Paul George, apprenti créateur avec un professeur de choix

Face à l’échec de l’aventure des Clippers dans la bulle d’Orlando (chocke contre Denver), Tyronn Lue, fraichement intronisé nouveau coach de LA, a compris que cette équipe avait besoin de changements. C’est ainsi que Chauncey Billups fut nommé assistant de Lue. Mais les bouleversements ne se sont pas arrêtés là : les Clippers avaient besoin de création, de variété offensive. Pour ce faire, il aurait fallu recruter un meneur, si possible expérimenté. Faute de profils intéressants sur le marché, Billups et Lue ont préféré opter pour une autre option : celle d’une modification du jeu de leurs superstars, Kawhi Leonard et Paul George, afin de les rendre plus aptes à créer le jeu. En effet, si les deux hommes ont souvent su apporter au scoring, ils n’ont pas toujours bonifié leur équipe. Lue abonde :

« Je pense simplement que vos deux principaux scoreurs doivent être capables de rendre les autres meilleurs », a déclaré Lue. « Ces deux gars peuvent marquer sur n’importe qui à n’importe quel moment. Maintenant, nous devons parler d’attaquer le panier pour rendre vos coéquipiers meilleurs. »

Ainsi, Billups, ancien meneur de jeu de renom, a pris sous son aile PG13, Kawhi et Reggie Jackson pour leur permettre de progresser sur leur création balle en main. Au programme ? De longues minutes de visionnage de clips vidéos, notamment sur la manière dont le meneur de jeu peut et doit percevoir le jeu.

« C’est définitivement un aspect de plus dans le jeu pour moi », a déclaré Leonard. « Surtout depuis l’année dernière, où nous n’avions pas vraiment de vrai meneur de jeu ».

En effet, on ne compte plus les séquences en match où Billups prodigue conseils et observations à Leonard et à George, pour qu’ils progressent sur cet aspect de leur jeu. En dehors du terrain, Billups est un véritable mentor individuel pour PG13, avec, entre autres, une revue de clips vidéos sur certains points précis en attaque. L’assistant des Clippers explique :

« Je veux juste lui apprendre comment voir le jeu », a déclaré Billups. « Ce qu’il faut voir sur certaines actions – ne pas seulement s’inquiéter du gars en face de vous, si vous pouvez le battre. D’où vont venir les aides ? Quels sont les tireurs que vous avez autour de vous ? Où sont-ils sur le terrain ? »Il ajoute : « Il y a un état d’esprit qui découle de ça. Parce que parfois vous voulez juste être un tueur sur le terrain et prendre l’avantage sur tous vos vis-à-vis directs. En tant que meneur de jeu, vous ne pouvez pas vraiment faire ça. Vous devez en quelque sorte jouer aux échecs. »

Toute cette entreprise est réalisée dans un seul but : celle de varier une attaque des Clippers qui a parfois eu trop tendance à recourir à l’isolation. Résultat ? Les Clippers tirent à 55% en saison régulière, lorsque la passe provient de Paul George. C’est tout simplement le plus haut taux de réussite de toute la ligue, parmi les 68 joueurs qui ont enregistré au moins 400 potentielles passes décisives. Ses coéquipiers confirment le rôle essentiel de PG :

« Quand il se met en route, l’équipe entière commence à surfer sur sa vague. Nous commençons à surfer sur son énergie », a déclaré Jackson après la victoire de samedi 132-106 lors du Game 3 de la série. « Son énergie est électrique et contagieuse. Une fois qu’il se met en route, nous nous en nourrissons tous, et cela rend le jeu plus facile pour nous. »

Un axe de progression indéniable pour George est sa capacité à créer… sans perdre la balle. En effet, ce dernier tourne à près de 3.3 turnovers par match, alors qu’il tourne, en carrière, à 2.6 pertes de balle.

« C’est une personne tellement adorable et un joueur tellement altruiste que vous devez le forcer à être ce gars-là », a dit Billups. « Parce que, tout naturellement, il veut juste être un gars au service de l’équipe. »

Cas très concret et très récent : la série de PG13, face aux Mavericks. En effet, Billups et George ont enchainé les séquences vidéos, match après match, afin d’exploiter, notamment d’éventuels mismatchs, dont l’immense Marjanovic. Des séquences vidéos payantes, comme l’explique Billups :

« Nous avons étudié son jeu (à Marjanovic), et nous l’avons regardé. Et puis, boom, avant même que vous le voyiez, George obtenait un layup, et un autre, et un autre », a déclaré Billups. Il disait : « Bon sang, je n’arrive pas à croire qu’il me laisse encore obtenir des lay-ups ». Et je lui ai dit, ‘Ouais, jusqu’à ce qu’ils changent, on ne change pas. Continue d’attaquer et d’aller au panier. »

Autre série, même message pour PG13. Sauf que l’équation est autrement plus compliquée, puisqu’en lieu et place de Marjanovic, PG13 fait face, dans la raquette, à Gobert, 3 fois défenseur de l’année. Un George qui demeure confiant dans sa capacité à scorer :

« Il s’agit simplement de mettre la pression, que ce soit en tirant, en marquant ou créant des décalages », a déclaré George. « Il s’agit juste de mettre la pression sur la défense et de rester dans une mentalité offensive tout au long du match ».

Un George qui tient à remercie Billups pour son impact sur son jeu :

« Chauncey a eu une grande influence sur mon jeu »,  explique George. « C’est une personne à qui je peux parler et que je peux avoir comme ressource – sur la prise de décision, le tempo, le rythme, beaucoup de choses sur l’état d’esprit et sur le point de vue d’un meneur de jeu ».

Les Clippers auront bien besoin d’un George agressif, créatif et en réussite s’ils veulent recoller à 2-2 dans leur série contre le Jazz… Auquel cas, ils seront dos au mur.

Via ESPN