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Entre adaptation et proximité avec ses joueurs, le coach Bill Russell faisait l’unanimité

Alors encore joueur des Celtics, Bill Russell, déjà entré parmi les légendes NBA, est aussi devenu l’entraîneur d’une franchise ultra dominatrice de son époque.  Jusqu’à sa retraite, il a donc été entraîneur/joueur, pour un succès clair et couronné de deux bagues. Celui qui est déjà au Hall of Fame depuis 1975 en tant joueur, y est aussi rentré samedi dernier en tant que coach. Et ses anciens joueurs en ont profité pour lui rendre certains hommages avant la cérémonie. Wayne Embry, se souvient quand Russell l’a appelé pour qu’il continue à jouer puis qu’il le rejoigne, alors qu’il devait prendre retraite, en 1966. Arrivée hors de forme aux entraînements des Celtics, il se souvient de la rigueur physique demandée par Bill Russell, et ce dès le premier entraînement.

 » Nous nous sommes entraînés pendant deux heures sans toucher le ballon. Nous avons fait tous les exercices que l’on peut imaginer. Après l’entraînement, j’ai enlevé ma veste ( faite pour transpirer), et l’eau s’est mise a coulé en dehors. » Wayne Embry, cinq fois All-Star et ancien adversaire puis joueur sous ses ordres.

Russel a été le premier coach noir en NBA. Mais il a aussi été un coach notable pour sa carrière. En trois saisons à Boston, il a amené son équipe à deux bagues de champion. Il a aussi permis à Seattle de se qualifier pour les playoffs deux fois en quatre ans. Sa dernière expérience à Sacramento se terminant moins bien puisqu’il fut viré en cours de saison par les Kings. S’il n’a pas le palmarès des plus grands coachs de l’histoire, sa trajectoire en tant que coach lui permet d’être dorénavant l’un des 5 seuls joueurs à recevoir cet hommage après avoir déjà été introduit à Springfield en tant que joueur avec John Wooden, Lenny Wilkens, Tommy Heinsohn, et Bill Sharman. Une nomination qui doit ravir Russell.

 » Je pense qu’il est très excité à ce propos. On l’attendait depuis longtemps. » Wayne Embry

Pas connu pour être le plus grand des tacticiens, comme à Seattle où il laissait un assistant se charger de dessiner les systèmes, il possédait pour autant une certaine aura qui laissait transparaître une autorité naturelle. Plutôt enclin à servir de mentor et à pousser ses joueurs par un esprit de compétition très présent, Russell possédait son propre style jusqu’en dehors du terrain. Ainsi, il appréciait aller au restaurant avec ses joueurs, était présent dans leur vie et les aider à s’installer chez eux par exemple. Un coach à part qui n’est pas sans rappeler un certain Gregg Popovich.

 » C’était Bill Russell. Et si vous ne compreniez pas ça, vous ne compreniez juste pas. Il n’y avait pas de fioritures. Il était très professionnel. Mais il détestait perdre. » Don Chaney ancien arrière des Celtics.

Coach de Boston sans même avoir d’assistant, Russell était un entraîneur à part. Plus proche de ses joueurs, il devait faire assumer sa double casquette. Pourtant, et alors que cette dernière lui conférait une position de supériorité, il ne voulait pas que ses partenaires hésitent à l’apostropher ou à lui faire remarquer certaines choses. Il ne voulait pas se mettre en avant comme le témoignent ses anciens joueurs.

 » Je respectais ça. Parce que je pense que cela indiquait son intelligence, mais aussi sa volonté d’écouter. La plupart des coachs ne font pas ça et je pense que ça nous a aidés à nous remettre à l’endroit ». Wayne Embry

 » Si quelqu’un avait une idée dans le jeu, il était libre de le dire à tout le monde. Et ensuite, Russell écoutait et prenait en compte la suggestion. S’il aimait, il l’intégrait au jeu, s’il n’aimait pas, il ne la prenait pas. Il prenait les décisions finales, mais il écoutait tout le monde. » Rick Weitzman, ancien joueur des Celtics sous Bill Russell

La difficulté pour Russell en tant que joueur/entraîneur, résultait aussi dans le fait de devoir gérer l’équipe tout en devant se concentrer sur son jeu. Penser aux systèmes, aux changements, aux temps morts, tout en devant gérer son défenseur et son vis-à-vis. Au début, les changements étaient d’ailleurs programmés et les joueurs savaient quand rentrer, sans que Russell qui jouait plus de 37 minutes par match ne doive intervenir.

 » La chose la plus dure pour moi, si j’avais été dans cette position, aurait été de me critiquer moi-même. Il se sortait lui-même des matchs quand il ne contribuait pas ou qu’il était fatigué. Et je trouvais que c’était dur à gérer. Mais il appelait les systèmes qu’il soit inclus dedans ou non. » Don Chaney

Avec une variété de systèmes limitée mais très ouverte aux adaptations, du fait de l’ancienneté des joueurs de l’effectif, Bill Russell savait s’adapter au bon moment. Et comme le rappelle Wayne Embry, certaines décisions se sont avérées décisives. Comme en finales de conférence face à Philadelphie, où Russell a décidé de mettre Embry en défense sur Chamberlain pour venir défendre lui même sur Chet Walker. Un coup tactique qui a embrouillé Philly et qui a permis aux Celtics de l’emporter pour se diriger vers les Finals de 1968 qu’ils gagneront face aux Lakers.

 » Chet Walker n’avait jamais eu de gars comme Bill Russell qui le défendait. Ça a perturbé son efficacité. » Wayne Embry

Toujours avec la même volonté de faire progresser son groupe, Russell n’hésitait pas à user de petits stratagèmes pour développer cela. Ainsi sur le banc, il aimer faire en sorte que les joueurs inexpérimentés soient toujours assis à côté d’un vétéran pour pouvoir partager des analyses des matchs en live et corriger dans l’instant présent certaines actions. Il n’avait aussi aucun mal, et n’y voyait aucun non plus, à prendre à part les jeunes joueurs ou joueurs sans expérience, pour leur indiquer leurs axes de progression. Don Chaney, que Russell a hébergé quelque temps durant sa saison rookie témoigne de l’aura de Russell.

 » C’est une de ces personnes qui, quand elle parle, vous l’écoutez. Tous les yeux étaient braqués sur lui. » Don Chaney

Franck Oleynick, rookie sous les ordres de Bill Russell en 1975, a été beaucoup aidé par son coach pour s’installer à Seattle. Il a aussi été aidé dans sa carrière par son coach qui n’hésitait pas à le pousser ou à lui dire de continuer à travailler, même lorsque son temps de jeu réduisait. Mais Oleynick se souvient aussi de Bill Russell acteur du progrès sociétal. Déjà engagé en tant que joueur contre les inégalités entre les noirs et les blancs, l’ancien coach des Celtics souhaitait aussi impliquer ses joueurs dans cette cause. Alors quand il a trouvé que les joueurs des Sonics n’étaient pas assez mélangés il leur a simplement dit ce qu’il en pensait.

 » Il nous a dit que ça lui rappelait presque la ségrégation de l’époque où il jouait. Il nous a dit, ‘ Je ne le sais pas pour sûr, mais je pense que vous seriez une bien meilleure équipe si vous étiez plus ensemble’. » Franck Oleynick

Un joueur légendaire, un coach d’une grande qualité, mais surtout un être humain engagé et attentif aux autres. Voilà ce qui a fait de Bill Russell un coach Hall of Famer et qui n’en surprendra que peu. Du moins, pas ses ex-joueurs.

Via Boston Globe

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