors ? Pat Riley nous éclaire sur la situation de sa franchise au niveau physique.

« Nos joueurs, notre staff, les gens qui ont été ici tous les jours, tous les jours, ils sont mentalement usés plus que physiquement. Et je pense qu’ils ont juste besoin de se reposer pendant deux semaines, un mois ».

Michael Malone, coach des Nuggets, ajoute : « Je pense que cette année a été la plus difficile de mes 20 ans en NBA. Il y a la contrainte mentale, physique, émotionnelle. »

Cependant la NBA contre attaque, et se défend. Pour elle, il y a du positif cette saison au niveau médical et physique. Selon elle, le taux de blessure est similaire a celui de l’année dernière, en ne prenant pas compte des complications liées à la pandémie. Pour la NBA, les équipes ont joué 20 matchs de moins que les projections sur les deux années écoulées, ce qui tempère quant à l’argument du calendrier ultra resserré.

« Les taux de blessures de cette saison étaient pratiquement les mêmes que ceux de la saison dernière, et toute suggestion contraire est inexacte », a déclaré David Weiss, vice-président senior NBA. « Le nombre de blessures graves a été plus faible cette saison que la saison dernière. Bien que plus de joueurs cette saison aient manqué un seul match en raison d’une blessure ou de repos, les blessures entraînant de nombreux matchs manqués étaient conformes aux tendances historiques normales. Opérer cette saison en toute sécurité dans un contexte de pandémie a été un défi physique et mental pour toutes les personnes impliquées, et les joueurs et les équipes ont relevé le défi et évité une augmentation des blessures graves. »

Pour Steve Kerr, en plus de l’aspect physique, cette saison a été très dure à vivre au niveau émotionnel, humain. Avec les matchs disputés dans des salles vides, qui en plus de faire mal économiquement aux franchises, ont perturbés les joueurs, les rosters de NBA ont manqué de ce lien social tellement nécessaire au bon fonctionnement des joueurs et organisations.

« Les protocoles COVID, le manque de connexion émotionnelle. Ne pas pouvoir voir sa famille ou ses amis à l’extérieur, aller au restaurant, toutes les choses normales que vous faites pour changer d’air et dans votre vie sociale, a déclaré Kerr. « Vous n’avez aucune de ces choses, donc cette saison a été extrêmement épuisante ».

On peut alors se questionner sur la gestion de la NBA, par Adam Silver et son équipe. Une gestion axée sur le sauvetage des meubles au niveau financier, surtout quand l’on connaît les pertes financières liées à la crise de la COVID-19, mais qui s’est faite au détriment des joueurs et staffs. Les matchs se sont enchainés malgré les contraintes physiques, les back-2-back et les déplacements, le protocole sanitaire. Des situations qui ne laissent pas place au répit, physique comme émotionnel. La NBA est un business, et elle avait un business à faire tourner cette saison. Comme souligné par Lewis Hamilton avant le Grand-Prix d’Australie 2020 de Formule 1, puis évoqué par Daniil Medvedev à Roland-Garros hier soir, « Cash is King« . Et la NBA n’est pas une exception à cette règle.

« Cette période de deux ans aura des effets à long terme sur les joueurs, qui vont perdurer des années. C’est comme quand vous avez une coupure de courant, vous allumez des bougies pour avoir de la lumière, mais vous ne les aurez plus à la prochaine coupure de courant. C’est ce qu’on fait aujourd’hui avec les joueurs à un rythme alarmant. Mais quelle est la solution ? Des effectifs de 25 joueurs ? Moins de matchs ? Ce n’est pas dans le genre de la Ligue. Cela demande une collaboration avec le syndicat des joueurs. C’est une responsabilité partagée, motivée avant tout par l’argent. » Un manager général NBA

Cependant, ce qui est fait et fait, le mal aussi. Vers quoi se tournera le futur de la NBA ? La ligue va en tout cas essayer d’améliorer la situation, comme le suggère GM d’une franchise, sous couvert d’anonymat :

« Tout le monde est partisan de moins de déplacements »

Mais la perspective d’une deuxième intersaison courte consécutive est un sujet qui préoccupe la NBA, ainsi que les franchises et les joueurs. Les finales de cette saison 2020-2021 doivent se terminer le 22 juillet si le calendrier ne vient pas à être perturbé. La Summer League est prévue dans le courant du mois d’août et les équipes pourraient reprendre le camp d’entraînement fin septembre avant de commencer une nouvelle saison en octobre, une date plus habituelle, surtout quand l’on compare avec ce qui a été connu cette saison.

Lors des discussions entre le syndicat des joueurs, la ligue et les partenaires de la NBA, une décision logique a été prise : il faut ramener le calendrier NBA dans la forme normale et le plus vite possible, donc dès la saison prochaine, – un calendrier complet de 82 matchs qui commence en octobre avec les finales qui se terminent en juin – plutôt qu’un étalement sur une période de plusieurs années.

« Ces deux années ont certainement été stressantes du point de vue du style de vie et de la santé mentale, et nous ne devons pas négliger cela », a déclaré Evan Wasch, vice-président exécutif de la NBA chargé de la stratégie et des analyses du basket-ball. « Mais du point de vue de la compétition proprement dite, si l’on considère le nombre réduit de matchs au cours de chacune des deux dernières saisons et le temps total passé loin du terrain par les joueurs entre la pause et les deux intersaisons, nous ne sommes pas dans une situation plus défavorable en termes d’usure générale et de temps de repos et de récupération que nous ne l’aurions été au cours d’une période normale de deux ans. La seule chose qui entre en ligne de compte est la fatigue que tout le monde ressent, ce qui, comme nous le savons tous, n’est pas propre à la NBA. Nous apprécions énormément le travail des entraîneurs, des médecins, des traceurs de contact et de tous ceux qui ont participé à l’effort de santé et de sécurité de cette saison. C’est incroyable à quel point ils ont dû travailler dur cette année. »

Entre les lignes, la NBA ne semble pas totalement insatisfaite. Même si elle reconnait la fatigue mentale et physique, elle appuie sur le fait que la situation n’est pas si exceptionnelle, et que cela aurait pu être pire si le nécessaire n’avait pas été fait. Elle se félicite de sa gestion, qui a permis de faire perdurer la saison ainsi que les 72 matchs minimums prévus dans les contrats télévisuels. Mission réussie donc, à voir quelle direction prendra la ligue dans les prochaines semaines et mois, afin de prendre soin de son business comme de ses souverains.

Via ESPN

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