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[Ma NBA] Dominique Wilkins : « Jouer en NBA, c’était comme mourir et arriver au paradis »

Aujourd’hui à l’occasion de son anniversaire, on vous propose de lire ou relire le Ma NBA Vintage de Dominique Wilkins. L’un des cinq non-pivots avec une moyenne d’au moins 26 points sur une décennie (Jerry West, Michael Jordan, Allen Iverson et LeBron James complètent ce tableau époustouflant), l’ailier « hall of famer » a aussi connu de véritables revers dans sa carrière : écarté des 50 meilleurs joueurs NBA des 50 premières années, blessé juste avant la Dream Team au tendon d’Achille, échangé peu après alors qu’il s’était admirablement remis… Sans oublier les dunks bien sûr, lui qui est toujours considéré comme le meilleur dunkeur de tous les temps en puissance pure, voire tout court en match. Un moment rare.

Palmarès : 9 fois All-Star ; 2e au vote de MVP en 1986 (derrière Larry Bird) ; 1st Team All-NBA 1986 ; 2nd Team All-NBA 1987, 1988, 1991 et 1993 ; meilleur marqueur en 1986 (grâce à un match à 57 points en fin de saison…) ; deux fois vainqueur du concours de dunk (et sûrement trois si celui de 1988 ne s’était pas tenu à Chicago, tandis que Spud Webb avait déjoué tous les pronostics en 1986 aussi) ; recordman historique aux points et interceptions pour les Hawks d’Atlanta.

Dominique, quel joueur vous a le plus inspiré ?

Doctor J (Julius Erving) ! Il a inspiré toute ma génération en fait. C’était lui LE gars. Et il m’inspire encore aujourd’hui ! Quand on se voit d’ailleurs, on ne parle pas des dunks ou ce genre de choses. Même quand on est juges au All Star Weekend, pour le concours de dunks, ça ne va pas être ça le genre de discussions que l’on va avoir. Alors qu’on pourrait hein ! Il a fait son truc au niveau des dunks et on peut dire que j’ai fait mon truc aussi… Mais on ne parle pas de ça. On va parler de NBA, oui. Mais plutôt du fait d’être professionnel, de jouer ce jeu de la bonne manière, ce genre de choses. Et on va plutôt parler de la vie. D’ailleurs, il a eu un rôle de mentor avec moi, quand j’ai commencé (Wilkins est arrivé en 1982, alors qu’Erving a pris sa retraite en 1987). Et c’était déjà ça. Il me disait des choses sur la vie, qui derrière m’aidaient à mieux jouer au basket.

Quand avez-vous su que vous seriez en NBA un jour ?

A douze ans. Je savais, pour sûr, que j’irai en NBA. Dès mes douze ans ! J’ai grandi à Baltimore, tout le monde jouait au basket là-bas. Donc déjà, parce que j’étais le meilleur localement, je savais que j’irai en NBA.

Avant même le lycée donc ! D’ailleurs, vous avez joué en Caroline du Nord en high school, une mecque du basket aussi…

Oui. On a fini avec 76 victoires pour 1 défaite. Donc bon, c’était un sacré bilan ! On va dire que ça n’a fait que conforter ce que je pensais déjà du coup (rires) !

Que s’est-il passé sur cette défaite ?

(Il fait une mine absolument dépitée, quarante ans après donc) Pfff… (il prend encore quelques secondes pour secouer la tête) On a perdu contre une équipe qu’on avait battue de 30 points pendant la saison. On y est allés relax, en se disant que c’était dans la poche, en demi-finales… (quelques secondes encore de dépit absolu…) Et ils nous ont planté un tir au buzzer ! On a perdu d’un point. Juste un point… (son regard se perd dans les tribunes)

« Si j’avais joué avec Malone et Stockton, on aurait été une super team ! »

Et en NBA, quel est votre plus mauvais souvenir ?

Mon plus mauvais souvenir ? Avoir été échangé aux Clippers, à cette époque-là (en 1994, contre Danny Manning). J’ai été envoyé dans une franchise qui était très irrégulière. Il y avait pas mal de problèmes. Ça se sentait qu’ils ne cherchaient pas vraiment à gagner. C’est le genre de chose que je ne pouvais pas vraiment accepter (on peut aussi ajouter que Wilkins était encore All-Star avec près de 25 points et 6 rebonds, et le meilleur scoreur des Hawks, alors en première position à l’Est, la seule fois dans l’histoire de la NBA qu’un tel scénario s’est produit, parce qu’Atlanta ne voulait pas lui donner un nouveau contrat l’été suivant, à 35 ans, après une rupture du tendon d’Achille en 1992). C’était vraiment dur pour moi. J’avais entendu quelques histoires, et une fois sur place, c’était encore pire.

