Victor Wembanyama : « Ce qu’on dit sur moi, ça ne change pas la manière dont je vais travailler »
A l’occasion du Media Day de la LNB, avant le début de la saison de la nouvellement nommé Betclic Elite, Victor Wembanyama s’est présenté devant les journalistes. Fraîchement débarqué de Nanterre cet été, celui que l’on annonce un peu partout comme numéro 1 de la draft en 2023, s’est ainsi exprimé sur son potentiel et sur la saison à venir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à 17 ans, Wembanyama fait déjà preuve d’une grande maturité.
Au sortir d’un été très convaincant qui l’a vu exploser à la face de la planète basket lors du Championnat du monde U19, Victor Wembanyama découvre actuellement un nouvel environnement avec l’Asvel. Et dans l’équipe de Tony Parker, les choses sont un peu différentes. Peut-être même un peu plus proches des conditions NBA.
“J’ai découvert un univers différent de ce que je connaissais. Beaucoup axé sur le travail individuel. C’est déjà une grande différence avec ce que j’ai connu avant au niveau d’expertise et de précision sur le travail individuel. On a tout un programme, pas seulement pour moi, mais pour tous les joueurs. Tout un programme de développement musculaire. Sinon, je pense que l’on a un bon groupe parce que nous avons des jeunes joueurs, sans personnalité trop extravagante. On est vraiment un groupe et un collectif. “
Un tout nouveau monde, pour un gamin déjà bourré d’expérience, et qui le ressent déjà.
“ Cet été, j’ai été confronté à un niveau différent. Passer de Pro A (Jeep Elite nouvellement Betclic Elite) à U19, j’ai eu l’impression d’avoir un certain niveau d’expérience que certains n’avaient pas . Certains adversaires et certains coéquipiers. Le fait d’avoir pu passer un peu de temps en pros, j’ai essayé de me servir un maximum de ça pour tirer l’équipe vers le haut et d’être un leader et je pense que c’était une bonne expérience. Je pense que c’est ma meilleure campagne en équipe de France, avec un vrai groupe, une vraie alchimie.”
D’ailleurs, à 17 ans, le jeune intérieur semble déjà avoir un rythme d’enfer, où se reposer est un luxe.
“ Je n’ai pas eu beaucoup de repos, mais j’ai eu un vrai repos tout de même, où j’ai vraiment coupé du basket. Ensuite, c’était du travail, plus technique histoire de revenir sur les terrains. Je suis très vite arrivé à Lyon en fait. Donc j’ai directement commencé la prépa physique de l’Asvel.”
Une prépa physique qui a son importance tant Wembanyama sera attendu dès ses premiers pas sur le parquet le weekend prochain. Pourtant, la pression autour de son talent ne semble pas l’affecter. Au contraire, il n’en a pas grand-chose à faire.
“ J’assiste à beaucoup de discussions et de différents avis à propos de ce départ et beaucoup de personnes qui attendent certaines choses de moi apparemment sur la saison et sur les saisons à venir. Mais je pense que je prends assez de distance par rapport à ça parce que je n’y porte pas beaucoup d’attention. Je continue à faire ce que je sais faire. Ce qu’on dit sur moi, ça ne change pas la manière dont je vais travailler et dont je vais jouer. Je pense que je suis assez détaché de ça.”
Le plus important pour lui, c’est son niveau de jeu. Et ça tombe bien, parce que potentiel ou pas, il lui faudra performer pour jouer. D’autant qu’il va découvrir les exigences de l’Euroligue cette saison.
“ Je pense que c’est clair pour le coach, pour moi et pour les personnes qui m’entourent, c’est ce que chacun aura le temps de jeu qu’il méritera. Donc si je suis performant, je jouerai. Surtout, je n’ai pas de craintes par rapport à notre performance. Au niveau de l’Euroligue, c’est une nouvelle expérience, on va voir ce que ça va donner, je pense que ça devrait bien se passer. D’année en année, j’essaie de monter de niveau et ça se fera plus ou moins vite et les choses se feront plus ou moins vite, mais ça se fera progressivement. Donc je pense que c’est la continuité logique et j’espère avoir une forme de progression tout au long de la saison. Je sais que je ne mettrais pas 20 points par match dès les premières journées. Et au niveau du championnat de France, déjà ça va être de m’affirmer comme un joueur potentiellement dominant. Parce que l’année dernière je n’ai pas pu faire ça, mais c’est logique parce qu’il y avait une certaine continuité. Mais voilà, simplement de monter en puissance d’année en année, de match en match, de saison en saison.”
