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Vin Baker, de l’alcoolisme à l’ivresse des Finals : « Il y a eu un moment où j’espérais juste que le train se crashe »

Lorsque les Milwaukee Bucks ont drafté Vin Baker en huitième position de la Draft 1993, tout le monde avait senti le bon coup. All-star dès sa deuxième année, Vin Baker marquait plus de 20 points par match dès sa troisième saison. Malheureusement, tout n’a pas tourné rond pour celui qui fait aujourd’hui l’unanimité au sein du vestiaire des Bucks, de nouveau. Les écarts de la drogue, des médicaments et surtout de l’alcool, Vin Baker ne les a que trop bien connus. Les leçons de la vie, il les a prises en pleine face. Et plutôt deux fois qu’une. Le bracelet qu’il porte autour du poignet témoigne de la faible distance qui le sépare de ses heures les plus sombres auxquelles il a aujourd’hui tourné le dos. “It’s Ok not to be Ok” est donc tous les jours à son poignet. “Ce n’est pas un problème de ne pas être bien”, un mantra pour toujours positiver et regarder devant soi. Baker le sait, la vie peut pardonner et surtout, elle peut reprendre son cours malgré les embûches.

Malgré près de 100$ millions dépensés et perdu à cause de ses écarts, malgré un corps meurtri par l’alcool et bien loin du sport de haut niveau pendant les heures noires de sa descente aux enfers, Vin Baker s’est repris. Des comprimés, des stupéfiants avant les matchs ou même de l’alcool caché dans des bouteilles d’eau. Vin Baker a plongé très bas. Jusqu’à perdre l’envie même de vivre.

“Il y a eu un moment où j’espérais juste que le train se crashe. Vous savez comment ça se passe. Quand les gens sont dans une situation comme la mienne, que vous perdez beaucoup de choses… Normalement ce qui arrive après, c’est naturellement « Vin Baker, boom. Quelque chose est arrivé ». C’est ce qui aurait dû arriver. »

Pourtant, Baker n’avait jamais touché une goutte d’alcool avant d’arriver à la fac. La drogue ? Encore moins. Baker faisait partie de cette nouvelle génération de joueurs tétanisés par le tragique destin de Len Bias. Et surtout, Baker avait le basket pour lui. Sauf qu’être joueur NBA, qui plus est All-star amènent toujours son lot de perturbations et de tentations.

“Je ne me suis jamais senti aussi important et invincible qu’au basketball de toute ma vie. Donc à côté de ça, ma première pensée a été que l’étape d’après était de faire la fête et sortir quand je voulais. Je suis All-Star […] et ça pendant l’ère Jordan. Je pensais “J’ai réussi”. Puis il y avait les célébrations. Et j’ai célébré, célébré et célébré quasiment tous les jours.”

Mais le succès vient aussi avec la médiatisation et les critiques. Et lorsque son équipe est éliminée des playoffs par les Lakers alors que celui-ci vient d’arriver au Sonics, Baker crache le morceau.

“Je sais que tous les yeux sont sur moi. Et je ne rigole pas, ça m’a terrifié. Comme si tout le monde te regardait d’un coup.”

C’est à la fin des années 90 et au début du 21ème siècle que tout a commencé à s’écrouler à vitesse grand V pour Baker. Alors que ses coéquipiers commençaient à sentir l’alcool transpirer par Baker aux entraînements, Baker buvait même pendant les matchs dans les vestiaires. Son démon, le Bacardi. Et en 2003, le couperet tombe. Par Baker lui-même qui avant la saison 2002-2003 l’annonce, “ Je suis alcoolique”.

Alors qu’il a été tradé aux Celtics, proche d’où il a grandi, Baker accélère son addiction. Il boit maintenant de la listerine, un produit utilisé pour des bains de bouche à la concentration en alcool bien supérieur au vin et à la bière. Tout s’enchaîne pour Vin Baker et la roue ne tourne pas dans le bon sens. Il perd près d’un million de dollars en une nuit à Las Vegas perd énormément d’argent suite à des investissements peu fiables et finalement ratés. Côté basket, Baker enchaîne les contrats courts et ne trouve aucune stabilité. Arrêté par la police alors qu’il conduit sous influence de stupéfiants, Baker va jusqu’à perdre ses maisons. Et même lorsqu’il se décide à raccrocher avec les drogues ou les comprimés, l’alcool reprend le dessus. Le basket est déjà bien loin.

“ La pire des choses pour moi n’était pas forcément que je savais et que j’avais accepté que je ne retournerai plus dans la ligue. C’était bien pire. Et je dis ça sans aucune réserve. Je sais que je me sentais abandonné par Dieu. »

Alors Baker est retourné dans sa maison d’enfance. Il s’est rapproché de son père, pasteur. Et au bout d’une cinquième tentative de réhabilitation dans la société, Baker s’en est sorti.

