Preview Eurobasket 2017 : Qui pour détrôner l’Espagne ? La France ?
C’est demain que l’Eurobasket 2017 débute et pour en savoir plus sur les forces en présence, voici notre preview de l’événement, dont l’équipe d’Espagne est la tenante du titre. Beaucoup d’absents lors de cet Euro mais ce qui nous intéresse désormais ce sont les joueurs présents. Si l’Espagne se pose en favori, la France pourrait bien aller la titiller alors que derrière cela semble ouvert pour une place sur le podium
Pour le calendrier complet de la compétition et les diffusions TV, c’est par ici
Avant de commencer, rappel rapide des groupes et du système de compétition
Les équipes
Les 24 équipes sont réparties en quatre poules de six.
Groupe A | Groupe B | Groupe C | Groupe D |
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Déroulement des phases finales
Les 4 premières équipes de chaque groupe se qualifient pour les seizièmes de finale.
Pour les effectifs de chaque équipe, ils ne sont pas encore tous officiels, mais vous pouvez les retrouver sur le site officiel de la compétition, par ici
Le Favori : l’Espagne
Comme à chaque fois depuis une dizaine d’années, l’Espagne se pose en favori de la compétition et cette année la roja, malgré des cadres vieillissants, semble même être la seule grande favorite. Si elle aussi n’est pas épargnée par les blessures, son effectif est une nouvelle fois le plus solide du plateau et il sera très compliquer d’empêcher l’Espagne de conserver son titre. Si Sergio Llull, Serge Ibaka, Nikola Mirotic ou encore Rudy Fernandez seront absents, il reste de sacrés clients : Pau & Marc Gasol, Sergio Rodriguez, Ricky Rubio, Juan Carlos Navarro, Alex Abrines ou encore les frères Hernangomez. En plus de l’alchimie de groupe, la force de l’équipe de Sergio Scariolo c’est son secteur intérieur avec un Pau Gasol, qui malgré ses 37 ans, continue de dominer le basket FIBA, et cette fois il sera en plus associé à son frère et en relais Willy et Juancho Hernangomez seront redoutables. La faiblesse de l’équipe viendra peut-être des extérieurs, même si c’est relatif, avec notamment un Juan Carlos Navarro qui n’est plus le grand joueur qu’il a été, et sans Llull, Sergio Rodriguez et Ricky Rubio devront assurer. Rubio a vraiment eu du mal sur les dernières compétitions internationales et s’il passe à côté, El Chacho aura de grandes responsabilités.
En préparation, hormis un faux pas contre la Belgique lors du match où Sergio Llull s’est blessé, l’Espagne a dominé tous ses adversaires, notamment la Lituanie en Lituanie, même si cela s’est joué dans les dernières secondes alors que les locaux avaient longtemps mené. Avec Scariolo à sa tête le collectif reste redoutable et il sera bien difficile de les faire chuter.
L’Outsider numéro 1 : la France
Une page s’est tournée en équipe de France avec les départs à la retraite de Tony Parker, Flo Piétrus et Mike Gélabale. Puis il y aura des absences notables comme Rudy Gobert, Nicolas Batum, ou encore les intérieurs Ian Mahinmi et Alexis Ajinça. Toutefois, il y a de quoi avoir de grandes ambitions pour cet Euro, car aucune équipe n’est épargnée par les forfaits et les bleus ont de sérieux atouts. Le meilleur ce sera son attaque et plus précisément l’efficacité de ses extérieurs avec le trio Nando De Colo, Evan Fournier et Thomas Heurtel. Les trois ont mené de main de maître l’attaque des bleus lors de la préparation et c’est sans doute ce qui se fera de mieux à l’Eurobasket sur les postes extérieurs. Si ces dernières années la circulation du ballon n’était pas la base du jeu Français, qui s’appuyait beaucoup sur les qualités de Tony Parker, en préparation ce fut un régal à ce niveau, Heurtel, Nando et Boris Diaw ayant insufflé cette philosophie, et tout le monde a adhéré. Avec ces éléments les bleus ont montré qu’ils étaient capables de planter 100 points, pas à la portée de tout le monde dans le jeu FIBA.