Une progression qui va aussi passer par un certain développement physique. Puisqu’il est aujourd’hui déjà dominant en U19 et même s’il a déjà un peu su faire son trou en pro (meilleur contreur de Jeep Elite l’an dernier), il va lui falloir être plus costaud qu’il ne l’est aujourd’hui pour s’imposer en NBA et chez les adultes. Un aspect dont il est pleinement conscient, mais sur lequel il ne veut pas trop appuyer.
“ En août, j’étais à 2m19. Concernant le poids, je ne peux pas vous donner de données aussi précises, parce que ça varie de jour en jour d’heure en heure. Mon poids maximal que j’ai atteint pendant la préparation, c’était 102 kilos. Donc c’est entre 100 et 102 kilos. Le but ce n’est vraiment pas de devenir un bodybuilder, mais de devenir bien gainé, bien solide. Il n’y a pas besoin que j’atteigne 125 kilos ou un poids trop extravagant parce que je préfère garder mon explosivité, ma vitesse. Mais je sais que si un jour, je l’espère, j’arrive en NBA, je n’aurai pas atteint mon poids maximal. Parce qu’avec les années je vais prendre 4,5,6 kilos. Mais d’ici deux ans, je pense que je pèserai 110 kilos ou un peu plus.”
Alors qu’il fait preuve d’une très grande maturité dans ses propos, Victor Wembanyama n’en finit plus de montrer qu’il a la tête bien faite. Dernière preuve en date, l’obtention de son avec un an d’avance et une mention assez bien à la clé. Et pour lui, le basket ne doit pas l’empêcher d’apprendre, même si son temps est précieux et pas souvent libre.
“ J’espère que je ne resterai jamais sans m’instruire. J’aime bien lire, j’aime bien apprendre. J’ai notamment des petits projets peut-être pour plus tard.”
Une mentalité travailleuse et aussi très compétitrice. Et alors qu’il est interrogé sur les joueurs qu’il compte suivre cette saison dans un championnat de France très relevé, la réponse est sans équivoque.
“ S’il y en avait un que je devrais choisir, ce serait Charles Kahudi, qui joue dans mon équipe parce qu’il joue un rôle de mentor. C’est sûr que je suivrai ses conseils. Mais sinon dans le championnat de France, ça reste mes adversaires.”
Alors qu’on lui indique qu’il est le plus jeune joueur de la ligue, il corrige en rappelant que son coéquipier Kymany Houinsou est plus jeune que lui de deux jours. Et surtout, il ne veut rien anticiper. Alors si on lui parle de NBA, il faut le dire avec des pincettes, et ne pas lui dire qu’il aurait potentiellement déjà pu faire le chemin vers la NBA dès cette année.
“ Je sais que je n’ai jamais expérimenté le niveau NBA, je pense que j’ai beaucoup de choses à améliorer avant de l’atteindre et pour l’instant ce n’est même pas un objectif proche. Comme je l’ai dit, je vais faire les choses dans une certaine continuité, ça ira plus ou moins vite, mais pour l’instant je n’y suis pas.”
Mais il n’en oublie pas pour autant d’avoir des ambitions puisque si le terme de licorne à longtemps été un mystère pour lui, maintenant qu’il sait ce que cela signifie, il souhaite marquer le basket de son empreinte. Et avec ses mots !
“ C’est un terme que je n’ai pas toujours bien compris, mais au fur et à mesure des années j’ai découvert ce que ça signifiait. C’est un petit peu clinquant, mais je préférerais encore être différent et avoir un jour un terme à moi. Pourquoi pas ?”