Sergio Scariolo explique comment l’Espagne s’est reconstruite à travers les diverses fenêtres qualificatives
Quelques heures avant que son équipe n’affronte la France en finale de l’EuroBasket, Sergio Scariolo a expliqué dans une interview à Eurohoops comment les différentes fenêtres de qualification avaient aidé la Roja à se reconstruire une identité ces dernières années.
En novembre 2021, le roster de l’équipe dans le cadre des qualifs pour la prochaine Coupe du monde était le suivant : Jaime Pradilla, Xabi Lopez-Arostegui, Jaime Fernandez, Dario Brizuela, Alberto Diaz, Quino Colom, Dani Diez, Joan Sastre, Yankuba Sima, Fran Guerra, Joel Parra, Dani Perez. Hier, Pradilla, Lopez-Arostequi, Jaime Fernandez, Brizuela, Diaz et Parra ont quitté Berlin l’or au cou. La saison dernière, aucun d’entre eux ne jouait ni en Euroleague ni en NBA.
« Je ne juge pas le concept global des fenêtres. Il y a beaucoup d’angles différents, beaucoup de points de vue différents, tous respectables. Donc je ne parle que de ce que nous avons fait en 2017, quand nous avions beaucoup de joueurs de NBA et d’Euroleague. Tout de suite on a senti que nos 12-14 meilleurs joueurs ne seraient pas disponibles pour les qualifs, et qu’en même temps nous devions faire quelque chose pour nous y préparer. Donc ce que nous avons fait c’est que nous avons rassemblé un groupe de joueurs, même si la plupart n’allaient même pas participer au training camp suivant avec l’équipe qui a remporté le bronze aux championnats d’Europe à Istanbul. On les faisait venir au début de l’été, on a eu un training camp et 2 matchs officiels contre Israël. On a créé une ‘équipe B’ où nous voulions nous assurer de mettre en place certaines choses en priorité. Ils ont commencé à travailler sur des concepts sur lesquels on travaillait déjà avec l’équipe U20, qui a été la première équipe avec laquelle nous avons démarrer notre ‘petite révolution’ dans les catégories jeunes. Ces joueurs avaient déjà cette expérience, et on les a mélangés avec ce groupe de joueurs de ‘classe moyenne’, qui n’allaient pas jouer en NBA ou en Euroleague. On leur a dit : ‘Les gars, vous allez être l’Espagne, vous serez dans l’équipe 1, ceux qui vont porter ce maillot, qui est l’un des plus admirés et enviés dans le monde du basket’. Donc c’est un honneur, un privilège. On n’a fait aucune promesse, mais on a fait en sorte que participer à ces matchs de l’équipe nationale soit valorisant en soi et ça a fonctionné.
Tout le pays s’est pris d’affection pour cette équipe, on a battu le Monténégro, on a battu la Slovénie. On a inspiré beaucoup d’émotion, et de passion, parce que les gens appréciaient les efforts de ces gars. Les joueurs comprenaient qu’ils n’avaient pas besoin de trop réfléchir à ce qui se passerait après, juste à rester concentrés sur le présent. ‘On porte le maillot, on joue pour l’équipe nationale, ça nous apporte une super visibilité’. Et puis l’année suivante en raison des circonstances 3 d’entre eux finissent champions du monde. C’était une belle histoire parce qu’on leur a bien sûr donné la priorité quand nous avons dû choisir 3 joueurs pour venir compléter les 9 de la rotation. Et ça a continué les années suivantes, les fenêtres nous ont bien réussi. Je crois qu’on a perdu que 2 matchs, d’un ou 2 points, parce que ces gars formaient une unité et avaient le sentiment de faire partie d’une famille. Aujourd’hui la plupart d’entre eux sont ici et portent ce maillot à l’Euro grâce à cette expérience, ce sentiment d’appartenance à une équipe et leur connaissance du système. Il y a 2 ans d’entraînement ensemble derrière, c’est bien plus que ce qu’avaient nos légendes ensemble à l’époque. Oui, il y avait plus de talent, mais ces gars partagent la balle, sont généreux, volontaires dans l’effort… Il y a une cohésion et c’est un vrai plaisir de les voir jouer.
Parfois à la fédération ils me disaient ‘Tu sais il y a ce joueur d’Euroleague ou de NBA qui pourrait être disponible pour ce match-ci’, mais je leur disais ‘Laissez-moi tranquille, ces gars jouent en Euroleague et en NBA, on ne va pas changer l’équipe, je suis heureux avec les joueurs que j’ai’.
Maintenant j’ai une équipe où les gars jouent ensemble depuis longtemps et où les rôles sont bien définis. C’est comme ça que tu peux avoir une identité collective. Ce qui était difficile c’était de gagner avec un roster rempli de stars dans leurs différentes équipes, qui n’avaient pas forcément beaucoup de temps de jeu ensemble et qui devaient coexister en équipe nationale en jouant peut-être 10 minutes par match, en sortant du banc, en changeant leur rôle. Ça c’était vraiment dur. »
via Eurohoops