Chauncey Billups et Damian Lillard, une bromance naissante : « Je dois être le gars qui montre le plus d’implication pour que tout le monde s’implique »
Débarqué cette année dans l’Oregon, Chauncey Billups aurait sûrement souhaité un peu plus de tranquillité pour commencer sa carrière d’entraîneur. Au sein d’une franchise au cœur de scandale, qui a passé un été agité autour des rumeurs de transfert de Damian Lillard, le début de saison raté des Blazers, (11 victoires 18 défaites, une série de 7 défaites de suite en cours), ne passent pas inaperçu. Pourtant, c’est bien avec son meneur que Billups est en train de créer une relation toute particulière. Unis dans l’adversité et face aux problèmes du début de saison, les deux compères deviennent de plus en proches. Et souvent après les entraînements, Lillard et Billups se retrouvent dans le bureau du coach pour regarder des matchs et des vidéos et travailler ensemble pour améliorer l’équipe.
« C’est vraiment important que le coach et, évidemment, son meilleur joueur soient sur la même longueur d’onde et voient le jeu de la même façon. A un certain moment, plus le temps passe et plus vous voulez qu’il devienne une extension de vous même sur le terrain. Il sait ce que je pense. Je sais ce qu’il pense. Parfois, vous n’avez même pas à regarder le banc parce que c’est ce qui se passe lorsque vous êtes en phase avec quelqu’un. Evidemment, il est encore tôt et nous n’en sommes pas là. » Chauncey Billups
Et visiblement, Billups apprécie grandement cette opportunité de travail et de convivialité.
« Pour en arriver là, nous regardons les matchs ensemble, pour trouver des éléments qui vont aider notre équipe, comment nous allons couvrir le terrain et tout un tas de choses. On ne planifie pas ça tous les jours. C’est juste quelque chose que l’on fait. Mais souvent on se dit » Remettons ça. » C’est génial. On le fait assez souvent. J’aimerais que ça arrive plus souvent. » Chauncey Billups
De son côté, Damian Lillard cherche lui aussi à apprendre à observer un match à la vidéo et à apprendre à corriger les erreurs. Et il rappelle au passage qu’il n’y a pas de raison d’inventer des tensions avec Billups.
« Je suis souvent dans son bureau. Nous nous demandons, « Comment fait-on ça ? Qu’est-ce que tu veux regarder ? » et moi je lui demande « Qu’est-ce que je peux faire pour m’améliorer ? Qu’est-ce que tu vois que je ne vois pas ? » On a ce type de conversations en face à face, mais il y a plein de gens à l’extérieur qui veulent transformer ça en drama et en problème. »
De leur propre aveu, ces ajustements à la vidéo, on permis par exemple, de plus servir Jusuf Nurkic, pour libérer de l’espace à l’extérieur ou simplement mieux utiliser sa puissance intérieure.
Pour Damian Lillard, travaillé aux côtés de Billups, c’est aussi être coaché par un joueur à plus de 1 000 matchs dans la ligue, 15,2 points et 5,4 passes de moyenne et surtout un titre NBA en 2004 avec les Pistons, face aux Lakers et avec le trophée de MVP des finales en poche.
« Il était tellement rusé. Ses hésitations, ses pulls up à trois points. Son comportement, son assurance. Et pendant les finales, il a été capable de faire gagner cette équipe. C’est mon meilleur souvenir de lui parce que j’étais pour les Lakers. Je pensais qu’ils allaient le faire. Et lui a juste dominé la série sans aucune émotion. Il ne faisait rien en trop. Il jouait juste au basket. Il jouait d’une façon incroyable. C’est pour ça qu’ils l’ont appelé ‘Mr Big Shot’ (Monsieur gros tir). » Damian Lillard
Au-delà du joueur, Billups représente aussi la communauté noire et afro-américaine, qui compose 75% des joueurs de la ligue. Engagé dans la cause de la justice sociale, Lillard a apprécié de voir les Blazers engager un coach noir, tout comme il apprécie de voir aujourd’hui 14 coachs noirs de peau sur les bancs NBA. Et rien que pour cela, son lien avec Billups a quelque chose indéfectible.
« J’ai pris la décision de ne pas le laisser tomber. Je veux faire partie du succès d’un coach afro-américain. Je ne veux pas l’abandonner à son sort. Donc c’était important pour moi d’être là et d’essayer d’atteindre ce succès ultime avec lui. » Damian Lillard
Alors qu’ils parlent de foot américain, de musique ou de boxe et échangent sur leurs passions communes, cette relation ressemble à une bouteille d’oxygène pour Chauncey Billups après des débuts difficiles.
« On crée un lien plus qu’autre chose, c’est comme si on se posait tout le temps ensemble et que l’on parlait de tout et de rien. Et c’est quelque chose de cool à avoir. » Chauncey Billups
Pour CJ McCollum, les deux ont en effet tout pour s’entendre.
« Ce sont de gars de l’ancienne école, dans la façon dont ils approchent le jeu et dont ils se comportent. » CJ McCollum
Enfin, Damian Lillard rappelle aussi que c’est son rôle de montrer au reste du groupe de suivre la marche de l’entraîneur et de son projet de jeu. Dans sa dixième saison en NBA, il a acquis la maturité nécessaire pour mettre ses états d’âme de coté et oublier quelques instants ses performances en dents de scie.