Ce n’est pas la première fois que vous ne vouliez pas aller dans une équipe, drafté par Utah, vous avez refusé d’y aller en gros…

Oui. C’est vrai que je ne voulais pas aller à Utah à cette époque. Mais bon, en regardant dans le rétroviseur, ça veut dire que j’aurais peut-être pu jouer avec Karl Malone et John Stockton… Ça aurait été une sacrée équipe, non ? Tu imagines ? On aurait été une super-team.

D’ailleurs, vous n’avez eu qu’un seul coéquipier All-NBA et aucun multiple All-Star, c’est bien ça ?

Oui, j’ai eu quelques coéquipiers qui ont été All-Stars une fois (Doc Rivers, Moses Malone en toute fin de carrière, Kevin Willis et Mookie Blaylock). Mais aucun All-NBA. J’étais le seul dans l’équipe à être All-NBA (Kevin Willis l’a en fait été en 1992, mais 3rd team All-NBA, et Do s’était fait le tendon d’Achille cette saison-là, une blessure encore plus crainte à cette époque, qui l’a aussi privé d’une potentielle sélection pour la Dream Team, donc on peut facilement comprendre cette omission)…

« Pour moi, notre époque était la plus compétitive dans toute l’histoire de la NBA »

Et ça ne rigolait pas à l’époque… surtout à l’Est.

Exactement. Tu avais la conférence Est qui était brutale, ça jouait dur, et l’Ouest où ils jouaient tous à fond la caisse. Pour nous, à l’est, c’était dur, man ! C’était dur ! A l’époque, les gars jouaient vraiment en défense. Tu pouvais défendre dur sur l’homme. Pas de cadeau ! Et pour moi, c’était la période la plus compétitive dans toute l’histoire de la NBA. Il n’y avait que 23 équipes, donc le talent était vraiment concentré. Tu avais deux générations légendaires qui se croisaient aussi (80s et 90s). Aucun doute. Dans mon esprit, c’était la période la plus compétitive de l’histoire.

A l’inverse, votre meilleur souvenir en NBA ?

Mon meilleur souvenir ? 1987. L’année où on a remporté la division. On était tous bien ensemble, ça fonctionnait parfaitement sur le parquet. Quand tu remportais 50 victoires ou plus durant la saison, c’est que tu faisais une année spéciale. On a eu quatre saisons consécutives à 50 victoires ou plus d’ailleurs. Cette année-là, on est allés jusqu’aux demi-finales de conférence (perdues face aux Pistons). Mais le meilleur match, c’était l’année d’après. Contre Boston. Ça s’est joué sur le dernier tir (aux lancers avec trois points de retard, il mit le premier avant de manquer le second exprès, sans qu’un coéquipier ne puisse égaliser). Un sacré match (Dominique Wilkins marqua 47 points, Larry Bird 30, dont 20 dans le dernier quart temps) !

 

« Les analytics sur le tir a mi-distance, ce sont des conneries »

Qui était le meilleur joueur offensif que vous avez croisé ?

Bernard King. (Il secoue la tête) pfff… Le gars pouvait faire une moyenne de 34 points par match sur une seule jambe !!! Il était spécial.

Il shootait beaucoup mi-distance, un art perdu…

Le mid-range reste le tir le plus efficace et avec le plus haut pourcentage de réussite, en-dehors d’un lay-up ou d’un dunk. Donc d’après moi, c’est le tir le plus important ! Parce que tu n’auras pas tout le temps un lay-up ou un dunk. Donc le fait que tous ces gars-là, les gars qui aiment le « data », discréditent ce tir, ça me dépasse. Franchement, j’étais un cauchemar pour les défenses à mi-distance ! J’ai marqué énormément de points dans cette zone… Ça reste d’ailleurs la partie la plus large du terrain. Et regarde : Kevin Durant, Klay Thompson, Kawhi Leonard ; tous ces gars-là marquent énormément à mi-distance. Ce sont des assassins, ils tuent les défenseurs ! Tu sais pourquoi ? Parce que ça reste le tir le plus efficace ! Je ne crois pas aux analytics. Pas du tout. Ça ne me paraît juste pas réaliste. (Il s’énerve clairement) Tu ne peux pas discréditer un tir aussi efficace que ça. Ce sont des conneries ! Ce n’est même pas un bon tir, c’est un super tir ! (On notera que Dominique Wilkins n’a jamais été régulier à trois-points, mais enregistra tout de même cinq saisons entre 31 et 39%)

Et le meilleur défenseur ?

