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Joueur NBA à mi-temps : l’improbable histoire du brillant Terry Dischinger

Alors qu’il va prochainement effectuer son retour en NBA, Kyrie Irving ne peut pour le moment pas encore jouer de matchs à domicile, car il n’est pas vacciné. Il va donc par la force des choses, simplement jouer les matchs à l’extérieur et donc être en quelque sorte un joueur à temps partiel. Et si vous ne pensez jamais avoir rien vu de tel en NBA, et bien sachez que dans les années 60, un certain Terry Dischinger, a déjà suivi ce chemin que Kyrie va probablement prendre.

En 1962, Terry Dischinger ne rêve que d’une chose, que son titre olympique de 1960 avec Team USA à Rome (aux côtés de Jerry West ou Oscar Robertson) soit doublé d’un nouveau titre en 1964 à Tokyo. Malheureusement, un détail l’en empêche. À cette époque, seuls les joueurs amateurs avaient le droit de jouer avec la Team USA lors des JO. Alors en provenance de Purdue, où il est devenu un College Hall of Famer, il signe avec le club amateur des Phillips 66ers. Il met alors de côté son rêve NBA pour pouvoir participer aux Jeux olympiques. Malheureusement, il déchante très vite lorsqu’il constate que ce n’est pas du tout ce qu’il espérait. Il se décide ainsi à devenir joueur pro et se présente à la draft. Choisi en première position du second tour par les Chicago Zephyrs, devenus en fin de saison les Washington Bullets, il rejoint une franchise alors dans sa deuxième saison dans la ligue. Mais il pose une condition avant tout, celle de pouvoir terminer ses études à Purdue et de valider son diplôme d’ingénieur chimiste. L’histoire étant bien faite, les Zephyrs ont accepté et c’est là qu’a débuté la première saison à temps partiel d’un joueur NBA, en 1962/1963.

Et si pour Kyrie Irving, nombreux sont les questionnements concernant son niveau, une fois revenu au jeu, Dischinger quant à lui, a tout cassé. Avec 25,5 points par match et 8 rebonds en 40 minutes, il est même élu rookie de l’année devant un certain John Havlicek, dans une équipe composée de Walt Bellamy et du rookie Don Nelson, actuel entraîneur le plus victorieux de l’histoire de la ligue,

« C’était une star. C’était un joueur moderne à l’époque. Il avait toutes les qualités. Il pouvait shooter à l’extérieur, créer du jeu. » Don Nelson

Avec 2 mètres sous la toise et un bon shoot dans le périmètre, Dischinger était un joueur très intéressant à l’époque et capable de beaucoup de choses sur un parquet. Pourtant, lors de sa saison rookie, son équipe ne remporte que 25 matchs et se définit comme une mauvaise équipe. Mais Dishinger, avec son double programme, ne dispute que 57 des 80 matchs de l’équipe cette saison-là. Et aussi bon qu’il puisse être, il n’était pas pour autant magicien.

« Lorsque nous l’avions, nous étions une meilleure équipe. Mais nous étions une mauvaise équipe de toute façon. » Don Nelson

Dans les faits, Dischinger jouait durant les weekends et lorsqu’il avait des vacances. Le reste du temps, il le consacrait à ses études à Purdue (Dans l’Indiana, à 200 km de Chicago). Il a par exemple raté le premier match de la saison face aux Knicks parce qu’il se jouait un mardi. Mais il ne regrette pas pour autant cet emploi du temps et ces matchs manqués, lui qui faisait tout son possible une fois libre pour rejoindre ses coéquipiers.

« Ça s’est plutôt bien passé. Chaque fois que je pouvais rejoindre l’équipe où elle était, j’y allais. » Terry Dischinger

Avec une grande irrégularité, Dischinger participait donc à des matchs par-ci par-là tout autant qu’il le pouvait. Au mois de novembre, il a par exemple rejoint son équipe à San Francisco un vendredi soir avant d’y enchaîner les matchs à un rythme infernal. Un match le vendredi soir face aux San Francisco Warriors au cours duquel il a joué 48 minutes, un match le samedi soir face aux mêmes Warriors où il a passé 45 minutes sur le parquet avant de rejouer pour le troisième soir de suite à Los Angeles face aux Lakers pour y planter 30 points et 15 rebonds. Symbole de ce calendrier au combien particulier, il était de retour sur les bancs de l’école le mardi suivant, pendant que son équipe jouait sans lui, de nouveau face aux Lakers. Un rythme qu’il affectionnait tout particulièrement, aussi parce que ses coéquipiers lui permettaient de jouer dans les meilleures conditions possible.

« C’était vraiment quelque chose, parce que je devais me changer dans l’avion pour que lorsque j’arrivais sur place, je pusse aller jouer et ça a très bien fonctionné. C’était vraiment fun pour moi parce que j’ai juste commencé à jouer dès que je pouvais, mais ensuite j’ai dû jouer plus. Parce que quand je jouais, je jouais bien. C’était quelque chose, c’était magnifique. Evidemment, j’adorais jouer. L’équipe avec qui j’étais, tous les gars étaient bons avec moi. Ce n’était pas du genre « Oh tu es ceci tu es cela ou tu es meilleur, etc… » C’est une bonne chose. Je pouvais être avec eux. » Terry Dischinger

Après avoir joué 25 des 48 premiers matchs, Dischinger a par la suite disputé l’intégralité de la fin de saison, jouant les 32 derniers matchs restants, couronné Rookie de l’année. Une récompense incroyable pour le principal concerné, car élu par ses pairs. Un trophée qui pèse bien plus lourd à ses yeux que ses trois sélections au All-Star Game glanées par la suite.

« Vous vous imaginez ? Moi ? Je jouais de façon partielle et ensuite j’ai eu ça. C’était vraiment quelque chose. » Terry Dischinger

Devenu orthodontiste après sa carrière, longue de 9 saisons en NBA avec deux ans d’interruption pour son service militaire, Dischinger a choisi une vie simple et anonyme. Pourtant, il est toujours inscrit dans les livres de la NBA. Sa moyenne de 25,5 points par match est la neuvième plus haute pour un rookie depuis la création de la ligue. Un top 10 où il est entouré d’Elgin Baylor et de Rick Barry et où il est actuellement le seul à ne pas être entré au Hall of Fame. De quoi vous classer un bonhomme dont les statistiques ont toutefois baissé par la suite, notamment à Detroit chez les Pistons.

Du côté des Nets, si l’on a connaissance de cette histoire, on doit en tout cas souhaiter que Kyrie puisse apporter autant que le faisait Dischinger à son époque, tout en le faisant au sein d’une équipe qui gagne ! Compte tenu du talent du meneur, nul doute qu’il devrait se mettre en selle rapidement, mais s’il pouvait s’inspirer de la saison de Terry Dischinger, il serait l’une des très belles surprises (recrues) de la saison des Nets. Attention, toutefois, le légendaire Don Nelson avoue que faire cela dans la NBA actuelle résulte d’une tout autre difficulté que de le faire au début des années 60.

« Je pense que c’est un peu plus difficile actuellement que ça ne l’était. Il n’y avait que 9 équipes dans la ligue à l’époque en 1962. Ça serait très difficile aujourd’hui. Mais si c’est un joueur star, vous seriez heureux de l’avoir. » Don Nelson

De quoi rassurer les fans des Nets et leur mettre l’eau à la bouche si ce n’est pas encore le cas.

Via The Athletic

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