Il y a toutefois deux interrogations à la veille de l’Euro, dont la préparation n’a pas donné des réponses toujours satisfaisantes : la défense et le secteur intérieur. La défense a été lors de la dernière décennie la grande force de l’équipe, capable notamment de limiter l’Espagne chez elle lors du quart mythique de la coupe du monde 2014 à 52 points. Si Vincent Collet y a mis beaucoup l’accent durant la préparation et qu’il y a eu quelques bons matchs et passages de ce côté-là, certaines rencontres, comme celle face à la Lituanie, ou même dimanche face à l’Allemagne, ont mis le doigt sur des lacunes et ont montré qu’il y avait encore beaucoup de travail à faire pour pouvoir aller chercher le titre. Les extérieurs sont pour la plupart avant tout des attaquants et quant aux intérieurs, leur spécialité n’est pas vraiment la protection du cercle.
C’est justement ce secteur intérieur, décimé, qui est présenté comme le second point faible. S’il y a Boris Diaw, Kevin Seraphin et Joffrey Lauvergne, habitués du plus haut niveau, Vincent Poirier et Louis Labeyrie effectuent leurs débuts en bleu. Il y a du talent sur ces postes et on a pu le voir lors de la prépa, chacun s’étant montré à un moment où à un autre à son avantage. Cela parait tout de même inférieur à ce que proposent certaines nations défensivement et face à une équipe comme l’Espagne, on peut se demander si cela suffira pour tenir face aux Gasol et autres Hernangomez. L’Espagne a souvent fait souffrir les bleus à l’intérieur et dans un éventuel duel, ce sera la clé.
Malgré les absences et ces interrogations, si les bleus ne parvenaient pas à accéder au podium, ce serait une déception et on peut objectivement penser qu’ils peuvent venir bousculer l’Espagne et peut-être reconquérir le titre.
Les prétendants au podium : Croatie, Serbie, Lituanie, Lettonie, Slovénie
– La Serbie est sans aucun doute l’équipe la plus touchée par les absences puisqu’il ne reste plus qu’un joueur du 5 majeur : Bogdan Bogdanovic. La liste des absentes est impressionnante : Milos Teodosic, Namanja Bjelica, Miroslav Raduljica, Nikola Jokic, Nikola Kalinic et Nemanja Nedovic, soit en gros 6 des 8 meilleurs joueurs. Dur dur donc pour Sasha Djordjevic, mais la Serbie est une incroyable nation de basket et possède un grand réservoir de talent. Si Bogdan Bogdanovic et Boban Marjanovic seront les deux seuls NBAers, tous les autres jouent dans des places fortes du basket européen comme Milan Macvan, Stefan Bircevic, Vladimir Stimac, Stefan Jovic… Forcément c’est moins impressionnant sur le papier mais la belle préparation laisse présager une équipe très très solide dont il faudra vraiment se méfier. Ils ont remporté 8 matchs sur 9 en prépa et ils devraient se sortir sans souci du groupe D, ensuite tout est possible. Compte tenu des absences chez les autres nations, un podium semble accessible à condition que le 8ème et le 1/4 soient favorables. Les hommes de Djordjevic semblent sur le papier intérieurs à l’Espagne, la France, la Lituanie, voire la Slovénie et la Croatie, mais on peut penser qu’il faudra tout de même compter sur eux.
– La Slovénie proposera un des meilleurs backcourts de la compétition et on aura sans doute droit à un passage de témoin entre Goran Dragic, le leader sur la dernière décennie, et Luka Doncic le leader annoncé de la prochaine. Ce dernier, auteur d’une saison sublime, a fait une préparation impressionnante et il pourrait être une des stars de l’Euro. Très attendu, il va participer à son premier Euro et il espère bien offrir enfin une médaille aux siens, une belle récompense pour Dragic, dont ce sera la dernière compétition sous le maillot slovène. Si Zoran Dragic ne sera pas là, un troisième homme est venu rejoindre l’équipe il y a quelques semaines : Anthony Randolph. L’intérieur américain du Real Madrid a été naturalisé récemment et il sera un sacré atout dans la raquette slovène, qui était jusque là le point faible de l’équipe. La clé du succès pour la Slovénie dépendra sans aucun doute des performances du trio et ils peuvent clairement rêver d’une médaille. Il ne faudra toutefois pas se rater lors du premier tour face à la France ou la Grèce, afin d’éviter un gros morceau dès le huitième de finale. A noter qu’en préparation ils ont subi trois défaites face à trois bonnes équipes et à chaque fois sur le fil : Croatie, Israël et Turquie. A l’Euro il faudra gagner ces matchs serrés.