Si je dois prendre un seul joueur – et je pense que l’on doit vraiment reconnaître ce que ce gars a fait dans cette ligue– c’est Dennis Rodman. Un sacré défenseur. Un (il insiste sur ce mot) sacré défenseur ! Scottie Pippen, Larry Nance… il y avait de super bons défenseurs ! Mais Dennis, c’est celui qui était le plus obsédé par cette partie du jeu. Il pouvait tout donner en défense, s’engager totalement – et quand même être le joueur qui avait le plus d’impact certains soirs ! Il y avait bien sûr ses qualités physiques : c’était un super athlète (venant de quelqu’un comme Wilkins, le compliment n’en prend que plus de valeur), il faisait 2m06, avec de longs bras… Mais c’est vraiment ce qu’il se passait dans sa tête qui faisait la différence. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi obsédé en défense, avec cette intensité. Et je ne pense pas qu’on reverra un jour quelqu’un comme lui.

 

« J’adore retourner à Paris, une fois par an »

Quelle était la salle où vous préfériez jouer ?

Déjà, là je suis debout dans l’une d’elle : le Madison Square Garden. Los Angeles, Chicago et Boston aussi. En fait, c’est surtout que c’était les meilleures équipes, donc comment ne pas adorer jouer là-bas ? Mais le Garden, il y a ce truc en plus. C’est une Mecque du basket. C’est mythique. Je ne connais pas un joueur qui ne prend pas un plaisir immense à jouer ici. C’est un endroit fantastique. A l’intérieur, ça a changé un peu. Mais de l’extérieur, c’est toujours le même Garden. Tu es en plein New York, mais c’est encore plus spécial qu’ailleurs en ville. Tu vis un morceau d’histoire. C’est comme ce que je te disais avant qu’on commence l’interview : j’adore retourner à Paris (où il est né) tous les ans, une semaine, parce qu’il y a tous les monuments historiques, partout où je me balade. Je reste toujours près du Louvre. J’adore cette rue (Saint Honoré) où ils ont tous les magasins de parfum, tu peux créer ta propre fragrance…. C’est cher ! Mais quel plaisir… Et sentir tout ça, en même temps que tu te ballades… Je revois des endroits que j’ai connu petit aussi. J’ai même refait une photo identique à celle que j’avais faite avec mon père (qui y était posté pour l’armée américaine, ainsi qu’à Orléans), au pied de la Tour Eiffel, l’an dernier. Et cette année j’amène mes enfants, parce qu’ils ne connaissent pas bien. Je veux leur montrer tout ça : le côté historique. Ici, aux Etats-Unis, on ne garde pas trop notre histoire… Mais l’histoire, c’est ça aussi qui fait le basket. Et c’est pour ça que le Garden est spécial.

Justement, quel serait votre cinq majeur historique ?

(Il s’exclame) Ouuuuuuuuuuh ! Bon, déjà je vais m’exclure. Alors, je vais prendre Kareem (Abdul-Jabbar). Au poste 4, Karl Malone. Puis je vais prendre Michael Jordan et Magic Johnson… Et qui me manque-t-il ? Oh, Larry Bird. (Il prononce son nom lentement, doucement, plein d’admiration) Lar-ry Biiird. Larry Bird. Larry Bird…

Le premier qui vous est venu en tête, c’est Kareem Abdul-Jabbar. N’oublie-t-on pas un peu à quel point il a été dominant ?

Pffffff ! Ça c’est les gens qui ne connaissent rien au basket. Non seulement ils ne se rendent pas compte à quel point il était grandiose, mais surtout à quel point il était absolument unique. Unique en son genre. Ils n’ont jamais fait un autre Kareem. Le moule est cassé. Tu ne reverras jamais un gars comme Kareem Abdul-Jabbar. Jamais ! Pour moi c’est ça la différence avec tous les autres. On ne reverra jamais quelqu’un comme lui. Le gars n’a perdu qu’un seul match à la fac ! En quatre ans, quatre ans !!! Et le basket était vraiment différent à l’époque. Il y avait un aspect compétitif que l’on ne retrouve plus. Tellement de choses en fait. Le basket a changé. La société a changé, donc le sport a changé avec. L’agressivité n’était pas du tout la même. Les défenses étaient beaucoup plus physiques. Ils ont enlevé tout ce côté-là. Ce qui fait que la défense n’a plus aucun avantage d’ailleurs. Tu ne peux plus toucher personne !

Et le meilleur cinq aujourd’hui ?

LeBron (James), Kevin Durant, Steph Curry, (Russell) Westbrook… et Anthony Davis. (Il s’enflamme) Mais bon, mais bon, mais bon ! Comment ne pas prendre Kawhi (Leonard) ? Comment ne pas prendre (James) Harden ? Tu es obligé ! Franchement, tu peux faire un top 10, et chacun a sa place dans le top 5… C’est fou !

