Vincent Collet : « Notre problème durant ce tournoi a fini par nous tuer »
Les bleus sont tombés de haut encore une fois, largement dominés par l’Espagne lors de la finale de l’Eurobasket. Face à une équipe espagnole très bien en place des deux côtés du terrain, les bleus n’ont été au niveau nécessaire que trop rarement et tous les bleus, à commencer par Vincent Collet, ont reconnu la supériorité collective espagnole.
« Ils ont très bien joué, ils ont presque pu faire tout ce qu’ils avaient prévu de faire des deux côtés du terrain, » a déclaré Vincent Collet. « Des choses pour la plupart que nous avions anticipées, mais nous n’avons pas pu les gérer. Nous savions qu’ils allaient être agressifs sur Evan et Thomas, nous savions qu’ils allaient travailler longtemps en attaque pour trouver des ouvertures et ils ont pu le faire, car notre pression n’était pas la même que vendredi face à la Pologne. Nous avons mis 17 minutes pour vraiment mettre ce genre de pression donc je pense que ne nous ne sommes pas donnés les armes pour changer le match. »
Ces ballons perdus ont « tué » l’équipe de France selon Vincent Collet. Il y en a eu 19, qui ont généré 35 points pour l’Espagne, une statistique terrible et rédhibitoire.
« Nous savions que notre faiblesse était les ballons perdus depuis le début du tournoi. Ils ont scoré 35 points sur nos ballons perdus. Et nous 7. Qu’est-ce qu’on peut ajouter, ça vous dit tout sur ce match, » a expliqué Vincent Collet. « Notre problème durant ce tournoi a fini par nous tuer. Nous avons survécu contre la Turquie et l’Italie, alors que nous aurions pu déjà mourir, mais contre l’Espagne comme ils ne perdent pas le ballon, ils contrôlent, parfois prennent de mauvais shoots, mais ne perdent pas le ballon. Nous avons shooté à 75% dans la raquette et à 2 points et 40% à 3-pts. Nous ne pouvons pas faire mieux. Mais le reste est suffisant pour nous tuer. Ils ont très bien exécuté. Nous, nous avions un système face à la Box and 1, mais nous n’avons pas pu l’exécuter une seule fois. Ça fonctionne, mais nous ne l’avons pas exécuté.
Le chiffre brut (des ballons perdus) ne raconte pas tout, le problème c’est pourquoi on les perd, il y a nos faiblesses de fondamentaux, à la passe et dans le démarquage. Il y a leur agressivité aussi. On manque aussi de mobilité sur certaines situations. On savait qu’ils seraient très agressifs sur Evan et Thomas, et il y avait un bouchon au milieu de la raquette. Dans la justesse, on a pris une leçon. Pendant 17 minutes on n’a pas compensé ces 19 pertes de balles par une agressivité forte de l’autre côté. Avec l’enjeu de la finale, on a eu du mal à se libérer, on a mis un bon quart d’heure pour monter en pression. On est quand même revenu de moins 21 à moins 3, grâce à cette pression et notre générosité défensive. On a joué avec nos qualités plein de fois, mais à chaque fois qu’on se rapprochait, on faisait une bêtise, deux bêtises et on reprenait la même punition. On a joué avec nos valeurs, on s’est battu jusqu’au bout, les mecs le voulaient, il n’y a pas 1% à reprocher aux joueurs dans ce domaine. Mais une finale face à l’Espagne tu ne la gagnes pas qu’avec ça. Tu la gagnes aussi avec la tête, les choses qu’on s’était dit qu’on devait faire et qu’on n’a pas été capables de faire. Ça fait partie du très haut niveau et c’est ce qui nous a manqués. Puis Hernangomez a été formidable. Dans ce type de match, il faut exécuter si tu veux gagner. En début de match, nos systèmes se sont bien déroulés. Par exemple sur la première action, Rudy, au lieu de faire une passe sur Guerschon, perd la balle. C’est comme ça qu’il fallait jouer, mais il faut exécuter. Au début, tu dis ‘bien joué’, ce n’est pas grave, mais tu te retrouves ensuite avec déjà 10 points de retard. Tu ne fais pas les mauvais choix, mais tu ne concrétises pas ce que tu dois concrétiser alors que l’Espagne ne s’est pas privée pour le faire. Coté espagnol, il y a des joueurs qui sortent du chapeau comme Fernandez. Chaque tir ouvert, il met dedans. C’est parce qu’ils sont préparés pour ça. Il ne faut pas l’accepter, mais il faut le reconnaître. »
Rudy Gobert a été particulièrement en difficulté dans ce match, pas au niveau des précédents tours en défense, et totalement transparent en attaque, limité à 6 points à 2/2, 6 rebonds et 3 ballons perdus. Quand on demande à Vincent Collet si c’est la conséquence de la défense espagnole ou des carences françaises à la passe, il rétorque :
« Un peu des deux, » a déclaré Collet. « On le savait, ils ont ciblé nos joueurs, comme on a pu le faire contre les Polonais, Slaughter et Ponitka. Mais durant tout le tournoi, on a eu du mal à jouer intérieur. On a une équipe qui penche sur l’extérieur, qui ne tient pas assez compte de la structure de notre équipe, c’est clair. Lorsqu’ils ont fait boite, si on avait exécuté ce qui était prévu, il aurait dû avoir 3 ou 4 smashs supplémentaires. Même en ne le faisant pas bien, 2-3 fois il était tout seul, mais lorsqu’on a mis la balle poste haut, soit on a shooté, soit on a renversé le ballon sur le côté alors qu’il était seul. On voit vraiment qu’on est loin derrière à ce niveau-là. »