– Comme toujours la Croatie présentera un effectif talentueux mais cette équipe s’est fait une spécialité de décevoir ces dernières années. Toutefois elle n’a peut-être pas été aussi bien armée depuis un bon moment pour pouvoir aller chercher une médaille. La préparation a été très convaincante dans le sillage de la star de l’équipe : Dario Saric. Ce dernier a dominé durant la préparation et il sera un des hommes à suivre lors de la compétition. Avec lui la Croatie possède une arme fatale, bien entourée par Bojan Bogdanovic, Dragan Bender et les vétérans Krunoslav Simon, Roko Ukic ou encore Luka Zoric. S’il manque Ante Zizic et Ante Tomic à l’intérieur, si le talent se met au service du collectif et qu’il n’y a pas de grosses absences, les soucis majeurs de l’équipe ces dernières années, un podium semble accessible. Toutefois la présence de l’Espagne dans le groupe C pourrait rapidement mettre des obstacles difficiles à surmonter dès le huitième de finale et surtout en quart.
– La Lituanie est abonnée aux podiums de l’Eurobasket et cette année encore, malgré quelques absences, elle sera parmi les candidats très sérieux à une breloque. Il y a du talent à tous les postes, notamment à l’intérieur avec Jonas Valanciunas et Donatas Motiejunas, mais aussi à l’extérieur avec Mindaugas Kuzlinkas et Mantas Kalniétis. Ajoutez à ça des snipers et vous obtenez les ingrédients parfaits pour aller loin (ça manque tout de même de défense), surtout que le groupe B, même s’il sera dense, devrait leur permettre de sortir en première position en ayant déjà eu une opposition sérieuse pour faire les derniers réglages. Si la préparation a été dans l’ensemble décevante, on a vu face à la France et face à l’Espagne, qu’ils pouvaient battre n’importe qui. Il faudra espérer que Jonas Valanciunas se montre sous son meilleur jour, ce qui n’est jamais une garantie.
– La Lettonie semble être la potentielle surprise parfaite de cet Eurobasket, menée par une des grosses stars de la compétition : Kristaps Porzingis. Ce dernier a les atouts pour marcher sur la compétition et donc porter les siens très loin. Mais il ne sera pas seul car la Lettonie a du talent avec le Spur Davis Bertans, le frère Dairis, Janis Timma ou encore des vétérans comme Janicenoks, Strelnieks et Janis Blums. La préparation a été plutôt bonne avec notamment une victoire face à la Lituanie et la présence dans le groupe D, le plus faible, avec une équipe de Serbie décimée, est un atout. En terminant en tête les Lettons pourraient s’offrir une huitième et un quart à leur portée. Si Kristaps Porzingis est dans un grand jour, ils peuvent rêver pourquoi pas à une demi-finale.
Les équipes qui peuvent rêver de quart de finale : Turquie, Grèce, Géorgie
– La Turquie est privée de nombreux cadres comme Ersan Ilyasova, Enes Kanter et Omer Asik, mais devant son public, qui sera à coup sûr déchaîné, elle aura des arguments pour viser au moins un quart de finale. Il y a du talent dans cette équipe : Bobby Dixon (finalement forfait, ce qui est un très gros coup dur), Cedi Osman, Senan Guler, Furkan Korkmaz, Furkan Aldemir ou encore Semid Erden. Cela fait quelques années que la Turquie n’a pas brillé dans les compétitions internationales mais elle a un coup à jouer avec les très nombreux absents. Après un début de préparation compliqué, elle est montée en puissance au fil des matchs et dans un groupe D très abordable elle aura la possibilité de continuer sur cette lancée. A surveiller dans un Sinan Erdem Dome qui sera bouillant et fera office de 6ème homme. Ca devrait toutefois manquer de profondeur et d’une star pouvant prendre le jeu à son compte pour aller jouer une médaille.
– La Grèce aurait pu faire partie des prétendants au podium avec la présence de Giannis Antetokounmo, qui faisait figure d’extra-terrestre dans cet Euro, mais son forfait change totalement la donne. S’il reste des cadres comme Calathes, Bourousis, Printezis, et les désormais expérimentés Papanikolaou et Sloukas, sans le Buck ce n’est pas du tout la même histoire. Ce dernier aurait sans doute donné des migraines aux coachs et défenseurs adverses et sans lui la Grèce, en-dedans ces dernières années, ne devrait pas pouvoir monter sur le podium. La culture de la gagne et cette capacité incroyable à toujours rester en vie dans un match sont toujours là, la preuve avec de nombreux matchs très accrochés en prépa, et il y a largement ce qu’il faut pour passer le premier tour et même peut-être jouer la première place, mais cela semble insuffisant pour jouer les premiers rôles. Sur un match la Grèce pourrait battre presque n’importe qui mais il faudrait plusieurs exploits et on n’y croit pas vraiment.