 

« Jouer en NBA, c’était comme mourir et arriver au paradis »

Qu’avez-vous apprécié le plus du fait de jouer en NBA ?

C’est le meilleur jeu au monde. Si vous n’appréciez pas ce niveau d’excellence, qu’est-ce que vous pouvez apprécier, en tant que basketteur ? Pour moi, jouer en NBA, c’était comme mourir et arriver au paradis.

Et ce que vous avez le moins apprécié ?

Le fait que j’ai dû raccrocher.

Pas dans vos propres termes en fait comme on en discutait avant…

C’est ça. Pas dans mes propres termes… Mais bon, c’est « father time » comme on dit, une fois que c’est passé, c’est passé (il hausse les épaules). On en a parlé : je n’ai pas eu une autre superstar à mes côtés pour enlever un peu de pression et emmener l’équipe plus haut. Mais on a quand même gagné ! Alors, est-ce que ça a affecté ce que je laisse derrière moi ? Je ne sais pas. J’ai pu montrer que je pouvais porter une équipe sur mes épaules, j’ai fait des stats historiques… Alors, est-ce que ça a une influence ? Bien sûr, tout le monde va dire que je n’ai pas gagné de titres. Mais combien de grands, grands joueurs n’en ont pas gagné : Charles Barkley, Karl Malone, John Stockton, Patrick Ewing… pour ne citer que des joueurs de mon époque. Est-ce que cela diminue leur grandeur ? Non.

Vous n’avez par contre pas été sélectionné dans la liste « NBA 50 at 50 » (les cinquante meilleurs joueurs au cinquantième anniversaire)…

Pfff… (Il se balance d’un côté puis de l’autre) Quelle blague ! Ça, c’est une blague. Une blague. Magic Johnson, Larry Bird, Doctor J… ils sont tous montés au créneau pour me défendre, et dire que si je n’étais pas dedans, cette liste n’avait aucun sens. Mais bon, la vie est toujours dure, et elle n’est juste que de temps en temps…

Pour le coup c’était à cause de votre blessure, mais vous avez aussi manqué la Dream Team… cela vous touche aussi ?

Bien sûr ! Bien sûr ! Oh oui, oh oui… J’ai toujours pensé que j’allais jouer pour la Dream Team (son nom était en débat avec Clyde Drexler pour le dernier spot). Mais je me suis blessé, donc bon, ça ne me rend pas aussi dépité. Et puis, je vais te dire, la Dream Team II était une sacrée équipe aussi ! Wouhouhouhou… Je vais même te dire : on pensait tous qu’on pouvait battre la première (il rit aux éclats). Bon, j’étais plus vieux, Shaq m’avait même surnommé « Antique ‘Nique » ! Il est bon avec les surnoms celui-là…

« Ceux qui n’ont pas vécu en Europe ont manqué quelque chose dans leur vie »

Après une fin de carrière NBA déprimante donc, le fait de venir jouer en Europe et gagner l’Euroleague (au Panathinaikos en 1995-96, avec le trophée de MVP en prime, puis une autre à Bologne en 1997-98) vous a-t-il relancé, psychologiquement ?

(Il fixe du regard un moment) Complètement. Complètement. Je vais te dire : ceux qui n’ont pas vécu en Europe ont manqué quelque chose dans leur vie. Au niveau du jeu, c’était fort, plus physique que la NBA en fait sur certains aspects, surtout en Grèce. Et puis on ne jouait que un ou deux matchs par semaine ! J’adorais ça moi !

Deux entrainements par jour par contre, non ?

Je vais te dire un petit secret : dès le début, je suis allé voir mon coach et je lui ai dit : « Je vais tout te donner, mais moi je ne m’entraîne qu’une fois par jour ! » (rires). Je faisais juste celui de l’après-midi. C’était super. En Italie aussi, on avait du vin avec nos repas, même avant les matchs ! (Il secoue la tête, avec une expression pleine de plaisir) C’était fantastique. Et tu sais quoi ? En fait j’ai perdu du poids en Europe, presque dix kilos, parce que la nourriture est riche, mais tu prends plaisir, tu marches partout, c’est une vie très saine. Je te dis : il faut avoir vécu en Europe au moins une fois dans sa vie.

On est obligés de finir sur cette question : qui considérez-vous comme le meilleur dunkeur de tous les temps ?

(Il hausse les épaules, secoue la tête et clame haut et fort dans un sourire malicieux) Moi !

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

Retrouvez toutes nos interviews « Ma NBA » ici (12 au total série en cours !)

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Une réflexion sur “[Ma NBA] Dominique Wilkins : « Jouer en NBA, c’était comme mourir et arriver au paradis »

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