Jordan Clarkson fait des misères à son mentor Tyronn Lue
Game 1, 85-88 Jazz, 9 minutes à jouer. Menés de 13 points à la mi-temps, les Jazzmen sont revenus dans la partie, face aux Los Angeles Clippers. Mitchell en tête de raquette décale O’Neale qui fait l’extra pass pour Jordan Clarkson, qui se retrouve seul dans le corner. Le numéro 00 n’hésite pas et prend le tir : bang.
Le Jazz creuse, prend 6 points d’avance et Salt Lake City s’embrase. Ce tir est probablement l’un des plus importants de la carrière de Clarkson, lui qui s’est très rarement retrouvé dans ce genre de situation. Il confie :
« Après avoir mis le tir, la salle est tellement bruyante qu’elle devient calme, pour être honnête avec vous », explique Clarkson dans les colonnes de The Athletic. « Hier, le bruit était si fort qu’on ne pouvait plus s’entendre. Vous avez presque l’impression que tout est silencieux, tellement c’est fort. C’est l’une des meilleures sensations. »
Cette campagne de play-offs est la 3e de Jordan Clarkson. Épanoui, Clarkson joue son meilleur basket, en témoigne sa moyenne de 18.6 points contre Memphis, au premier tour, un record pour lui. 18 points, c’est également sa production statistique contre les Clippers, lors du Game 1. Une production qui a fait la différence et qui a permis au Jazz de s’imposer. Si les Clippers ont tenté de la faire jouer avec sa main gauche, s’ils ont tenté de l’arrêter à 3 points, force est de constater que Clarkson a répondu présent, au meilleur des moments. Lors du Game 2 ? Rebelote : avec ses 24 points, il inscrit l’ensemble des points du banc du Jazz.
Après avoir mis ce shoot décisif, Clarkson s’est retourné vers Tyronn Lue, entraineur dont il est extrêmement proche. En effet, c’est ce dernier qui lui a inculqué, entre autres, la mentalité propre aux play-offs. Clarkson explique :
« Il m’a parlé de tout cela, comment se comporter pendant les playoffs, comment agir pendant les playoffs, ce qu’il faut faire, trouver une routine », a déclaré Clarkson. « C’est purement et simplement de la compétition, le fait de le voir sur le banc des Clippers …. Ty Lue m’a toujours parlé, envoyé des SMS : il était à mon écoute avant même qu’il ne soit à Cleveland. »
Un Clarkson qui se veut reconnaissant envers Lue :
« Dans ces moments-là, quand vous le voyez, vous savez qu’il fait partie du processus qui vous a permis d’être là où vous en êtes ».
Tyronn Lue, quant à lui, est fier de son poulain. Bien entendu, il ne veut tout de même pas le voir surperformer :
« Vous voulez qu’il joue bien, mais vous voulez qu’il perde ».
En effet, les deux hommes se connaissent bien. Bien avant leur aventure commune à Cleveland, Lue avait déjà des vues sur Clarkson, notamment à l’été 2016, quand l’arrière évoluait chez les Missouri Tigers. Une relation s’est alors nouée entre les deux hommes, forte de textos et d’appels échangés, ou à l’occasion de diners organisés à Los Angeles. Tradé en provenance des Lakers, Clarkson a toutefois connu des débuts difficiles dans l’Ohio, notamment lors de cette série entre Cavs et Pacers. Bien que mauvais, Lue n’a jamais cessé de douter de Clarkson :
» Ce que j’ai toujours compris et su, c’est qu’il n’avait pas peur. Il ne mettait pas ses tirs, mais c’était nouveau pour lui. Ils l’ont observé et ont essayé de lui épurer son jeu. Il n’avait pas peur du moment, c’est juste qu’il ne mettait pas de tirs. J’avais confiance en lui. Si j’ai un joueur qui n’a pas peur, et qu’il ne met simplement pas de tirs, j’ai confiance en lui et je sais qu’il va réussir à un moment donné. »
Ainsi, lors de la série contre Indiana, Clakrson termine avec un terrible 2 sur 14 à 3 points au cumulé. Résultat : Lue sort Clarkson sort de la rotation lors des finales de Conférence, contre les Celtics. Certes, ce fut une période difficile pour le jeune arrière, mais Lue l’a aidé à se construire, à changer son jeu et à prendre confiance en lui :
« Il m’a enlevé de la rotation et m’a dit : « nous allons aller dans cette autre direction », explique Clarkson. » Il a parlé de sacrifice et de se trouver soi-même. Je l’ai compris et je l’ai énormément respecté pour ça. J’étais un peu immature, pas vraiment prêt pour ces moments. J’ai beaucoup travaillé, mais pour beaucoup de ces choses, il faut travailler plus intelligemment, comprendre vraiment ce qu’il faut faire. »
Un véritable déclic mental pour Clarkson, qui l’a amené là où il est aujourd’hui, c’est-à-dire meilleur, 6e homme de la ligue. Épanoui sous la tutelle de son coach Quin Snyder, Clarkson réalise de bons play-offs cette année :
« Je pense qu’il a ajusté sa façon de marquer. Il est plus agressif à 3 points, sans sacrifier sa capacité à créer. Dans un certain sens, c’est une question d’opportunité, de temps et de confort. Je pense qu’il sait à quel point je crois en lui, à quel point ses coéquipiers croient en lui. Il joue avec beaucoup de confiance. Il sait que nous avons besoin de lui ».
Mais ce n’a pas toujours été le cas, notamment à Cleveland. Avec des coéquipiers comme LeBron James, J.R Smith, Kevin Love ou encore Tristan Thompson, Clarkson n’avait pas le rôle décisif qu’il occupe aujourd’hui.
« Nous avions des gars qui avaient gagné un titre », explique Clarkson. (…) Vous les regardez et vous gardez votre place en tant que jeune joueur. C’était un grand apprentissage pour moi, et T. Lue a fait un excellent travail en me parlant, en me faisant avancer, en me faisant garder la tête haute, sachant que je luttais, sachant que je traversais des playoffs difficiles. »
Aujourd’hui, Clarkson est l’une des pièces maitresses du collectif du Jazz. Nul doute que Tyronn Lue y est pour beaucoup.
Via The Athletic