Evan Fournier répond à Jean-Michel Blanquer : « Féliciter nos athlètes tous les quatre ans n’est plus suffisant »
Aux Jeux Olympiques de Tokyo les équipes des sports collectifs français ont particulièrement brillé avec 3 médailles d’or en handball et volley-ball, 2 médailles d’argent en basket et rugby à 7 et enfin une médaille de bronze en basket. Des résultats impressionnants que Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, a voulu attribuer en partie au sport à l’école. Les réactions des sportifs de haut niveau ont été très nombreuses pour le contredire, à commencer par celle très remarquées d’Evan Fournier.
Au contraire monsieur le ministre @jmblanquer Notre culture sportive à l'école est désastreuse. Si mes coéquipiers et moi même sommes arrivés à l'élite de notre sport c'est grâce aux associations sportives, aux clubs, aux bénévoles mais en aucun cas grâce à l'école. https://t.co/35V3QA0Hvf
— Evan Fournier (@EvanFourmizz) August 9, 2021
Dans une lettre ouverte publiée sur le Huffington Post Evan Fournier a développé plus longuement sa pensée sur le sujet
J'ai essayé de développer mon argumentaire suite à mon tweet à @jmblanquer.
Tribune avec @LeHuffPost à lire ici :
"Féliciter nos athlètes tous les quatre ans n'est plus suffisant".
https://t.co/091jDRPJCK— Evan Fournier (@EvanFourmizz) August 16, 2021
Voici de larges extraits de cette lettre que vous pouvez retrouver ici
Comme de nombreux athlètes, vous l’aurez compris, je ne partage pas votre point de vue. Aucun de mes coéquipiers ne peut aujourd’hui remercier l’Éducation nationale pour lui avoir permis de jouer au basket. Comme le volley ou le handball, si ces sports collectifs sont parfois pratiqués, ce n’est non pas pour inciter les jeunes à faire du sport, mais par simple commodité. Nous comprenons tous qu’un gymnase permet en effet de pratiquer plusieurs activités et de diversifier les programmes. Mais il permet surtout de combler le manque de budget alloué au sport, et propose, par défaut, certaines activités aux élèves.
Le cheminement intellectuel insinuant qu’il s’agit d’une stratégie de l’éducation nationale pour former les champions de demain me paraît simpliste. Cela révèle au contraire une inégalité dans l’accès au sport entre les établissements disposant de moyens, et ceux se trouvant dans des situations plus compliquées. Car tout le monde ne pratique pas de basket, de handball ou de volley à l’école. Et ce ne sont pas les deux minuscules heures d’EPS par semaine de mon emploi du temps de collégien qui m’ont insufflé l’envie de jouer au basket, pour devenir le sportif que je suis aujourd’hui.
[…]Ne nous y trompons pas, la place du sport à l’école est dérisoire. Et le travail de nos enseignants et éducateurs, bien que formidable, se doit d’être associé à celui des clubs amateurs et de ses bénévoles sans qui le sport français n’existerait pas. […] À l’image de nombre de nos voisins, pourquoi ne pas offrir aux jeunes de réelles plages horaires dédiées au sport dans leur emploi du temps ? […] S’il vous plaît Monsieur le Ministre, n’oubliez pas le sport. Il n’est pas trop tard pour reconsidérer la place des activités sportives, pour trouver du budget et proposer un accès et une place plus importante à nos jeunes sportifs.
[…] Permettre aux athlètes d’avoir un double projet est essentiel. Combien de jeunes ont dû choisir à 15 ou 16 ans entre l’école et le monde professionnel? Je ne le sais que trop bien, monsieur le ministre. La France dispose de grandes universités, pourquoi nos grands champions de demain ne pourraient-ils pas y côtoyer nos futurs chercheurs?
Monsieur le ministre, je suis conscient de la complexité que représente chaque réforme, et de la charge de travail qui est la vôtre, mais le sport attend depuis trop longtemps d’être considéré à sa juste valeur dans nos collèges, lycées et universités. Féliciter nos athlètes tous les quatre ans n’est plus suffisant, aidons-les plutôt à se révéler dès le plus jeune âge.