Deandre Ayton, de l’ombre à la lumière : « Je pense toujours qu’ils doutent de moi »
Alors qu’il restait 0.9 seconde sur l’horloge lors de ce Game 2 de la Finale de Conférence à l’Ouest, Deandre Ayton est sorti de nulle part pour offrir aux Suns un magnifique succès, qui leur permet de mener 2-0 dans la série. Un game-winner aussi inattendu qu’exceptionnel que le jeune pivot décrit sans détour comme la plus belle action de sa vie. Un des plus grands alley-oops de l’histoire, un des plus grands moments de sa vie : l’action a de quoi marquer la carrière d’Ayton. Pourtant, l’homme de l’ombre de la franchise du soleil pense que certains doutent encore de lui :
« Je pense toujours qu’ils doutent de moi. Je pense toujours qu’ils ne croient pas encore », explique-t-il. « Il se peut que je fasse tourner quelques têtes parmi les personnes qui connaissent le basket-ball, comme les dirigeants, et les personnes qui connaissent vraiment le jeu. Je sais que je fais probablement un pas dans la bonne direction. Mais je ne pense pas que le monde le voit vraiment. »
Il ajoute :
« Mais si je peux gagner tout cela, c’est là que je peux avoir ma réputation. C’est là que je peux devenir une star. »
Certes, Ayton a été drafté en première position lors de la draft 2018. Certes, les Suns et les fans avaient de grandes attentes envers lui. Mais Luka Doncic, et Trae Young, les deux meneurs stars de cette cuvée, lui ont jusqu’alors fait de l’ombre. Si Ayton compile 16 points et 10 rebonds chez les Suns, c’est les deux meneurs qui ont attiré toute la lumière médiatique, Ayton restant ainsi dans l’ombre. Le pivot est d’ailleurs conscient de ce traitement parfois différent :
« Les gens vont sans cesse critiquer », explique Ayton. « Mais vous devez savoir quel genre de joueur vous êtes. Qu’ils vous considèrent négativement ou positivement, vous devez travailler lorsque personne ne vous regarde. Tu dois faire preuve de constance tous les jours. »
Ayton admet sans souci qu’il a, en effet, connu des difficultés. Le pivot avait une éthique de travail peu professionnelle lors de son arrivée à Phoenix, mais cela a changé sous la direction du coach Monty Williams. À titre d’exemple, Ayton a notamment été suspendu 25 matchs par la NBA le 24 octobre 2019 pour avoir violé le programme antidrogue de la NBA/NBPA après avoir été contrôlé positif à un diurétique. Le tournant pour lui ? La bulle d’Orlando, où les Suns ont joué leur meilleur basketball, terminant cette parenthèse à Disney sur un splendide et surprenant 8-0.
« Les choses ont commencé à changer dans la bulle », abonde-t-il. « Dans la bulle, avec la façon dont nous nous sommes comportés… le succès de l’équipe vient avec les louanges individuelles. Je pense que c’est ce qui s’est vraiment passé dans la bulle. J’ai vu chacun d’entre nous grandir. Nous avons gagné quelques matchs et nous avons commencé à mettre le bon personnel en place. C’est pourquoi nous sommes ici, pour être honnête. Tout ce que nous faisons [maintenant] a été construit dans la bulle. »
Il ajoute :
« Gagner était contagieux et nous avons ajouté des éléments comme CP3, Jae [Crowder], E’Twaun Moore, Langston Galloway et Torrey Craig. Ce sont des gars qui ont été dans la ligue depuis un moment et qui ont joué à haut niveau comme celui-ci. C’est la meilleure manière d’expliquer la façon dont j’ai transformé ma carrière en quelque chose de positif. »
Son coach, Monty Williams, a aussi vu, chez le jeune pivot, un déclic mental. Ce déclic ? Il l’attribue à un changement dans la perception de son rôle. Williams explique :
« Parfois, lorsque vous dites à un gars son rôle, il a tendance à penser qu’il ne peut rien faire d’autre ». « Il a juste un rôle plus important. Défensivement, prendre les rebonds et le fait d’être capable de récupérer la balle [pour le alley-oop] là où personne d’autre ne peut aller la chercher en dit long sur la maturité mentale. Souvent, on abandonne le match quand il reste aussi peu de temps sur l’horloge ». Il ajoute : « Je pense qu’il a également fait preuve de beaucoup d’endurance. Il courait vite et prenait des rebonds. C’était un match physique. Je pourrais continuer à parler de ce qu’il était et de ce qu’il est maintenant. Il est en train de devenir un joueur vraiment dominant des deux côtés du parquet. »
Un déclic personnel donc, qui s’explique grâce à la bulle, à Monty … et à ses coéquipiers, à qui Ayton semble redevable. Devin Booker, d’ailleurs, ne tarit pas d’éloges à son propos :
« Sa croissance est continue à chaque match des playoffs », a déclaré Booker lors de la conférence de presse après le deuxième match. « J’ai l’impression qu’il a appuyé sur le bouton. Il l’a allumé et il ne veut pas regarder en arrière. Il sent que sa confiance est là. Il sait qu’il est une grande force et il est en train de comprendre qu’il est capable de bouger et de défendre. Mais en même temps, faire des écrans et être au bon endroit. »
Il est difficile d’imaginer les Suns menant 2-0 dans cette finale de l’Ouest sans Ayton, surtout dans un soir où Booker était en difficulté offensive. Ayton compile en effet 22 points et 11,5 rebonds tout en tirant 75,7% sur ces deux premiers matchs de finale de conférence. Le jeune cactus n’est plus à 6 matchs du titre, dont il rêve éperdument. C’est à lui que revient le mot de la fin :
« J’essaie de ramener ce ‘Larry’ aux Bahamas. J’essaye. «
Via TheUndefeated