“J’étais tellement prêt à changer et je n’avais rien. Ironiquement, comme lorsque j’ai tout perdu, mon contrat, ma carrière, etc, je n’avais rien d’autre à sauver que ma vie.”

Alors qu’il s’est replongé dans la religion, Baker a très vite retravaillé après s’être remis sur les bons rails. Un temps manager d’un magasin d’une grande chaîne de restauration américaine, Baker avait retrouvé le sens des responsabilités.

“La façon dont l’histoire a changé, c’est un miracle.”

Il est ensuite revenu aux Bucks, comme consultant, sous l’impulsion de Jason Kidd lorsque celui-ci était head-coach. Puis consultant pour les matchs des Bucks, il a beaucoup été consulté par des joueurs NBA, notamment les big men, pour qu’il leur apporte son expérience. C’est en 2018 qu’il décroche un contrat garanti comme assistant coach dans le Wisconsin. Et lorsque Mike Budenholzer débarque en 2018, Vin Baker reste en place. Où son rôle semble prépondérant. L’été dernier il a passé pas moins de deux mois en Grèce avec Giannis pour bosser sur son jeu. Une expérience en commun qui a, semble-t-il, laissé des traces pour les deux hommes.

“Un soir, nous étions en train de parler et nous n’avions jamais eu cette conversation. Et Giannis m’a dit, nous étions à table, il m’a dit “ Coach, ton histoire est incroyable. Je ne peux pas y croire. C’est difficile pour moi ne serait-ce que d’imaginer ce que tu as dû endurer. »” Il était impressionné par ce que j’avais dû traverser et moi je ne savais même pas qu’il était au courant de tout ça.”

Et le grec confirme tout le bien qu’il pense de Baker.

“C’est juste un mec génial”

Alors quand Baker entend ce genre de parole, il sait qu’il doit continuer et surtout garder la tête haute. Pour les autres plus que pour lui-même.

“C’était une opportunité pour moi de ne pas tout gâcher. Ce n’est pas à propos de moi. Pas à propos de “J’ai réussi, je suis coach des Bucks”. C’est que quelqu’un regarde. J’ai beaucoup de gens qui appellent ma fondation en me disant qu’ils m’ont vu et qu’ils veulent que je les rappelle. Que j’appelle un ami ou un proche à eux. J’ai beaucoup d’appels du genre. Et pour moi ce seront les appels les plus importants que j’aurai à faire.”

Par son passé, Baker se veut compréhensif, proche de la douleur des gens. Lui, n’a rien oublié de son malheur.

“Je comprends les addictions à tous les niveaux. Je n’ai rien perdu de ça dans mon esprit. Toutes les mauvaises choses qui sont arrivées, je n’ai rien oublié. Je n’ai pas oublié que pendant quatre ans j’ai mis un tablier vert pour aller au travail. Je ne plane pas. J’ai une grande responsabilité de donner de l’espoir aux gens qui ne sont pas en bonne condition vis-à-vis des addictions. C’est au-dessus de toute chose dans ma vie.”

Une proximité avec les gens qui se ressent partout où il va puisqu’au sein des Bucks, on dit de lui que les conversations qui avec d’autres finiraient en poignée de main finissent par un câlin avec lui. Le head coach Mike Budenholzer approuve d’ailleurs.

“ Sa vision de la vie est juste… chaque fois que je suis avec Vin Baker, j’en veux plus. Et c’est super pour moi, pour nos joueurs. C’est dur à décrire jusqu’au moment où vous êtes avec Vin au quotidien. Mais il est très spécial, très bon. Ses perspectives, les mots, les pensées qui vont avec, oui, il est très bon pour nous.”

Baker a aussi joué un rôle prépondérant l’été dernier au sein des Bucks. En effet, il était l’un des éléments centraux de l’organisation quant à la lutte pour la justice sociale. Cette année il a même lancé un centre de traitement à Milwaukee, “Vin Baker Recovery”.
Brook Lopez tient lui aussi à souligner cette étroite relation qu’il entretient avec son coach.

“Je l’appelle grand frère. On a réussi à créer un truc spécial. Il a tellement un esprit basket intelligent. Rien que d’avoir joué lui aussi en NBA, il voit des choses que les coachs ratent. Il sait ce que c’est donc c’est spécial de l’avoir sur le bord du terrain.”

Et alors qu’il a récemment recroisé Jeff Van Gundy sur le bord du terrain du Game 1 des Finals, il a tenu à le remercier pour son aide lors de son court passage aux Rockets.

“J’étais un déchet quand j’étais là-bas. Il voulait me donner une opportunité. Et je ne voulais pas parce que j’étais alcoolique.”

Nul doute que l’histoire de Vin Baker fait partie de ces éléments qui façonnent un groupe autour d’un vécu, d’expériences qui rendent plus fort. Aujourd’hui apprécié de tous, Vin Baker a suivi un long chemin vers la rédemption. Un chemin qui pourrait même se prolonger jusqu’à une potentielle bague de champion avec les staff des Bucks…

 

Via Los Angeles Times

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