– La Géorgie pourrait être la belle surprise de cet Euro, et pourtant elle n’échappe pas non plus aux forfaits avec notamment l’absence de Viktor Sanikidze, mais les cadres sont là : Zaza Pachulia, Tornike Shengelia, Michael Dixon, Giorgi Shermadini ou encore Giorgi Tsintsadze. La préparation a été très bonne avec 7 victoires pour seulement 2 défaites pour cette équipe qui se connait très bien puisque le noyau n’a pas changé depuis des années. Le trio Pachulia, Shengelia et Dixon devrait être déterminant dans le succès de l’équipe mais s’ils marchent à plein régime, attention ! Le collectif est en place et malgré un groupe B difficile, on les voit bien se retrouver en 8ème avec une véritable chance d’aller même en quart.
Les équipes qui ne devraient pas aller plus loin que les huitièmes : Italie, Monténégro et Israël
Ces trois équipes ont selon nous ce qu’il faut pour pouvoir s’extirper du premier tour avec des talents individuels comme Marco Belinelli et Nicolo Melli pour l’Italie, Nikola Vucevic, Tyrese Rice et Bojan Dubljevic pour le Monténégro, et Omri Casspi, voire Gal Mekel, plus l’avantage de jouer à domicile pour Israël. Ces derniers ont fait une très belle préparation et pourraient pourquoi pas rêver à un quart suivant l’adversaire, mais pour le Monténégro et l’Italie, dont les préparations ont montré de grosses lacunes, cela ne suffira pas contre une plus grosse écurie.
Un huitième serait presque un exploit : Finlande, Pologne, Allemagne, Ukraine, Grande-Bretagne, Russie, Belgique, Hongrie et République tchèque
Dans chaque groupe il devrait y avoir une lutte à deux, voire trois équipes, pour obtenir la 4ème place qualificative, mais ces équipes ne devraient pas pouvoir aller plus loin que les huitièmes.
Dans le groupe A, la Pologne et la Finlande devraient se jouer cette dernière place et on donne un avantage aux Finlandais, qui seront devant leur public et qui pourront compter sur les cadres habituels comme Petteri Kopponen, Erik Murphy, Gerald Lee, Shawn Huff et le petit nouveau Lauri Markkanen, drafé par les Bulls. Avec leurs fameux shooteurs et leur expérience collective, ils sont capables sur un match d’embêter n’importe quelle équipe et il ne faudra pas trembler face à la Pologne. Ces derniers seront privés de cadres comme Marcin Gortat et AJ Slaughter, Aaron Cel, Adam Waczynski et Przemysław Karnowski auront la lourde responsabilité de mener l’équipe.
Dans le Groupe B, très dense, l’Allemagne semble un ton en-dessous de l’Italie, la Géorgie et Israël, et leur préparation difficile confirme cela. Malgré un excellent Dennis Schröder l’Allemagne pourrait ne pas voir les huitièmes de finale et il faudra donc sans doute accrocher au moins un succès face aux concurrents directs que sont la Géorgie, Israël et l’Italie, pas simple.
Dans le groupe C la République-tchèque et la Hongrie devraient se jouer la 4ème place. Les deux équipes ont fait des préparations compliquées mais les Tchèques, menés par Tomas Satoransky, et malgré l’absence de Jan Vesely, partent sans doute avec un avantage face à Adam Hanga et les siens. Les deux équipes se sont justement affrontées en début de prépa et c’est la République-tchèque qui l’a emporté de plus de 30 points.
Dans le groupe D, derrière la Serbie, la Lettonie et la Turquie, la 4ème place devrait valoir chère et sera disputée par la Russie, la Belgique et la Grande-Bretagne. Bien malin qui peut dire qui pourra tirer son épingle du jeu tant ces 3 équipes semblent d’un niveau très proche. Elles ont en plus fait preuve d’irrégularité durant la prépa et si on devait donner un avantage on parierait sur la Russie qui possède les meilleures individualités avec notamment Alexey Shved, Timofey Mozgov ou encore Andrey Vorontsevich.
Les équipes qui n’auront aucune chance : Islande, Ukraine et Roumanie
Pas besoin de vraiment s’attarder sur ces trois équipes, qui ne devraient pas passer le premier tour, l’Ukraine étant bien trop décimée et l’Islande et la Roumanie manquent elles de talent pour réaliser plus d’un exploit.